Chapitre 13: Plus d'espoir
Ma main tremble en s'avançant prudemment sur la poignée puis je l'ouvre doucement et j'observe la pièce dans laquelle je me trouve. La pièce est vide et remplie de sang en direction de la fenêtre. Je m'approche de celle-ci pour constater qu'elle est ouverte d'où la forte fraîcheur de la pièce. Je regarde par la fenêtre et je ne vois que des rôdeurs en bas en train de se nourrir de quelque chose. Je me recule ne sachant pas quoi dire. Je regarde de nouveau autour de moi perdue sentant le sol instable sous moi alors je m'effondre sur les genoux.
- Non, ce n'est pas possible. Chuchotais-je en laissant tomber mon couteau de ma main devant une des flaques de sang de la pièce.
Je ferme les yeux quelques instants reprenant mon souffle puis je me dirige de nouveau vers la fenêtre afin de voir les possibilités. Se pourrait-il qu'ils se soient enfuis ? Peut-être, mais rien est sûr. Je n'arrive pas à distinguer la chose qu'ils mangent, mais je ne peux pas me mettre en danger pour vérifier. Je me pose de nouveau à terre dos à la fenêtre après l'avoir refermé et je réfléchis à ce que je dois faire. Dois-je partir à leur recherche à l'aveugle ? Non, je ne peux pas. S'ils reviennent je nous mettrai qu'en danger avec une petite fille d'autant que mon père est censé revenir ici dans deux jours si je ne suis pas revenue à temps, il nous pensera mort et nous cherchera à son tour dans un cercle sans fin.
Après plusieurs minutes de débat mental, je décide de rester ici, au moins cette nuit de toute façon nous sommes fatigués et affamés alors je ne peux rien faire de plus pour le moment, je réfléchirai demain. Je verrai peut-être mieux à la lumière du jour. Je sors de la maison après avoir vérifié toutes les pièces une seconde fois pour être sûr qu'il n'y a personne puis je retourne dehors pour rejoindre le véhicule. Luke sursaute quand il me voit, mais son visage semble se détendre en voyant que je suis en vie. Le mien, cependant, reste sans expression, je suis incapable de pleurer ni de réagir. Je suis tellement épuisée de tout ça. Il sort de la voiture silencieusement le visage moins joyeux en remarquant le mien pour me rejoindre.
- Est-ce qu'ils sont... Demande-t-il face à mon visage.
- Non, le coupais-je trop vite. Enfin, je n'en sais rien. Ils ne sont pas ici en tout cas. Finis-je tristement.
- Qu'est-ce qu'on va faire alors ? Demande-t-il inquiet.
- On va passer la nuit ici pour le moment, c'est tout ce que je sais. Vous êtes fatigués et affamés donc on a tous besoin de repos.
- Et toi ?
Je ne réponds pas tout en me dirigeant vers Léonie pour la prendre dans mes bras et l'amener dans la maison. En la sortant de la voiture elle se réveille et se frotte les yeux toujours dans mes bras.
- J'ai faim. Me dit-elle endormie.
- Oui, on va manger mon ange à l'intérieur.
Je demande à Luke de prendre nos sacs et un peu de nourriture nous ferrons le reste demain pendant que je rentre avec Léonie pour nettoyer un peu la cuisine et leur faire à manger. Léonie dans la cuisine s'endort pratiquement le temps que je nettoie le sang et que j'allume la gazinière qui elle fonctionne toujours pour le moment. J'ai dû allumer avec une allumette étant donné qu'on a plus de courant depuis quelques jours. Le temps que l'eau chauffe, je nettoie le sang dans toute la cuisine et Luke a amené le plus d'affaires possibles. Quand la cuisine est finie, je leur donne leurs assiettes qu'ils finissent très vite affamés. La mienne, je la mets de côté.
Après cela, je mets Léonie dans une chambre à l'étage pour qu'elle dorme le temps que je m'occupe du reste. J'ai pris une chambre qui n'avait pas de sang heureusement.
