Cela fait 3 jours que je suis dans la forêt. La police doit certainement intensifier ses recherches, et une photo de moi doit être placardée dans toutes les rues et affichée sur chaque chaîne télé, avec une phrase comme "Célie, 20 ans, a fait une fugue, elle est de taille moyenne, les cheveux châtains, les yeux bleus/verts, et une tache de naissance à l'arrière du cou". Mais étant donné que je suis majeure, les recherches ne devraient pas durer très longtemps, car la police doit estimer que je suis suffisamment grande, mais ma maman, elle, sait que je n'aurais jamais fugué sans laisser de mot.

 Avant de continuer ma route, je m'arrête deux minutes au bord du ruisseau que je longe depuis le début. J'attrape le sac plastique que j'avais pris dans mon sac de voyage, le rempli d'eau et l'accroche à une branche assez haute. Je sors du savon, me déshabille, et à l'aide de mon couteau perce des petits trous dans le fond du sac de plastique. L'eau coule comme une douche normale et je me nettoie. 

Après 2 heures de marche, j'aperçois au loin un petit village. Je récupère alors la photo que l'on m'a envoyée avec la carte. Je regarde l'église sur la photo. Elle est de petite taille, le toit gris et les murs faits de brique rouge. Les contours des vitraux sont fait de grosses pierres blanches qui reflètent le soleil. Je prends mes jumelles et regarde le village. L'église est là, elle se dresse fièrement au milieu d'une place, et en face d'une fontaine, dont le flux argenté de l'eau coule doucement sur les sculptures de pierre. Maintenant que je suis sûre que mon point d'arrivée est quelque part dans ce village, je doit descendre au village. Cependant, je dois être camouflée, pour que personne ne me reconnaisse. Ainsi, j'enfile un sweat et mets la capuche, tout en prenant soin de laisser tomber mes cheveux sur mon visage. Je n'ai pas plus d'indications que ce village et cette photo pour savoir où je dois me rendre, mais, pour passer inaperçue, je dois me débarrasser de tous mes gros bagages. Je les cache sous un buisson de houx et me dirige vers le petit village médiéval. Je parcours les rues, à la recherche d'indices qui pourraient m'indiquer la route. 

Je vagabonde ainsi pendant environ une heure. Les regards se posent sur moi, mais ne s'attardent pas trop ; j'ai une allure effrayante avec mes vêtements sales. Seuls les enfants me regardent intensément, avec une expression d'horreur dessinée sur leurs visages d'anges. 

J'arrive sur la place de l'église. Vue de plus proche, elle paraît très impressionnante, et le soleil qui se cache derrière le clocher, laisse dépasser ses rayons de chaque côté de l'église, m'aveuglant de sa puissante lumière. Je décide de me poser sur le bord de la fontaine. Nous sommes en Septembre, il fait donc encore très chaud, mais je me refuse à quitter mon sweat pour ne pas être repérée. Si je suis repérée, tout s'arrête là pour moi.  

Après 20 minutes de pause, je me décide à rentrer dans l'église. Lorsque je franchis le seuil, un frisson me parcourt. Il fait froid. J'avance dans l'allée, mes pas résonnent. Je passe quelques personnes, qui sont en pleine prière, et m'assoie sur les marches, devant l'autel. En face de moi, au dessus de la porte d'entrée, un gigantesque orgue d'acier et de bois surplombe l'intérieur de l'église. Je suis très intriguée par tout cela, je décide donc de monter voir l'orgue. Je ne suis pas croyante, je n'ai pas l'habitude d'entrer dans des lieux de culte. A côté de la porte d'entrée, j'emprunte un petit escalier de bois. J'entends des pas me suivre. J'essaie de faire abstraction. Arrivée à l'étage de l'orgue, je m'arrête d'un coup. Un bruit sourd retentit derrière moi. Je n'ose pas me retourner. Ai-je échoué à ma mission si tôt ? Vient-on déjà me chercher pour m'éliminer ? Ai-je passé trois jours dans la forêt et sacrifié toute ma vie pour tout arrêter maintenant ? Quelle erreur ai-je commise ?