Chapitre 10: Des réponses
Lorsque j'entre enfin dans cette pièce, je vois, devant moi, un homme dans la vingtaine en tenue policière assis sur le sol son arme pointée droit sur moi. Son regard noir ne me rassure pas alors par réflexe, je lève les mains en l'air avec mon couteau dedans.
- Tu as été infecté ? Demande-t-il son arme toujours pointée sur moi.
- Quoi ? Non, non, je n'ai pas été mordu.
Il me regarde longuement puis pose son arme en gémissant de douleur, c'est là que je remarque une blessure sur son épaule. Je descends mes mains lentement pour ne pas l'effrayer de nouveau puis je m'approche.
- Vous êtes blessé ?
- Pire que ça, j'ai été mordu. Dit-il en appuyant sur sa blessure qui saigne toujours.
Je me baisse à son niveau pour regarder sa blessure pleine de sang et je me sens triste pour lui.
- Où se trouve la trousse de secours ? Demande-je en me levant déterminée à l'aider.
Il me regarde sans comprendre puis lâche un petit rire.
- Une trousse de secours ? Laisse tomber. Dit-il en appuyant de nouveau sur sa blessure tout en gémissant.
Je fronce les sourcils, mécontente, qu'il abandonne si vite.
- Écoutez, c'est soit vous me dites où ça se trouve et dans cinq minutes, je suis là soit vous me laissez et dans ce cas-là, je ne reviendrai pas avant une longue heure. Dis-je déterminée.
Il ne rit plus cette fois et il me regarde sans rien dire pendant quelques secondes. Il soupire prend son arme puis me la tend le canon dirigé vers lui.
- C'est à l'accueil, y a des bureaux juste à droite et tu vas le trouver sur le mur toute suite. Fais attention, il peut y en avoir encore ici.
Je prends son arme, ma lampe torche et je me dirige en vitesse cette fois jusqu'à l'accueil. Je cours quasiment évitant de le laisser perdre plus de sang. De toute façon avec les coups de feu, s'il y en avait d'autres dans le bâtiment, ils nous auraient rejoints très vite. Ce qui m'inquiète le plus ce sont ceux de dehors. Je trouve assez vite la trousse de soin et avant de repartir, je profite d'être à l'accueil pour regarder par une fenêtre le portail dehors et je remarque que beaucoup se sont rapprochés avec le bruit.
Je retourne rapidement rejoindre l'agent de police qui a mon retour semble surpris de me voir. Peut-être pensait-il que je voulais juste son arme ? Je l'aide à enlever son gilet par balle puis la chemise bleue qu'il avait en dessous. Il se retrouve torse-nue devant moi avec difficultés, car chaque mouvement le faisait gémir. Je peux maintenant mieux voir sa blessure qui n'a rien de rassurant. Je décide ensuite d'ouvrir la trousse de secours et de faire les seules choses que je sais faire nettoyer sa blessure et la bander espérant que ça pourrait l'aider un peu.
Je mets de l'antiseptique sur un coton puis je me regarde pour voir s'il me laisse faire étant donné que ça va faire mal. Il serre les dents et me fait un hochement de tête pour me dire que je peux y aller. Je tamponne sa blessure qui parfois le fait tressaillir, mais il ne cri et ne pleure jamais. Après ça, je commence à découper des bandages et c'est à ce moment-là qu'il se met enfin à me parler.
- Que fais-tu là toi ? Demande-t-il.
Je n'ai pas envie de lui dire que c'était pour les armes en premier lieu alors je décide de lui poser une autre question à la place.
- Pourquoi il n'y a plus personne ici ?
- Je t'ai posé une question d'abord miss. Dit-il en gémissant, car je commence à poser le bandage.
- Je suis venue chercher des informations et des armes. Finis-je par lancer au bout de quelques secondes.
Il se met à glousser un peu.
- Des informations ?
Je m'arrête une seconde en attendant sa question et son rire surprise qu'il ne s'arrête que sur ce bout de phrase. Étant donné qu'il me regarde lui aussi, je finis par hocher la tête ne comprenant pas pourquoi il rit.
- Ce que tu vois dehors ne te suffit pas ? C'est la fin du monde on est tous mort. Dit-il cynique.
- Non ! Je refuse de me dire ça. On peut s'en sortir. Il existe forcément une solution.
- Pas pour moi. Dit-il en baissant son regard vers le sol.
Un silence gênant s'impose entre nous pendant lequels je termine son bandage.
- Je m'appelle Lucie. Dis-je pour briser le silence.
