Chapitre 12: Du sang, toujours du sang
Le trajet est très tendu dans cette nuit de plus en plus noire. Pour me guider, j'ai dû prendre une carte dont j'ai tracé l'itinéraire avec mon père. Luke me donne la route et ce sont les seules paroles qu'il prononce. Dès que nous nous sommes éloignés de la maison et des rôdeurs, j'ai remarqué que Luke a versé des larmes silencieuses, mais je n'ai rien dit. Léonie quant à elle, elle s'est vite endormie après que je lui aie donné une compote en attendant d'un vrai repas à notre destination. Le fait qu'elle s'est endormie m'arrange, car quand on voit l'état des routes et des maisons, c'est digne d'un film d'horreur et je refuse qu'elle voie ça.
Le silence dans la voiture me permet de réfléchir à tout ce que j'ai appris ces derniers jours. Cela fait plusieurs jours que le monde s'est effondré et plusieurs mois qu'existent, ces monstres d'après Ethan. En pensant à ça, je me rends compte à quel point nous sommes dans la merde. Qui va-nous sortir d'ici ? Combien de temps allons-nous vivre comme ça ? Mais surtout comment allons nous survivre ? Mes pensées se dispersent ensuite vers Stéphane dont je ne sais toujours pas où il se trouve, mon père que j'ai abandonné, Lisa probablement bientôt morte et nous dans cette voiture. J'ai deux enfants sous ma responsabilité et j'ai la trouille. Une trouille immense. Certes Luke n'est pas un enfant, mais il n'en reste pas moins un adolescent dont je dois surveiller.
- Lucie ? Cri plus fort Luke.
Je reprends mes esprits et le regarde. Son regard sur moi est perplexe.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu devais tourner à droite là, tu as dépassé l'intersection.
- Merde. Dis-je en regardant dans le rétroviseur pour voir l'intersection plusieurs mètres derrière nous.
On voit à peine l'intersection avec la nuit complète campagnarde sans aucun lampadaire. J'arrête la voiture et je commence à faire demi-tour. La route est assez petite alors je dois m'y prendre en plusieurs manœuvres. Lorsque ma voiture est perpendiculaire à la route, Luke m'appelle une nouvelle fois, mais cette fois avec une voix étranglée limite cassée.
- Quoi ? Demande-je en tournant mon regard vers lui.
Lui, il regarde sa vitre à droite sans me répondre. Je n'ai en réalité même pas besoin de sa réponse puisque je comprends tout de suite le problème. Plusieurs mètres sur notre droite se trouvent deux trois rôdeurs qui courent vers nous avec le bruit qu'on a fait. Au début, nous ne les voyions pas, vue que mes feux de voiture ne sont pas dans leur direction, mais plus ils s'approchent et plus nous pouvons les discerner concrètement. J'en compte quatre dont je n'arrive pas à discerner le sexe, mais je comprends que je dois agir tout de suite où l'on risque de ne pas s'en sortir.
- Merde. Hurlais-je en commençant à reculer la voiture pour continuer mes manœuvres au plus vite pendant qu'ils s'approchent de plus en plus.
J'entends Luke respirait de plus en plus vite et je remarque que je n'ai que quelques secondes avant qu'ils n'arrivent à la voiture et j'ai encore deux manœuvres à faire. Si je les fais mal ou que je me précipite, je risque d'envoyer la voiture dans l'herbe et là nous serons bloqué dans l'herbe avec eux. Je décide donc de respirer lentement pour me concentrer en demandant à Luke de bien verrouiller les portes. Lors de ma dernière manœuvre, ils arrivent à notre voiture et ils commencent à taper sur la vitre de Luke et de Léonie à l'arrière, mais j'appuie à fond sur l'accélérateur cette fois-ci et je finis ma dernière manœuvre sans problème tout en m'éloignant d'eux pour prendre l'intersection manquée. Je regarde dans mon rétroviseur l'écart que je creuse avec eux et souffle de soulagement quand je ne les vois plus.
