Chapitre 31 - Le Labo

Bonjour tout le monde. J'espère que vous allez tous bien. Voici un nouveau chapitre, l'inspiration revient alors j'espère pouvoir publier plus souvent. Je vous souhaite une bonne lecture.

Avertissement : violence, sang, mort.

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J'attends, je passe mes journées à attendre, à faire la morte, la fille perdue, détruite, démunie. Pourtant au fond de moi, j'ai commencé à élaborer un plan. J'ai réussi à faire comprendre à Kathy que j'avais retrouvé mes esprits quand elle m'a apporté un plateau repas. Alors qu'elle se penchait vers moi, je l'ai saisie par la main, personne ne pouvait nous voir. J'e l'ai serrée jusqu'à ce qu'elle lève les yeux sur moi et d'un regard, elle a compris. Cependant, nous devons prendre notre temps, si nous allons trop vite, mon plan tombera à l'eau. Je dois gagner la confiance de ma mère, lui faire croire que je veux l'aider. Je sais que je ne duperai pas Grégory, il faut donc que je sois prudente.

La porte s'ouvre, comme tous les après-midi - c'est du moins l'impression que cela me donne, il est difficile d'évaluer le temps qui passe dans cet endroit - ma mère rentre. Je suis recroquevillée sur mon lit en signe de faiblesse. Elsa s'approche et me caresse doucement les cheveux. J'enfouie ma tête dans mes genoux, lui cachant mon visage.

— Lola, comment te sens tu aujourd'hui ? Mieux ? J'ai demandé qu'on te laisse sortir de ta chambre pour le déjeuner. Voir du monde et autre chose que ces quatre murs devrait faire du bien à ton moral.

Je ne réponds pas et commence à me balancer doucement d'avant en arrière. Bien, laisse-moi sortir Maman. Je souris et heureusement, elle ne peut pas me voir. Plus que quelques heures à attendre et je sortirai de cette pièce, mais le chemin est encore long avant que je puisse sortir de cet enfer. Elsa continue de me caresser les cheveux tendrement, comme si elle essayait de me rassurer, de se comporter comme une bonne mère. Je lutte pour ne pas la repousser, je vais devoir agir contre mes valeurs si je veux m'échapper. Je vais devoir faire des choix, des choix difficiles et je sais que malheureusement, mes actions auront des conséquences.

Ma mère part, me laissant à nouveau seule dans cette pièce blanche. Je ne supporte plus cette couleur, je vais devenir dingue si cela continue. Mais peut-être le suis-je déjà. Je ne suis plus cohérente, mon esprit m'échappe, par moment et je divague. Jusqu'à quel point ai-je été atteinte ? Est-ce irréversible ou vais-je redevenir comme avant ? Je m'accroche à mes souvenirs pour garder un semblant de santé mentale.

Claire, ma petite sœur, c'est avec toi que j'ai le plus de souvenirs. Nos rires, nos pleurs, nos disputes, j'aime chacun de ces moments et je ferai mon possible pour pouvoir te revoir à nouveau. Tu es la seule famille qui me reste.

La famille, je m'en suis créée une nouvelle. Je pense à mes autres amis. J'essaye de ne pas penser à Max, cela m'attriste trop. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé. Est-il encore en vie ? La culpabilité me ronge et m'aspire dans une spirale infernale. Non, je ne dois pas penser à cela, pas maintenant. Je dois garder mon objectif en tête, si j'abandonne, tout est perdu. Je pense à Chris, à sa voix, ses yeux, son toucher. Je rêve de lui toutes les nuits, de le serrer contre mon corps, de sentir sa chaleur m'envahir, m'apaiser. Sa bouche contre la mienne, son souffle dans mon cou, ses mains agrippant ma peau. Je me réveille toutes les nuits à bout de souffle, le cherchant dans le lit et, chaque fois que la réalité revient me frapper, j'étouffe mes cris de douleurs dans l'oreiller.

J'attends, j'attends encore que la journée passe et que la nuit vienne, que le souvenir de Chris vienne me hanter, me tourmenter tout en m'apportant le peu de d'amour qui me permet d'ouvrir les yeux chaque jour. Encore d'autres heures à fixer le plafond, à attendre patiemment, inlassablement. Mon heure va venir je le sais, un sourire apparaît sur mes lèvres, mes yeux se ferment et je laisse l'image de Chris m'emporter dans le monde des rêves.