- Tu viens dodo ? Demande-t-elle fatiguée dans le lit.
- Je te rejoins bientôt, c'est promis, dort. Dis-je en l'embrassant.
Je quitte la pièce puis je me tourne vers Luke qui m'attend dans le couloir.
- Qu'est-ce qu'on fait ? Demanda-t-il.
- Va dormir toi, je gère tant fait pas.
- Non, laisse-moi t'aider. Dit-il insistant.
J'hésite un instant puis ensuite, je lui donne des chiffons pour nettoyer tout le sang qu'on trouve. Dans le salon, les chambres et sa chambre... Après près, de deux heures de nettoyage, je regarde ma montre qui indique une heure du matin. Ils nous restent les deux cadavres, mais je ne peux pas ne pas le laisser dormir.
- Tu ferais mieux d'aller dormir, je vais m'occuper d'eux.
Mais il ne m'écoute pas et attrape les chevilles du premier corps.
- J'en serai incapable de toute façon alors autant que je t'aide. Dit-il.
Je suis trop épuisée pour débattre alors je le regarde juste longuement puis je me rends compte qu'après tout ce qu'il a vécu ce n'est pas ça le pire qui puisse lui arriver. Je soupire puis je prends le corps par en dessous de ses aisselles. Avant de le soulever, je regarde Luke qui semble inquiet d'un coup.
- Tu es sûr qu'il est bien... Mort ?
- Oui, j'ai l'impression que c'est le cerveau qui contrôle ça en quelque sorte alors je pense que pour les tuer définitivement, il faut faire ça. Ne t'inquiète pas.
Il hoche la tête pour confirmer.
- Allez à trois, on soulève. Dis-je le regard vers lui attendant qu'il soit prêt.
Il me fait un signe de tête pour me signaler qu'il est prêt puis je fais le compte à rebours. À trois, on essaye de le soulever, mais le corps ne se lève même pas de deux centimètres. On le repose puis on refait le compte à rebours et on essaye de nouveau en vain. Sauf que cette fois, quand on repose le corps, on entend du bruit au rez-de-chaussée. Luke me regarde terrifié et je lui fais le signe de se taire tout en sortant mon arme du pantalon. Je lui montre la chambre de Léonie et il s'y dirige en silence tandis que je vais en direction opposée aux escaliers. J'éteins ma lampe torche et je descends lentement les marchés en essayant de ne pas faire craquer le bois des marches.
À moitié du chemin, j'entends des chuchotements et je vois des lampes torches bougeait. Donc ce ne sont pas des rôdeurs. Est-ce que c'est possible que ce soit... Je m'empêche d'avoir trop d'espoir de le revoir même si je sens la joie montée en moi. Mon cœur est fou de joie, mais mon cerveau et mon corps sont au garde à vue prêt à tirer s'ils doivent en arriver là. Quand j'atteins la dernière marche, les chuchotements cessent et les lumières de leurs torches se sont éteintes. Ils savent que je suis là alors je décide de ne pas prendre de risquer et je sors de ma cachette, j'allume ma lampe torche et je parle assez fort pour qu'ils m'entendent, mais pas assez pour me faire remarquer dehors.
- Je suis armée, sortez les mains en l'air doucement. Dis-je froide pour montrer mon sérieux en direction de la cuisine là où se trouver les chuchotements.
J'attends quelques secondes et je n'ai ni mouvement ni parole qui provient de la cuisine. Est-ce que j'ai rêvé ? Non, impossible.
- Je sais qu'il y a quelqu'un alors sortez où je vous trouverez moi-même pour vous tuez sur-le-champ. Dis-je toujours insistante.
- Ok, on sort, ne nous tue pas. Dit finalement une voix masculine en sortant de sa cachette suivie d'un autre homme.
Je les éclaire à quelques mètres de moi et je reconnais tout de suite ces visages.
