Chapitre 15: C'est quand même étrange
La nuit et le silence règnent autour de moi. Je suis dans un lit à côté de ma sœur qui elle dort profondément avec son doudou, mais moi, c'est impossible. Je suis angoissée pour demain. Et si je ne les retrouve pas ? Peut-être que les garçons ont raison et que je me mets en danger pour rien ? Mais je ne peux pas me résoudre à penser comme ça. Je refuse de perdre mon père qui a toujours été là pour moi qui pris soin de moi quand j'en avais le plus besoin, qui ne m'ai pas abandonné quand ma mère l'a fait. Et Stéphane... Je ne peux pas le laisser. Il est tout pour moi. Comment je peux vivre dans un monde où il n'est pas là ? Comment peut-on du jour au lendemain être accro à une personne si fort qu'il nous est impossible de vivre sans elle ? Je me tourne une nouvelle fois sur le côté pour trouver le sommeil sachant que cela m'est impossible avec mes pensées qui ne cessent de me hanter.
Thomas frappe à ma porte pile à l'heure. Je sors du lit avec hâte en sentant que ce lit dans lequel je me suis tournée et retournée et devenu mon plus grand ennemi. Je lui signale que je le rejoins dans cinq petites minutes et je m'habille à la hâte. Je regarde une dernière fois ma sœur profondément endormie avec le remord de ne lui avoir rien dit, mais qu'aurais je pu lui dire ? Je vais chercher l'homme de ma vie et ton père probablement mort tous les deux, je ne reviendrai sûrement pas moi-même, mais je t'aime fort ? Non... Je suis certes lâche, mais je préfère fuir que de lui dire ça. Nous partons à l'aube, exprès pour éviter cette conversation, mais aussi pour rentrer le plus vite possible en espérant être revenu le lendemain. Lorsque j'arrive en bas dans cette maison silencieuse, je trouve Thomas en train de préparer nos sacs. Je le rejoins pour l'aider et nous décidons de prendre le minimum pour en rapporter le plus possible, car malheureusement, autour de nous, nous n'avons pas trouvé beaucoup de nourriture ni autre. On prend malgré tout un peu de nourriture, une lampe torche chacun, chacun un pistolet et on laisse le fusil ici puis un couteau chacun. Depuis le début, on a juste eu besoin d'utiliser nos couteaux et c'est tant mieux cela nous permet de garder nos munitions en cas d'urgence même si nous n'avons pas eu l'occasion de nous entraîner. Nous aurions pu le faire dehors, mais il y avait de plus en plus de rôdeurs chaque jour alors ça devenait trop risqué. J'ai également entendu la veille avant d'aller coucher ma sœur, les garçons discutaient sur le fait de rester ici. Clément refusait de rester, il trouvait ça trop dangereux. Mais où pourrions nous aller ? On a essayé de contacter des secours par téléphone, par radio nous avons tout essayer sans succès. Qu'est-ce qui pourrait avoir de mieux dehors qu'ici ? Nous étions à l'abri au moins. Après avoir vérifié une dernière fois nos sacs, nous nous dirigeons vers la voiture. Je me mets du côté conducteur, car Thomas ne sait pas conduire. Lorsque j'arrive à côté de lui, je le regarde une dernière fois avant de démarrer et je constate qu'il n'a pas l'air effrayé pourtant, je sais qu'il veut autant que moi retrouver Stéphane. Pourquoi n'est-il pas inquiet de le savoir vivant ou non ? Moi, je suis terrifiée.
- Tu es prête ?
Cette fois, c'est moi qu'il regarde attendant ma réponse. Je hoche la tête puis je démarre la voiture et nous partons le plus vite possible évitant les rôdeurs. Nous avons sorti volontairement la voiture la vieille pour éviter de le faire aujourd'hui et qu'ils cassent la barrière puisqu'au moins, nous étions là hier comparés à aujourd'hui d'autant que le bruit de la voiture va les éloigner de la maison durant notre escapade.
Après plusieurs minutes de trajet, en silence avec juste quelques indications de Thomas pour le trajet je me décide à enfin faire la conversation puisqu'il ne le fait pas et je préfère poser des questions plutôt que ce silence pesant qu'il met pour me montrer que c'est peut-être une très mauvaise idée.