Il me regarde pendant un moment comme si j'étais folle puis soupire.
- Moi, c'est Ethan.
Je m'assois cette fois à côté de lui le dos contre le bureau comme lui.
- Je suis enchantée. Dis-je sincère.
Il rit légèrement et je décide de ne rien dire de plus le laissant un peu tranquille. J'étais venue chercher des informations et tout ce que je trouve, c'est un policier mourant.
- On a essayé, tu sais. Me dit-il finalement.
Je le regarde ne comprenant pas où il veut en venir, mais je ne dis rien pour ne pas l'interrompre.
- L'armée, nous, on a tous essayé, mais ils étaient trop nombreux et trop difficiles à différencier de nous. Nous avons commis trop d'erreurs qu'aujourd'hui, nous ne pouvons pardonner. Au début, nous ne voulions pas les tuer, on espérait trouver une solution, mais on a fini par perdre énormément de monde. Ensuite, tout s'est dégringolé... On a décidé de tous les tuer sans vérifier s'ils étaient infectés ou pas. Dit-il si triste.
- Comment ça a commencé ? Pourquoi tout est arrivé d'un seul coup sans qu'on ne le remarque ? Demandais-je.
- On n'en sait rien non plus. Des alertes ont été signalées un peu partout sur des manifestations violentes. Quand on y est allé, c'était le carnage, les gens se dévoraient entre eux, c'était horrible. On a perdu tellement de monde sans réussir à contenir quoi que ce soit. On a dû se replier. L'épidémie approchait de plus en plus et nous étions plus que cinq ici. Voyant que rien n'était contenu tour le monde a décidé de rejoindre sa famille en abandonnant son travail. Je ne peux pas leur en vouloir... J'ai essayé de tout barricader ici, mais le bâtiment est trop grand alors des rôdeurs venant de la cour sont entrés avec le bruit que je faisais. Ils m'ont attaqué sans que je ne m'en aperçoive et j'ai malheureusement été trop long. Je les ai tués dans le couloir, mais un des deux a réussi à me mordre.
- Pourquoi vous êtes resté ici ? Demande-je triste.
- Je n'ai pas de famille alors je n'avais aucune raison de partir. J'ai donc décidé de protéger cet endroit.
Un silence triste s'impose entre nous, mais j'ai tellement de questions alors après quelques secondes, je décide de les poser.
- Comment cela a-t-il pu arriver si vite ? Mon université n'a été attaquée qu'hier. Et là, toutes les villes sont infestées en seulement deux jours ?
- Et pourtant ça dure depuis plusieurs semaines déjà, mais on a bloqué l'affaire autant que possible en faisant passer ça pour des manifestations. Tu as sûrement dû en entendre parler. Une minorité de personnes avait compris, mais les gens les prenaient pour des fous donc cela nous arranger. Finalement, il y avait trop d'infecter partout et on a perdu.
- Ce sont réellement les morsures qui causent ça ? C'est difficile à croire. Dis-je.
Il sort une bouteille de whisky du tiroir au-dessus de lui, bois une grosse gorgée et me le tend sans pour autant me répondre. En général j'aurai dit non mais avec ces derniers jours, je ne m'en plains pas et bois une grosse gorgée qui m'arrache la gorge. C'est immonde, mais ça soulage à la fois, car je ressens enfin quelque chose de différent. Le fait que ça brûle ma gorge, j'aime ça, puisque ça me permet de me punir en quelque sorte. Je me punis de mes choix et de ce qui m'arrive. Je lui rends la bouteille et il me répond enfin après avoir bu une seconde gorgé.
- Je l'ai vue de mes yeux... Un enfant qu'on devait surveiller, c'était fait mordre par sa propre mère. Il avait à peine cinq ans...
Quand il dit ça, un nœud se crée dans mon estomac en imaginant ma petite sœur et je bois une seconde gorgée.
- Au début, ça allait avec les médicaments qu'on lui donnait. Il était stable, mais il a commencé à avoir beaucoup de fièvre d'un seul coup et à devenir très pâle. Plus aucun médicament ne faisait effet et à un moment, il a cessé de respirer. Seulement au bout de deux jours. À peine deux minutes plus tard, il était réveillé, mais il était... Différents. Ses yeux étaient blancs, il ne parlait pas et ne réagissait à rien. Son propre père a essayé de l'appeler, mais rien n'y faisait. Il était mort et est devenu un cannibale.
J'imagine le père dans un état inconsolable et ça me rappelle celui de mon père actuellement.
