Philibert me tire par la main et je le suis avec difficulté, perchée sur mes talons vingt-neuf centimètre et huit millimètres. Ça me fait un mal de chien, mais comme on dit : il faut souffrir pour être sexy.

Quand j'ai émis l'idée d'avoir une scène Lemon dans ma chronique, les yeux de Philibert se sont éclairés et il s'est dépêché d'accepter la proposition. Il est vrai qu'elle est plutôt alléchante, surtout qu'il passera cette soirée avec la perfection même. Autrement dit, moi.

Les cheveux blonds amenés en chignon sur ma tête, je suis Philibert qui vient de s'introduire dans ma demeure. D'un coup de talon, je ferme la porte et salue Madelina qui boit un verre de vin rouge sang. Ses yeux turquoise brillent d'une lueur diabolique quand ils tombent sur ma silhouette parfaite. Simplement habillée d'un drap noirs, ses cheveux sont amenés sur sa tête en un chignon « ruche d'abeille ». Ce n'est qu'après avoir détaché son regard de moi qu'elle remarque Philibert qui s'est lui aussi arrêté.

— C'est qui? Un autre de tes animaux bizarres?

— Si je suis un animal, rétorque Philibert, tu es une sous-merde.

Madeline rougit violement et termine son verre de vin d'une traite.

— Madelina chérie, je te présente mon plan Lemon ! Il s'appelle Philibert et c'est un Bad boy. Je sais qu'il va me briser le cœur, mais ce n'est pas grave. Les lecteurs auront pitié de moi, ensuite.

— Va mourir, Star, grogne Madelina. Je te hais de tout mon cœur, c'est ta faute si Papa est mort!

Je secoue négativement la tête et ignore le regard noir d'encre de l'amour de ma vie.

— C'est la faute d'une vache, pas de moi. Allez, bonne soirée Madelina!

Elle grogne et me jette son verre en cristal. Plus vite que l'éclair, je sors de mon chignon une batte de baseball et frappe le verre qui éclate en une centaine de morceaux. À mes côtés, Philibert étouffe une exclamation de surprise et je sens sa main se promener dans ma chevelure.

— T'as foutu quoi pour que ta chevelure soit comme ça ?! S'exclame-t-il.

— J'ai mangé ceux de Raiponce.

Je lui souris après et le pousse dans les escaliers pour qu'il les monte. J'ai vraiment hâte d'arriver dans ma chambre, le programme défile dans ma tête et je souris d'avance. Comme moi, il va se régaler.

Arrivés dans ma chambre, je l'enjoins de s'assoir sur mon lit et je me dirige vers ma penderie. Je l'entends bredouiller que ma chambre est désagréable pour la vue et que tout ce rose finira par le rendre aveugle. Je souris : j'adore le fait qu'il complimente ma chambre. Je savais qu'il allait kiffer tout ce rose bonbon qui englobe la pièce au complet.

En effet, ma moquette, mes murs et mon mobilier est peint en rose. Même l'aquarium de Rex! En parlant de lui, je dois penser à le mettre dans la penderie : je ne veux tout de même pas le traumatiser avec la scène Lemon! Le pauvre, il est si jeune pour regarder ce genre de choses.

Tout en farfouillant dans ma penderie, je me mets du rouge à lèvre jaune tout en chantant « wesh alors » de JUL. Il est si doué, ses paroles sont si profondes, à chaque wesh, c'est comme s'il nous bombardait de sentiments.

« Viens dans mon dél' allez let's go
Ils parlent de moi mais je les laisse gros
Tiens ta gadgi j'ai pas la laisse gros
On voit que ses fesses gros
Ouais ouais ouais je baise tout »

(Je suis désolée pour ces paroles sans queue ni tête. En plus mon correcteur Word ne comprend pas la moitié des paroles, rip)

Il est si doué! Je fais claquer mes lèvres avant de me redresser, les vêtements en main. Rapidement, je tire mes guenilles qui me servent de vêtement (du Gucci) et enfile le nouvel attirail, un sourire aux lèvres. Je m'inspecte ensuite dans la glace et pousse un soupir admiratif : je suis si belle!

Dans ma chambre, Philibert est couché sur mon lit et il a retiré son chandail. Je prends quelques secondes à admirer ses tablettes en chocolat avant de me pavaner devant lui. Au départ, il ne se rend pas compte de ma présence et continu à discuter avec Rex. Agacée que ce poisson soit plus important que moi, je sors de mon chignon un cheval que je lance sur l'aquarium. Malheureusement, je suis trop nulle en sport et je vise par inadvertance la fenêtre. Dans un hennissement, le cheval traverse le verre avant de s'écraser sur le sol.