- Comment fais-tu ?
- Pour... ? Demande-t-il curieux sans quitter des yeux, la carte et la route.
- Pour ne pas avoir peur. Dis-je en lui jetant quelques regards.
Le soleil commence à peine à se lever ce qui nous permet de voir un peu mieux la route et les alentours. On s'en rend d'ailleurs plus compte de ce qui nous arrive alors les carcasses de voitures remplies de sang et d'autres encore en train de brûler avec des rôdeurs juste à côté. Après de longues secondes silencieuses et un long soupire, il décide de me répondre.
- Va falloir être plus précise. Peur de ce monde ? Bien sûr, qui ne le serait pas. De l'avenir ? Totalement. Dit-il en me regardant enfin sans compléter en sachant très bien que ce n'est pas ce que j'attendais comme réponse.
- Tu sais très bien ce que je voulais dire. Dis-je en de nouveaux en fixant la route.
- Bien sûr que j'ai peur... Mais moi aussi, j'ai besoin de savoir alors allons y.
- Merci. Dis-je sincère au bout d'un certain temps.
- C'est normal, c'est mon meilleur ami et comme tu l'as dit pour moi, il aurait fait la même chose.
- Pour de la castagne, il n'aurait pas hésité pour n'importe qui. Dis-je en lâchant un petit rire en repensant à son caractère parfois très chaud.
Il rigole aussi légèrement en confirmant.
- Non, je voulais dire merci pour tout ce que tu as fait depuis le début pour moi et ma famille. Merci sincèrement. Si je ne vous avais pas trouvé je serai sûrement morte. Dis-je finalement au bout de plusieurs minutes de silence.
- Tu t'es très bien débrouillé sans nous jusqu'ici, mais je vois ce que tu veux dire. On est tous ensemble maintenant, on doit être soudé.
Le reste du trajet reste calme tandis que Thomas a eu l'idée d'essayer toutes les radios que l'on perçoit afin d'avoir peut-être une idée de ce qu'il se passe, mais absolument rien est détecté.
- Il y a forcément des survivants quelques parts, tout n'est pas perdu. Dit-il en arrêtant malgré tout de chercher une autre station désespérée.
- C'est quand même étrange. Finis-je par dire.
Il me regarde perplexe me laissant finir.
- Et bien malgré ce qu'Ethan m'a dit, tu sais le flic que j'ai rencontré ? Dis-je en le regardant.
Il me fait un hochement de tête pour me confirmer qu'il se souvient du policer que j'ai croisé qui m'a beaucoup aidé avant que je n'arrive ici.
- Et bien, c'est étrange, ils disent que ça dure depuis déjà des mois et on n'a absolument rien vu ensuite lorsque ça nous tombe dessus tous en même temps tout ce qu'on a, c'est un message à la télé pour nous dire de rester chez nous et d'attendre les secours puis ensuite coupure de courant et ensuite plus de nouvelles de personne même pas les gens ou nos voisins. Dis-je en récapitulant ce qui nous est arrivé depuis le début.
- Oui, mais je ne vois pas où... Commence-t-il.
- Ça ne colle pas voilà où je veux en venir. Dis-je en le coupant. Tout est arrivé beaucoup, beaucoup trop vite. Comment ça se fait qu'on est vu aucun militaire se battre ? Aucun hélicoptère ? Je sais qu'on n'est pas une grosse région peuplé, mais nous avons quand même la police et des militaires pourquoi nous n'avons rien eu de tout ça ? Et puis... Ils sont arrivé comme ça d'un seul coup ce n'est pas possible pourquoi aucune alerte n'a été donné ? Dis-je en déballant ce qui m'empêche de dormir depuis des jours.
Après mon long monologue, je me rends compte que je suis un peu essoufflé, mais que ça me soulage un peu de pouvoir en parler avec quelqu'un. Thomas, je ne le connais pas beaucoup, mais bien que c'est le meilleur ami de Stéphane, il a toujours été gentil avec moi et prévenant. Je lui jette un coup d'œil après quelques secondes remarquant qu'il ne dit rien et je remarque qu'il fixe devant lui perplexe et je comprends que cette histoire ne choque pas que moi.
