Chapitre 26
Idris
Alec avançait dans la nuit noire. Devant lui la forêt s'étendait à perte de vue et il s'y enfonçait de plus en plus, la lumière disparaissant progressivement. Il n'y avait plus aucun son, on n'entendait plus les cris des enfants jouant dans la plaine ni le chant des oiseaux voletant dans le ciel bleu. Ici tout était sombre, froid, étouffant... Le jeune néphilim sentit une présence se rapprocher de lui. La peur l'envahit peu à peu. Il voulut courir mais il était incapable de bouger. Une ombre se détacha dans la pénombre. Alec voulut hurler mais aucun son ne sortit.
- N'ai pas peur...
Jonathan s'avançait vers lui, lentement. Il avait ce sourire qui dégoûtait tant Alec. Tout le dégoûtait : sa manière de se mouvoir, le son de sa voix, son regard qu'il posait sur lui... Ce regard... La folie y brillait, la folie et le désir malsain qu'il avait à son égard. Le jeune homme avait de plus en plus de mal à respirer, l'oxygène quittait ses poumons, il allait étouffer, il en était certain. Il allait mourir là, dans cette forêt. Jonathan pourrait alors faire tout ce qu'il voudrait de lui. Il tomba à genoux et Jonathan pose sa main sur sa joue.
- Tu es à moi...
Sa voix se répercuta comme un écho. Ses lèvres se rapprochèrent des siennes mais il ne le voulait pas. Il essayait de résister mais Jonathan le contrôlait entièrement.
- Tu m'appartiens, corps et âme...
Non, voulut crier Alec. Non il ne lui appartenait pas, il ne voulait pas, il voulait s'enfuir, loin d'ici, loin de lui. Il voulait être avec une autre personne...mais il n'arrivait pas à se souvenir de qui... Tout était flou....Il sentit la main de ce monstre descendre sur son corps. Baissant les yeux, il vit que ses vêtements avaient disparu. Non, pas ça... Pas encore... Il entendit alors la voix d'un enfant crier dans le lointain, puis se rapprocher. Il connaissait cette voix. Non, il ne pouvait pas être ici... Il était trop jeune, il ne devait pas voir ça...Mais il était trop tard... Il vit avec horreur son petit frère s'avançait, comme hypnotisé, vers Jonathan. Max tendit le bras vers lui et se tourna vers Alec. Son regard gris, reflétant l'innocence de l'enfance, se changea alors en noir.
- Aide-moi ! Murmura-t-il à son frère.
Alec se mit alors à hurler. Il sentit deux mains l'entourer et se débattit, essayant de s'arracher à cette étreinte. Il fallait qu'il sauve son petit frère...
- Maxxxx !
- Alec, Alec calme-toi ! C'est un cauchemar ! Alec !
Il sentit deux mains douces se posaient sur son visage alors que la forêt, Jonathan et Max, disparaissaient. L'air emplissait à nouveau ses poumons. Son cœur battait tellement fort que sans été douloureux. Il était en sueur. Il voulait ouvrir les yeux mais il n'y arrivait pas, son corps ne lui répondait toujours pas. Il entendait des gens parler mais leurs voix étaient sourdes, lointaines...
- Va chercher Magnus, vite ! Fit une voix de fille.
Il connaissait cette voix, pourquoi n'arrivait-il pas à se souvenir à qui elle appartenait ? Il essaya, en vain, de bouger ne serait-ce qu'un doigt, mais il était comme paralysé. Il sentit alors une main se poser sur la sienne. Ce n'était pas la même que tout à l'heure. Non, celle-ci aussi été douce, mais il y avait autre chose dans ce contact...De l'amour peut-être ? Une voix d'homme l'appela. Elle aussi, il la connaissait...
- Alexander...
Les yeux du néphilim s'ouvrirent brusquement. Magnus, penché sur lui, avait l'air inquiet. Il tenait sa main dans la sienne. Alec la serra et laissa une larme de soulagement couler sur ses joues. Il pouvait enfin bouger, il avait réussi à s'extraire de ce cauchemar.
