Chapitre 23 - Le Sauvetage

Cette histoire est un thriller classé "contenu mature" les sujets sensibles abordés seront indiqués en début de chapitre par des "!"
Libre à vous de continuer ou non la lecture de cette histoire.

!!! Agression / violence

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En sortant de l'ascenseur, nous tournons directement sur notre droite. Le couloir qui s'étend devant nous est d'un blanc immaculé, du sol au plafond. Aucun tableau, aucune plante, aucun miroir. Seuls des spots projettent leurs lumières aveuglantes. L'endroit est parfaitement stérile, impersonnel. Je jette un regard par-dessus mon épaule au moment où les garçons disparaissent à l'angle du couloir, ne laissant qu'Ella et moi, seules, dans ce tunnel qui semble être sans fin.

Nous avançons prudemment l'une derrière l'autre. Il n'y a aucun bruit autour de nous, même nos pas ne résonnent pas sur le sol. La totalité du bâtiment semble être insonorisée. Tout est calme, tellement calme que cela en devient suspect. Le sentiment étrange que j'avais en rentrant quelques minutes plus tôt ne m'a toujours pas quitté. J'essaye de chasser cette pensée et de me concentrer sur la raison pour laquelle nous sommes ici.

Ella mène la marche, sa main droite fermée sur son arme, prête à dégainer à tout moment. La jeune trentenaire à l'air tellement à l'aise, comme si elle était dans son élément - là à traquer ses ennemis, à chercher la vengeance. Je peux sentir une rage émaner de son corps, comme de mauvaises ondes qui viendraient me heurter de plein fouet. À ce moment, je réalise que je ne la connais pas. Je n'ai jamais pris le temps de la connaître, elle ne m'en a pas laissé l'occasion non plus. Cependant, je me demande ce qui l'a mené jusqu'ici. Chris et Luca m'ont déjà raconté leurs histoires, et les autres m'ont également parlé d'eux. Mais qu'en est-il d'Ella ? Qu'a-t-elle vécu pour en arriver là ?

Soudain, un cri se fait entendre, quelque part dans le couloir, interrompant mes pensées instantanément. Il est impossible de discerner de quelle direction provient ce son exactement.

— C'était quoi ça ? je chuchote de peur qu'on m'entende.

— Sans doute l'un des "patients" dans sa cellule. Regarde !

En disant cela, Ella me montre de la tête un nouveau couloir sur notre droite. Quasiment identique à celui que nous traversons. La seule différence provient des portes qui le longent de chaque côté. Un petit numéro est indiqué au centre de celles-ci juste en dessous de petites fenêtres en verre. Je me rends compte que ce sont probablement des chambres d'hôpital, ou plutôt des cellules, comme l'a dit Ella. Mon sang se glace, il y a tellement de portes. Y a-t-il un prisonnier derrière chacune d'entre elles ? Je ne peux m'empêcher de penser à mon cauchemar de la nuit dernière, la porte ressemblait étrangement à l'une d'entre elles. La peur me prend à la gorge, comment retrouver Claire dans ce dédale de portes ? Et si nous arrivions trop tard ?

Le cri se fait à nouveau entendre, plus proche. Ella s'est trompée, le son ne provient pas des cellules, il vient de devant nous. D'instinct, je me dirige vers le hurlement. C'est plus fort que moi, même si ma sœur est en danger, il me semble impossible de ne pas essayer d'aider une personne qui souffre. Et, compte tenu de l'ampleur de ces plaintes déchirantes, il ne fait aucun doute que cette personne-là souffre. Alors que j'aperçois un nouveau couloir, sur la gauche cette fois-ci, et que je pars dans cette direction, Ella m'attrape par le poignet.

— Qu'est-ce que tu fais ? Les cellules sont par ici. Chaque étage est disposé de la même manière : les cellules d'un côté, les salles d'examens de l'autre. Et là, je te rappelle que notre objectif est la cellule 437, où se trouve ta sœur.

— Mais, la personne...

— Nous n'avons pas le temps pour ça ! Je sais que c'est difficile, mais il faut que nous restions fixées sur notre objectif. Sinon, nous allons nous faire repérer.

Je fais demi-tour à contrecœur et suis la blonde dans le couloir réservé aux cellules. Je sais qu'elle a raison. Nous avançons en nous tenant sur nos gardes. Le couloir n'est pas si long que cela et très vite nous devons tourner à gauche pour continuer notre marche entre les cellules.

317-319-321...

Les numéros défilent lentement.

— Comment savoir si nous sommes au bon endroit ?