Le lendemain, ce n'est pas Kathy qui me réveille mais Grégory. J'ai un mouvement de recul, qui cette fois-ci, est réel.

— Suis-moi sujet n°1. Aujourd'hui c'est ton jour de chance, tu as le droit à une petite balade.

Je m'approche du bord du lit pour me lever. C'est une chance, il a raison. Je vais pouvoir découvrir mes environs, je vais devoir être observatrice. J'espère qu'il me laissera déjeuner avec les autres, il est temps que j'expose mon plan de vive voix à Kathy. J'espère qu'elle sera mon alliée.

Je suis Grégory dans le couloir, mais je ne dois pas aller assez vite à son goût, car il m'attrape par une épaule et me traine derrière lui. Je garde la tête basse, mes cheveux tombe devant mes yeux. Cela me permet de cacher mon premier objectif, repérer les lieux.

Comme la première fois, il me fait faire des détours dans l'idée de me perdre. Cependant, je ne suis plus apeurée et je sais que ma mémoire ne devrait pas me trahir. Je compte sur mes mains le nombre de virages que nous prenons pour me repérer. À travers mes cheveux, je lis les écriteaux sur les portes. La plupart sont des numéros de chambres - de cellules. Enfin, nous arrivons dans une autre partie du bâtiment. Cette fois-ci, je lis autre chose sur les portes. Bien sûr, je reconnais la salle de bain où Grégory m'avait emmené le premier jour, mais ensuite j'aperçois d'autres pièces : cuisine, buanderie, garde-manger... tout cela concerne le quotidien des agents comme des prisonniers. Ensuite viennent des lieux qui attirent plus mon regard, l'armurerie, la pharmacie, la salle de repos. Cela pourrait servir. La porte s'ouvre et deux hommes en blouse blanche sortent une tasse de café à la main, riant comme des employés de bureaux lambdas. Je jette un coup d'œil dans la pièce. Je peux y voir une table un canapé et même une télé, il y a aussi une kitchenette. J'imagine qu'ils prennent leur pause déjeuner ici. Je ralentis sans le remarquer, au fond de la pièce, là, il y a un tableau. Un tableau plein de couleurs, de l'art abstrait. Je n'y connais rien en art et cela ne m'avait jamais attiré auparavant, mais cette fois-ci, je suis subjuguée. Du jaune, du rouge, du bleu, du vert et même du violet. Les couleurs sont si vives, qu'elles semblent brûler ma rétine. J'ai envie de courir vers ce tableau, de m'imprégner de lui ! La porte se referme dans un claquement sec, laissant à nouveau la place au blanc immaculé.

Le tableau, ce tableau m'a redonné de l'espoir. Il y a une vie ailleurs, une vie pleine de couleurs. Je continue d'avancer pour ne pas éveiller les soupçons de Grégory. Nous croisons d'autres médecins tirants un brancard. Un corps avec un drap le couvrant totalement repose dessus. Un mort. Je serre les dents alors que je vois les hommes ouvrir une porte où le mot « morgue » est écrit en toutes lettres. L'intérieur est à vomir, il y a des emplacements pour des dizaines de corps. Combien de morts y a-t-il eu ici ?

J'entends du bruit, des éclats de voix, nous arrivons au réfectoire, Grégory me pousse dans la pièce.

— Prends un plateau et fait comme les autres ! m'aboie-t-il

Je fais ce qu'il me dit et vais me servir au self. Les regards sont tous tournés vers moi, les gens chuchotent sur mon passage, me pointent du doigt. Mon plateau dans les mains, j'essaye de repérer Kathy. Je la vois, elle est là-bas. Je vais m'assoir en face d'elle. Elle lève les yeux vers moi, mais je lui fais signe de se taire. J'attends que Grégory arrête de me fixer. Nous commençons à manger en silence, au bout de dix minutes, mon geôlier tourne le regard pour discuter avec un autre garde. Je parle vite et bas, presque sans bouger les lèvres.

Kathy, il va falloir que nous sortions d'ici et vite. Mais avant cela je dois découvrir où Hygeïa cachent tous leurs dossiers, toutes leurs expériences ou leur soi-disant remèdes. Pour cela, il va falloir que je me rapproche de ma mère, ensuite nous pourrons fuir et avec l'aide de mes amis et de ce que j'aurais appris ici, nous pourrons contre attaquer. J'ai entendu parler d'un tunnel qui mènerait vers l'extérieur, nous devons l'atteindre et fuir nous devons trouver une diversion pour pouvoir nous échapper.

