Chapitre 25 - Retour À La Base

Le silence est pesant dans la voiture. Nous semblons tous être plongés dans nos pensées. Lucas roule vite, heureusement ce n'est pas l'heure de pointe et nous ne sommes donc pas bloqués dans les embouteillages. Claire, à l'avant de la voiture, semble avoir perdu connaissance. Je me contorsionne pour pouvoir l'atteindre et vérifier son état du mieux que je peux. Elle est brûlante de fièvre, mais son pouls et son souffle sont réguliers, ce qui me rassure un peu. Je n'ai pas le choix d'attendre notre retour pour m'occuper d'elle.

Je m'assois à nouveau à l'arrière de la voiture, collée entre Chris et Ella. Chris a enroulé un foulard au niveau de la blessure de son épaule. Lui aussi commence à être plutôt pâle, il a perdu beaucoup de sang, mais heureusement, pas assez pour que cela soit grave. Doucement, j'écarte sa main et m'applique à garder le foulard fermement appuyé sur la plaie pour contenir l'hémorragie.

Je sens le regard glacé d'Ella sur ma nuque, ce qui n'arrange rien à l'ambiance déjà lourde. J'ignore la sensation d'inconfort causée par le regard d'Ella et essaye de réfléchir à comment agir à notre retour. Claire et Chris sont tous les deux dans un état préoccupant, il faut que je priorise les urgences. Alors que je réfléchis à quels médicaments administrer à ma sœur, la voix d'Ella me sort de mes pensées.

— Il va falloir que nous nous réunissons pour discuter de ce qu'il s'est passé, et vite ! Nous venons d'avoir de nouvelles informations cruciales et...

— Il faut d'abord que je m'occupe de Claire et de Chris ! Pour le moment, ils sont ma priorité. D'ailleurs comment te sens-tu Chris ?

— Fatigué...

Je vois qu'il déglutit difficilement, il faut que je me décide et vite.

— Bon, je vais avoir besoin de votre aide dès notre retour. Max, pourras tu porter Claire jusqu'à ma chambre s'il te plaît ? Il doit rester du paracétamol. Donne-lui un comprimé, cela devrait faire baisser la fièvre. Si possible, j'aimerais que l'un de vous reste avec elle pendant que je m'occupe de Chris, pour surveiller si l'état de ma sœur ne s'aggrave pas.

— Occupe-toi d'abord de ta sœur, je peux attendr...

— Non ! Tu as perdu beaucoup trop de sang, Chris. Il faut que je m'occupe de ta plaie rapidement avant qu'elle ne s'infecte. Ensuite, on pourra discuter.

Ella me regarde l'air abasourdie, mais ne réplique pas. Elle doit savoir que j'ai raison et vue sa mine inquiète, je suis sûre qu'elle sera rassurée quand Chris ira mieux.

Quelques minutes plus tard, Lucas se gare devant la base. Max se précipite hors de la voiture pour porter Claire jusqu'à ma chambre. Pendant ce temps, Lucas aide Chris à sortir du véhicule, rapidement suivi par Ella.

— Je vais voir Claire, je vous rejoins dans dix minutes. Surtout, continuez bien d'appuyer sur la plaie.

Alors que j'entre dans le bâtiment, Simon vient à ma rencontre appuyé contre sa béquille.

— Que s'est-il passé ?

— On a été attaqué. Mais ne t'inquiète pas, il n'y a aucune blessure grave. Je t'expliquerai tout plus tard.

Je passe devant lui au pas de course et me dirige vers ma chambre. Max a déjà posé ma sœur sur mon lit. J'ouvre mon armoire et sors les médicaments. J'espère que ceux-ci l'aideront à aller mieux. Je n'ai malheureusement pas les équipements nécessaires pour établir un diagnostic, mais si sa fièvre retombe, c'est que c'est déjà bon signe.

Après m'être assurée que l'état de Claire n'était pas trop critique, je la laisse avec Max pour la surveiller et me dirige vers la chambre de Chris. Ella est à son chevet les mains posées fermement sur sa blessure. J'avoue que les voir ainsi me donne un léger pincement au cœur. Cela se voit qu'ils sont très proches et malgré les circonstances, je ne peux pas m'empêcher de me demander ce que représente leur relation pour Chris.

Lucas entre dans la pièce, les bras chargés de la trousse de secours que Chris était allé chercher lorsque j'ai dû aider Simon.

— Bandage, antiseptique, fil, aiguille... Je crois qu'il y a tout ?

