JOUR 2: Fais Chier
Jour 2: heure de colle
Puni pour bagarre et coups portés à plusieurs camarades. Et voilà où il se retrouvait à cause de son instinct de survie face à trois mecs faisant une tête de plus que lui... Fais chier. Franchement chier.
Le tic-tac de l'horloge seul dans une classe à moitié vide était définitivement le son de l'ennui. Les portes grincent, les chiens aboient, les abrutis crient "j'en ai rien à foutre je suis percy jackson! ", ce genre de trucs. Mais non, l'ennui, lui, il faisait tic-tac. Histoire d'être bien énervant.
Sincèrement. Il n'y avait rien de pire qu'une salle de colle pour essayer de se faire oublier et avoir la paix.....
Il était là, tout en noir au milieu d'une salle toute blanche, et seulement quelques autres cons pour transpirer tous ensemble et puer le fauve aspergé de déodorant infect de dernier rayon de supermarché à moins de trois mètres de lui.
Fais. Chier. Il haïssait être enfermé avec d'autres humains du même âge dans un même endroit. Il haïssait l'été, aussi. Il haïssait les gens collés. Il haïssait les profs. Il haïssait le bahut. Il haïssait cette salle. Et il haïssait le pion, également, mais un peu moins que le reste, parce qu'il avait l'air aussi déprimé et dépourvu d'âme qu'un père de famille obligé regarder La Reine Des Neiges pour la cinquantième fois de l'après midi avec ses gosses hyperactifs lui coloriant le visage, et ça c'était plutôt marrant, fallait avouer.
Par contre, ce qu'il ne comprenait pas, c'était ce gars là, devant.
William Solace. Un joli petit spécimen de con heureux, en Terminal S, qui faisait partie de ces gens dont le sourire est la forme naturelle de leur putain de visage et qui mangent cinq fruits et légumes par jour dans leur fondue de bonne humeur au caramel. Sauf que lui, son caramel, il le portait sur son nez. Et le haut de ses joues. Et un peu entre ses doigts, aussi, sur ses phalanges.
Écoeurant. Il détestait le caramel. Trop de....sucre. Eark.
Qu'est-ce qui fichait là, au juste? N'importe qui avec deux foutu yeux pouvait voir qu'il débarquait purement et simplement d'une autre dimension de type pub Colgate, et que cet endroit saturé de désespoir n'avait jamais, mais alors jamais vu ne serai-ce que la couleur de ses petites bouclettes blondes auparavant, et Edgard Alen Poe savait à quel point c'était difficile de les ignorer.
Bon, en fait, Nico savait bien théoriquement pourquoi il était là, mais ce qu'il comprenait moins, c'était pourquoi la CPE avait envoyé un gars comme lui en colle au même titre que le reste des mortels et misérables vermines qui lui servaient d'élèves, alors qu'il n'avais réellement rien fait.
À ce moment de ces réflexions, le sus-dit con heureux leva ses yeux vers lui, mordillant son stylo. Nico détestaient les gens qui mordillaient leur stylo. Et encore plus les gens mignons mordillant leur stylo. Après on a envie de devenir un stylo pour toucher leurs stupides lèvres et c'est pas le genre de plan de carrière recommendé par ce très cher cursus scolaire. Qu'il aille s'acheter des chewing-gums, si il, voulais ruminer dans le vide ! Comme ça, il pourrait faire comme tout les autres bovins humanoïdes de ce lycée et retaper les murs et le sol avec ses bouts de plastiques baveux saveur pétrole.
Et en plus, pour ne rien,arranger, ce con avait l'audace de rendre ça sexy. Et de sourire, encore. À lui. En le regardant dans les yeux. Il n'avait pas entendu les rumeurs comme quoi quiconque le fixait dans les yeux se transphormait en pierre, ou devenait une tapette émo, selon les versions, ou quoi ? À moins qu'il ne soit déjà gay...
Mais le Gay-dar de Nico était beaucoup trop mélangé avec son PleaseBeGay-dar, alors fallait pas trop compter là dessus.