J'ai dit cela sans reprendre mon souffle, sans faire de pause entre chaque phrase. Kathy me regarde avec intensité. Ses yeux me sondent.

— Je sais où est le tunnel, finit-elle par lâcher.

— Pourras-tu m'y mener ?

Elle acquiesce.

— Et comment compte tu faire diversion ? Je suis curieuse d'entendre ton idée.

Elle lève un sourcil, comme si elle me défiait.

— Il y a une armurerie... et une pharmacie...

— Les gardes ont les clés de l'armurerie sur eux. Tu veux les droguer et leur voler les clés c'est ça ?

— Oui, mais nous devons nous procurer des somnifères. Comment faire pour les avoir, la pharmacie est elle aussi fermée.

Je regarde Kathy en espérant qu'elle en sache plus que moi.

— Je peux vous les procurer si vous voulez !

Un jeune homme de l'âge de ma nouvelle alliée apparaît à ses côtés. La jeune femme tourne la tête et lui sourit. Je fronce les sourcils. Le garçon me tend la main, je la regarde mais ne la prends pas.

— Je m'appelle Ludo ! Et si tu te demande comment je peux t'avoir des somnifères, c'est parce qu'ils assignent des tâches aux patients « sages ». Kathy aide à la cuisine et moi à préparer les médicaments, j'ai donc accès à la pharmacie.

— Je me demande surtout pourquoi tu veux m'aider ? je demande suspicieuse.

— On est coincé ici depuis un an... J'ai juste une envie, c'est m'échapper. Alors, si tu as un plan je veux bien t'aider.

Ludo est tellement enjoué, il me fait penser à Lucas. Je regarde Kathy et elle secoue la tête pour approuver les dires du garçon.

— Il est des nôtres.

Je n'ai pas le temps de répliquer, qu'une ombre apparaît au-dessus de nous, Grégory.

— Qu'est-ce que vous mijotez tous les trois ? Sujet n°1, je te préviens, tu as plutôt intérêt à rester tranquille.

Grégory m'attrape par le bras et me jette à terre. Ludo se lève pour faire barrage entre lui et moi, mais il n'est pas assez fort. Lui aussi se fait éjecter par le garde. Grégory me soulève et me traine derrière lui. Avant de sortir du réfectoire je peux apercevoir Ludo qui me fait un signe de tête, m'indiquant qu'il compte bien tenir parole.

Gregory continue de m'agripper fermement sans se soucier de me blesser ou non. Cette fois-ci, il marche droit vers ma cellule, sans détour. Une fois arrivé, il me jette à l'intérieur et m'enferme. Je me relève doucement en me passant l'épaule. Je m'assoies au bord de mon lit, perdue dans mes pensées. Je n'ai plus qu'à attendre maintenant, j'espère que Ludo réussira à voler les somnifères.

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Encore une journée passe, j'espère que le rebondissement du dernier déjeuner ne m'empêchera pas de sortir à nouveau de ma cellule. La porte s'ouvre et Grégory rentre, se contentant de me faire un signe de tête. Je le suis dans les couloirs sans sourciller. Nous faisons le même trajet que la veille. En approchant du réfectoire, nous entendons un cri déchirant fendre l'air. Grégory court et je le suis de près.

Là, au beau milieu de cette pièce blanche, une tâche rouge. Je la fixe, la tâche s'étend et me fascine. Elle me rappelle quelque chose mais quoi ? C'est effrayant et beau en même temps. Une voix se fait entendre à côté de moi.

— Greg, le petit jeune là, il s'est encore interposé, il voulait encore protéger l'un des patients. J'ai pas voulu... je voulais lui faire peur mais le coup est parti tout seul.

Cette simple phrase me fait sortir de ma torpeur. Au bout de la tâche, je vois la tête de Ludo, et à côté de Ludo, Kathy en larme criant de toutes ses forces. Je ne réfléchis plus et avance vers la jeune femme. Les gardiens emmènent le corps de Ludo, et moi je retiens Kathy, il est hors de question qu'elle ait le même destin. Je la serre dans mes bras du plus fort que je peux, je veux la rassurer, l'apaiser, mais rien de pourra jamais atténuer sa douleur, je le sais. Je baisse les yeux vers elle, là, bien serrée dans sa main, caché aux yeux des autres, se trouve la boite de somnifères.

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