— Oui, normalement, il devrait rester assez de matériel pour que je puisse refermer la plaie. Merci Lucas.

— Pas de souci ! J'ai prévenu Carole que nous étions revenus. Elle et Simon nous attendent impatiemment, ils aimeraient savoir ce qu'il s'est passé... moi aussi d'ailleurs !

— J'arrive ! Ella se lève et se dirige vers la porte, Lola, ça va aller ou as-tu besoin d'aide ?

— Merci Ella, je devrais me débrouiller.

Après m'être retrouvée seule dans la pièce avec Chris, je m'assois à côté de lui. Je commence à nettoyer la plaie en silence.

— Tu t'es pris un coup de couteau n'est-ce pas ? Comment est-ce arrivé ?

— Et bien, on a commencé par entendre des coups de feu avec Max. Comme on était sûr que cela voulait dire que vous étiez tombées sur des agents d'Hygeia, on s'est dépêché pour venir à votre rencontre. On est tombé sur Ella qui nous a expliqué ce qu'elle avait vu. Apparemment, une femme avec des hommes armés venaient de rentrer dans la cellule de ta sœur. Ella nous cherchait parce qu'elle avait besoin de renfort avant d'intervenir. Sauf que sur le chemin du retour, nous sommes encore tombés dans un piège. J'ai réussi à désarmer mon adversaire, mais il avait un couteau caché dans sa botte et c'est comme ça qu'il m'a eu.

— Hmm, je vois... C'est toujours moins grave qu'une blessure par balle. Tu vas t'en remettre, mais il va te falloir quand même plusieurs jours de repos ! J'imagine qu'Ella t'a dit qui était la femme en question.

— Oui bien sûr, elle pense que c'est la nouvelle directrice d'Hygeia, mais elle n'a pu que l'apercevoir. Si tu arrives à nous la décrire, nous pourrons sans doute découvrir son identité !

Je baisse les yeux et essuie vigoureusement les larmes qui commencent à me troubler la vue. Heureusement, la blessure n'étant pas grave, j'ai déjà fini de suturer la plaie. Je n'ose pas regarder Chris pour le moment. J'ai déjà du mal à comprendre et accepter ce qu'il s'est passé là-bas, je ne sais vraiment pas comment leur annoncer qui est la Directrice d'Hygeia.

— Lola, ça ne va pas ?

Je ne réponds pas et me lève pour commencer à ranger mes ustensiles. Alors que je me retourne, Chris m'attrape par le poignet et m'attire vers lui.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi est-ce que tu pleures ?

Enfin, entre deux sanglots, je réussis à articuler difficilement.

— Je-je sais qui est la fe-femme. Ella a rai-raison c'est bi-bien la Directrice. Et cette femme...c'est ma mè-mère !

Chris se lève et m'enlace. J'enfouis ma tête contre son torse et essaye de ravaler mes larmes. Nous restons comme cela pendant plusieurs minutes, sans échanger un mot. Au bout d'un moment, il se décide tout de même à rompre le silence.

— Je suis désolé, Lola. Je me doute que la nouvelle doit être difficile à vivre... Claire est au courant ?

— J'imagine que oui... Mais comme elle n'a pas repris conscience, je n'en ai pas encore discuté avec elle.

— Oui, il faudrait que tu lui parles avant de l'annoncer aux autres.

— Tu as raison. Je vais aller voir comment elle va. Toi, repose-toi en attendant. Je viendrai te chercher quand Ella aura prévu une nouvelle réunion.

En disant cela, je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse furtivement. Cela semble surprendre Chris, mais avant que j'ai le temps de m'éloigner, il passe une main derrière ma tête pour me rendre un baiser, plus passionné celui-ci.

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De retour dans la chambre de Claire, je remarque que celle-ci est réveillée. Elle est assise contre un oreiller et déguste une soupe préparée par Carole. D'ailleurs, c'est cette dernière qui est au chevet de ma sœur, je ne vois Max nulle part.

— Max est parti aider Ella. Il m'a prévenu pour ta petite sœur, alors avec Juliette, on lui a préparé un bon bouillon, elle se tourne vers Claire, cela devrait te requinquer ma petite.

Cette scène me fait sourire, Carole tient vraiment son rôle de Maman de la bande à cœur. Ses yeux pétillent et son regard est doux, je peux déjà dire qu'elle a pris ma petite sœur sous son aile comme elle l'a fait avec Juliette. Une fois sa soupe terminée, Carole reprend le bol et se dirige vers la sortie.

