Chapitre 16 - Christopher

Cette histoire est un thriller classé "contenu mature" les sujets sensibles abordés seront indiqués en début de chapitre par des "!"
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!!! Allusion a la mort /meurtre

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Je me réveille, il fait noir et je ne vois rien. Je me sens faible, et j'ai l'esprit embrouillé. Apparemment, je suis dans une chambre, mais je ne reconnais pas l'endroit. Je ne suis pas à la base, c'est certain. J'essaye de me redresser sur mon lit, mais ma tête tourne et je me rallonge abruptement sur l'oreiller.

Que s'est-il passé ? Comment suis-je arrivée ici ? J'essaye de me rappeler la soirée d'hier, mais je me sens replonger dans le sommeil. J'ai beau lutter pour rester éveillée mes paupières ne veulent plus s'ouvrir.

Soudain, je me redresse dans le lit en sursaut. Tous les souvenirs sont remontés d'un coup ! Les agents d'Hygeia que j'ai suivi, la ruelle sombre, les mains autour de mon cou, le manque d'air et enfin le sang. Du sang partout, sur mon visage, sur mes mains, la flaque dans laquelle j'avais l'impression de patauger et ce goût de fer bien reconnaissable dans la bouche.

J'en suis sûre, je me suis fait capturée ! Je suis prisonnière dans ce putain de labo et ces tarés vont faire des expériences sur moi ! J'essaye tant bien que mal de me relever, mais à peine ai-je fait trois pas que mes jambes tremblent et je tombe sur les genoux au milieu de la pièce.

Je sens la panique s'emparer de moi, comme le jour où j'ai découvert l'article sur ma prétendue mort. Un cri étranglé s'échappe de ma gorge et j'entends quelqu'un bouger dans la pièce d'à côté. J'essaye de faire le moins de bruit possible pour que mes ravisseurs ne se rendent pas compte que je me suis réveillée. Je ferme les yeux et tente de contrôler ma respiration. La sensation d'étouffement liée à ma crise de panique perdure, mais je fais mon possible pour rester calme : je sais que je n'étouffe pas réellement.

La porte s'ouvre devant moi et la lumière entre dans la pièce. Ma gorge se serre et je n'arrive plus à contrôler ma panique tandis que je vois une ombre se précipiter sur moi et s'agenouiller à mes côtés. J'essaye de me débattre en lançant des coups de poings au hasard, mais deux mains fortes m'attrapent aux poignets et m'empêchent de bouger.

Non ! Laissez moi tranquille ! Lâchez-moi et écartez vous de moi !! Vous pouvez toujours essayer de me torturer, vous n'obtiendrez rien de moi !!

La prise sur mes poignets se relâche et les deux mains voyagent doucement jusqu'à mes épaules. J'en profite pour donner un grand coup de poing dans le visage de l'inconnu. Celui-ci pousse un cri de douleur et referme sa prise autour de mes épaules.

— Lola ! Lola, calme toi, c'est moi ! C'est Chris !

Chris ? Je m'arrête net et je fixe le visage de l'homme devant moi. Celui-ci est toujours caché dans la pénombre et je n'arrive pas à le reconnaître. De plus, ma vision reste brouillée par les larmes qui me sont montées aux yeux. Cependant, je suis sûre d'avoir reconnu la voix de mon ami.

— Chris ? Dis-je dans un murmure.

Oui Lola, c'est moi. Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici. Nous sommes dans la chambre d'hôtel. J'ai réussi à me débarrasser des deux hommes qui t'ont agressé et je t'ai ramené ici. Tu ne te rappelles de rien ?

Je réfléchis. J'ai quelques flashes : nous avons pris l'ascenseur, Chris me portant à moitié, car je ne tenais pas debout. Son regard inquiet pendant qu'il nettoyait doucement mon visage pour enlever le sang. J'ai l'impression de reprendre une respiration normale. Mais c'est sans compter la vague de sanglots qui m'atteint tout à coup. J'attrape Chris par son t-shirt et me mets à pleurer contre son épaule. Je n'arrive pas à m'arrêter, je ne contrôle plus rien.