Plusieurs minutes, plus tard, je surveille que Léonie ne s'est pas réveillée et heureusement non elle dort toujours profondément. Ensuite, je regarde enfin Luke qui semble toujours un peu pâle et je me rends compte que c'est la première fois depuis que sa mère s'est fait mordre qu'il en voit d'aussi près.
- Est-ce que ça va ? Demande je.
- Pas vraiment. Me répond-il plusieurs longues secondes plus tard le regard toujours fixé sur sa vitre à droite.
Je la regarde également et je remarque le sang dessus qu'ils ont laissé.
- Je peux le comprendre. Dis-je sincèrement en me concentrant sur la route cette fois-ci pour ne pas commettre deux fois la même erreur.
- On va rejoindre Stéphane alors ? Demande-t-il pour changer de sujet tout en quittant du regard sa vitre.
- Je l'espère. On s'est donné rendez-vous chez ses parents, ils ont des murs et un portail ça devrait nous protéger quelque temps.
- Tu penses que ça va durer combien de temps tout ça ?
- Très franchement, je n'en ai aucune idée. Pour l'instant, j'avance un pied devant l'autre, je n'arrive pas à voir au-delà pour le moment, c'est trop... Dis-je sans finir ma phrase.
Il ne répond rien, mais je sens qu'il comprend tout à fait alors il recommence à me donner la route sans rien ajouter.
- Qu'est-ce que tu as vue dehors après être allée chercher des armes ? Demande-t-il après quelques directions données.
Je repense à Ethan à ce moment-là et j'ai un pincement au cœur. Je reste silencieuse, quelques secondes hésitantes, mais je décide de lui raconter en considérant qu'il reste quand même assez grand pour comprendre. Après tout ce qu'il a vécu, je pense qu'il mérite de tout savoir.
- Donc ma mère ne peut pas être sauvée ? Demande-t-il à la fin de mon monologue.
- Je ne pense pas, mais... On ne sait rien après tout alors peut-être que c'est possible, mais je ne veux pas que tu te fasses trop d'espoir, car j'ai vu l'état de ta mère et ça ressemble pas à l'état qu'on a juste pour une simple morsure.
Il hoche la tête pour montrer qu'il comprend, mais je vois qu'il verse une petite larme malgré tout.
- J'espère juste qu'ils vont bien tous les deux là-bas. Me dit-il simplement.
- Moi aussi. Dis-je tristement.
Une longue demi-heure plus tard, on arrive enfin devant le portail. J'ai demandé à Luke de sortir rapidement l'ouvrir et de le refermer derrière notre voiture tout aussi vite pour éviter de nous faire remarquer davantage par les rôdeurs qui nous ont entendus dans la rue et heureusement, ils n'approchent pas trop du portail, mais rôdent autour malgré tout à la recherche du bruit. À partir de ce moment-là la voiture éteinte, on reste silencieux et j'analyse la grande cours vide autant au niveau sonore que visuel. Je sors ensuite le sac d'arme, je prends un pistolet que je mets dans la boîte à gants de la voiture puis j'en prends un deuxième pour moi avec mon couteau déjà bien sali par le sang puis je me tourne vers Luke tout en chuchotant.
- Bon, je veux être sûr qu'il n'y a pas de danger à l'intérieur alors tu vas attendre ici avec Léonie. Les clés sont sur le contact et une arme se trouve dans la boîte à gants. S'il y a le moindre problème où que je ne reviens pas. Tu t'en vas d'ici et tu retournes voir mon père d'accord ?
- Tu vas nous laisser seuls ? Et je ne sais ni tirer ni conduire. Dit-il légèrement anxieux.
- Papa m'a dit qu'il t'a fait un peu conduire dans un parking, tu devrais t'en sortir vue qu'il n'y a pas de voiture, mais ne roule pas vite, inutilement et ça ira. Je vais revenir rapidement, normalement je veux juste être sûr qu'il n'y a personne à l'intérieur. Je ne pourrais pas vous protéger et tuer ces choses en même temps, tu comprends ?