— Nous sommes au bon étage, ce n'est qu'une question de temps avant que nous trouvions ce que nous cherchons. C'est pour cela que j'ai préféré que nous nous séparions. Peut-être même qu'au bout d'un moment, nous allons tomber sur les garçons. Mais cela voudrait dire que l'un de nos groupes aurait manqué la cellule où est enfermée Claire.

— Et nous ne risquons pas de tomber sur des agents d'Hygeia plutôt ? Comment se fait-il qu'il n'y ait pas de surveillance ?

— C'est pour cela que je voulais que nous partions tôt. Il y a beaucoup moins de personnel à cette heure-là et la plupart des prisonniers dorment encore - ou du moins essayent. Mais comme je l'ai déjà dit, je trouve cela louche aussi. Raison de plus pour redoubler de prudence !

Nous poursuivons notre recherche en silence. À chaque angle, je m'attends à tomber sur des ennemis. Tous mes sens sont en alerte. Pourtant mal à l'aise avec les armes - je ne m'en suis jamais servi et espère ne jamais avoir à le faire - je sens ma main se porter à ma ceinture là où se trouve le revolver que m'a donné Ella tout à l'heure.

En avançant, je reporte mon attention sur le numéro des cellules, dans l'espoir que nous nous rapprochions de celle de ma sœur.

397-399-401

Enfin... plus que quelques pas, j'en suis sûre, et nous devrions nous trouver devant notre objectif.

403.... Je lève les yeux. Mon regard est attiré vers la petite fenêtre en verre qui se trouve au-dessus des chiffres. Aucun mouvement, aucun bruit ne semblait trahir une source de vie derrière chacune de ces portes. Pourtant, là devant moi, deux grands yeux sombres me fixent.

Je m'arrête, fixant à mon tour les pupilles qui me scrutent depuis l'autre côté de la vitre. Je peux dire que ces yeux appartiennent à une très jeune femme. Une jeune fille même. Elle doit avoir 15 ou 16 ans tout au plus. De longs cheveux noirs encadrent son visage juvénile. Elle n'a pas l'air effrayée, ni étonnée de me voir. La jeune fille continue de me fixer sans cligner des yeux une seule fois. Ses longs cils noirs rajoutent de l'intensité à son regard. J'ai l'impression qu'elle essaye de me dire quelque chose. Ce n'est pas un appel à l'aide qu'elle me lance, mais plutôt un défi, une mission : débarrasse-nous d'eux. C'est ce que je comprends en tout cas. Je fais un pas vers elle.

— Lola ! Ici !

Je tourne brusquement la tête vers Ella qui vient de m'interpeller. Elle se trouve à environ 20 mètres devant moi et je la vois disparaître à l'angle du prochain couloir. Je sais qu'elle a dû apercevoir quelque chose d'important, sans doute la cellule de Claire ! Je tourne une nouvelle fois la tête vers la chambre 403, mais il n'y a plus personne. Ai-je rêvé ? Désolée... je dois continuer. Je cours jusqu'à la prochaine intersection pleine d'espoir !

429-431

Oui, c'est ça, nous devons être toutes proches ! Là, juste devant nous une porte s'ouvre et trois personnes en blouse blanche sortent les yeux rivés sur des documents médicaux. Des gémissements se font entendre légèrement à l'intérieur de la cellule et s'éteignent aussitôt que l'un des médecins referme la porte dans un claquement sec, la verrouillant grâce à son badge.

Les trois personnes se retournent vers nous d'un seul mouvement, mais Ella est plus rapide qu'eux. Elle se jette sur la personne la plus proche d'elle - un homme d'une quarantaine d'années - et lui assène un grand coup sur l'arrière de la tête avec la crosse de son arme. Celui-ci s'effondre instantanément à ses pieds. Elle se penche, lui arrache son badge et le jette vers moi.

— Vite, dépêche-toi !

J'attrape le badge au vol, et me mets à courir en direction de l'endroit où devrait se trouver la cellule de Claire. Au même moment, l'un des médecins sort un téléphone de sa proche et presse un bouton avant de parler.

— Sécurité, sécurité ! Nous avons besoin d'aide au pallier moins quatre, section 420 à 450...

Il est interrompu par un coup de poing en pleine figure de la part de mon acolyte ! Mais cela ne l'arrête pas et le médecin se rue sur elle pour essayer de la neutraliser. Me focalisant sur mon objectif, je continue ma course.

433 - 435

C'est la prochaine ! Merde ! Ma vision se brouille alors que je ressens une douleur lancinante dans les côtes. Je tombe à terre et me retourne pour voir au-dessus de moi le troisième médecin. Il me regarde avec un sourire sadique.

— Tiens, tiens... On dirait que notre petit patient préféré a décidé de refaire surface !

