2| Evasion
Je me sens seule. Cette chambre est froide, sans vie. Mon pied me fait mal. Ma tête me tourne toujours un peu. Jane n'est pas revenue depuis un moment et c'est la seule personne qui a l'air d'être honnête ici. Ça pourrait paraître bizarre mais elle me manque. Je regarde mon pied, celui que je me suis tapé contre lit auparavant. Il est bleu et un peu gonflé. J'appuie sur la sonnette d'urgence en espérant que Jane vienne.
La porte s'ouvre sur un homme. Il est grand et musclé. Il a le teint basané et le crâne rasé. Il doit avoir à peu près la quarantaine.
Il entre en regardant derrière lui, il a l'air stresser.
- Salut Eléanor. Je suis Jordan, tu ne me connais pas mais tu dois me faire confiance.
Je commence vraiment à en avoir marre. Tout le monde connais mon nom ici et ils veulent tous que je leur fasse confiance. Mais ils sont qui à la fin!
- Comment pourrais-je vous faire confiance si, comme vous l'avez dit, je ne vous connais pas !
- Parce que j'étais un bon ami à Edward Parks, ton père et je suis ici pour t'amener à l'orphelinat.
Après avoir entendu ces mots, tout les souvenirs de mon père refont surface et je ne peux m'empêcher de verser une larme.
- Écoute Léa, tu permets que je t'appelle comme ça ?
Un diminutif ? Pourquoi pas... J'acquiesce de la tête, attendant la suite.
- Ton père m'a demander de te protéger. Je te raconterai tout quand on sera à l'orphelinat, en sécurité.
J'ai cru que j'étais en sécurité ici. N'est ce pas ce que madame Thompson m'a dit ?
Un bruit de pas se rapproche et je comprends au regard de Jordan que ce n'est pas bon signe.
- Il faut qu'on se dépêche Léa, suis moi, vite !
Il m'attrape la main et me tire hors de la chambre. En passant le pas de la porte, je découvre un couloir tout aussi blanc et éblouissant que ma chambre. Jordan me lâche la main et se met à courir.
- Léa, bouges !
Je sors de mes pensées et essaie de le suivre. Mais en posant mon pied droite à terre, je m'écroule. Je l'avais oublié. Le fameux pied que je me suis cogné contre le lit.
En entendant mon corps s'écraser au sol, Jordan fait demi tour et vient m'aider à me relever.
- Eléanor, tu aurais dû me dire ! Ca va être plus compliqué que je ne le pensais !
- Eh vous !
Je me retourne et découvre un homme qui se met à courir dans notre direction.
- Accroche toi Léa.
Jordan me prend le bras et le passe sur ses épaules. Je m'appuie sur lui en essayant d'oublier la douleur qui me lance dans le pied. Nous nous remettons à courir. Nous tournons de gauche, de droite. Je perds la notion du temps. J'ai l'impression de courir dans ce labyrinthe depuis des heures. Étonnamment, nous n'avons croisé personne et l'homme qui nous poursuivait a finit par abandonner.
En regardant droit devant moi, j'aperçois une jeune femme au bout du couloir. Elle me semble familière. Je plisse les yeux afin de mieux examiner ses traits. Jane. Un sourire se forme sur mon visage.
Je suis propulsée contre le mur, je me cogne la tête. Je perd conscience.
Le visage de mon père apparaît, souriant.
- Ma chérie ! Tu n'es pas une jeune fille ordinaire. Promets moi de faire ce que je t'ai dit. Vas à l'orphelinat. Promets le moi Eléanor.
Un sentiment de bonheur m'envahit en voyant son visage.
- Léa, réveilles toi ! Léa !
Le visage de mon père se brouille, il disparaît peu à peu.
- Non, papa ne pars pas ! Papa ! Je te le promets ! Papa reviens !
- Léa, réveilles toi !
J'ouvre les yeux doucement. Le visage d'une femme se forme. Jane. Elle a l'air stressée. La sonnerie stridente d'une alarme me vrille le crâne.
- Léa lèves-toi, il faut que tu sorte de là.
Je tente de me lever. Mon pied me fait encore plus s'ouffrir qu'avant. En plus du pied s'ajoute la douleur de ma tête. J'ai l'impression d'être un pantin. J'essaie de me relever, me rappelant les paroles de mon père. Elles me motivent et j'ai bien l'intention de les honorer. Jane m'aide et une fois debout je remarque le désastre de la situation.
Jordan se bat à terre avec un homme. Il est peut-être moins carré que lui mais il sait se battre.
- Jane ! Emmènes-la !
Le cri de Jordan me sort de ma torpeur. Je tourne la tête vers Jane. Un mélange de tristesse et de stress lui couvre le visage.
- Léa, suis-moi.
Je réplique.
- Mais... Mais... On ne peut pas le laisser là! Je ne peux pas laisser Jordan ici! Il est venu m'aider, je ne peux pas l'abandonner.
Jane prend mon bras et me tire le long des couloirs.
- Ne t'inquiète pas. Jo est un dur à cuire, il s'en sortira.
Elle me sourit. Nous empruntons la sortie de secours et descendons un petit escalier en colimaçon. Le vent frais de l'extérieur me fait un bien fou. Jane dévale l'escalier et j'essaie de la suivre du mieux possible. Je sers les dents, j'ai mal. Une fois en bas, je suis en sueur. J'ai juste le temps de reprendre mon souffle avant de devoir repartir à la suite de Jane. Elle a bien 10cm de plus que moi, ce qui la fait courir plus vite. Au bout de quelques mètres le long du trottoir, Jane s'arrête devant une grosse voiture noire. Elle me regarde et me sourit. J'essaie de lui rendre son sourire mais c'est impossible. Les événements de ses dernières heures m'ont atténuée, j'ai un mal de tête infernal et mon pied, on en parle pas.
Jane ouvre la portière.
- Monte Eléanor.
Je m'exécute. Je m'installe dans la voiture. Cette dernière a des vitres tintées et paraît être blindée. Jane s'installe à côté de moi en saluant le chauffeur.
- Salut Christophe. Quoi de neuf ?
- Bonjour Jane. Mme Parks se réjoui de vous revoir.
Le prénom me fait frissonner.
- Attendez, vous venez de dire madame Parks ?
Une lueur d'espoir naît au plus profond de moi.
- Oui c'est ce que je viens de dire. Odette Sparks, votre tante.
La lueur qui vient de s'allumer s'éteint. J'aurais tellement espérer voir ma mère. Elle me manque terriblement. D'autant plus que je n'ai pas eu beaucoup de contact avec ma tante. Je sais qu'elle travaille dans un orphelinat près de chez moi, enfin, ce qui était chez moi, mais je ne l'ai que rarement vue. Mon père la voyait souvent. Il allait la trouver en tout cas une fois par semaine mais j'ai toujours été mise à l'écart de leurs entrevues.
Après vingt bonnes minutes de route, le véhicule s'immobilise.
- Vous y voilà. Mme Sparks vous attend dans son bureau.
- Merci Christophe.
Jane sort de la voiture, je bafouille un remerciement à mon tour et je la suis. Devant moi se trouve une énorme maison ravagée par le temps. Je soupire.
Enfin papa, j'y suis. L'orphelinat.
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