- Magnus...
Le sorcier le serra dans ses bras et des larmes emplirent ses yeux. Il croisa le regard de Lydia. Elle aussi pleurait, une main sur la bouche pour étouffer ses sanglots. Elle n'avait pas vu Alec depuis leur « mariage ». Elle ne s'attendait pas à le voir comme ça. Elle qui avait le souvenir d'un homme fort, réservé et timide certes, mais fort et courageux, elle qui l'avait quitté heureux d'être enfin avec celui qu'il aimait, elle retrouvait un homme détruit, perdu,... La détresse évidente du jeune homme l'avait touchée. Elle tenait à lui, elle avait toujours voulu que son bonheur...
- Lydia... Murmura Magnus.
- Je... je suis désolé...Je ne savais pas quoi faire, je n'arrivais pas à le réveiller... Simon est arrivé à ce moment-là... Je lui ai dit d'aller te chercher... Je...
- Ça va aller Lydia, tu as bien fait...
Le sorcier serrait toujours un Alec tremblant et sanglotant, contre lui.
- Tu pourrais aller chercher Isabelle et Jace et leur dire de me rejoindre dans la cafétéria ? Il faut que je leur parle...
- Oui, bien-sûr...
La jeune fille, une main sur la poignée de la porte, se retourna.
- Tu crois qu'il va s'en sortir ?
- Oui ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il y arrive !
Légèrement réconfortée, Lydia quitta la pièce, les laissant seul tous les deux. Alec ne semblait pas avoir remarqué la présence de la jeune femme. Son attention s'était automatiquement focalisée sur le sorcier et avait ignoré tout le reste. Collant son corps au sien, il s'enivrait de son odeur. Magnus l'avait ramené, encore une fois, à la réalité, l'arrachant à son supplice. Il n'en pouvait plus, il sentait encore les mains de Jonathan sur lui, sur sa peau. Il avait beau avoir pris des dizaines, et des dizaines de douches, frottant sa peau jusqu'à qu'elle le brûle, voire même jusqu'à qu'elle saigne, il n'y avait rien à faire. A chaque fois qu'il fermait les yeux, le souvenir de cette nuit le hantait, s'imposant dans son esprit sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour l'en chasser. Peut-être que Magnus y arriverait lui...Relavant la tête, ses yeux embuaient de larmes, il rencontra ceux du sorcier. Il y avait tant d'amour qui brillait dans ses yeux, mais il y avait aussi de la colère, de la rage. Alec savait qu'elles n'étaient pas dirigées contre lui mais contre Jonathan, ce monstre qui avait détruit leur vie. Depuis qu'il avait posé ses sales mains dégoûtantes sur lui, il tressaillait à chaque fois que quelqu'un le touchait. Cela lui rappelait à chaque fois les « caresses » de Jonathan et ça le dégoûtait. Mais avec Magnus c'était différent. Ses caresses à lui étaient associées à de bons souvenirs, à de l'amour... Le jeune néphilim se raccrochait à cela, ce qui expliquait pourquoi Magnus était le seul qui pouvait encore le toucher. Mais le sorcier se montrait prudent, chacun de ses gestes était calculé et précautionneux, et Alec le sentait. Il ne voulait pas ça, il avait besoin de lui, du vrai lui... Il plaqua ses lèvres aux siennes et sentit la surprise à peine dissimulée, du sorcier. Il ne le repoussa pas mais il ne chercha pas pour autant à approfondir leur baiser, ce qui l'aurait fait, auparavant, sans hésiter. Alec força alors la barrière de ses lèvres avec sa langue et se mit à califourchon sur le sorcier, frottant son bassin contre le sien. Il déboutonna en hâte les boutons de la chemise de son amant. Celui-ci, les mains sur les hanches du néphilim, avait d'abord été prit au dépourvu par le changement soudain du jeune homme. Une seconde il pleurait dans ses bras, et la seconde d'après, il lui sautait dessus. Lorsque la main de son amant descendit le long de son torse, il prit conscience de ce qu'il était en train de faire et le stoppa.
