Chapitre 5 - L'inconnu
Je rentre dans mon appartement et ferme doucement la porte derrière moi, sans quitter l'homme du regard. Il est grand, il fait au moins une tête de plus que moi. Il semble être un peu plus vieux que moi, peut-être la petite trentaine. Ses cheveux châtains sont courts et coiffés en bataille. Ses yeux gris perçants sont fixés sur moi et il a toujours ce sourire moqueur.
— Comment êtes-vous entré chez moi ?
— La fenêtre était ouverte. Répond-il en montrant de la tête la porte-fenêtre du balcon derrière lui.
Je fronce les sourcils.
— Comment êtes-vous arrivé avant moi ? La dernière fois que je vous ai vu, vous étiez encore en train de vous battre dans l'allée.
— Il faut croire que je suis plus sportif que toi, Lola. Répond-il en haussant les épaules.
— Comment connaissez-vous mon n... Hey! Mais qu'est-ce que vous faites, vous n'êtes pas chez vous !
Pendant que je lui posais la question, l'inconnu a ouvert les placards de ma cuisine et s'est mis à grignoter des gâteaux.
— Un petit gâteau ? Me demande-t-il innocemment en me tendant le paquet !
Je lui arrache le paquet des mains.
— Non, non pas de gâteaux, pour qui vous prenez vous ! Vous rentrez chez moi, comme si de rien était, et agissez comme si on se connaissait déjà. C'était très gentil de votre part de m'avoir aidé tout à l'heure, mais maintenant sortez de chez moi !
Il soupire.
— Écoutes, je me doute que tu as plein de questions. Je connais ta situation, je sais que tout le monde te croit morte et que tu te sens perdu... Crois-moi... Je suis passé par là aussi. Si tu me laisses parler, je peux répondre à tes questions... Ou une partie d'entre elles.
Je le regarde, ébahie. Est-ce que ce qu'il dit est vrai ? Je m'éclaircis la gorge.
— OK, je veux bien vous écouter. Je jugerai si je vous crois ou pas ensuite. Mais vous devez répondre à toutes mes questions. D'abord, qui êtes-vous ?
— Je m'appelle Christopher, tu peux m'appeler Chris. Et arrête de me vouvoyer ! Je ne suis pas si vieux !
— Comment me connais-tu ? Comment sais-tu où j'habite ? Comment...
— Houla, doucement, je ne répondrai pas à toutes tes questions, on n'a pas le temps pour ça. Les autres pourraient vite revenir. Je vais juste te faire un topo rapide, ça sera plus simple pour commencer.
Je croise les bras et lui fait un signe de tête pour lui dire de continuer. Quelle arrogance !
Chris traverse la pièce et se poste sur le côté de la fenêtre pour pouvoir surveiller la rue.
— Est-ce que tu connais Hygeia ? Dit-il sans quitter la rue des yeux.
— Hygeia ? La déesse grecque de la Santé ? La fille d'Asclépios ?
— Oui, aussi. Mais je parlais de la société de recherches pharmaceutiques.
— Non, jamais entendu parlé.
— Comme je te le disais, c'est une société de recherches, ils font des médicaments, des vaccins, etc... Sauf qu'ils ont aussi une activité inconnue du grand public. Ils recherchent à améliorer les êtres humains, les rendre moins vulnérables en leur évitant de tomber malade dans un premier temps. Leur réel objectif est vite devenu de trouver un remède contre la mort, ou tout du moins la mort naturelle. Au départ, ils faisaient des tests sur des animaux... Ce n'était déjà pas très éthique. Mais les personnes pour qui Hygeia travaille voulaient aller toujours plus loin et ils ont fini par avoir besoin de cobayes humains... Et tu es l'un d'entre eux.
Il se tait, et tourne la tête vers moi attendant ma réaction. Soudain, j'explose de rire.
— C'est quoi tout ce baratin ! Un remède contre la mort ?! Des cobayes humains ? Ça n'a aucun sens ! Qui voudrait ça ?
Chris me fusille du regard, il ne s'attendait probablement pas à cette réaction. Il détourne la tête pour surveiller à nouveau la rue et répond d'un air absent.
— Des gens très fortunés... Pour changer.
Je continue de rire incontrôlable ment. Est-ce que ce sont mes nerfs qui lâchent ou la situation insensée qui me fait réagir comme ça ? Impossible à dire. Chris s'avance vers moi et me prend par les épaules.
— Arrête ça Lola, ce n'est pas drôle, il y a des centaines de personnes qui souffrent à cause d'eux !
Son regard et son ton me glacent. Je m'arrête tout de suite de rire. Soudain, je me rends compte qu'il n'est pas en train de se moquer de moi. Son visage se ferme, il reprend son histoire en retournant près de la fenêtre pour guetter l'arrivée de nos poursuivants.
