Épilogue
-Je n'ai rien prévu pour t'attraper ! répondit Keira un peu sèchement, à cause de l'insinuation.
Mais quand elle regarda son mari, il riait, adorant la voir avec cette expression offensée sur son joli visage.
-Je remercie donc Dieu que tes plans aient tendance à se retourner contre toi.
-Je ne suis pas d'accord. Keira l’embrassa sur la joue, sentant son cœur battre avec tant d'amour. Ma décision de choisir le chevalier noir n'était pas une mauvaise décision, mais une très bonne décision.
-Bonjour ma femme.
Andrew ouvrit les rideaux, laissant la lumière de ce jour de Noël inonder toute la pièce et baigner la silhouette de Keira sur le lit.
Immobile, il admirait la beauté douce et parfaite.
Depuis le moment où il l'avait vue pour la première fois, quand la figure bien-aimée était devenue quelque chose de plus que de simples ombres, il ne se lassait pas de la regarder.
Ses longs cheveux étaient éparpillés sur l'oreiller, une masse de mèches noires, et si brillantes qu'elles éclipsaient tout ce qui l'entourait.
Elle ressemblait à un ange tombé du ciel. Andrew ressentit une pression derrière ses yeux qui n'avait rien à voir avec son ancien problème de cécité. Comme si elle réalisait qu'elle était le centre de l'attention, Keira ouvrit les yeux.
-M'admirais-tu, mon mari ? demanda-t-elle en le taquinant.
-Oui, je jure que tu es la plus belle femme sur la face de la terre.
-Ton éloquence est inspirante, mais peu convaincante, répondit Keira en riant en passant sa main sur son énorme ventre. Alors, tu peux aller t'occuper de tes corvées. D'ailleurs, mieux vaut se dépêcher pour ne pas rater la messe... encore.
-Oui, je pense qu'on ferait mieux de se dépêcher. J'espère juste que le nouveau prêtre ne prêchera pas trop longtemps.
-Andrew !
-C'est juste que j'ai hâte de commencer les festivités que tu as préparées. Maintenant qu'on à la tête de sanglier, les fêtes de Noël seront presque parfaites, n'est-ce pas ?
Le seigneur et la dame du château présidaient les fêtes dans la salle principale, entourée de riches tapisseries et de garde-manger remplis pour apaiser la faim des villageois et de tous les désormais nombreux habitants du château.
-Andrew... Elle mordilla ses lèvres, signe évident de nervosité.
-Que se passe-t-il ?
-Je suis désolée de te le dire, mais je ne pense pas que je serai là pour le souper.
-Pourquoi ? Bien qu'il ait essayé de cacher sa déception, Andrew ne put contrôler son ton consterné.
Après tout, les célébrations de Noël seraient la fin parfaite de cette année au cours de laquelle sa femme avait tant accompli.
Dès qu'il avait retrouvé la vue, il avait été incroyablement surpris des améliorations apportées à Grimwood et avait insisté pour que Keira poursuive son travail pour rendre le château plus vivable.
Elle avait dépassé toutes ses attentes, créant une maison confortable, douillette et luxueuse. La récolte avait également été abondante, assurant un hiver paisible sans famine. Maintenant, il voulait qu'ils soient côte à côte pour accueillir les gens qui habitaient leurs terres. Keira méritait d'être là et c'était avec lui qu'il la voulait.
-Ne m'en veux pas chéri. Affectueusement, elle toucha son ventre gonflé. C'est la faute de ton fils, il demande à venir au monde aujourd'hui.
-Quoi ? Andrew posa sa main sur le ventre de sa femme.
Au début, il avait été fier d'apprendre que Keira portait son enfant, mais maintenant, alors que l'heure de l'accouchement approchait, il ne ressentait qu'une panique grandissante.
C'était le même sentiment de panique qu'il avait ressenti il y a un an, quand sa femme était tombée dans le lac et n'avait eu qu'un chevalier noir pour se tenir entre elle et la mort.
-Tout ira bien… marmonna-t-il, essayant d'exprimer son inquiétude et son anxiété de la seule manière qu'il connaissait.
-Oui. Keira tapota la main de son mari, le réconfortant. Tout ira bien, ne t'inquiète pas. Une fois le souper terminé, tu auras un fils ou une fille en bonne santé qui t’attendra.
McFarlane fixa ses immenses yeux bruns, ressentant une émotion si forte qu'elle lui coupa le souffle.
-Il y a une chose que je ne t'ai jamais dite avant...
-Et qu'est-ce que c'est ? Si tu vas me dire que tu as une autre femme, c'est trop tard maintenant, le taquina-t-elle en le caressant légèrement sur le visage. Ou est-ce que tu es un vrai sorcier et tu m'as gardée enchantée tous ces mois ?
Submergé par la force de ses sentiments, Andrew secoua la tête d'un côté à l'autre, et bien qu'il ait essayé de parler d'un ton léger et enjoué, il n'y parvint pas.
-Ce n'est rien de si terrible, j'aurais dû te le dire il y a des mois, mais sur le moment, je ne voulais pas m'attacher à quelqu'un d'inutile et j'ai reporté ce moment.
-Chéri, s'il te plaît.
-Alors, quand j'ai retrouvé la vue, je voulais... je voulais m'assurer que la guérison n'était pas transitoire Keira, ma femme, ma vie, je t'aime.
Elle sourit.
-C'est tout ? Mon féroce chevalier noir, je sais que tu m'aimes depuis longtemps, mais c'est bon de t'entendre le dire, c'est bon pour l'âme.