Je sens ses bras m'envelopper tendrement. Il me porte gentiment et me pose sur lit. Je m'allonge sur le matelas en l'amenant avec moi. Il me serre toujours dans ses bras et je continue de pleurer contre lui. Je suis incapable de parler. L'une de ses mains quitte mon dos pour se placer derrière ma tête et il me caresse les cheveux en me parlant pour me rassurer.

— Ça va aller Lola, tu es en sécurité ici. Ils ne te feront pas de mal, je te le promets, je ne les laisserai pas faire. Tout va bien maintenant...

Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça. Les battements de son cœur que je peux sentir contre ma joue finissent par m'apaiser. Et sans m'en rendre compte, je sombre à nouveau dans le sommeil.

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Quand je me réveille, il fait jour. Chris est toujours dans le lit avec moi et il dort encore. Les rayons du soleil qui filtre à travers les volets fermés me permettent d'observer son visage dans la pénombre.

Ses traits sont relâchés, il semble être plongé dans un sommeil profond. Ses bras sont toujours autour de moi et je n'ose pas bouger de peur de gâcher ce moment. Je souris et continue de le regarder pendant quelques minutes.

Au bout d'un moment, je décide tout de même de me lever pour aller préparer le café. Je ne sais pas exactement l'heure qu'il est, mais nous ne devons pas rendre la chambre trop tard, alors il ne faut pas traîner.

J'essaye de me dégager de son étreinte. Chris grogne et m'enlace encore plus fort. Je suis tellement proche de lui que je peux enfouir mon visage dans son cou. Je ferme les yeux et respire doucement, je suis totalement envoûtée par son parfum. Je secoue la tête pour essayer de me remettre les idées en place et fini par me redresser difficilement sur le lit.

Quelques minutes plus tard, je suis sur le canapé, une tasse de café à la main. J'entends du bruit dans la chambre et vois Chris apparaître en baillant dans l'encadrement de la porte. Il se sert et vient s'installer à côté de moi.

Nous ne nous regardons pas. Un silence gêné s'est installé entre nous, comme si nous avions honte d'avoir dormi ensemble. Je sens un poids dans mon estomac, peut-être que Chris regrette de s'être rapproché autant de moi ? Peut-être, qu'il voulait juste se montrer prévenant à mon égard, mais que ses gestes sont allés plus loin que ce qu'il souhaitait.

Pourtant, cela paraissait tellement naturel. Après l'incident d'hier soir, la proximité avec Chris m'a rassuré. Le poids dans mon ventre se transforme en papillons alors que je repense à ses bras autour de moi. Mes joues me brûlent, nous évitons toujours de nous regarder, je suis soulagée de savoir qu'il ne peut donc pas voir à quel point je rougis.

Je bois quelques gorgées de café pour me redonner de la contenance, il est temps que j'interroge Chris sur ce qu'il s'est passé hier. En plus de ne pas me souvenir de tout, je souhaite avoir des réponses à certaines de mes questions.

— Hum... Euh.. Chris ? Hier... Que s'est-il passé ? Comment as-tu su où j'étais ?

Il prend le temps de terminer son café et de déposer la tasse dans l'évier avant de me répondre. Je le suis du regard, attendant patiemment qu'il me réponde. Après une grande inspiration, il prend enfin la parole.

— Quand je suis sorti de la salle de bain, j'étais étonné de ne pas te voir dans l'appartement. Je suis allé sur le balcon griller une clope en attendant que tu reviennes. C'est là que je t'ai aperçu, j'ai surtout remarqué que tu suivais deux hommes d'Hygeia. Enfin Lola, tu peux me dire ce qu'il t'a pris !?

Je fronce les sourcils et secoue la tête. Voyant que je ne suis pas décidée à lui répondre, Chris continue.