- C'est vrai que récapituler comme ça il y a quelque chose qui cloche... Avec tout ce qui se passe et penser à notre survie ne m'a pas fait réfléchir à tout ça. Dit-il finalement.
- Je te comprends, j'ai l'impression d'avoir passé ces derniers jours à courir sans cesse. Mais cette histoire me terrifie. Par moments, je me dis que peut-être que je suis juste morte et que je vis mon propre enfer en voyant mes proches mourir un par un.
- C'est stupide ça. Dit-il un peu froidement.
- Pourquoi ? Dis-je légèrement vexée.
- Je t'en prie Stéphane m'a beaucoup parlé de toi et pas seulement de vos disputes comme tu peux le croire. Tu es une fille bien, il me le répète sans cesse et il te l'a souvent dit. Je ne vois pas pourquoi tu irais en enfer.
- Je ne suis pas diabolique, c'est vrai, mais je ne suis pas une bonne personne pour autant. Je n'ai jamais été généreuse, je n'aide pas toujours les gens, je peux mentir parfois, et même être méchante aussi. On ne sait pas quelle règle permettent de dire qu'on est quelqu'un de bien ou de mauvais. Peut-être que pour cet autre monde, je ne suis pas une assez bonne personne finalement.
- Dans ce cas-là, personne n'est une bonne personne. On a tous commis des erreurs, mais ça ne fait pas de nous de mauvaises personnes et heureusement.
- Peut-être que ce n'est pas moi alors qui est puni mais le monde entier, nous sommes punis, pour avoir été égoïste, cupide, méchant voire pire. Comme un jugement dernier en quelque sorte.
- Comme dans la bible ? Dit-il en riant d'un petit rire moqueur. Tu es croyante ?
- Non mais je crois en l'équilibre de toute vie et de toute chose. Nous avons été trop gourmands, nous voulions toujours plus. Regarde-nous, on trouvait toujours le moyen de s'ennuyer sans savourer ce qu'on a alors on a tous été puni.
- Tu penses vraiment qu'on l'a tous mérité ? Demande-t-il simplement.
- Tu l'as dit toi-même on a tous fait des erreurs dans nos vies alors quelque part oui on le mérite tous. Enfin, je le pense. En-tout-cas, je sais que moi, je l'ai mérité, je ne me sens en rien supérieur. Je n'ai pas été forcément généreuse ni toujours gentille. Je n'ai pas été respectueuse de ce que j'ai maintenant, je m'en rends compte.
Thomas ne me répond pas, mais je sais qu'il n'en pense pas moins. Il sait que je n'ai pas totalement tort pour autant. Quelques minutes, plus tard, alors qu'il nous reste une quinzaine de minutes de route, je me rends compte que nous n'aurons sûrement pas assez d'essence pour y arriver et faire le retour. On s'en alors compte que sur les trajets prévus nous avions pas prévu ce petit arrêt. On décide alors d'arrêter la voiture sur une route au milieu de forêts autour, mais avec beaucoup de visibilité. Heureusement pour nous, le soleil est haut dans le ciel nous permettant de pouvoir bien observer. On sort de la voiture pour se dégourdir les jambes et chercher une station essence sur la carte à proximité de l'endroit où on doit aller. Thomas est donc penché sur la carte depuis une dizaine de minutes sur le capot de la voiture pendant que je marche autour de lui et de celle-ci afin d'observer les alentours au cas où l'on devrait partir vite. Je pourrais effectivement aider Thomas sur la carte, mais malheureusement pour nous mon plus grand défaut, c'est le sens d'orientation inexistant chez moi. Même avec une carte, je peux me perdre, à l'époque, j'y arrivais très bien avec MAPS alors je ne donne pas cher de moi avec cette carte.
- On est dans la merde. Finit-il par lâcher au bout de quelques instants.
Je m'approche de lui et la carte pour comprendre ce qui ne va pas.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Et bien étant donné que l'on souhaite éviter les autoroutes la meilleure station essence se trouve derrière nous.
- Non, on ne peut pas faire demi-tour ça nous prendrait trop de temps.
- Sauf qu'on n'a pas le choix. Complète-t-il en me montrant le trajet du doigt tout en me l'expliquant. Le prochain sur notre route est trop loin, tu n'auras pas assez d'essence, mais si l'on fait demi-tour, on peut prendre celui-ci et reprendre le trajet tranquillement.