- Thomas ? Dis-je étonnée.
Je descends un peu la lumière que j'avais mise sur les visages pour les éblouir. Je regarde plusieurs fois les deux hommes et reconnais le meilleur ami de mon petit ami Thomas qui ne vit pas très loin et Clément leur ami commun.
- Lucie ? Lance-t-il surpris aussi.
Mon espoir me remplit plus que je le souhaite.
- Stéphane, tu es là aussi ? Demande je en m'avançant vers eux pensant qu'il est derrière caché au cas où.
- Attends, dit-il en m'arrêtant tout de suite un mètre devant eux. Il n'est pas avec nous. On pensait le trouver ici justement, mais je comprends qu'il n'est pas avec toi non plus.
Je le regarde longuement, la déception et la tristesse m'emportent. Je n'aurai pas dû partir en voiture, j'aurai dû l'aider. Je remets en question tous les choix que j'ai faits. Je me recule d'eux pour fermer mes yeux et respirer lentement pour ne pas m'emporter. Le temps que je reprends mon souffle, j'entends du mouvement sur ma droite aux escaliers puis j'entends Luke.
- Lucie ?
- Tout va bien, Luke, tu peux descendre.
Il descend et il voit les deux hommes. Et je fais les présentations d'une voix tellement faible. Le temps qu'ils se présentent, je sens encore mon sol devenir instable alors je décide de m'asseoir pour me reprendre, mais je n'y arrive pas. Je mets mes mains sur mes yeux et j'appuie fort pour me faire oublier tout ça. Je veux revenir quelques jours avant, dans ses bras et oublier tout ça.
- Ça va ? Demande la voix de Thomas en posant sa main sur mon épaule ce qui me fait sursauter.
Je ne réponds pas et je remets mes mains sur mes yeux, les coudes posés sur mes genoux. J'entends Luke derrière dire qu'on a de la nourriture et j'entends qu'ils s'éloignent, mais je sens qu'une personne est toujours là malgré tout. Je sais que c'est Thomas qui est là et qui attend de savoir ce qui s'est passé, mais je suis incapable de lui dire à quel point j'ai foiré, à quel point je l'ai abandonné. Sans savoir comment j'arrive à rouvrir les yeux et je le vois toujours à côté de moi accroupi attendant que je me lance sans me poser la moindre question.
- Je l'ai abandonné, je les ai tous abandonnés. Lançai-je la voix cassé et quelques larmes coulent sur mes joues, je craque enfin.
Il s'assoit à côté de moi en silence et me laisse craquer ce que je garde enfoui en moi sans me poser de questions. Après quelques minutes comme ça, il se décide enfin à me parler.
- On ferait mieux d'aller manger, nous discuterons de tout ça ensemble. Dit-il en se levant pour m'inviter à faire la même chose.
Lorsqu'on arrive dans la cuisine, le repas pour nos invités est prêt et Luke les serre. Je le remercie silencieusement de s'en être occupé et je récupère mon assiette de pâtes froide d'avant. On s'assoit tous en silence mangeant tranquillement. Je m'amuse plus à tourner mes pattes qui me donnent envie de vomir plutôt que de les manger. Étant donné leur regard insistant, je repends quand même une ou deux bouchées petite et je me retiens de ne pas tout vomir. Je sens que leurs regards insistants signifient qu'ils veulent savoir alors après de longues minutes d'attentes insupportables pour eux, je pose ma fourchette et je décide de commencer mon long monologue du début de mon histoire jusqu'à leur rencontre. À la fin, je me sens différente, mes larmes ne coulent pas, mes yeux et ma voix sont vides de sentiments. Je suis anéantie et vide, perdu dans ce monde qui m'est nouveau.
- Tu n'as rien à te reprocher, Stéphane a sûrement pensé que c'était la meilleure solution pour vous et vos proches.
- Les deux rôdeurs et la tonne de sang dans cette maison ne te feront pas dire ça longtemps. Dis-je distante.