— Je vous laisse toutes les deux les filles. Lola, n'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.

— Merci beaucoup Carole.

En passant devant moi, elle pose une main réconfortante sur mon épaule et la sert doucement. Je tente de lui sourire, mais c'est plutôt une grimace qui s'affiche sur mon visage. Cependant, Carole ne relève pas ce détail et s'en va en fermant la porte sans bruit derrière elle.

Je m'approche du lit et m'assois en tailleur dessus, à côté de Claire. Elle commence à reprendre quelques couleurs, sa fièvre est beaucoup moins forte. Ses cheveux bruns, habituellement bouclés collent à ses tempes à cause de la sueur. Elle a de grandes cernes sous ses yeux marron. Claire, qui a toujours été la plus pétillante, semble vraiment être déconnectée de tout à présent. Je prends sa main dans la mienne.

— Comment est-ce que tu te sens ?

— Mal.

Sa voix est sèche mais tremblante en même temps. Elle est affaiblie, mais je peux sentir sa colère malgré l'épuisement.

— Tu le savais ? me demande-t-elle

— Pour Maman ?

— Oui, non... Je ne sais pas ! Pour tout ça, tout ce qui se trame ici. Tu étais au courant de tout cela ?

— Seulement depuis peu. Après ma prétendue mort, Chris - Le grand brun - est venu me chercher et m'a expliqué ce que faisait Hygeia et depuis... Je suis restée avec eux.

— Et que fait Hygeia exactement ?

Je pousse un léger soupir, mais lui raconte tout. Ma mort déguisée, mon réveil, les premiers jours où j'ai essayé d'enquêter, nos fuites, nos missions, et les dernières découvertes que nous avons faites. Je n'omets aucun détail.

— Alors, malgré tout ce qu'il s'est passé et tout ce que tu savais... Tu as quand même voulu garder le contact avec moi ?

Je me sens rougir.

— Oui, je ne m'imaginais pas arrêter de te parler, c'était beaucoup trop dur. Mais je me rends compte que c'était égoïste et que c'est ce qui t'a mis en danger. Je suis désolée, Claire.

Contre toute attente, elle serre ma main plus fort dans la sienne et me sourit.

— Non, non je suis contente que tu l'aies fait. J'ai perdu mes parents, mais j'ai pu retrouver ma sœur. Tu m'as tellement manqué Lola !

Claire éclate en sanglots, et moi aussi ! Nous nous enlaçons en nous accrochant l'une à l'autre sachant que maintenant, il n'y a plus que nous dans cette famille détruite. Peut-être sommes-nous restées des heures comme cela, je ne saurais le dire. Mais sentir ma sœur contre moi me réconforte et j'ai l'impression d'enfin pouvoir ressentir un peu d'espoir. Une fois toutes nos larmes épuisées, nous nous éloignons l'une de l'autre.

— Lola... Maman, c'est vraiment elle qui a tué Papa ?

— Pas de ses propres mains apparemment... Mais elle a dû en donner l'ordre.

Claire sèche le reste des larmes sur ses joues.

— Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?

— Je n'en sais rien. Il faut en discuter avec les autres avant de faire quoi que ce soit.

— Ils ont l'air sympas tes copains. Surtout Carole, elle est gentille.

— Oui, ils sont vraiment super, tu verras.

— La blonde qui était dans la voiture n'a pas l'air commode ceci-dit.

J'essaye de réprimer un rire. Je vois que nous avons les mêmes impressions toutes les deux !

— J'attendrai que tu te fasses ta propre opinion d'elle avant de te dire quoi que ce soit à son sujet !

Je vois que Claire commence à avoir du mal à garder les yeux ouverts alors nous décidons de nous coucher. Claire est profondément endormie à côté de moi et je me laisse bercer par sa respiration régulière. Tandis que je m'enfonce dans le sommeil, j'entends mon portable vibrer sur la table de chevet. Curieuse, je regarde qui peut bien m'envoyer un message à cette heure-ci.

Inconnu : Bonsoir ma chérie, je crois que nous avons encore beaucoup de choses à nous dire.

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Bonne année à tous et toutes ! Je vous souhaite plein de bonheur et de réussite pour cette nouvelle année.

J'espère que ce premier chapitre de 2023 vous aura plus. À partir de maintenant tout risque de s'accélérer pour les personnages.

À la semaine prochaine !

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