Chapitre 34

[ Pdv Olive ]

Je fixe sa silhouette, s'évade dans le couloir et je ferme les yeux , restant le corps immobile et les bras ballants jusqu'à ce que le remue-ménage en bas disparaisse. La je peux aisément entendre et distinguer du silence deux pas, deux paires de pas montant l'escalier en discutant. De là où je suis je n'entends pas tout mais les brides me suffisent.

As : Tu sais…
A : ...Danse je pense..
As : Ben nous a ..
A : Ben ….chef ...toi pas moi.
As : Elle...seule ?
A : Je sais pas.

J'ouvre les yeux en remarquant que toute la phrase m'est parvenue et je fais demi-tour directement en avançant vers la salle de danse. Si je les ai entendues c'est qu'elles sont proches. Et j'ai envie d'être seul, Aslan a raison sur ce point. Alors que j'entends mon prénom être crier derrière moi, je termine ma route, ouvre et referme la porte derrière moi en m'y appuyant. Je me laisse glisser au sol et je fixe les arbres vue de la baie vitrée en ramenant mes genoux contre moi.

Je m'inquiète. Je m'inquiète car tout ça est un équilibre, et comme tout équilibre une chose de trop ou de moins peut le faire basculer. Et je n'ai pas envie de sombrer à nouveau dans les ténèbres. Pas envie du tout.

Elles discutent derrière la porte mais je ne fais pas attention à leurs paroles, je me relève d'un mouvement assurée et salue Soltas qui était déjà là de nombreuses caresses avant d'allumer la musique et de danser.

Cette fois ce n'est pas la beauté et la grâce que je retransmets à travers la danse non, c'est une musique plus rythmée, plus appuyée, des mouvements empreints de détermination et de combativité. Je ne veux pas perdre ce que j'ai. Je ferais tout ce qui est dans mon pouvoir.

Encore une fois je m'éteint et laisse mon corps exprimer les mots que je ne dis pas enchaînant les musiques jusqu'à l'épuisement.

Je ne sais plus au bout de combien de musique mais à un moment un courant d'air passe dans la salle alors que mon corps est courbé en arrière et que mes doigts effleurent le sol. J'ouvre les yeux et tombe sur l'image inverse de Ben, celui-ci me sourit et me montre la clé que j'avais glissé de l'autre côté de la porte.

B : Quelqu'un aurait pu partir avec la clé et tu serais bloqué ici.
O : Elle était pour toi.

Je me relève et m'étire en le fixant. Alors que j'étendais les muscles de mes bras je remarque sur sa tenue noir des marques plus sombres. Je me rapproche les sourcils froncés et pose mes doigts sur l'une d'elle, je le sens se crisper et en décollant mes doigts ils sont taches de rouges. Tâches de sang. Encore.

Je le fixe un long moment et en analysant son corps ou son expression j'en déduis qu'il n'est pas blessé, ce n'est pas son sang que j'ai sur les mains.

B : Olive je-
O : C'est pour ça que tu m'as demandé de danser ?
B : Ça te détend et-
O : " ça me détend " ?!
B : Olive comprends-
O : Tais toi !

Je me recule de lui en frottant ma main sur une serviette et je passe mes doigts dans mes cheveux avec un rire ironique. Bordel.

Je décide finalement qu'à la place de m'énerver contre lui je me mets à l'écart, j'attrape donc le chaton encore endormi et sort en prenant bien soin de ne pas le toucher. Alors que je tourne au bout du couloir, il s'approche et se place face à moi.

B : Olive…
O : Non ! Si à chaque fois que je danse le sang coule alors je ne danserais plus ! Plus jamais !

Il me fixe les yeux grands ouverts et je me penche, retire mes chaussons et les lui jette à la figure avant de partir en courant vers ma chambre. J'ignore ses appelles ou encore la douleur qui parcourt mes pieds et je m'enferme dans ma chambre.

Je ne veux plus de sang. Je ne veux plus. C'est...c'est trop. A chaque fois que le sang coule, les morts suivent. Et ça ne je peux plus. Tout a commencé il y a longtemps et j'ai l'impression que ça me suit. Encore et encore.

-Maman ! Maman j'ai la lettre j'ai été accepté à la nouvelle école de danse pour grande c'est super !

Je rentre en courant dans le salon, un grand sourire ornant mes lèvres, ma mère est couchée sur le sol. J'éclate dans un grand rire joyeux pensant à un nouveau jeu et court vers elle avant de glisser et de tomber. Mon corps tombe à genoux et mes mains se posent sur le liquide responsable de ma chute. En relevant mes mains je tombe sur des taches rouges, partout sur le sol, qui s'évade du corps de ma mère et s'imprègne sur le carrelage de la cuisine et maintenant mes vêtements. L'odeur est infecte et la texture poisseuse l'est presque plus.

Avec un sanglot étouffé je me tourne vers ma mère et observe son visage marqué par la peine, son teint pâle me saute aux yeux et elle semble si fatiguée. Lentement sa voix aussi faible que dans du coton me parvient.

-D-Danse pour m-moi Olive.

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