17| Ruth Samba
Les gargouillements de mon ventre transpercent le silence qui planait depuis plus de deux heures sur nous. En effet, depuis notre départ, Benjamin et Karim n'ont pas prononcé un seul mot. Seuls les gazouillis des oiseaux et le bruissement des feuilles sous nos pieds sont parvenus à mes oreilles. J'en ai marre. Marre qu'ils ne parlent pas, marre qu'ils ne s'entendent pas et marre de marcher. Oui, j'en ai surtout marre de marcher. J'ai hâte d'être arrivée et de pouvoir parler à d'autres personnes qu'eux. Pas que je ne les aime pas mais au bout d'un moment, un présence féminine me ferait du bien.
Mon ventre gargouille à nouveau. Toujours aucune réaction des garçons. Décidément, ils n'ont pas l'air d'avoir faim, ou du moins, ils le cachent bien.
Nous continuons de marcher sur un sentier étroit dans une grande forêt. Karim en tête comme à son habitude et Benjamin derrière moi. Ils ont peur que je me perde. Je sais pas trop comment je pourrais, je crois qu'il faut vraiment avoir une case en moins pour se perdre alors qu'à un mètre de moi mon ami me montre le chemin mais je ne dis rien, comme toujours, j'écoutes et j'obéis. Je n'ai que cela à faire de toute manière.
Bidibup... Bidibup...
Je me retourne à toute vitesse à l'entente de ce bruit. J'ai juste le temps d'apercevoir Benjamin se baisser pour rattacher son lacet. Je fronce les sourcil et lui lance un regard interrogateur.
- Qu'est ce qu'il y a?
Il a parlé d'une voix calme et posée. Il finit de rattacher son lacet et se relève.
- Qu'est ce que vous foutez?
Je me pivote et regarde Karim.
- Quoi?
Il n'a pas l'air de comprendre. Ai-je rêvé?
- Bon il nous reste que quelques minutes de marche, pas grand chose. Mais on ferait mieux de se bouger, Ruth Samba peut être n'importe où et il faut qu'on la trouve avant les tombée de la nuit et surtout avant eux.
Il se remet en marche et je le suis, les pensées en fusion. Je ne suis pas folle, j'ai entendu un son. J'en suis sûre. Je jettes un coup d'oeil en direction de Benjamin. Il n'a pas bougé d'un poil. Il lève la tête à toute vitesse et fourre sa main dans sa poche en me voyant le regarder. Il me lance un petit sourire et reprend la marche.
Durant les derniers kilomètres, mes pensées se sont concentrées sur l'étrange bruit et le comportement de Benjamin. Il n'a jamais agit comme cela auparavant et ce comportement et réellement étrange. Il nous cache quelque chose, j'en suis sûre.
- On y est.
Le paysage est magnifique. Une étendue de champs nous accueille à la sortie de la forêt et le soleil m'éblouit. Je pose ma main en visière sur mon front et admire le monde qui m'entoure. Des personnes travaillent dans les champs, d'autres portent des paniers sur leur tête et d'autre encore achètent des aliments dans le marché au coin de la petite rue centrale. Le village n'est pas grand mais les personnes sont agitées et nous donnent l'impression d'être devant une fourmilière.
- Ruth doit se trouver ici.
Karim désigne du doigt une petite cahute légèrement appart du village rustique.
- Eléanor, mets ça.
Il me lance un foulard et je l'enroule autour de ma tête.
- Pourquoi je dois porter ça? Personne ne le fait.
- Tu es blanche, ils vont vite le comprendre et les hommes t'aborderont plus facilement. Ne vous faites pas remarquer. Je ne suis pas forcement la bienvenue ici. Ma Chóra et celle-ci sont en mauvais termes en ce moment et ça va être compliqué de continuer si ils s'aperçoivent que je suis un Folia.
Décidément, il n'y a rien de simple et il me fout la frousse. On ne sait jamais comment peuvent réagir des inconnus en colère.
- Bon alors rester près de moi, ne vous éloigner surtout pas. Vous connaissez la langue des Gi?
Nous hochons tout les deux négativement la tête.
- Je vois... Bon si quelqu'un vous parle, faites moi signe ou faites genre que vous êtes muets. Mais surtout ne parlez pas. Compris?
- Compris.
- Allons-y.