- Alec, qu'est-ce que tu fais ?
- J'ai envie de toi...
Le jeune homme reprit ses baisers mais Magnus le repoussa tendrement, prenant son visage entre ses mains.
- Alec, non...
- Quoi ? Tu n'en as pas envie ?
- Non, pas comme ça, Alec !
Les yeux du néphilim se remplirent à nouveau de larmes.
- Je te dégoûte c'est ça ? Tu ne veux plus me toucher parce qu'il a posé ses mains sur moi et que ça te dégoûte !
- Alec...Non ! Ce qu'il t'a fait me dégoûte oui, mais pas toi ! Jamais ! Mais je ne peux pas faire ça alors que tu es aussi mal...
Alec frotta son bassin un peu plus fort contre celui du sorcier et passa sa main sur sa nuque, frôlant ses lèvres des siennes.
- Mais moi j'en ai envie... Là, maintenant...
- Alec...
- S'il te plaît... Magnus... J'ai besoin de sentir tes mains sur moi... Fais-moi oublier les siennes...Je t'en supplie, efface tout ça !
Le sorcier, face à la détresse de son amant, colla ses lèvres aux siennes. Le goût salé des larmes de l'être qui lui était le plus cher au monde, se fit sentir. Il savait qu'il ne tirerait aucun plaisir de faire l'amour à son jeune amant dans ces conditions là, mais le repousser aurait peut-être été pire. Ses propres larmes se mêlèrent à celles du chasseur d'ombres. Les mains tremblantes, Alec fit passer son tee-shirt au-dessus de sa tête. Magnus le fixa un instant et toucha prudemment la peau de son torse. Alec se raidit et ferma les yeux.
- Tu es sûr que...
- Continue...Le supplia Alec.
Magnus suivit du bout des doigts le contour de ses runes. Ce geste, qu'il avait si souvent fait, réveilla en Alec de beaux souvenirs : sa première fois dans les bras du sorcier ; abandonné complètement à lui, lui faisant une confiance aveugle, il l'avait laissé le guider, l'aimer. Comme en cet instant, ses gestes avaient été tendres, aimants, délicats... Magnus le serra contre lui un peu plus alors qu'il déposait des baisers emplis d'amour dans son cou, puis sur chaque parcelle de peau qu'il pouvait atteindre. Le reste de leurs vêtements tombèrent les uns après les autres. Alec s'agrippa au sorcier. Une main dans les cheveux de Magnus maintenait les lèvres de celui-ci contre les siennes. Alec y mit fin et planta ses yeux bleus, rougi par les larmes qui continuaient à couler, dans ceux de son aîné, qui exprimait une aussi profonde tristesse que les siens.
- Fais-moi l'amour...
- Mon ange, je ne sais pas si...
- J'ai besoin de te sentir contre moi, en moi...
Alec ne lui laissa pas le temps de répondre et se positionna sur le sexe de son amant. Magnus chercha son regard. Il ne pouvait pas faire ça... Mais devant son regard suppliant, il le serra dans ses bras et le pénétra doucement. Le jeune homme se mouva contre lui et releva la tête.
- Oh Alec...
Le sorcier prit possession de ses lèvres et les larmes des deux amants se mélangèrent à nouveau. Chaque coup de rein était un besoin vital de ne faire qu'un, une promesse que rien ne pourrait les séparer, la promesse d'un amour plus fort que tout...
Plus tard
Magnus regarda Alec dormir. Le jeune homme s'était écroulé en larmes dans ses bras après qu'ils aient fait l'amour, puis lui avait murmuré un « merci » avant de s'endormir, lové contre lui. Le sorcier remonta un peu plus la couverture sur son corps nu et l'embrassa sur le front.
- Je reviens vite... Lui murmura-t-il.