Andrew prit son visage délicat entre ses mains et l'embrassa légèrement sur les lèvres, surpris de sentir les larmes lui monter aux yeux.
Oui, il était guéri sous tous les aspects.
-Puisque tu es de si bonne humeur mon mari, je voulais te demander une faveur en ce jour de Noël.
- Si tu veux me demander d'aller après ce cerf blanc, tu ferais mieux de choisir autre chose parce qu'après l'expérience que j'ai eue l'année dernière, je ne voudrais pas recommencer.
-Non, rit Keira. Je veux te demander de présider le souper d'aujourd'hui de façon festive, afin que tout le monde voit ta bonté.
-C'est impossible ma femme, parce que tu es la seule personne qui peut voir autant de gentillesse en moi.
-Non, ce n'est pas vrai, même Libby t'aime maintenant. Allez, bouge chéri ! Envoie Libby ici et occupe-toi de nos invités. Je veux que chacun passe la plus belle fête de Noël de sa vie, je veux que ce soit une nuit inoubliable.
Et c'est ce que fit Andrew, même si son cœur était ailleurs. Il assistait à la messe, même si ses prières étaient toujours pour sa femme. Il présidait également la table, conversait avec ses chevaliers, présentait les villageois et les invités avec une grande générosité, mais ses pensées se tournaient constamment vers les chambres principales où sa femme bien-aimée mettait au monde leur enfant.
Tout le monde savait que la châtelaine était en fin de grossesse, sur le point d'accoucher, donc personne ne remettait en cause son absence comme ils l'auraient fait jusqu'à il y a quelques mois.
On aurait donc dit que le chevalier noir avait fait le pire à sa femme.
Et peut-être qu'il l'avait fait, pensa amèrement Andrew.
Après tout, il était courant que de nombreuses femmes meurent au moment de l'accouchement...
Attentif aux souhaits de Keira, il ne mit pas fin trop tôt aux célébrations et laissa le souper durer toute la nuit, ne partant que lorsque les invités et les villageois commencèrent à mettre les lits dans le hall et à se préparer pour le coucher.
Après avoir chargé une troupe de monter la garde, en choisissant parmi les soldats les plus sobres, McFarlane traversa la cour et longea les murs qui entouraient les hautes tours sombres.
De là où il se trouvait, il pouvait voir à des kilomètres devant lui, ses yeux perçants et parfaits recherchant tout signe de trouble ou de menace possible. Quelques torches éclairaient l'entrée des portes principales, où des hommes surveillaient le mouvement désormais inexistant de la route menant à Grimwood.
Mais tout était calme et paisible, entendant à peine le bruit du vent ou les doux flocons de neige qui tombaient ici et là.
Il surveillait les alentours pour la dernière fois avant d'entrer, lorsqu'une tache blanche, au tout début de la forêt, attira son attention.
Andrew regarda fixement, essayant de comprendre ce que c'était, son cœur battant dans sa poitrine, l'adrénaline se précipitant dans son sang. Après la mort de Frankie, il s'était cru libre d'ennemis, mais tout était possible...
Incapable de croire ce qu'il voyait, il laissa échapper un murmure étouffé. Peut-être n'était-ce qu'une illusion causée par le clair de lune, mais il aurait pu jurer que pendant un instant, il avait cru voir un grand cerf brillant…le cerf blanc.
Andrew secoua la tête comme s'il voulait trier ses pensées et se concentrer sur son intérêt, mais l'animal se tenait toujours au même endroit, le fixant, comme pour lui transmettre un message. Puis, la bête jeta ses énormes cornes en l'air et s'enfuit, disparaissant dans les arbres.
McFarlane frissonna...
Peut-être n'était-ce qu'une poignée de neige soufflée par le vent, pensa-t-il.
Néanmoins...
Il monta les escaliers en courant, comme si les feux de l'enfer étaient sur ses talons, et ouvrit la porte de la chambre juste au moment où le bébé prenait le contrôle du monde, aux mains de la sage-femme.
Keira était allongée sur le dos, haletante, le visage pâle et fatigué, mais toujours aussi belle.
Andrew s'approcha de sa femme.
-C'est un garçon, un garçon !
Libby exulta en s'approchant de la sage-femme pour mieux voir le bébé avec l'anxiété naturelle des grands-mères.
-Un fils…murmura Andrew joyeusement. Keira… ça va ? demanda-t-il, sa voix rauque chargée d'une émotion inconnue et incontrôlable.
-Oui, mon amour.
La sage-femme plaça le petit dans les bras de Keira, tandis qu’Andrew s'émerveillait de la précieuse vie qu'ils avaient faite ensemble.
Il était père d'un garçon ! Et il pouvait voir chacun de ses petits doigts et orteils, tous parfaits et roses.
Cela faisait-il seulement un peu plus d'un an qu'il n'avait pas été là, enfermé dans cette pièce, enterré vivant dans les ténèbres éternelles, aveugle, amer et en colère ? Et puis, comme par miracle, Keira était entrée dans sa vie et lui avait apporté une paix et un bonheur qu'il n'avait jamais rêvé d'exister ni de pouvoir expérimenter un jour.
-Merci de m'avoir donné un fils… murmura Andrew, les yeux fixés sur le visage bien-aimé de sa femme. Et Keira….
-Hum ?
-Je ne sais pas si notre union a été dessinée par la main de Dieu ou par un coup de chance que beaucoup associeraient à la magie, mais je veux te dire merci. Merci d'avoir choisi le chevalier noir.
Fin
Merci beaucoup d'avoir lu cette histoire, j'espère qu'elle vous a plu, je vous dirige vers une autre histoire Maclean, l'épouse offerte.
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