— Mais t'es malade, s'écrie Philibert en se tournant vers moi.

Ces yeux s'écarquillent tandis qu'il avise ma tenue. Son regard passe d'abord sur mes bas jaunes avant de se poser sur mon costume de citron. Il cligne plusieurs fois des paupières avant de se pincer le biceps.

— Qu'est-ce que tu fous habillée en citron? Crache-t-il d'un ton acerbe.

— Il faut bien qu'on fasse une scène Lemon, non? Je veux dire, j'ai lu les chroniques de mes copines et j'ai trouvé les scènes assez étranges. Elles finissaient toutes sans vêtement et c'était bizarre. Aucune n'était habillée en citron.

— Mais bordel, une scène Lemon ce n'est pas s'habiller en fruit!

Je me gratte les cheveux et m'approche de lui. Je lui caresse doucement la joue avant de le gifler pour lui montrer tout l'amour que je lui porte.

— J'ai aussi un costume pour toi, je lui apprends avec un bref sourire, et j'ai plusieurs citrons à presser...

— Je refuse de porter ça! S'écrie-t-il en s'écartant de moi.

Éclipse d'une minute et cinquante neuf secondes.

Je tape dans mes mains quand Philibert revient, habillé du même genre de costume que moi. Néanmoins, je lui ai demandé de mettre une petite jupette pour mettre ses mollets d'enfer en valeur. Il est tout simplement craquant!

Je l'enjoins de s'assoir à mes côtés et quand c'est fait, je sors de mon chignon un panier de citrons et trois énormes pichets. Pour satisfaire tous mes lecteurs, j'ai décidé de faire la meilleure scène Lemon possible. En plus d'être déguisée en citron et maquillée en jaune, je vais presser plusieurs citrons et faire des blagues sur ces superbes fruits!

— Qu'est-ce qui est jaune et qui attend? Commencé-je en gloussant. Un citron pas pressé!

Je rigole toute seule et Philibert me jette un regard dégouté en pressant les fameux fruits jaunes. Son pichet est déjà presque plein et il n'arrête pas de tirer sur sa jupette, rouge de honte. Personnellement, mon pichet est vide et je n'ai toujours pas touché aux citrons. J'ai tout simplement la flemme d'abîmer ma manucure.

Je repousse mes longs cheveux blonds et gifle Philibert quand il est sur le point d'abandonner. Je sais que ma main sur sa joue le donne l'énergie de continuer! Je suis son étoile, sa destinée et l'amour de sa vie. Pour moi, il serait prêt à gravir des montages et bercer des grands-mères.

Plus les minutes passent, plus l'envie de l'embrasser devient forte. Mon cœur tambourine dans ma cage thoracique et mes mains se mettent à trembler tant le désir est puissant. Je sais qu'on doit faire une scène Lemon, mais j'ai envie de l'embrasser. Là, maintenant.

— Philibert...

— Quoi, Star?

— Que dit un citron lors d'un cambriolage? Pas un Zeste, je suis pressé!

Il me jette un regard ennuyé avant de se lever d'un bond. Surprise, je le regarde se diriger vers la porte avant de réagir : je m'empare du pichet de limonade et le lui lance. Manque de bol, je le lance par derrière et le pichet traverse la fenêtre avant d'atterrir sur le cheval. Oups.

Après que le choc est passé, je cours vers Philibert et encercle sa taille de mes bras. Je le tire vers moi et le tourne de sorte à ce que nos visages soit face à face. Nos souffles se mélangent et le désir prend le dessus sur tout. Je joue avec sa jupette avant d'approcher mon visage du sien.

Il ne fait aucun mouvement de recul et ne fait que me fixer, ses yeux noirs sur moi. Bordel, mon cœur danse le tango et boit des shots de vodka dans ma cage thoracique. Nos visages ne sont qu'à un demi-millimètre l'un de l'autre lorsque la porte s'ouvre à toute volée. Philibert se dépêche de me pousser et je fracasse le mur avant de m'affaler sur le sol.

Après avoir écarté la douleur, je relève la tête et glapit de surprise. Non, ce n'est pas possible.

— Papa ?! T'es pas censé être mort !?