PDV Katsuki:
-Debout feignant!

J'enlève d'un coup sec les draps de Deku.

-Tu devrai déjà être debout et prêt pour le travail!

Izuku tourne la tête vers moi. Il a les yeux cernés, rougis et gonflés. Il a pas du beaucoup dormir...

-Habille-toi.

Je prends mes affaires et vais dans la salle de bain faire de même. Lorsque je retourne dans la chambre, Deku est prêt.

-Tu vas me suivre partout où je vais comme tu es mon serviteur. Sauf lorsque je te dirai que je dois rester seul.

Je sors de mes appartements et pars en direction de la salle à manger.

-Tu dois m'appeler Prince Katsuki et me vouvoyer en toutes circonstances. C'est un signe de respect.

Je rentre dans la grande pièce commune et m'assois à ma place. Mes parents ont déjà mangé et ne sont donc pas là. Je me sens ainsi plus à l'aise.

-Comme tu me sers personnellement, tu as le droit de manger avec moi sauf si je refuse. Tu peux t'asseoir si tu veux.

Il garde la tête basse et se pose sur la petite chaise de mauvaise qualité installée à côté de moi.

-Mange comme tu veux pour l'instant. Juste après, je t'apprendrai à te servir de couverts.

Je tape des mains et Tsuyu apparaît. Elle me sert une tasse de lait chaud ainsi qu'à Deku puis repart.
J'attrape du pain et étale de la confiture dessus. Je mange tranquillement.
Je fixe les sourcils quand je vois qu'Izuku ne bouge pas.

-Il faut prendre des forces.
-Je n'ai pas faim...

Il repousse son bol de lait.

-Qu'est-ce qu'il y a encore?

Il se mord la lèvre et secoue la tête.

-Tu ne veux pas parler? Bien. Mais ne viens pas te plaindre plus tard.

Je pose les pieds sur la table et souffle.
Du coin de l'œil, je le vois se triturer les doigts. D'une voix tremblante, il finit par me dire doucement en s'arrêtant parfois pour étouffer un sanglot:

-En te suivant, je pensais que j'allais enfin... que j'allais enfin vivre une meilleure vie. Tout ce que je voulais, c'était que quelqu'un vienne m'épouser... En dehors de ma tour, je ne connais rien. Mais Dabi m'avait promis que ça irait mieux après! Alors je crois... Je crois que j'aurai préféré rester là-bas.
-Maintenant t'es là, alors tu gardes la tête haute et tu prends le taureau par les cornes. La vie n'est pas toute rose. Elle t'apprendra que tu ne peux pas faire confiance aux gens même les plus proches.

Je prends une pomme et croque dedans. Deku serre tellement le bord de la table que ses articulations ont blanchi. Mais il ne dit plus rien.

-Mange. J'ai pas envie que tu fasses un malaise.

Je bois mon lait et il fait pareil. Il attrape ensuite quelques figues qu'il picore.
Une fois terminé, je tape des mains. Tsuyu vient débarrasser.

-On va aux cuisines pour t'apprendre à manger dignement.

Nous passons une porte attenante à la salle à manger qui donne sur les cuisines. Beaucoup de personnes préparent déjà le repas de midi.
J'attrape des couverts et je vais m'installer avec Izuku sur la table où le personnel mange.

-Montre-moi ce que tu sais faire.

Il empoigne la fourchette comme si c'était une pelle et le couteau un poignard.

-Repose tout ça.

Je prends la fourchette et la lui place entre les doigts comme il faut. Je fais plusieurs mouvements avec lui de l'assiette à sa bouche puis le laisse prendre ses marques. Je lui fais ensuite changer la fourchette de main pour qu'il puisse prendre le couteau. Je me place derrière lui, contre son dos, et lui fais imiter les gestes pour couper de la viande.
Au bout d'un moment, ses cheveux me chatouillent le nez. Je recule de quelques pas et l'observe de dos. Il est ridiculement chétif. Je pourrai presque comprendre pourquoi Dabi s'est attaché à lui à sa manière.
Je secoue la tête puis me racle la gorge.

-Devine comment on utilise la cuillère maintenant.

Il l'attrape avec maladresse mais arrive plus ou moins à trouver comment placer ses doigts. Je lui replace juste un peu sa main.
Il refait ensuite tous les gestes avec tous les couverts de manière méthodique et appliquée.

-Je m'en sors bien!
-Tu apprends plus vite que je ne l'avais imaginé oui.

Je m'assois à côté de lui et lui montre le verre.

-Pour ça, ne le prends jamais à deux mains. Tu peux le faire que pour les boissons chaudes. Sinon on dirait que tu n'as pas bu depuis des siècles et c'est étrange.

Il hoche la tête.

-Il n'y a que ça comme couverts?
-Il y en le couteau à poisson aussi et la petite cuillère.
-Tu me montres?

Je vais les chercher. Je lui explique plus ou moins comment bien manger un poisson en tenant ses mains dans les miennes pour couper une truite imaginaire.

-T'as les mains douces.

Je cligne plusieurs fois des yeux, pas sûr d'avoir bien compris.

-T'as dit quoi là?
-T'as les mains douces.

T'as les mains douces.
J'entendrai presque son rire cristallin, celui pour lequel je suis tombé une seule et unique fois.
Je me lève d'un coup, les poings serrés.

-Range tout ça et cherche Ochako. Elle te fera visiter.
-Mais Kacchan, on a pas fini de...
-Prince Katsuki, dis-je sèchement.

Et je m'en vais en claquant la porte.

...
Il est pas tendre notre petit Katsuki...