— La plupart du temps, ils ciblent des gens qui n'ont personne autour d'eux, des SDF, des ados en fugue, des gens qui n'ont plus de famille, qui se sont coupés du monde. C'est beaucoup plus simple à gérer. Mais parfois, comme pour toi, ils s'attaquent à d'autres personnes et dans ces cas-là les font passer pour mort.
Je commence à me sentir vraiment mal à l'aise. Je sens mon rythme cardiaque s'accélérer et je commence à transpirer. J'essaye de me concentrer sur ce qu'il m'a dit pour trouver un sens à tout ça.
— Attends une seconde, que mes proches me croient morte, c'est une chose... Mais qu'ils ne me reconnaissent pas...?
— Hygeia a développé une sorte de drogue, qui modifie et module les souvenirs à leur guise. C'est pour ça que deux mois sont passés depuis ton accident. 1) Ils avaient besoin de temps pour tout préparer et 2) Tu devais guérir de tes blessures suite à l'accident. L'échange des corps, le tiens et celui de la pauvre fille qui est enterrée à ta place, s'est fait dans l'ambulance quand tu as été déclarée officiellement morte.
La tête me tourne et je m'accroche à la chaise devant moi pour ne pas tomber. Je prends une grande inspiration.
— S'ils avaient récupéré mon corps comme tu dis... Pourquoi est-ce que je me suis réveillée chez moi et pas dans un laboratoire ?
— Ils t'ont remis dans ton milieu habituel pour voir comment tu réagirais en situation de stress. Évaluer tes décisions, ta santé mentale et physique dans un cas de figure extrême. Ces résultats leur permettent de savoir jusqu'où pousser leurs tests, en te gardant en vie le plus longtemps possible une fois qu'ils t'auront récupéré. Et vu les deux agents qui étaient à ta poursuite, autant dire que tu as bien réagi.
Mon ventre se tord d'un coup, ma vision se trouble, et j'ai mal au cœur. Je me dirige en courant vers les toilettes pour vomir. Ce que je viens d'apprendre me répugne. Ça semble tellement inhumain et irréel. Je reviens en tremblant dans la cuisine.
— "Bien réagi", j'enchaîne les crises de panique et de pleurs depuis 3 jours. Je n'appelle pas ça "bien réagir".
— Disons que tu as su garder ton self-contrôle en public et je dois avouer que c'est assez impressionnant... Lola, il ne faut vraiment pas qu'on tarde à partir...
Son ton est de plus en plus nerveux, il n'arrête pas de jeter des coups d'œil à travers la fenêtre.
— Et pourquoi toi, tu es venu me chercher ? Je le coupe.
— On est quelques-uns à leur avoir échappés et on se cache. Plus nous sommes, mieux ça sera pour essayer de les faire tomber. En plus, tu es importante... Pour eux.
Il a dit cette dernière phrase d'un ton hésitant en détournant les yeux. Je soupçonne qu'il me cache quelque chose.
— Maintenant, il est temps de partir, avant que les deux molosses de tout à l'heure n'arrivent jusqu'ici.
Chris commence à prendre la direction de la chambre, mais se retourne quand il voit que je ne bouge pas.
— On va fuir par la fenêtre de ta chambre, elle donne sur une rue moins passante. Dépêche-toi sinon...
— Et si je ne veux pas te suivre ? Ça fait moins d'une heure qu'on se connaît. Comment je peux te faire confiance ? Si c'est un piège...?
— Pourquoi je me serais embêté à me battre contre tes poursuivants si c'était un piège ?
— J'ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça. C'est bien trop risqué.
— Du temps, tu n'en as pas ! Tu y réfléchiras sur la route !
Voyant que je reste là les bras ballants, il continue :
— C'est simple, tu as deux options. Soit tu me suis, et ça te permet de rester libre, soit tu attends sagement qu'ils viennent te kidnapper. Et il ne servira plus à rien d'appeler à l'aide après ça.
Sur ce, il se retourne, va dans ma chambre et ouvre la fenêtre. Sans hésitation, il l'enjambe et saute sur la véranda de mon voisin avant d'atterrir dans la rue.
Je réfléchis à toute vitesse, que suis-je censée faire ? Cet homme m'a certes aidé tout à l'heure, mais est-ce sûr de le suivre ? Il ne m'inspire pas entièrement confiance et en plus, il est tellement arrogant !
Soudain, j'entends du bruit devant ma porte d'entrée. On dirait que quelqu'un essaye de forcer la serrure. Quoi ? Ils sont déjà là ?! Je n'ai ni le choix ni le temps de réfléchir plus longtemps. Au pas de course, je me dirige vers la fenêtre de ma chambre et me glisse dehors juste au moment où les deux individus entrent dans mon appartement.
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Alors voilà, je suis pas ultra satisfaite de ce chapitre. Je risque sans doute de le retravailler dans les prochains jours (plus la forme que le fond.) Si c'est le cas, je noterai les dates de mises à jour ici.
Dans tous les cas j'espère que ça vous plaira, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
À bientôt 😊
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