Chapitre 8: Une perte, toujours plus de perte
La route pour me rendre chez mes parents est une route de campagne interminable que j'ai beaucoup empruntée avec Stéphane et donc que je connais par cœur heureusement, car nous n'avions plus de GPS. Le trajet me prend tout de même pas mal de temps, car je ne reconnais pas toujours la route et mon état ne m'aide pas beaucoup. Cependant, heureusement que c'était qu'une route de campagne, car je n'ai pas eu d'ennuis sur le trajet jusqu'à ce que j'arrive dans leur ville. Ici aussi, c'est le chaos, comme dans toutes les villes que j'ai croisé de loin ou même de près. Dehors pas une seule personne vivante, ils ne restent que ces errants affamés. J'essaye de ne pas trop m'attarder et je rejoins la maison de ma famille. Quand je me gare la première chose que je remarque, c'est la porte grande ouverte. Non pas eux aussi. Je sors en vitesse avec mon couteau et rentre sans aucune discrétion en refermant la porte derrière moi pour éviter à d'autres de ces monstres d'entrer.
- Papa ? Lisa ? Léonie ? Hurlais-je en entrant.
Cela n'était peut-être pas une bonne idée de crier, car deux rôdeurs me voient et me courent dessus. Je n'hésite pas une seconde et je plante mon couteau dans la tête du premier qui tombe à mes pieds quand je retire le couteau. Cependant, le deuxième arrive à m'atteindre le temps que je retire le couteau et se jette sur moi en me faisant tomber. Il n'hésite pas une seconde et il se met au-dessus de moi pour me mordre, mais je le retiens de toutes mes forces pour l'en empêcher. Je regarde mon sac et mon couteau tombé à côté de moi. Mon couteau se trouve trop loin de moi maintenant, mais mon sac ouvert est accessible. En retenant ce monstre d'une main seulement maintenant ce qui est beaucoup plus compliqué, je tends la main pour atteindre le second couteau dans mon sac.
Retenir une personne d'une main n'est pas facile et il se rapproche de plus en plus de mon cou, mais au dernier moment, j'attrape le couteau et le plante sans scrupule dans son crâne et d'un seul coup, il s'effondre sur moi. Je reprends mon souffle puis je dégage le corps pour m'extraire. Je reprends mon couteau du crâne du mort et mon second couteau. Je regarde autour de moi et tout est démoli. Cette fois, je décide d'être plus discrète et de fouiller la maison sans bruit pièce à pièce. Personne en bas. Je commence à monter et je vois un rôdeur tambouriner à une porte fermée qui ne me remarque pas. Je monte discrètement derrière lui et le poignarde dans la tête puis je regarde autour et je ne vois personne d'autre. J'appuie sur la poignée de porte contre laquelle ce zombi cogné et la porte s'ouvre. Pourquoi le zombi, ne l'a-t-il pas ouverte ? Ils en sont incapables ? J'ouvre doucement prête à tout et là, je reprends espoir je les vois tous assis ensemble.
- Vous êtes vivant ! Dis-je en ouvrant la porte en grand.
Ils levèrent tous les yeux vers moi en semblant choquer de me trouver ici. Mon père s'approche pour me prendre dans ces bras et je le sers de toutes mes forces. J'ai cru le perdre lui aussi.
- Vous allez tous bien ? Demande je.
Je scrute ma famille un par un, mon père, Luke le fils de ma belle mère, Léonie ma demi soeur et ma belle mère et là je n'ai pas besoin d'en savoir plus. Elle a été mordu...
- Nous allons bien grâce à toi. Dit mon père.
- Elle a été mordue ? Demandais-je sans perdre de temps d'un air triste et tragique à la fois.
Mon père regarde sa femme et il baisse les yeux gênés.
- Lucie ! Hurle ma sœur en me courant dans les bras pendant que je regarde Lisa. Tu pues ! Dit-elle en s'éloignant tout aussi vite.
C'est vrai que je suis dans un état lamentable avec tout le sang que j'ai pris sur les quatre rôdeurs que j'ai tués juste en quelques heures.
- Tu as tué les trois monstres qui étaient ici ? Demande Luke surpris.
- Comment tu es venu ? Demande mon père lui à la place.
- Je...
Je ne réponds rien incapable de quitter ma belle-mère du regard. Elle est si blanche et ne s'est même pas levé tellement elle souffre. Je décide de ne pas répondre et je vais toucher son front. Il est brûlant.