Nous nous remettons en marche et pénétrons dans le village. Nous passons dans la rue centrale où le marché a pris place. Je me fais bousculer de tous les cotés et le brouhaha est assourdissant. Des hommes crient pour vendre leurs produits, des femmes crient pour savoir le prix et des enfants pleurent à chaudes larmes. Ma tête va exploser mais Ruth Samba surgit dans mon esprit et me motive à suivre Karim.
On m'attrape par le bras et me tire en arrière. Un homme imposant me regarde de la tête aux pieds sans lâcher mon poignet. Il prononce un charabia qui m'est inconnu. je regarde autour de moi à la recherche de Karim ou de Benjamin, personne en vue. Ma vision se brouille alors que l'homme me parle encore.
- ඔබ කවුද?
Je le regarde sans comprendre et il s'approche dangereusement de moi.
- ඔබ කොහෙද?
Les larmes de panique me montent aux yeux. Pourquoi suis-je aussi sensible?
- ඈට!
La voix d'une femme a surgit de nul partit l'homme me lâche,mal à l'aise.
- රූත් ඔබ රිදවන ඕන නැහැ මට සමාව දෙන්න.
- , ඇයව අත් ඇය අපගේ එකකි. එය ඉතා වටිනා වේ.
- Bonjour, tu dois être Eléanor Sparks, Solíra des Aéras. ඔබ හමුවීම සතුටක්.
Je la reconnais à son collier et à sa prestance. Un collier pareil au miens mais à la place de la tornade, le sien représente une terre. Je me redresse légèrement et lui sourit.
- Bonjour Ruth.
- Excuses moi de ce traitement de bienvenue mais avec les temps qui courent, les étrangers e sont pas vraiment la bienvenue.
- Pas de soucis, je comprend.
- Alors comme ça tu viens nous rendre visite. Je t'attendais depuis plus longtemps.
- Vraiment?
- Oui. Tu sais nous sommes peut-être la civilisation la moins évoluée mais je suis tout de même au courant de ce qu'il se passe dans les autres Chóra. J'ai su pour ton enlèvement et je m'attendais que tu réunisses tout les Solíra le plus rapidement possible.
- J'ai eu quelques complications disons.
- Je pense bien. D'ailleurs, je suis très étonnée de te voir ici seule.
- Justement, je ne l'étais pas mais je les ai perdu de vue une fois arrivée ici.
- Viens, allons dans ma cahute, loin des oreilles indiscrètes.
Ruth passe son bras sous le miens. Elle est obligée de se baisser car elle a une tête de plus que moi. Ses longs cheveux forme une crinière autour de sa tête et se balancent aux mouvements de son corps. Elle est telle que sur la photo dans l'usine, très belle.
Après avoir traversé la foule, nous atteignons enfin la cahute. Nous y pénétrons et une vieille femme nous accueille.
- Je te présente ma mère, malheureusement elle ne parle que la langue des Gi.
- කවුද ඒ?
- එය අම්මා යාළුවෙක්.
- Viens allons nous assoir.
Je la suis à nouveau et au moment au nous nous asseyons, quelqu'un toque à la porte.
- Ne bouge pas, je vais voir.
J'attend une fraction de secondes et Karim déboule dans la pièce suivit de Benji.
- Putain Léa, tu m'as fait tellement peur.
Il s'approche de moi et me serre dans ses bras, un trop court instant à mon avis. Je rougis face à son visage si proche et ses yeux perçants.
- Je dois quand même te féliciter, tu as trouvé Ruth sans nous.
Il rit et je ris à mon tour. Je dirige mon regard ensuite vers Benjamin. Je n'arrive pas à décoder son expression. Il n'affiche aucune émotion, il est froid. Je lui sourit de toutes mes dents et les bout de ses lèvres se lèvent à peine.
Ruth nous rejoins.
- Bon je crois qu'on les a retrouvés.
Elle regarde Karim.
- Debes ser Karim Sanchez, Solíra del Folio.
- Tienes razón Solíra de los Gi.
Je les regarde se parler, je ne comprend rien à ce qu'ils se disent mais leur échange est froid.
- Je te laisse entrer dans ma maison parce que tu es un Solíra et un ami d'Eleanor mais saches que je n'aime pas ta Chóra.
- Tant mieux, c'est réciproque.
Un cris perçant retentit suivis par d'autres cris. Je sursaute et Ruth bondi tel un fauve hors de sa cahute. Karim s'est redressé et par son regard, j'ai compris. Ruth nous rejoins, la respiration saccadée.
- Ils arrivent.
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