31/Texte AM/Dépression "Jusqu'à minuit"
Il était 22 h 40, je venais d'enfiler un pyjama au haut à manches courtes. Mon regard ne quitte pas mon bras gauche. Je prenais soin de dissimuler tout ce bras jusqu'aux phalanges la journée, mais le soir venu, je le voyais à nouveau, pouvait l'observer, seule dans l'obscurité avec pour seule lumière ma lampe de chevet, là où mes parents me croient dormir. Chaque soir je les entendais rire, parler joyeusement, sûrement ne seraient-ils pas de si bonne humeur s'ils savaient ce que je faisais... C'est pour ça que jamais ils ne le sauront, ou du moins, je l'espère. Ce sera juste une question de temps, ça disparaîtra avec le temps. J'aurai beau arrêter un soir ou deux soirs pour me prouver que je peux arrêter, je recommence le soir suivant. Tout comme ce soir-là, où j'ai attrapé machinalement mon épingle. Puis, j'ai regardé ma peau rougir, sans rien penser à autre chose. Je l'ai finalement reposée en me mordant la lèvre. Je l'ai contemplé un moment, et me suis levée, et ait marché lentement jusqu'à mon miroir. Je voyais une fille qui ne trouvait plus aucun sens, son regard perdu dans le vague, et un bras blessé par son mal-être. Je me suis focalisé un long instant sur ce bras, sans pensées pour me troubler, toutes mes émotions se déversaient en même temps sur moi. J'ai esquissé un large sourire, mes yeux me piquaient, mon corps entier a été parcouru d'un tremblement. La voix de mes parents s'était estompée, et comme prise d'une crise de paranoïa au cas où quelqu'un me verrait ainsi, j'ai prit en vitesse le grand gilet noir et gris de mon beau père et l'ait enfilé. Ses manches longues cachaient tout, mais le tissus me brûlait là où mes cicatrices étaient récentes de quelques minutes. Ne sachant que penser de moi, de ce que je fais, je me suis affalée sur mon lit. Mon téléphone affichait 23 h 15. Je me suis dit qu'il me restait encore un peu de temps avant de dormir, mais j'ai renoncé à reprendre cette épingle et à la place j'ai ouvert Chrome sur mon téléphone. Ensuite, j'ai consulté YouTube et ait cliqué dans la barre de recherche. Mon clavier est apparu et j'y ai inséré le mot « Automutilation ». Je n'ai pas hésité plus avant de lancer la recherche. J'ai cliqué sur plusieurs vidéos, qu'elles soient de témoignages ou de solutions pour arrêter l'automutilation. Après en avoir regardé une sur des solutions, j'ai observé la réalisatrice de la vidéo avec un léger sourire. J'ai parcouru les commentaires des yeux, et je suis tombée sur un témoignage, dans lequel je me suis toute suite reconnue, tellement que j'ai lâché quelques larmes. Immédiatement, j'ai regardé une autre vidéo pour trouver des solutions. La Youtubeuse usait d'un peu d'humour, ce qui me faisait un peu rire de temps à autre. Ça me remontait un peu le moral, mais il était toujours sombré par ma dépression du soir. J'ai encore visité les commentaires, je suis tombée sur un commentaire contredisant les dires de la Youtubeuse et j'ai baissé les yeux, profond chagrin. Résignée, j'ai écrit un commentaire un peu long sur mon ressenti en espérant que quelqu'un me réponde, je ne sais pas si j'aurai des solutions d'ici là, mais bon peu importe, les gens ne peuvent pas aider tout le monde. J'ai regardé encore d'autres témoignages et j'ai fermé YouTube. Il était 00 h 04. J'ai posé mon téléphone sur ma table de chevet et je me suis endormie rapidement.
Le lendemain, je me réveille avec un mal pas possible, j'ai rêvé que ma meilleure amie voulait se suicider et qu'il fallait qu'on la couche pour qu'elle ne fasse pas de conneries... Agréable, forcément...
A mon stage, j'ai contemplé, le regard vide, la cour de récréation de derrière le portail en déposant les primaires à l'école. Je les entendais crier joyeusement et jouer ensemble. Des souvenirs m'ont envahie et je me suis empressée d'en détourner le regard. Trop de mélancolie, trop d'amertume. Je sais pas si ça a un rapport avec ma dépression. Tout ce que je sais, c'est que je vais pas bien. Je n'ai fait que poser ma main sur mes cicatrices toute la matinée.
Si le matin, je vais toujours bien, mon moral retombe toujours quand arrive le soir.
Ça m'amuse pas de poster ma vie mais ça me libère. Je me dis que peut-être des gens trouveront des solutions, histoire que je fasse pas tout le boulot, parce qu'en ce moment j'ai juste la flemme de tout, même de m'aider moi-même.
Mais je vous dit, au moment où j'écris ça, je ne me sens pas forcément triste, ni forcément joyeuse. Vous inquiétez pas pour l'instant.
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