- Vous avez vu les informations ? Demandais-je en regardant mon père cette fois.
- Non. Réponds mon père. On a vu des gens hurler dehors, on a alors ouvert et on est tombé sur ces choses. On a essayé de les repousser et en se faisant Lisa s'est fait mordre. Ensuite, nous sommes montés, on a fermé la porte en la bloquant, mais on a vite compris qu'ils étaient incapables de l'ouvrir alors on a attendu ici. C'est là que j'ai essayé de t'appeler, mais tu n'as jamais répondu.
Je regarde Lisa qui n'arrive même pas à parler. Je me lève et décide de mettre mes sentiments de côtés et de prendre les choses en main.
- Luke et Léonie, je veux que vous alliez dans la chambre de Luke ensemble. Papa faut que je te parle.
- Quoi, mais pourquoi ? Dit Luke refusant de laisser sa mère.
- S'il te plaît Luke.
Mon père semble perdu, mais ne dit rien pour me contredire. Quand ils s'en vont dans la chambre, je descends les escaliers pour fermer la porte d'entrée et bloquer toutes les entrées pour éviter d'en avoir d'autres. Je regarde rapidement dehors et je remarque que plusieurs sont autour de la maison avec le bruit qu'on a fait.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Me dit-il froid comme s'il sentait la mauvaise nouvelle.
- Elle va mourir. Elle a été mordue, elle va devenir comme eux. Dis-je quelques secondes plus tard d'une traite.
- N'importe quoi elle doit juste voir un médecin. Dit-il froid.
- Papa... Ils l'ont dit aux informations. Plus rien ne fonctionne dehors. L'électricité, le monde entier est éteint. Écoute je l'ai vu papa dehors c'est une catastrophe. On doit partir. Ils commencent à être nombreux dehors. Les villes sont dangereuses.
- Non je ne la laisse pas c'est hors de question.
- Regarde là papa. Elle a juste une morsure au bras et elle est quasiment entrain de mourir pour une petite morsure c'est qu'il y autre chose. Tu ne peux pas mettre Léonie et Luke en danger.
- Et si ils se trompaient ? Demande-t-il plein d'espoir. Je refuse de la laisser Lucie.
Voyant qu'il va refuser la laisser je décide de prendre les choses en main.
- On devrait l'installer sur un lit et voir son évolution. On va aussi essayer de lui trouver des médicaments mais on devrait l'attacher pour être sûr. Fini-je par lancer.
Il me fait un oui de la tête et nous montons pour la mettre sur le lit et l'attacher au cas où en lui disant que c'est juste une mesure de sécurité. Pendant que je nettoie sa blessure, papa lui cherche des médicaments dans la maison.
- Je sais ce qui m'attend. Me dit-elle enfin.
Je me stoppe net au son de sa voix surprise qu'elle me parle. Sa voix est rugueuse comme si elle n'avait pas bu depuis des jours. Je prends un verre d'eau et lui tend pour l'empêcher d'en dire davantage. Je ne veux pas entendre ça. Cependant, elle me repousse avec le peu de force qu'elle a et m'attrape la main de sa main attachée.
- Il faut que tu fasses quelque chose pour moi.
Je la regarde attentivement incapable de prononcer un mot.
- Protège mes enfants, je sais que tu ferais déjà n'importe quoi pour Léonie alors protège là avec Luke au péril de ta vie. Je t'en conjure. Dit-elle les larmes aux yeux.
Ses yeux noyés de larme avec un regard d'une telle impuissance. J'aimerais lui dire que ce ne sera pas nécessaire qu'elle pourra le faire elle-même, mais je sais qu'au fond de moi ça serait un mensonge. Alors je décide de poser ma main sur la sienne délicatement en lui disant exactement ce qu'elle veut entendre.
- Je vais le faire c'est promis. Je les protégerai au détriment de ma propre vie.
Elle hoche la tête puis poursuit.
- Il faut que vous partiez maintenant. Je t'ai entendu discuter avec ton père et je sais ce qui m'attend. Je ne veux pas vous faire du mal.
- Mais papa...
- Je vais le raisonner. Va préparer leurs affaires et sauve-les. Vous devez être parti d'ici demain matin.
Les larmes me montent aux yeux, car je sais que je ne la reverrai jamais après ça mais je refuse de les laisser couler. Je l'embrasse sur le front qui semble de plus en plus chaud.
- Tu as été une superbe maman pour moi merci beaucoup et je te promets de respecter ma parole.
