Chapitre 9 : Ce qui enchante

Élodie était ressortie apaisée de l'hôpital. Sa grand-mère était incroyable, il n'y avait pas à dire. Vingt-quatre heures à peine après un AVC la voilà qui rigolait avec une infirmière à gorge déployée lorsqu'elle était arrivée. La jeune femme avait de suite était rassurée et avait pu passer l'heure suivante à sourire comme une idiote. Elles avaient discutés de tout et de rien comme à leur habitude jusqu'à ce qu'Élodie soit appelée à sortir.

Sa grand-mère avait tout de même besoin de repos. La brune l'a laissa après un grand câlin.

Élodie avait tout raconté à Amélie qui avait réussi à prendre sa matinée pour s'occuper de son amie. La blonde avait annoncé que ça se fêtait bien. Leur itinéraire avait tout naturellement pris celui du Coffee bock.

Et parce que la vie faisait bien les choses, elles y rencontrèrent Anabelle et Pauline. Les deux jeunes femmes étaient venus réviser leurs cours autour d'un bon café. La rousse avait toujours ce petit sourire adorable sur le visage quand elle proposa à Élodie et Amélie de s'installer avec elles. Immédiatement, elles acceptèrent.

Élodie pu présenter sa grande amie de toujours à Anabelle et celle-ci en fit de même avec Pauline. La brune découvrit que cette dernière aux longs cheveux noirs et à la peau joliment bronzée était mannequin. Ça ne l'étonnait pas au vu effectivement de sa beauté. Ses yeux viraient presque au violet et c'était tout bonnement magnifique. Mais ce qui lui donnait le plus de point était sa passion pour les livres.

C'était une très belle rencontre et elles restèrent toutes les quatre jusqu'à midi.

- "C'est quoi tous ces CD ? demanda Élodie en s'asseyant dans le canapé de Thibault

- "C'est quoi tous ces CD ? demanda Élodie en s'asseyant dans le canapé de Thibault."

La jeune femme venait d'arriver chez lui et son oncle. Amélie l'avait déposée juste devant pour éviter qu'elle ne doive reprendre le métro dans la zone. Le brun la rejoignit dans le salon avec deux tasses de café dans les mains.

- "Je les ai empruntés à la bibliothèque de la ville. expliqua-t-il calmement derrière ses vêtements larges."

Si la jeune femme avait remarqué les cernes imposantes de Thibault et son teint pâle, elle n'en fit aucun commentaire.

- "Tu m'en avais parlé, se souvint Élodie. Tu y es allé pour des CD et non des livres ?

- C'était pour voir quelqu'un que j'ai rencontré qui y travaille de base. Mais il n'était pas là et j'ai trouvé par contre tous un tas de musiques sympas.

- Au moins tu n'es pas rentré bredouille. sourit-elle. Il s'appelle comment le gars que tu devais revoir ?

- Yamine, je l'ai vu pour la première fois quand je t'attendais devant la mairie. On s'est revu plusieurs fois là-bas et il m'a proposé de venir là où il travaillait pour le revoir.

- A la bibliothèque donc.

- A la bibliothèque, confirma Thibault."

Élodie hocha la tête, prenant une gorgée du café doux que lui avait fait le brun. Le calme emplissait l'endroit et la jeune femme s'y sentait incroyablement bien. Elle s'autorisa une longue inspiration avant de se recentrer sur Thibault.

- "J'ai emmené ma flûte mais je suis pas sûr d'avoir envie d'en jouer. Par contre j'aimerais beaucoup avoir ton avis sur une question."

Les yeux onyx se levèrent pour rencontrer ceux verts. Élodie avait toute son attention.

- "Tu en penses quoi de la musique ancienne ? Je t'ai déjà dis mon avis que la question mais pas toi. "

Thibault paru surpris par la question mais n'en posa pas de nouvelles. Il s'assit plus confortablement dans son fauteuil, une moue réfléchie au visage.

