Chapitre 10

L'air matinale continue de me fouetter le visage. Je ne sais plus où je suis depuis une bonne demi-heure mais je ne m'arrête pas pour autant de courir. Je retrouverai mon chemin naturellement comme je le fais depuis maintenant trois semaines. La musique tonne dans mes tympans et m'apporte la motivation supplémentaire pour refouler ces sentiments amères qui me tourmentent. J'ai beau tout donner, je n'arrive pas à oublier. Je n'arrive pas à l'oublier.

Comme chaque jours, je retrouve Paul assis dans le fauteuil en cuir qui trône dans un coin du salon. Il me lance un rapide regard avant de river ses yeux sur l'ordinateur qu'il tient. Cela fait presque trois jours qu'il tape nerveusement sur les touches. Je me demande comment elles résistent encore.

- Va te laver vieux, ça pue ici. Dis-je en même temps que je tire les rideaux.

Je ne suis parti qu'une heure et pourtant on dirait que l'appart n'a pas été ouvert depuis quatre jours.

- J'ai pas le temps, répond t'il sèchement.

J'observe sa barbe naissante, son pull arborant les couleurs de l'agence, son tic de froncer les sourcils lorsqu'il n'obtient pas ce qu'il veut. Je ne l'ai jamais vu dans cet état, aussi désespéré et apeuré à la fois. Je comprends ce sentiment, je traverse la même chose même si je n'en laisse rien paraître.

Comprenant que je ne peux rien faire, je décide d'aller prendre une douche moi-même. Après tout la transpiration commence à me coller et l'odeur est loin d'être agréable.

...

- Il faut que tu mange, j'annonce en tendant une assiette à Paul.

-C'est pas le moment.

Je me doutais qu'il dirait ça et je décide de court-circuiter le courant du bâtiment. En remontant dans notre appartement, je le vois s'énerver contre l'ordinateur.

- Qu'est ce que t'as foutu ? J'étais à deux doigts d'y arriver.

Il se relève et s'avance vers moi. Je crois qu'il a l'intention de m'envoyer son poing dans la figure. Malheureusement pour lui, son corps est chancelant. Il tient à peine debout.

-C'est l'heure de manger. Tu en a besoin, de ça et d'une bonne nuit de sommeil.

Son visage pâle me dévisage. Il tente de savoir si je plaisante ou pas. Comprenant qu'il n'a pas d'autres solutions, il s'assied à nouveau dans son fauteuil. Je lui tends à nouveau l'assiette, qu'il saisit cette fois. Je mange pour la première fois avec lui depuis le début de la semaine.

- Si je ferme les rideaux, c'est pour éviter d'être repéré. Et tu dois apprendre à être plus vigilant quand tu sors. Si elle nous retrouve...

- Ne t'inquiète pas Paul. Je suis discret. Et toi ça avance ? Tu l'as retrouvée ?

- Non. Admit-il. Je n'y arrive pas...

...

Le soir où Alia m'a mise dehors, Paul m'a recuelli. Plus tard, dans la nuit j'ai reçu un appel d'Alia que j'ai volontairement ignoré. Qui était elle pour vouloir me reparler ? Mais à ce moment là, il lui est arrivé un truc. Nous avons toutes les raisons de la croire morte. D'abord il y a Haneïa qui a surgit dans la matinée pour savoir ce qui c'était passé. Toute la durée de mon monologue elle n'a cessé de jurer. Alors, quand j'eus finis, elle m'appris ce qu'elle avais découvert. En rentrant, elle a trouvé le motel sans dessus dessous. Les meubles étaient retournés, des signes de lutte hantaient la chambre. Et puis, il y avait du sang. Une marre de sang. Nous ne savons pas à qui elle appartient, ni ou est passé Alia. Tout ce que nous savons c'est qu'à coté de la marre se trouvaient des lettres ensanglantés. "Partez" était écrit sur le sol. C'est ce que nous avons tous fait. Nous avons fuis avec l'espoir de la retrouver, de savoir ce qui c'est passé.

Si j'étais restée ce ne serai probablement pas arrivé. Elle serait encore là.