Il devait parler à Isabelle et Jace. Les deux chasseurs d'ombres devaient l'attendre ; cela faisait un moment qu'il aurait dû aller les rejoindre. Il s'habilla et après avoir jeté un dernier regard triste à son néphilim, il quitta la chambre. Il sentait les larmes monter. Mais qu'est-ce qu'il venait de faire ? Il aurait dû repousser Alec.... Il aurait dû l'arrêter... Tout ça était de sa faute, il n'avait pas su le protéger, il l'avait abandonné aux mains de Jonathan... Il aurait dû être là, il lui avait promis que plus jamais cette ordure ne le toucherait...Encore une fois, il n'avait pas tenu ses promesses. Il en voulait à Catarina de l'avoir maintenu loin de lui au moment où celui-ci en avait eu le plus besoin, le laissant croire qu'il était mort ou pire...qu'il l'avait abandonné. Il en voulait à Tessa et aux autres sorciers du Labyrinthe en spirale, d'avoir coupé toute communication avec l'extérieur alors qu'il avait besoin d'eux et surtout il en voulait à l'Enclave d'avoir été aussi aveugle, aussi stupide, de commettre encore et toujours les mêmes erreurs...La rage et la peine se mélangeaient. Il était fatigué de tout ça... Arrivé devant la cafétéria, il trouva Jace et Izzy assis à une table. Mais ils n'étaient pas seuls : Simon, Clary, Raphaël, Jocelyne, Luke, Lily, Maïa et Catarina étaient là aussi.
Il réalisa qu'il n'était pas seul, eux aussi s'inquiétaient pour Alec et ils seraient tous là pour l'aider. Leurs regards se tournèrent vers lui et la fatigue se mélangeant à la peur, à la tristesse et à la colère, il craqua et se laissa glisser le long du mur du réfectoire, en pleurs. Ils se précipitèrent sur lui et Izzy le prit dans ses bras.
- Ça va aller, il s'en sortira, il s'en sort toujours...Lui murmura-t-elle.
Un toussotement se fit alors entendre. Jia Penhallow se tenait devant eux, gênée.
- Excusez-moi de vous interrompre, je souhaiterais m'entretenir en privé avec vous, Magnus...
- Vous me voulez quoi encore ?
-Et bien, comme vous le savez, nous sommes en négociation avec les créatures obscures pour de nouveaux Accord et je sais que vous avez une grande influence sur eux... j'aimerais que vous nous aidiez à les raisonner....
Magnus se leva. Ses yeux se transformèrent en ceux d'un chat, ses pupilles ne formant plus qu'une ligne verticale et le blanc de ses yeux prenant une couleur jaune.
- Comment osez-vous ! Cracha-t-il au visage de Jia.
Catarina réagit instantanément et se positionna entre lui et Jia.
- Vous devriez sortir madame Le Consul... La prévint-elle.
- Écoutez, je comprends votre colère... Commença Jia.
-Vous ne comprenez rien du tout ! S'exclama Magnus.
Des étincelles bleues étincelèrent dans ses mains et les vitres entourant la salle explosèrent. Inquiète, Catarina fit un signe à Jace et aux autres de s'écarter et elle se tourna à nouveau vers Jia.
- Sortez ! Maintenant ! Sortez avant que quelqu'un ne soit blessé !
Jia, qui semblait terrifiée par le regard que lui lançait Magnus, tourna les talons sans demander son reste. Catarina se tourna vers son ami.
- Magnus, calme-toi...
Elle lui parlait d'une voix douce mais la respiration du sorcier s'accélérait de plus en plus. Ses mains tremblaient et il fixait toujours avec colère l'endroit où se trouvait, un instant auparavant, Jia. Magnus était en train de perdre le contrôle et Catarina le savait. Sans le quitter des yeux, elle ordonna aux autres de quitter la pièce. Ils obéirent immédiatement mais Catarina retint Jace par le bras.
- Va chercher Alec !
- Je crois pas que...
- Va le chercher ! Vite...
A suivre
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