Je me lève en voyant mon père arrivé avec les médicaments et je décide de les laisser. Je me rends dans la chambre de Luke et je les vois en train de jouer, assis sagement côte à côte. Je referme derrière moi et je vois Léonie me regarder comme si j'étais un monstre et je me rends compte que je suis toujours en sang et affreuse à voir. Je m'accroupis devant eux.
- Il va falloir qu'on parte demain matin. On doit faire nos sacs pour être prêt très tôt au matin.
- Mais et pour ma mère ? Demande Luke.
- Il va falloir que tu lui dises au revoir. Dis-je tristement.
- Pourquoi ? Elle va aller mieux ! Crie-t-il.
Je sais que s'il me crie dessus, c'est qu'il sait lui-même qu'elle n'ira pas mieux.
- Chute ! On ne doit pas crier. Écoute c'est ta mère qui me l'a demandé. Vous avez encore une journée pour lui dire au revoir. Je sais c'est peu mais c'est dans votre intérêt. Prépare tes affaires je m'occupe de ceux de Léonie. Avant ça tu peux aller manger un truc en bas mais ne fais pas de bruit d'accord ?
Il me confirme d'un hochement de tête tout en me regardant d'un regard noir. Je sais Luke, mais on n'a pas le choix. Je décide d'aller me laver avant de m'occuper de ma sœur et pour être sûr qu'elle ne va pas dans un endroit dangereux, je décide de la garder dans la salle de bain avec moi.
- Tu es blessé ? Me demande-t-elle triste en voyant mon état.
Je me baisse à son niveau et je lui fais un petit sourire pour la rassurer.
- Non, je vais bien ne t'en fais pas.
Elle me fait un petit sourire puis elle m'embrasse la joue et continue de jouer sur son téléphone pendant que je me lave de fond en comble et cela me prend presque une heure d'être enfin propre avec de l'eau froide.
- J'ai faim, me dit Léonie pour la sixième fois quand je suis enfin habillée.
Je lève les yeux au ciel et je me dirige enfin en bas pour nous faire à manger.
Je prends ma sœur dans mes bras et je me dirige aux escaliers. Dans le couloir, j'entends mon père pleuré disant qu'il refuse de la laisser. Je décide donc de les laisser seuls pour le moment, ils mangeront sûrement plus tard. Je nous fais des pâtes et heureusement le gaz fonctionne toujours, mais nous devons l'allumer avec des allumettes.
Après un bon repas assez calme je me dirige enfin vers la chambre de ma sœur pour préparer ces affaires. Son doudou, ses vêtements, des jouets pas encombrant...
- Lucie ? Me demande Léonie en arrêtant de jouer.
- Oui ma puce ?
- On va à ta maison ?
- Oui ma chérie.
- Oui ! Dit-elle toute joyeuse en continuant à jouer.
Plus tard, je suis allée vérifier que les affaires de Luke était prête et il m'a confirmé que c'était le cas. Je lui ai ensuite demandé de surveiller sa sœur pendant que je prépare une soupe pour sa mère et un repas pour mon père qui n'a rien mangé depuis que je suis là et sûrement depuis hier qu'il est enfermé.
Lorsque j'entre dans la chambre de mes parents, dans la soirée, tout est calme et sombre. Mon père à son chevet, les yeux rouges avec beaucoup de cernes. Quand il me remarque, il ne dit rien et retourne son regard vers Lisa. Je lui apporte une assiette tout en lui demandant de tout manger et que je vais nourrir Lisa pendant ce temps-là. Il refuse pendant un moment, mais finit par accepter. Quand il est parti, j'ai essayé de lui donner à manger mais elle recrache la quasi-totalité incapable de manger et cela me fait mal au cœur. J'essaie également de lui donner des médicaments avec difficultés. Je n'ai pas l'impression que ça l'aide à aller mieux, mais au moins son état n'empire pas. Après un long moment de difficulté à la nourrir, mon père revient prendre ma place me demandant de surveiller les enfants plutôt alors je décide de l'écouter et de le laisser seul.
La nuit est quasiment tombée, je suis dans la chambre de Léonie a regardé mon téléphone espérant une nouvelle de Stéphane même si ce n'est pas possible, car il n'y a plus de réseau. Léonie joue tranquillement pendant ce temps-là quand tout à coup mon père entre et s'assoit à côté de moi. Je vois à son regard que la chose qu'il veut me dire ne me plaira pas et c'est avec la boule au ventre que j'attends d'en savoir plus...
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