Un silence pesant s'installe de nouveau puis je finis par changer de sujet.
- Et vous alors que faites vous ici ? Vous êtes déjà venu chez Stéphane avant ?
Je ne connais pas énormément les deux amis de Stéphane, je sais juste qu'ils vivent près d'ici. Ils sont sûrement déjà venus et ont sûrement vu des choses.
- J'ai perdu ma mère il y a quelques heures à peine... Je ne pouvais pas rester seul alors je me suis dit que j'aurai pu rejoindre Stéphane, car il serait sûrement parti rejoindre sa famille. Je n'y suis pas allé avant si c'est ce que tu te demandes, car les rues étaient remplies de ces monstres, on ne pouvait pas risquer notre vie. On voulait partir aujourd'hui, mais un monstre a réussi à entrer et il a dévoré ma mère. On a couru et on est venu ici ne sachant pas où aller.
- Je suis désolée pour ta mère et pour Stéphane.
- Moi aussi, je sais que tu espérais voir quelqu'un d'autre arriver. Dit-il avec un petit sourire compatissant.
Je suis incapable de lui sourire alors je baisse juste le regard par terre. Par la suite, les garçons discutent ensemble et je décide de tout débarrasser. Je regarde l'heure et je me rends compte qu'il est bientôt deux heures du matin.
- Je pense qu'on devrait tous dormir un peu. Je vais rester ici pour surveiller que personne n'essaye d'entrer.
- Il y a un mur et un portail, je pense que ça ira. On doit tous dormir, on en a vraiment besoin. Répond Thomas.
- Je dois encore dégager les deux corps à l'étage. Dis-je détachée.
- Je vais t'aider. Dit Thomas.
- Moi aussi. Ajoute Luke.
- Non ! Va dormir, Luke. Dis-je froide.
- Mais... Répond-il.
- Je t'ai dit non. Dis-je plus forte cette fois.
Thomas s'approche pour calmer la situation.
- On va gérer très vite t'inquiète, si on est trop nombreux, on va juste se marcher tous dessus. Aller dormir vous deux, on va s'en sortir. Dit-il.
Clément se dirige à l'étage sans se faire prier et Luke après un dernier regard vers moi, il s'en va également. Quand ils sont partis, je soupire puis je remercie Thomas qui me sourit pour me soutenir puis nous nous dirigeons vers les cadavres à l'étage. Au dernier cadavre mis dehors je m'assois sur le canapé du salon essoufflée et Thomas fait de même. Nous n'avons pas parlé tout le long trop épuisé de porter ces corps.
- Tu ferais mieux d'aller dormir. Dis-je finalement.
- Toi aussi. Dit-il.
Je ne réponds pas et il n'ajoute rien non plus, mais aucun de nous ne va dormir incapable de trouver le sommeil.
- Demain, je vais essayer de visiter la ville à la recherche de ceux qui étaient ici qui que ce soit. Dis-je finalement après plusieurs minutes dans la nuit noire et le silence entre nous.
- Quoi ? Dit-il choqué. C'est dangereux et stupide ça. On ferait mieux d'attendre que Stéphane revienne ici plutôt.
- Et si c'était lui qui était blessé ? Lançai-je sèchement.
Il me regarde choqué par mon ton. Je détourne le regard et je lance un peu plus doucement.
- Lui, il irait te chercher sans hésiter.
- Je sais moi aussi, mais on n'est même pas sûr que c'est lui. De plus, je voulais te dire de ne pas y aller seule, c'est trop risqué.
- Si je meurs moi ce n'est rien, mais je refuse de tuer ma sœur et Luke, je suis responsable d'eux.
- On trouvera un plan tous ensemble demain, mais n'y va pas à l'aveugle comme ça sans nourriture ni sommeil. Dit-il.
Je sais qu'il a raison, mais je ne peux pas l'abandonner une nouvelle fois, je dois le retrouver, je vais te retrouver Stéphane.
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