- "Ça dépend ce que tu entends exactement par là mais je la trouve fascinante je dirais. Mais je penses avoir la même vision que toi. J'ai toujours bien aimé l'histoire, notamment pour le fait que c'est grâce à une certaine suite d'événements bien particulier que le monde d'aujourd'hui est tel qu'il est. Je trouve ça assez incroyable de se dire qu'un minuscule changement dans le court de l'histoire peut entraîner tout un changement majeur à tout jamais. Pour la musique c'est pareil, expliqua-t-il. Le présent n'est que l'image de ce que le passé a créé. Le passé est jonché d'erreurs qu'on retient principalement pour ne pas les refaire. Mais le futur en serra parsemé quand même, parce que l'humain oubli et manque encore de clarté je pense. La musique est née à la création du monde, c'est un savoir ancestrale qui forcément, recèle les secrets de millénaires d'existence. A mon sens, il est important de se rappeler sans cesse du passé parce que c'est la base de notre présent et le socle de notre futur. Comme une sorte de devoir de mémoire, c'est ce à quoi je me réfère souvent. Et dans ce cas-là, c'est l'Histoire avec un grand H tout entière qu'il faut relayer de générations en générations."

Élodie sourit. Elle avait rapidement saisit que Thibault était un génie mais pas seulement en musique. Il avait une capacité de réflexion et d'interprétation bien à lui et ça fascinait la jeune femme. Elle avait envie de découvrir le point de vue du brun sur une multitude de sujets. Ça ne pouvait qu'être intéressant. Et accessoirement, le brun se livrait même inconsciemment à travers ses réflexions et Élodie souhaitait pouvoir en tirer de quoi l'aider en retour.

- "Madame est satisfaite de la réponse ? sourit taquinement Thibault d'un air faussement nonchalant.

- Très, d'autant que je penses la même chose donc mais que tu l'as mieux expliqué que ce que j'aurais pu faire. Tu as une très bonne note à l'évaluation.

- Parce que c'était évalué en plus ? J'attends le vingt sur vingt alors madame la prof."

Élodie se contenta de lever les yeux au ciel, un sourire impossible à dissimuler sur ses lèvres. Ils finirent leurs tasses de café ensemble en silence. Profiter du calme et de la présence de l'autre leur suffisait.

- "Dans les CD que j'ai trouvé à la bibliothèque, y'en a qui date beaucoup. Tu voudrais écouter ?

- Seulement si tu m'en fais un top cinq et que je peux te mettre une note ensuite, sourit Élodie.

- Je suis très bon élève tu savais ? Je n'ai que des bonnes notes, s'amusa Thibault en lançant le premier CD dans le lecteur."

Ils s'échangèrent un dernier regard taquin avant de se concentrer sur la musique. Et effectivement, le brun aurait eu tous les points s'il était noté sur le choix des titres. Il arriva à faire se succéder des thèmes diamétralement opposés en jouant sur des raccords parfois très discrets qui étaient finalement mis en lumière grâce à ses choix.

La première musique était une mélodie grave, lente, imposante mais fascinante. L'émotion engendrée était le respect.

La seconde écoute se portait sur un rythme bien plus rapide, mais presque trop. L'auditeur se retrouvait pris dans une course où le timbre grave laissait entendre le désespoir.

La troisième musique fit voyager Élodie vers les confins d'un calme choyé. Le thème était plus vague alors ; peut-être du bonheur, de la tendresse ou bien le pardon.

La quatrième mélodie avait un côté très humble, un peu comme un hymne national où la force et la raison du pays serait mis en avant. La fraternité et l'entraide ressortaient. Le rythme était assez rapide mais pas suffocant. Une sorte d'amour fort en ressortait.

La dernière musique à passer était d'une tendresse qui émue Élodie. Thibault avait fermé les yeux et elle en fit de même pour apprécier le moment. C'était une mélodie calme, apaisante et réconfortante. Elle s'insinuait dans chaque fibres de leurs corps pour faire résonner le sentiment de bien-être.

Ce fut presque une déception lorsqu'elle se termina.

Élodie recoupa chaque musique et en découvrit le message ; le respect du désespoir en vue du pardon humble qui mène à l'apaisement. La jeune femme se sentit immédiatement concernée directement ou indirectement par ce message. Elle ne s'était jamais sentit en droit d'être prise de désespoir pour la mort de Marc. Elle qui s'en voulait encore d'essayer de revenir à ce qui la faisait vibrer elle ; la flûte à bec et non le violon. Elle qui cherchait tellement le bout du tunnel ; un nouveau départ, une nouvelle vie douce et calme.

Thibault avait rassemblés ces musiques de manière à ce qu'elles forment un message, de façon consciente ou inconsciente. Et c'était à couper le souffle.

- "Il va vraiment falloir que tu m'expliques comment tu fais tout ça, souffla Élodie, complètement retournée mais heureuse."