— En arrivant dans la rue, je t'ai entendu crier. J'ai vu l'un des deux hommes sortir d'une ruelle, j'ai pu l'assommer avant qu'il n'aille chercher de l'aide. Ensuite, j'ai vu le second homme avec ses mains autour de ton cou... il essayait clairement de te tuer ! J'ai remarqué que l'agent que j'avais neutralisé portait une arme à sa ceinture. Tu te débattais toujours, et j'étais trop loin pour t'aider... Alors...

Il fait une pause et se pince l'arête du nez en soupirant longuement. Je peux sentir son inconfort. Il reprend ses explications sans me regarder.

— Alors, j'ai pris l'arme et j'ai tiré.

— Tu... quoi ? Tu as tiré ? C'est toi qui l'as tué ? Mais pourquoi !?

— C'était toi ou lui ! Au vu de sa réaction, il ne savait pas qui tu es. C'est pour ça qu'il a tenté de te tuer et non pas de te kidnapper. Si je l'avais laissé faire, tu serais morte à l'heure qu'il est !

Chris a presque crié sa dernière phrase. Je sens sa colère et sa frustration, mais il y a encore autre chose, j'en suis sûre. Depuis que je le connais, je ne l'ai jamais perçu comme quelqu'un de calme, il y a comme une ombre qui plane toujours au-dessus de lui. Comme s'il devait porter un poids, une culpabilité en permanence. Mais cette fois-ci, mon ressenti s'accentue, je perçois du désespoir dans son comportement.

Ses yeux n'arrivent pas à se focaliser sur un point et il commence à faire les cent pas dans la pièce, nerveusement, comme un lion en cage. Je m'approche doucement de lui, lui posant la main sur le bras, mais il se dégage brusquement.

— Chris, qu'est ce qu'il t'arrive ?

Il continue de marcher, inlassablement. Marmonnant des paroles que je n'arrive pas à entendre. Au bout d'un moment, il lève les yeux vers moi, ils sont rouges et brillants, cela se voit qu'il lutte pour ne pas craquer.

— Chris... dis-moi ce qu'il se passe.

— Je... c'est toujours pareil. Quoique je fasse, ils finissent toujours par gagner...

— Quoi ? De quoi tu parles ?

— Hygeia... Peut importe à quel point je me bats contre eux, peu importe la façon dont je m'y prends, ils auront toujours le dernier mot.

Qu'est-ce que tu veux dire ? Enfin, je sais que le combat que tu mènes, que nous menons, est difficile. Mais il doit bien y avoir une solution ?

— Non, crois-moi, ça fait des années que je lutte que ce soit dans mon ancienne ou dans ma nouvelle vie... c'est toujours la même issue.

Chris s'effondre sur le canapé, la tête dans les mains. Je m'installe calmement à côté de lui et pose ma main sur son épaule.

— Ton ancienne vie ? Tu veux dire... avant qu'on te croie mort ?

— Oui, avant ça. Mon père était enquêteur, il était toujours plongé dans son travail. Je t'avoue que cela m'a toujours intrigué, je voulais suivre ses pas. Adolescent, je me faufilais en douce dans son bureau pour essayer de comprendre les enquêtes sur lesquelles il travaillait. Des disparitions... Un tas de disparitions qui semblaient ne rien avoir l'une avec l'autre et pourtant... Pourtant, mon père y voyait un lien. En vieillissant, j'ai même pu travailler avec mon père sur ces fichues disparitions. Et de fil en aiguille, nous avons découvert un dénominateur commun... Hygeia. Nous nous rapprochions d'eux, nous avions découvert qu'il y avait toujours quelqu'un de leur société dans l'entourage de leurs victimes : un médecin, un membre bénévole d'une association que fréquentaient les futurs "patients" d'Hyegia...

Chris soupire.