Haneïa suit une piste au nord de la Californie. Elle laisse pleins de trace derrière elle. Je pense que c'est volontaire de sa part. Qu'elle veut qu'Andrea la retrouve pour qu'elle sache ce qui est arrivée à sa fille. Paul et moi sommes plus prudents. Nous effaçons sans arrêt nos traces pour ne pas être repérés. Nous avons remarqué que quelqu'un nous suit mais cette personne sait cacher son identité. Sur les caméras de surveillance elle porte toujours un sweet à capuche et une casquette. Elle a suivi un bon entraînement et n'est pas loin de nous retrouver. C'est pour cela que Paul a peur. Il n'a jamais été traqué auparavant.

...

Il y a deux options.

La première c'est que ce soit Andrea ou un de ses sous fifres qui soit à notre poursuite. Cette fois elle ne fera pas dans la dentelle. Elle nous tuera et fera en sorte qu'on souffre. J'ignore de quelle façon et j'aimerai sincèrement ne pas l'apprendre.

La deuxième c'est que ce soit Fred. Nous n'avons pas nettoyé les lieux en partant et les médias se sont emparés de cette affaire mystérieuse. Je me souviens encore des gros titres : "deux adolescents, leur mère et un ami ont disparus en laissant une flaque de sang dans le motel. Que s'est-il passé?"

Nous sommes partis sans avertir Fred ni lui donner de nouvelles, il doit s'inquiéter.

Dans les deux cas, nous sommes des hommes morts. Alors autant que j'en profite.

...

Comme chaque soirs, je vais dans un des nombreux bars du Bronx. Sauf que ce soir Paul m'accompagne. Il semble avoir repris des couleurs ce qui est bon signe.

Je repère rapidement deux ou trois filles intéressantes. Je commande une bière et nous allons nous adosser au mur du fond. Loin des éclairages mais suffisamment près de la sortie en cas de problème.

Un homme d'un vingtaine d'année nous approche et nous fait du rentre dedans. Je ne rentre dans son jeu et me concentre sur une charmante blonde au teint bronzée. Paul, lui, se laisse complètement charmer par ce "Charles". Au bout de quinze minutes d'échanges torrides ils décident d'aller dans un lieu plus privée. La demoiselle blonde, capte enfin mon regard posé sur elle. Quand elle s'approche de moi, je sais que je n'aurai pas besoin de quinze minutes pour l'emmener ailleurs.

Dans la ruelle elle m'embrasse le cou et émet, par moment des gémissements auxquels je réponds de la même manière. Mes mains s'accrochent à sa robe, tentent de la relever malgré qu'elle soit aussi serré.

- J'habite pas loin, tu me suis, chaton ?

- Où tu veux bébé, je dis en la regardant s'éloigner.

Je suis cette demoiselle dans les ruelles les plus sombres de New York depuis plus d'une demi-heure à présent. Autant dire que mon désir s'est largement réduit malgré ses formes toujours en mouvement. Je remarque peu à peu que je ne reconnais plus les ruelles. Je suis comme pris au piège dans un labyrinthe. Je ne peux m'empêcher de chercher mon couteau dans la poche arrière de mon jean. Il n'y est plus.

- Et sinon, tu habite encore loin ? Je demande d'un air détaché. Je commence à fatiguer là..

- Je te croyais un peu plus endurant que ça. Annonce une voix féminine dans mon dos.

Une voix féminine que je reconnaîtrais entre mille. Soudain la pointe d'un Glock 39 se colle à ma nuque. Je reconnaîtrais toujours cette arme, ma préférée.

- On est arrivée, annonça la blonde en se retournant.

Elle pris l'argent que lui tendit Alia puis parti sans demander son reste.

- Tu as été dur à retrouver tu sais Maceo ?

- D'accord, maintenant tu peux poser ton arme Alia. Comment tu vas, et qu'est ce qui s'est passé ? putain j'ai eu peur pour toi ! Je m'exclame.

Une sonnerie de téléphone et Alia se prépara à tirer.

- Tu bouge pas ou je tire ! Oui allo ? Oui c'est réglé. Je les ais. Tu l'a attrapé ? On se voit demain alors.

Et sur ces mots elle raccrocha.

- Tu parlais à qui ? c'était qui Alia ? A quoi tu joue ?

Je n'eus pour seul réponse qu'une piqûre dans le dos.

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