Chapitre 16 : Le Rêve.

Malgré mon cerveau en ébullition à cause de toutes ces pensées qui se chevauchaient et s'emmêlaient, je réussis à trouver le sommeil. Seulement, ce ne fut pas un sommeil réparateur du tout. Je fis un rêve qui ressemblait plutôt à un message laissé dans ma tête. Ce n'est pas très clair, mais vous allez comprendre.

Je marchais dans la forêt autour de l'école. Cette forêt n'était pas dense et la lumière de lune m'éclairait assez. Mes pas étaient légers et j'étais sereine. Ce sentiment m'était inconnu ces derniers temps, j'eus du mal à le reconnaître. La sérénité.

J'avançai sur le sentier éclairé d'une douce lueur bleutée. Je me sentais apaisée. Jusqu'au moment où je fus prise par un sentiment de détresse, de peur. D'urgence.

Je regardai autour de moi. Les bois étaient vides pourtant. Aucune âme ne vivait ici. Du moins, je le croyais.

Des yeux jaunes fluorescents dans la nuit m'observaient. Dans les arbres. Je ne me sentais plus du tout en sécurité. Je commençai à rebrousser chemin pour retrouver Lukas – il devait bien être quelque part – quand j'entendis un chuchotement irréel.

« Gwenola »

Au loin, je vis une silhouette blanche, nimbée de lumière éclatante. Je m'approchais lentement d'elle, à moitié émerveillée et à moitié méfiante. Je ne savais plus à qui ou à quoi me fier dans ce monde terrifiant.

La silhouette ne bougeait pas. Elle semblait m'attendre. Mais, tandis que j'avançais, sa lueur éclatante se ternissait... Elle virait au gris et à un moment, elle ne fut plus éclairée. Elle paraissait alors normale, humaine.

Arrivée à sa hauteur, je compris que cette silhouette était Marie Mackenzie. C'était ma tante. Ma mère adoptive.

« Que se passe-t-il ? » Demandai-je, l'esprit embrumé par ce rêve étrange.

« Tu ne dois pas venir, Gwenola. C'est un piège. » M'expliqua Marie.

Son visage était émacié et maculé de sang. On avait dû la torturer. Je ne pouvais imaginer ce qu'elle avait enduré. Son mari avait-il été tué devant ses yeux ? Et qu'était-il advenu de son fils ? De mon cousin ?

« Lukas m'a prévenue. Ne t'inquiète pas. » Essayai-je de la rassurer, sûrement inutilement.

« Il faut que tu retournes en France ! » Continua Marie, les yeux écarquillés.

Je ne comprenais pas. Aller en France. D'accord, mais pour quoi faire ? N'étais-je pas plus en sécurité ici, en Ecosse ? Apparemment pas. Mais l'étais-je quelque part ? Le serais-je un jour ? En sécurité. Ceci me semblait être une chimère, un songe qui ne se réalisera jamais. Ça l'est toujours.

Je fis part de mes inquiétudes à Marie.

« Il faut que tu retrouves Tristan ! Je... » La voix de Marie se brisa. Elle était au bord des larmes. Tristan devait être la seule chose qui lui restait.

Elle prit une longue inspiration, expira un bon coup et reprit.

« Je lui ai dit de se cacher mais... Je ne sais pas où il est à présent. Killian ne l'a pas attrapé. Mais tu dois le trouver avant lui ! »

Malgré le brouillard constant dans mes pensées, quelque chose me fit tiquer. Elle savait qu'il s'appelait Killian. En savait-elle plus ?

« Tu savais que c'était mon fiancé ? Killian ? »

Elle regarda le sol.. Son expression la trahissait. Evidemment qu'elle était au courant. Il n'y a que moi qui ne savait pas. J'étais pourtant la plus concernée.

« Je t'en pries, pardonne-moi, mais il faut que tu trouves Tristan. C'est un Mackenzie lui aussi !

- Et alors ? Je ne comprends pas..., répliquai-je, totalement perdue. »

Qu'est-ce que cela faisait que Tristan était un Mackenzie ? C'était moi qui étais recherchée, pas lui. Je pensais que je risquais plus que Tristan. Mais je me trompais apparemment.

« Tristan est un druide Gwenola ! Il n'est pas aussi puissant que toi mais ça lui suffira pour ce qu'il veut faire ! »

Je repensai à la malédiction de Rowan. Seul un membre des Mackenzie pouvait la libérer. Un druide Mackenzie. Tristan pouvait très bien me remplacer, malgré le fait qu'il n'était apparemment pas aussi puissant que moi.

« Qu'est-ce qu'il veut faire ? Hein ? Dis-moi ! »

Mes mots se perdirent dans la tempête qui se préparait. Le vent s'engouffrait dans la forêt et Marie disparut.

Que venait-il de se passer ?

Je pris conscience que j'étais en train de rêver et me forçai à me réveiller.

J'ouvris les yeux. Le toit de la tente jaune était éclairé. C'était le matin. Lukas s'était assoupi à côté de moi, il ronflait. Ma tête me faisait mal et j'avais cette sensation étrange de quand vous vous forcez à vous réveiller, et ce n'était pas vraiment agréable.

J'entrepris de réveiller Lukas qui dormait profondément. J'imaginais bien qu'il avait dû rester éveillé toute la nuit. Pas étonnant qu'il ronflait si fort.

Il ne se réveillait pas. Je laissai tomber l'affaire et m'attaqua à nos sacs. J'attrapai mon sac à dos et le fourrai des vêtements que j'avais trouvés dans ma chambre. Je fis de même avec le sac de Lukas et ses affaires.

Lukas émergea enfin de son sommeil, je l'espérais, réparateur. Sûrement que mon remue-ménage l'avait réveillé.

Il était encore légèrement endormi quand il se leva sur les coudes et me demanda :

- Qu'est-ce que tu fais ?

Je lui tendis son sac à dos et mis le mien sur les épaules.

- On part en France ! Répondis-je. 

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