— Bien sûr, nous n'étions pas assez prudents et il n'a pas fallu beaucoup de temps pour qu'ils découvrent que nous étions sur leur piste. Alors, ils sont passés aux choses sérieuses. Un soir, après une dispute avec mon père, je suis rentré à pied chez moi, quelqu'un m'a assommé et je me suis réveillé dans mon appartement comme si de rien était, une arme à la main. Bien sûr, j'étais confus, je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Puis la police est venue frapper à ma porte. Ils m'ont annoncé que mon père avait été assassiné, une balle dans la tête. Bien entendu, l'arme du crime était celle qui était dans ma main. J'ai été inculpé pour meurtre.

Je n'en crois pas mes oreilles, ce que Chris me raconte dépasse l'entendement. D'une voix plus sombre, il continue :

— J'ai cru devenir fou en prison. Ma mère est tombée en dépression et mon frère ne m'a plus jamais adressé la parole bien entendu. Tu n'imagines pas ce que c'est, de voir la déception et la haine dans les yeux des personnes que tu aimes le plus au monde... Ma famille m'a tourné le dos, à juste titre. Même moi, je commençais à croire que j'avais réellement tué mon père et que je vivais juste dans le déni de mes actes.
Un soir, quelqu'un s'est introduit dans ma cellule, c'était l'un des détenus avec lesquels je ne m'entendais pas. Un petit merdeux qui se croyait tout permis, et maintenant, je sais pourquoi. L'enfoiré, s'est vu offrir une belle remise de peine par Hygeia s'il arrivait à me faire passer pour mort. Ce soir-là, il m'a tiré dans la poitrine... Une blessure assez importante pour me mettre dans le coma, mais pas assez pour me tuer. Et la suite, tu t'en doutes...

Chris fait une pause dans son récit. C'est donc de là que vient la fameuse cicatrice que j'ai vu l'autre soir.

— Je me suis donc juré de n'avoir aucune pitié pour eux, pour aucun de leurs agents, aucun de leurs collaborateurs ! Ils m'avaient pris ma famille, ma liberté, ma vie entière ! Crois-moi Lola, je n'éprouve aucun plaisir à me battre ou à tuer. Mais je ne peux pas les laisser continuer de s'en prendre à mes proches. Et malgré tout... hier j'ai une fois de plus eu la preuve de leur folie. Ils s'en prennent à tous, sans distinction, sans la moindre culpabilité, comme si leurs actes n'avaient aucune conséquence. Et rien, rien de ce que je pourrai faire ne changera jamais ça !

Chris se tait, il a toujours la tête dans ses mains. Je peux entendre que sa respiration devient de plus en plus pénible, tout son corps s'est affaissé, je ne l'avais jamais vu dans un tel état de vulnérabilité. Je vois ses épaules bouger imperceptiblement, et des larmes commencent à couler le long de ses joues.

En le voyant comme ça, je comprends enfin quelles sont les émotions que n'arrivais pas à reconnaître tout à l'heure, l'impuissance, l'effroi et par-dessus tout, la peur.

Sans dire un mot, je me rapproche de lui sur le canapé et entoure ses épaules de mes bras. Je le sens s'appuyer légèrement contre moi tandis que je pose mon front contre sa tête. Nous restons silencieux, l'un contre l'autre pendant ce qu'il semble être des heures. J'attends patiemment que sa douleur passe, même si je sais au fond de moi que rien ne pourra jamais faire cicatriser les plaies qui lui ont été infligées.

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Bon, pour la première semaine où je devais publier à date fixe... c'est loupé ! Pour ma défense, j'avais une grosse migraine hier soir, donc j'avais pas envie d'être fixée sur un écran d'ordinateur. Mais ça y est, je suis en forme et le chapitre est publié !

Je n'ai pas arrêté de changer l'histoire de Chris, je n'arrivais pas à être satisfaite des idées que j'avais. À mon sens, cette version et celle qui colle le plus au personnage et j'espère que celle ci vous aura plu.

À dimanche prochain pour le chapitre suivant ! (enfin, normalement)

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