- Tout ce que je sais de cette merde, dit-il en pointant du doigt l'encadrement de la porte où se trouvent deux d'entre eux morts, c'est que ça vient du cerveau, dit-il en pointant son crâne cette fois. Tout ce qu'on sait des scientifiques et médecins qu'on a vue, c'est que plus rien ne fonctionne à part leur cerveau pour les fonctions de base marcher, attrapé et...
- Manger. Finis-je par lancer.
- C'est ça. Dit-il en reprenant une gorgée.
- C'est réellement inévitable ? Dis-je triste en pensant cette fois à Lisa et son état.
Il me regarde tristement et je savais déjà la réponse alors il ne me la donne pas, car ses yeux en disent long. À la place, il boit une plus longue gorgée les larmes aux yeux. Il me tend une nouvelle la bouteille, mais je refuse. Je ne veux pas être soûl sachant que je dois faire le chemin du retour.
- On peut être infecté différemment ? Demandais-je après quelques instants.
- De ce que je sais, non. Uniquement, par les morsures, mais évite d'entrer en contact avec du sang aux niveaux des yeux ou de la bouche si tu peux.
Un nouveau silence se plonge entre-nous sauf que cette fois, on arrive à entendre les rôdeurs dehors à la grille, ils doivent être de plus en plus nombreux. Pendant que j'entends ces gémissements, je repense à mes derniers jours et à ce que j'ai fait pour survivre et je ne sais pas pourquoi je me mets à lui raconter.
- J'en ai tué cinq d'ici les deux derniers jours. Cinq personnes. Je n'ai jamais fait de mal à personne et maintenant, je m'en suis prise à cinq personnes. Dis-je au bout d'un moment.
Il me regarde et pose sa main sur la mienne.
- Ne t'en veux pas, tu as fait ce qu'il fallait pour survivre. Dit-il sincère. Crois-moi, j'ai dû faire pire et si je pense comme ça je...
Il ne finit pas sa phrase, mais je comprends. On deviendra fou... Je hoche donc la tête, mais je sais que ça va me hanter longtemps. Il boit une longue gorgée puis se lève en gémissant fortement avec l'effort. Je me lève en même temps pour l'empêcher de tomber.
- Attends, ne te lève pas, repose toi. Dis-je en le tenant.
- Je vais en avoir du temps pour ça, je préfère t'aider. Dit-il en s'éloignant dans la pièce et de moi.
Je le suis rapidement et je vois qu'il ouvre une armoire où il a les clés et en sors deux pistolets comme le sien et un fusil à pompe puis me les donne.
- Pourquoi ? Demandais-je finalement.
- Tu m'as l'air d'être une bonne personne alors je veux t'aider avant...
Je pose les armes et le prends dans mes bras. Je connais cet homme que depuis une vingtaine de minutes, mais il a déjà fait tellement pour moi que je ne l'oublierai jamais. Étrangement, j'ai cru qu'il me repousserait, mais il ne le fait pas au contraire il me serre plus fort. Au bout de quelques instants, il s'éloigne de moi pour m'aider à remplir mon sac.
- Tu ferais mieux de partir par-derrière avec les coups de feux.
Je range ma lampe torche, un pistolet et le fusil dans mon sac et je range les munitions qu'il me donne avec. Il me donne beaucoup de paquets de munitions et je ne sais même pas quoi dire pour le remercier. Il me montre vite fait comme armé et désarmé puis m'aide à finir mon sac et me le donne.
- Tu es sûr que je ne peux rien faire pour toi ? Demande-je triste en m'arrêtant devant une sortie qu'il a trouvé pour moi.
- Tu en as déjà fait plus que n'importe qui.
Je le regarde une dernière fois et je commence à enjamber la fenêtre, mais Ethan m'interrompt une dernière fois.
- Lucie ?
Je le regarde de nouveau et je le vois se tenir la blessure avec un visage crispé de douleur et un regard triste.
- Survie, tu en es capable, je le vois. N'hésite jamais. Et surtout ne lève pas les mains en l'air quand une personne lève une arme sur toi maintenant. Dit-il en riant par rapport à notre rencontre.
Je ris en faisant un oui de la tête et décide de partir en évitant les errants du portail venus à cause du coup de feux. Lorsque j'ai fait plusieurs mètres, j'entends un seul coup de feu qui vient de derrière moi. Je me tourne vers le bruit comprenant ce qu'il venait de faire et une larme coule sur ma joue. Je suis désolée, Ethan, j'espère que tu reposeras en paix.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top