Chapitre 3

Je reste immobilisée. Une voix retenti derrière moi.

"Bonjour Madame, je peux vous aider ?" dit une voix enfantine.

Je me tourne, et à ma grande surprise, c'est un jeune garçon d'environ 8 ans qui se tient devant moi. Je n'ai pas échoué à ma mission. Le stress retombe petit à petit. Le garçon me regarde de ses grands yeux noirs. Je comprends alors qu'il attend une réponse. 

"Non, non ça va merci !" lui répondis-je

Le jeune garçon hausse les épaules puis redescend les escaliers de bois. Un sourire niais se dessine sur mon visage. Il était si mignon. Puis, d'un seul coup, je reviens à la réalité. Je viens de parler à quelqu'un, ma mission s'arrêtera là si cet enfant a compris qui je suis. Je sens des gouttes de sueur tomber le long de ma colonne vertébrale. Un frisson me parcourt le corps entier. Je ne peux pas avoir passé 1 an et demi à préparer tout cela pour que tout se finisse aujourd'hui, en un éclair de secondes, alors que j'ai enfin décidé de me lancer ! Je décide alors qu'il faut que je me fasse beaucoup plus discrète. A pas de loup, je me faufile derrière l'orgue. Il est encore plus impressionnant vu d'ici que depuis l'autel. Je m'accroupis et souffle un grand coup. Quand je lève les yeux, j'aperçois une ombre qui se détache du mur. Je n'ai pas le temps de réagir qu'un torchon humide vient se coller sur mon visage. La dernière vision que j'ai est celle des yeux émeraudes de mon agresseur. 

***

Je me réveille sur un matelas jaunit par le temps. Ma tête tourne et mon corps est tout engourdi. Je reste allongée sur le matelas et ne bouge pas. Je me sens paralysée. Est-ce ici le lieu d'arrivée ? Ou bien suis-je en prison ? La police m'a-t-elle retrouvée ? Un élan de panique me saisi, mais je n'ai pas le temps de me poser plus de questions . Mes paupières sont lourdes et tombent toutes seules sur mes yeux. J'entre dans un sommeil profond. 

De l'eau glacée m'est jetée dessus. Je me lève d'un bond, mais je n'arrive toujours pas à ouvrir les yeux, comme si mes paupières étaient gonflées. 

"Bien dormi la belle au bois dormant ?" demande une voix assurée d'homme. 

L'homme rit ensuite, mais pas méchamment, juste d'une manière amicale. Lorsque j'arrive enfin à ouvrir les yeux, je le découvre. Un seau d'eau rouge dans la main gauche, il me sourit. Je dirais qu'il fait un mètre 90 et qu'il a environ 35 ans. Il est très musclé et un tatouage marin couvre son épaule droite. Il porte un débardeur noir, un pantalon aux motifs militaires et des baskets noires. Il est chauve et a les yeux émeraudes. C'est alors que je comprends qu'il s'agit de mon agresseur. J'essaie de quitter la pièce en courant, mais je trébuche et l'homme ne bouge pas. 

"Ne t'inquiètes pas Célie, tu es ici car c'est la fin de ta toute première mission, bravo à toi !", dit-il en souriant. 

Bouche-bée, je comprends alors que j'ai atteins mon objectif. Je lui souris en retour. L'homme me tend sa main. Je la saisis timidement et il me soulève en un claquement de doigt. Je faille retomber. Une fois mon équilibre retrouvé, je prends le temps d'observer la salle dans laquelle nous nous trouvons. L'éclairage est blanc et ressemble à celui d'un hôpital. Tous les murs sont blancs et il n'y a aucune fenêtre. Au milieu de la pièce trône une table rectangulaire en bois, sur laquelle sont posés mes sacs. 

"-Comment avez-vous trouvé mes affaires ? demandai-je étonnée. Je les avais cachés ... 

- Nous t'observions depuis le début, répond l'homme en riant, c'est alors que je me rend compte qu'il rigole beaucoup, et que son allure ne colle pas avec son caractère. 

- Qui ça "nous" ? 

- Tu verras bien. Nous trouvons d'ailleurs que tu t'es très bien débrouillée ! Je te le dis car elle ne te le dira jamais. 

- Qui ça "elle" ? et où suis-je ? Depuis combien de temps vous m'observiez ? 

- Calme toi Célie, j'étais comme toi les premiers jours. Mais tu vas voir, nous sommes comme une famille, nous serons d'ailleurs ta seule famille maintenant.  Le début sera compliqué, mais tu t'y feras ... "

Je ne pose pas plus de questions et attrape mes sacs. 

"Tu vas où comme ça ? m'arrête l'homme. Tu es chez toi et ici c'est ton studio, dit-il en montrant une petite cuisine. Ta salle de bain est derrière cette porte. Tu pourras t'occuper de la décoration plus tard. Pour le moment suis-moi !"

Je ne sais pas quoi répondre et je repose donc mes affaires sur la table. Il me fait comprendre qu'il faut que je le suive. J'hésite longuement avant de le suivre dans un couloir très sombre. 

"- Il n'y a pas de lumière ?

- Si, mais on a une panne depuis hier, je suis en train de m'en occuper. 

- Pourtant les lumières de la chambre fonctionnaient bien ...

- Eh eh, tu es observatrice dit-il. C'est parce que toutes les lumières ne sont pas issues du même réseau. Nous ne payons pas l'électricité, nous l'empruntons au dépend des autres, pour éviter que nos sous-sols soient repérés. Au dessus, il y a une maison des plus normale, mais ce n'est qu'une couverture. Seul les équipements électriques et internet de la salle d'information sont tirés des réseaux et services de la mairie, pour ne jamais avoir de panne. 

- Mais à quoi rime tout cela ? Pourquoi vivons nous en sous-sol si au dessus il y a une maison ?

- Ce n'est pas à moi de tout t'expliquer. Je ne suis qu'employé ici."

Je suis perturbée par cette organisation. Tout a été scrupuleusement calculé pour qu'on ne soit pas repérés. Je suis l'homme dans le couloir. Tout d'un coup, il s'arrête devant une porte blindée, qui me semble grise. Pendant un moment il ne dit rien, puis il passe sa main devant un boitier. La porte s'ouvre alors. Ici, il y a plus de technologie que dans le palais présidentiel. La salle n'est éclairée que par les écrans des divers ordinateurs qui couvrent tous les murs. Au milieu de la pièce, il y a un bureau de fer noir, sur lesquels sont soigneusement rangés quelques dossiers. Un pot à crayon est posé dans un angle, sous une lampe qui éclaire le tapis de bureau posé au milieu du meuble. Une chaise à roulettes en cuir noir est tournée vers nous, mais elle est vide. 

Soudain, la porte se referme brusquement. 

"-Armand, combien de fois t'ai-je dit de fermer cette porte quand tu entres !

- Je suis désolée..." répond l'homme, qui s'avère être Armand. 

La femme devant laquelle Armand s'est abaissé me regarde, puis regarde Armand. 

"- Oui pardon, j'ai oublié de faire les présentations ... s'excuse Armand. Célie, je te présente Squirrel, ce qui veut dire écureuil en anglais, et Squirrel, je vous présente Célie.

- Bonjour Fox, dit-elle en me regardant, un dossier dans les bras

- Bon ... Bonjour

- Armand, retourne t'occuper des lumières du couloir. Et toi Fox ... ou Célie peu importe, tu restes là."

Armand sort de la pièce en m'adressant un petit sourire, et referme la porte très doucement. Je reste plantée devant Squirrel, les mains jointes derrière mon dos, et mon regard fuyant le sien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top