Enfin bref. La constellation de taches de rousseur ambulante lui chuchota:
"Excuse moi, tu pourrais me prêter ton stylo rouge,s'il te plait?"
Avec sa voix gentille de gars hyper social tellement sans mauvaises intentions qu'on ne peut même pas les détester.
Nico jetta un regard à la trousse du blond, dont dépassait un stylo pas franchement bleu, ni vert, ni noir, mais bien aussi rouge qu'un stylo pouvait l'être. Il haussa un sourcil et ce fut au tour de Will de virer tomate, en ajoutant:
"Il ne marche plus..."
Le brun envoya son deuxième sourcil rejoindre le premier là haut et se pencha lentementvpour attrapper le stylo, et dessina un petit smyley rouge sur le bord de la feuille de cours du blond. Ce,dernier rougit encore un peu plus, si c'était possible. Nico le posa lentement à côté, moqueur, et fixa la tomate face à lui.
"Fais gaffe, tu va te transformer en panneau de signalisation, ça serait dommage..."
Le blond eut un petit rire et puis dessina distraitement un autre smyley à coté de celui que Nico lui avait fait, se concentrant sur sa feuille.
"Merci du conseil, je vais faire attention."
Il y eut un petit silence. Will ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais le brun le coupa.
"-Pourquoi t'es là?
- Tu sais bien pourquoi je suis là.
- J'ai pas demandé pourquoi tu avais un énorme coquard et une coupure à la lèvre, je t'ai demandé pourquoi tu es là.
- Et bien la CPE-
- N'avait avait pas à te punir. C'était injuste.
-Et j'avais pas à cogner un élève. C'était normal.
-Tu regrettes?
-Pas du tout."
Nico fit une petite pause, avant de murmurer.
"-Tu m'a défendu.
- Je voulais t'aider.
- Tu n'avais pas à le faire.
-J'en avais envie !
-Je n'avais pas besoin de toi!
-Je n'ai pas dit le contraire!
- Alors pourquoi tu les a empêché de me casser la gueule, William putain de Solace ! Tu est incernable!
- Je te l'ai déjà dit, ça. Parce que j'en avais envie.
Parce que j'aime pas les homophobes, ni les connards en général, et que si je veux devenir infirmier c'est que c'est pas dans mes hobbies de regarder des gens être blessés par d'autres gens. J'éspère ça te convient comme réponse, parce que j'ai que ça en stock."
Nico désserra ses poings sous la table, et fourra ses mains dans ses poches sous la voix calme du blond. Pourquoi il devait être aussi paisible et gentil?
Le surveillant dépressif leur lança un regard noir et un "chuuuuut" bruyant.
Nico rit faiblement.
"Tu es un idiot, Solace."
Le futur infirmier pencha la tête, confus.
"Hum...désolé? Ce n'est pas vraiment nouveau? Je crois? Tu vois bien que je ne suis pas si incernable que ça."
Nico eut un petit sourire. Merde. Ce con avait réussi à le faire sourire. Crétin de blond, bordel! Et sa réputation, alors? Il n'avait qu'une réserve de six sourires par semaines et ils etaient tous réservés à Hazel ! Il allait capituler, il savait qu'il allait capituler. C'était imminent.
Will attendait une réaction, avec ses yeux beaucoup trop grands, et ses cheveux beaucoup trop blonds, et son t-shirt beaucoup trop bleu. Capitulation face aux puppy eyes lancée. Veuillez fermer les lèvres pour éviter toute connerie de sortir.
"Je te dois un de ces gâteaux plein de crème pour mes côtes encore intact, alors. Demain, dix-huit heures, au coffeshop. Sois pas en retard. "
Raté.
Il choppa son sac et sortit pour éviter tout moment gênant, quelques secondes avant que la sonnerie stridente ne décide de tous les rendre à moitié sourds pour la cinquième fois de la journée. Le pion essaya sûrement de dire quelque chose, mais se ravisa, comme d'habitude. Ça avait du bon de faire peur même aux adultes.
Décidément, il haïssait ce bahut.
Et en plus il allait devoir choisir une tenue moins sombre pour demain. Et il allait encore gaspiller des sourires. Fais chier.
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