Avant même qu'il ait eu le temps de faire quoi que ce soit, je lui donne un coup de pied dans le tibia. Cela le déstabilise et me permet de me relever. Je fonce sur lui tête baissée et arrive à le plaquer contre le mur derrière lui. J'ai l'avantage de l'effet de surprise, je lui donne un coup de poing dans l'estomac avec toute la force qu'il me reste. Mon adversaire est plié en deux et je fais volte-face pour me précipiter vers la cellule 437.

J'entends des pas se rapprocher de moi, mais très vite, un coup de feu retentit suivi d'un cri de douleur.

— Salope !

La balle a effleuré le médecin à la jambe, mais celui-ci n'est pas immobilisé. Les yeux plein de rage, il se précipite vers Ella, toujours son arme à la main.

— Vas-y Lola, ne t'occupe pas de moi, je te couvre !

Me voilà devant la chambre 437. Je brandis le badge devant le lecteur qui se trouve au niveau de la poignée et après un léger clic, la porte s'ouvre.

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Une fois à l'intérieur, je referme la porte derrière moi. La pièce est totalement insonorisée et la lutte qui se passe à l'extérieur ne semble pas avoir eu lieu. La pièce est éclairée par une faible lumière. Comme pour le reste du bâtiment, le mur, le sol et le plafond sont entièrement blancs. En attendant que mes yeux s'habituent à la pénombre, j'observe mes environs. La chambre est seulement pourvue d'un lavabo, de toilettes et de l'autre côté d'un petit lit en fer.

Je me précipite au pied du lit ou Claire est étendue, inconsciente. Elle est pâle et de la sueur perle sur son visage. Je pose ma main sur son front et remarque qu'elle est brûlante de fièvre. Je prends son pouls au niveau de son poignet. Il est un peu fort, mais ça n'a pas l'air trop alarmant pour le moment. Je lui caresse doucement les cheveux pour essayer de la réveiller.

— Claire, Claire, c'est moi, c'est Lola. Allez, réveille toi s'il te plaît.

Ma voix trahit mon inquiétude. Je n'ai aucun matériel médical sur moi pour vérifier son état. Je ne sais absolument pas ce qu'ils lui ont fait ni la gravité que cela peut engendrer. Si elle ne reprend pas conscience, je n'ai aucune idée de comment faire pour la sortir de là. Le silence continue de se faire entendre de l'autre côté de la porte et j'espère sincèrement qu'Ella a pu s'en sortir indemne. Je prends ma sœur par les épaules et la secoue légèrement.

— S'il te plaît Claire, je sais que c'est difficile, mais il faut vraiment que tu reprennes conscience. Il faut que je te sorte de là.

— Hmm... Non, non laissez-moi tranquille...

Sa voix est tellement faible. Claire qui est pourtant si pétillante et si forte habituellement n'a plus la moindre force en elle. Elle peine à ouvrir les yeux et je vois bien qu'elle ne me reconnaît pas. Dans un effort surhumain, elle lève les bras pour essayer de me repousser. Je me penche un peu plus vers elle et essaye de me calmer pour parvenir à la rassurer.

— Claire, regarde moi ! C'est Lola, ta sœur. Je sais que tu peux me reconnaître, tu l'as déjà fait.

— Lo-Lola... ?

— Oui, c'est moi.

— Tu... Tu es venue ? Tu es vraiment là ?

— Bien sûr que je suis là, je n'allais pas t'abandonner.

Claire se met à trembler et à sangloter de façon incontrôlable. La voir dans cet état me brise le cœur, mais je ne peux pas me permettre de me laisser aller pour le moment. Je sens ses doigts s'agripper à mes bras, comme si elle avait peur que je disparaisse, que je ne sois pas réelle. Je la serre doucement dans mes bras et prends quelques secondes pour la consoler. À contrecœur, je m'écarte d'elle.

— Est-ce que tu crois que tu peux te lever ? Il faut que nous sortions d'ici, vite ! J'ai des amis avec moi, ils sont là pour nous aider.

Je prends son bras et le passe autour de mon cou pour l'aider à se lever, mais elle se fige, tétanisée. J'entends alors un clic et la porte s'ouvre derrière moi. Mon estomac se tord dans mon ventre, et j'ai la nausée. Je ne peux pas y croire ! Sans même me retourner et rien qu'au son familier des pas qui résonnent sur le sol, je sais exactement qui vient de rentrer dans la pièce !

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J'espère que ce chapitre vous a plu, le prochain comprendra une révélation assez importante ;)

Pas de publication dimanche prochain (je pense que la plupart d'entre nous - moi y compris - fêterons Noël à ce moment-là) du coup je le publierai sûrement le 26 ou 27 décembre.

À bientôt :)

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