Elle laissa sa tête tomber en arrière sur le dossier du canapé et ses yeux se fermer. La jeune femme n'avait pas besoin de voir Thibault pour savoir que ce dernier devait sourire doucement avec son air innocent. Un prodige ce type, vraiment.

- "Tu veux te confier ? la voix grave mais posée du brun la fit se redresser pour le fixer.

- Seulement si tu me parles aussi, sourit tout doucement Élodie.

- Tu vas me noter ? s'amusa Thibault.

- Moi ? Jamais enfin."

Le brun roula des yeux avant de rigoler un coup. Il s'assit plus confortablement pour détendre ses muscles crispés. Ses yeux onyx vinrent fixer Élodie et la jeune femme savait qu'elle pouvait lui parler.

- "Tu m'avais dis que le violon n'était pas mon instrument, et évidemment tu avais raison, commença la jeune femme en jouant avec ses mains. Il y a un an, j'ai perdu mon copain d'un cancer et son rêve était de devenir virtuose de violon et remporté un concours spécifique. Je jouais de la flûte à bec à ce moment là, beaucoup à vrai dire. Et c'est grâce à Marc que j'ai autant pu prendre plaisir à en jouer. Mes parents ont toujours étaient contre et c'est Marc qui m'a fait prendre confiance en moi. A sa mort, je me suis retrouvée incapable de jouer à nouveau de la flûte à bec et je me suis mis en-tête de réaliser son rêve. Il y a un mois, j'ai gagné le concours que Marc rêvait de remporter au violon. Mais depuis, je me sens un peu vide honnêtement. J'ai essayé de reprendre la flûte à bec en me disant que maintenant que j'avais réalisé de rêve de Marc j'allais y arriver de nouveau. Mais je suis bien obligé de voir que le blocage est encore là."

Thibault pris quelques secondes pour analyser les dires d'Élodie. Honnêtement, la jeune femme ne s'attendait pas à une réponse en particulier. Elle s'était confié au brun parce que c'était devenu un ami précieux pour elle en un temps record. Elle n'attendrait jamais rien en retour.

- "Tu es courageuse, fut les mots de Thibault. Je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit."

Les yeux verts se fermèrent, complètement émus. Élodie ne s'attendait à rien mais ces quelques mots étaient les plus précieux qu'elles avaient entendus depuis quelques temps. C'était simple et authentique.

Un grand sourire répondit à Thibault qui reprit doucement son attitude nonchalante pour faire croire que tout ça ne l'atteignait pas. Mais ils savaient tous les deux qu'ils étaient plus que récessifs aux émotions de l'autres.

Au final, Élodie n'apprit pas grand chose de nouveau sur Thibault mais c'était à prévoir. Elle n'était nullement déçue. Le brun lui avait dit qu'il étudiait dans le domaine de la musique mais aussi de l'informatique. Il aimait assez les logiciels de créations de sons plus modernes et se verrait éventuellement travailler dedans. La jeune femme s'était sentie dans une bulle intime avec Thibault lorsqu'il parlait de lui et de ses projets. C'était assez flagrant que le jeune homme n'aimait pas parler de lui alors ça toucha la brune qu'il le fasse pour elle.

Thibault avait pris sa flûte à bec pour jouer une bonne heure avant qu'Élodie ne prenne le relais en essayant à son tour. Avec les aides du brun qui l'encourageait sans cesse à chaque erreurs, la jeune femme réussit à jouer enfin de manière correcte et fluide.

Son souffle était encore un peu tremblant, signe de son hésitation mais ses doigts commençaient à se débloquer. Elle avait pu se concentrer sur la présence de Thibault à ses côtés pour finalement se lâcher. Ses yeux s'étaient fermés et elle avait réussit là où seule elle avait échoué.

Amélie était venue la recherchée en fin de soirée, mettant fin à leur après-midi magique.

- "À bientôt, lui avait dit Thibault.

- Oui, à bientôt, avait répondit Élodie."

Règle n°9 : La vie humaine s'est progressivement détachée au fils des décennies de la nature. L'Homme s'est enfermé dans une bulle éphémère en abandonnant ses racines. Murée dans des limites posées par lui-même, l'humain s'est créé une réalité propre. Il a inventé le concept de tabous, de bien et de mal en impliquant ses principes humains à l'ensemble du règne animal. L'Homme se brime tout seul derrière ses préjugés. L'Homme est un préjugé. Qui n'est pas Homme est inférieur.

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