Après une confirmation de mon demi-frère, je sors de la voiture et je ferme la porte silencieusement derrière moi. Je regarde une dernière fois la voiture et je vois Luke se mettre à ma place conductrice près au cas où comme je l'ai demandé. Je regarde aussi Léonie dormir profondément, son doudou dans les bras. Je prends une grande inspiration et je m'avance dans la cours en direction de la maison mon arme dans mon pantalon et mon couteau sorti. Une boule se crée dans mon estomac. Appréhension ? Terreur ? Impatience ? Je pense à un mélange de tout ça. Est-ce qu'il est là ? J'ai tout de suite remarqué que sa voiture ne s'y trouvait pas, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y est pas. D'ailleurs, aucune voiture ne se trouve ici ce qui est d'autant plus étrange.
Arrivée devant la maison, j'écoute longuement et je n'entends rien du tout ce qui me rassure et m'inquiète à la fois. J'appuie sur la poignée et bizarrement la porte s'ouvre toute suite. À l'intérieur, tout est noir alors je sors la lampe torche de mon sac et je commence à regarder autour de moi. Rien n'attire mon attention alors j'entre dans la cuisine que j'éclaire de ma lampe torche et je remarque que c'est légèrement le bazar, mais qu'il n'y a toujours personne. Mon nœud d'inquiétude se serre de plus en plus, mais je continue ma visite jusqu'au salon puis aux escaliers.
En montant les escaliers cette fois, je remarque des traces de sang sur les marchés qui, plus je monte, plus sont assez grandes. J'essaye de calmer ma respiration, mais ça reste impossible dans mon état. Arrivée à l'étage une flaque de sang se trouve devant ce qui me fait avoir un hoquet de nausée. Je n'ose pas toucher, mais je remarque que le sang n'est pas du tout sec. Lorsque je m'avance dans le long couloir, je commence cette fois à entendre du bruit léger, mais je l'entends distinctement. Je décide de rester silencieuse et je m'avance en direction du bruit le poignard près à être utilisé. J'inspecte une chambre à la fois, mais je ne vois rien de dangereux, mais le bruit provient tout au fond du couloir. J'ai déjà emprunté plusieurs fois ce couloir et je sais quelle chambre se trouvent au bout du couloir, son ancienne chambre...
Quand j'arrive enfin au bout du couloir, je vois deux rôdeurs qui ne me remarquent pas, car ils sont tous les deux dos à moi. Le plus proche mange quelque chose à terre tandis que le deuxième tape contre la porte de l'ancienne chambre de mon petit ami. Je m'avance silencieusement du plus proche pour planter mon couteau dans son crâne en me retenant de vomir en voyant les tripes et le sang. Le rôdeur tombe dans un bruit qui attire le deuxième vers moi. Je me prépare à l'attaquer et il vient en boitant légèrement donc ne cours pas, je décide donc de l'attendre et au dernier moment, je lui plante mon couteau dans le crâne ce qui n'est pas facile, car il est plus grand que moi. Il s'effondre à mes pieds et cette fois incapable de me retenir, je vomis à côté de moi. Après avoir vomi le peu que j'ai mangé, je regarde la chose qui se faisait manger et je me rends compte que c'est le chat de ma belle-famille et je suis à la fois soulagée et triste.
Je reprends mon souffle et je me dirige vers la chambre en question la dernière que je dois voir, celle où le rôdeur tapait dessus. Un espoir me remplit en espérant le trouver derrière avec sa famille pourtant, je ne peux supprimer cette boule d'angoisse qui me dit un tas de choses comme pourquoi il ne fait aucun bruit ? Pourquoi n'a-t-il pas essayé de les tuer ? Toutes ces questions qui me disent qu'il n'est pas là. Je décide de ne pas écouter tout ça et je m'approche de la porte silencieusement le couteau en sang prête à me défendre puis j'ouvre la porte...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top