- On aurait au moins une heure de plus avec ces aller-retour d'autant que les routes ne sont pas en faveur des demi-tours, j'ai failli en faire les frais. Et... On ne sait même pas si l'on pourra en récupérer ou même s'ils en restent. Si on reste bloquer là-bas ça ne sera pas demain que l'on sera rentré. Dis-je inquiète.
- On n'a pas le choix...
Je regarde la carte une nouvelle fois en essayant de trouver une solution plus facile. Puis sur la carte, je vois à une vingtaine de minutes derrière, il y a un garage.
- Et pourquoi pas ce garage ? Les gens se seront plus jetés sur des stations essence que sur des garages de réparation non ? Ils ont forcément de l'essence au cas où, ou alors des voitures qui en ont plein.
Il s'approche pour observer et après quelques minutes de débats nous décidons de prendre cette direction. Notre débat fut court puisque des rôdeurs commençaient à approcher de la route. Nous arrivons assez rapidement au garage qui semble vide, comme tout dans ce monde maintenant. Lorsque la voiture s'arrête le voyant de l'essence clignotent rouge. On doit vraiment trouver de l'essence. Après avoir attendu devant un moment, on décide d'entrer ensemble et discrètement. Heureusement pour nous, le garage n'est pas grand et il est réellement vide. Après avoir été sûr qu'il n'y a personne ici, on s'est séparé pour trouver de l'essence. Nous avons cherché durant une bonne heure, mais nous avons fini par trouver de l'essence, suffisamment pour remplir notre voiture et en avoir de côté malheureusement ça n'est pas avec une pompe, mais des bidons que nous avons du remplir nous-même avec des tuyaux venant de tonneau en fer. J'ai vu pas mal de film qui avait une technique pour siphonner de l'essence en aspirant de l'essence pour qu'ensuite, il coule en continu dans le tuyau. Thomas s'est moqué de moi, mais je lui ai précisé que les films ne mettent pas toujours et j'ai bien fait puisque cela a fonctionné. Avec un goût infecte dans la bouche nous avons malgré tout réussir à remplir la voiture puis cinq bidons plein que nous mettons dans le coffre comme réserve. Suite à cela, nous repartons enfin en direction de mon ancien appartement.
Nous arrivons enfin à destination alors que l'après-midi se termine et que le soleil se couche de plus en plus. Je garde ma voiture à l'écart des bâtiments afin de ne pas attirer l'attention des nombreux rôdeurs présents autour des bâtiments résidentiels. Revenir ici me fait un pincement au cœur en me souvenant de ma séparation avec Stéphane, mais je décide de me reprendre décidé à le retrouver. On a longuement discuté durant le trajet du garage à ici et nous avons décidé de commencer à le chercher dans notre bâtiment étant donné qu'il s'est sûrement caché là-bas. Donc nos recherches vont commencer là-bas. Heureusement pour nous beaucoup de voitures, plus que la dernière fois, se trouvent un peu partout ce qui nous permet d'être discrets jusqu'au bâtiment sans tuer les rôdeurs inutilement et cela fonctionne puisqu'on arrive dans le hall rapidement sans problème. Une fois sûr que dans le rez-de-chaussée il n'y a personne, je me tourne vers lui pour la suite de notre plan.
- On ferait peut-être mieux de se séparer pour visiter tous les appartements au cas où il se serait caché ailleurs et en prenant des ressources utiles. Proposais-je.
- Non, on ne se sépare pas. Dit-il.
- Détends-toi, ce sont juste les appartements que l'on fait séparément, on reste à chaque fois au même étage pour s'aider en cas de problème. Ça nous permettra de finir avant la nuit on a déjà perdu trop de temps.
- Très bien mais avant, on mange un peu, il est déjà, tard et je suis affamée.
On décide de manger un peu de nourriture que nous avons apporté et de boire surtout puis ensuite, on se lève et je me dirige vers les premiers appartements en face de nous sauf qu'il m'attrape le bras pour m'arrêter.
- Sois prudente s'il te plaît.
Je lui souris pour le rassurer puis on se dirige vers les deux premiers appartements face à nous, couteaux à la main.
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