Chapitre 7 : Ce qui surprend

- "Alors comme ça tu pars dormir chez ton flûtiste à bec sans même me prévenir ? Je me sens offensée en tant que meilleure amie."

Si on avait dit à Élodie qu'à peine rentrée chez elle Amélie l'attendrait assise dans son canapé, elle n'y aurait pas cru. Enfin si, mais elle aurait espéré que non. Elle avait donné ses clefs d'appartements à son amie il y a quelques temps déjà. A ce moment là, Amélie avait eu des problèmes de son côté qui avait fait qu'elle ne pouvait plus rester dans son logement. Sa meilleure amie s'était mis en quête d'un nouvel appartement plus prêt de son université mais n'avait rien trouvé. Rien du tout d'ailleurs, même pas en périphérie de ville. Tous les logements universitaires à pris abordables avaient été vendus au commencement de l'année scolaire.

Ce fut alors qu'Élodie lui avait proposé d'habiter chez elle le temps de trouver autre chose. Depuis, c'était un peu leur appartement à toutes les deux même si Amélie avait retrouvé quelque chose.

- "Si tu sous-entends qu'il s'est passé quelque chose entre lui et moi, et je sais que c'est ce à quoi tu penses, c'est non."

Amélie se décala pour laisser de la place sur le canapé. Elle se contenta de sourire à Élodie dont le ton avait été assez sec malgré elle.

- "Je sais que tu n'aimes pas rester chez les personnes que tu ne connais pas vraiment. Ça m'étonne simplement que tu es bien voulu rester avec lui.

- Disons que c'était le moins pire qui s'offrait à moi, soupira Élodie en passant un bras par dessus ses yeux cernés.

- Tu veux m'en parler ? évidemment Amélie s'était douté qu'il avait dû se passer quelque chose.

- Un type louche m'a suivi dans le métro et m'a coursé jusqu'à chez Thibault. Il était plutôt âgé et je penses que j'aurais pu m'en tirer bien mieux qu'en partant en courant. la voix de la jeune femme vacillait et perdait de plus en plus en volume. Mais je les ai revus en lui. Ils avaient les mêmes regards que le type d'hier et ça m'a tétanisé. Je ne pouvais pas ressortir après ça alors j'ai accepté de rester chez lui."

Amélie attrapa la tête brune de son amie et la calla contre sa poitrine. Sa main gauche lui frottait doucement les cheveux alors que l'autre serrait avec soutien son épaule. Élodie se laissa aller à l'étreinte.

- "Ça a été pour rentrer ce matin ? murmura la blonde.

- L'oncle de Thibault et arrivé quand j'allais partir. Thibault a insister pour qu'il me ramène et son oncle a du comprendre qu'il s'était passé quelque chose parce qu'il a insisté à son tour. Il m'a déposé juste en bas.

- C'est gentil de leur part. Tu aurais dû m'appeler sinon, je serais venue tout de suite. À moins que le canapé ai été tellement confortable qu'il t'as embrumé l'esprit au point de m'oublier, finit-elle en rigolant de bon cœur.

- Tu n'imagines pas, s'amusa Élodie en s'écartant pour revenir s'adosser à son propre canapé. Un vrai lit je t'assures.

- Un vrai bon lit ou un lit moisi d'occasion ?

- Je pencherais plus pour la deuxième option chère amie, déclara-t-elle d'un air faussement chic.

- Est-ce que votre magnifique postérieur a su s'en remettre madame ?

- C'est en cours je crois bien."

Un seul regard complice entres les deux femmes suffit à les faire rigoler à plein poumons. Ça fit le plus grand bien à Élodie qui pu se détendre un peu plus dans son chez elle. Elle partit se servir un verre d'eau tandis qu'Amélie finissait de répondre à un message. Elle avait lâché son téléphone en voyant sa meilleure amie arriver mais c'était une demande importante pour son travail.

- "Pourquoi tu es ici de si bon matin au fait ? demanda Élodie en revenant dans son canapé. Il se passe quelque chose ?

- Rien de grave, je t'assures avant que tu t'inquiètes. sourit Amélie. On comptait aller au resto avec Yann ce midi et on voulait que tu viennes. Ça te dirais ?

- Je voudrais pas me mettre entre vous, je sais que vous avez envie de passer du temps ensemble. Il est revenu il y a une semaine tout juste, profitez l'un de l'autre, non ?

- Tu as peur de tenir la chandelle ? demanda du tact au tact la blonde.

- Mais non, c'est pas ce que j'ai dis, soupira Élodie. Je veux juste pas que vous vous sentiez obligé de m'inviter. Vous devez avoir des choses à vous dire après tout ce temps."

Un grand sourire orna les traits d'Amélie.

- "Tu penses pas que je parles assez en permanence pour lui avoir déjà tout raconté ? Je crois d'ailleurs que Yann a fini par débrancher à certains moment.

- Je le plains, sourit Élodie en s'imaginant bien la scène. C'est donc une invitation à embêter Yann dans un lieu public où il ne pourra pas fuir ? son sourire devint plus narquois.

- Tu crois pas si bien dire ma chère amie, acquiesça Amélie sur un clin d'oeil. Mais en attendant je veux juste me poser avec toi. Faut que tu me racontes un peu tes histoires. Je veux les potins !

- Oui, oui."

Élodie leva les yeux au ciel dans une expression faussement exaspérée. En vérité, elle adorait qu'on lui demande de raconter sa vie, ça la faisait se sentir intéressante. Sa boostait sa confiance en elle et elle en avait besoin vu la famille qu'elle avait.

La jeune femme raconta son quotidien du moment. Elle ometta pourtant de parler de Thibault. Au moins pour le moment, c'était son petit secret.

Le jeune homme n'avait pas vraiment dormi cette nuit là non plus

Le jeune homme n'avait pas vraiment dormi cette nuit là non plus. Ses cernes devenaient de plus en plus inquiétantes et son oncle semblait soucieux. Ça faisait déjà plusieurs jours que Thibault n'avait plus mis un pied dehors.

Il sortit de son lit où il n'avait fait que tourner et se retourner pour rejoindre la salle de bain. Le brun évita consciemment le miroir en se passant un coup d'eau sur le visage. Il arrangea rapidement ses cheveux en bataille puis rejoignit la salle à manger.

Un coup d'oeil sur l'horloge lui renseigna qu'il était neuf heures du matin. Son oncle ne devrait pas tarder à se lever.

A cette heure là, Thibault aurait dû être en cours. Mais il ne pouvait clairement, pas avec la tête horrible qu'il se devinait avoir. Il risquerait de faire peur à ses amis. Ces mêmes amis qui avaient essayés de le joindre un nombre incalculable de fois depuis qu'il ne venait plus en cours. Ça ne faisait que trois ou quatre jours mais ils s'inquiétaient. Thibault s'en voulait de ne pas réussir à leur répondre pour le moment.

Il sortit de quoi petit-déjeuner sans bruit pour ne pas déranger son oncle et mangea en silence. C'était à peine s'il sentait le goût de ce qu'il mangeait. Thibault soupira en finissant son bol de céréales. Il se leva pour le débarrasser et faire la vaisselle.

La salle à manger et la cuisine étaient mitoyennes et ouvertes à l'autre. Le brun déposa ses couverts dans l'évier et alluma doucement l'eau pour les laver. Ses doigts glissèrent sous l'eau pour frotter son bol, et c'est là que le cauchemars repris vie.

L'eau devint foncée, puis violette, et enfin rouge. Un rouge pourpre, opaque, gluant, chaud, un rouge sang. Le sang coulait du lavabo et tâchait tout l'évier en passant par les mains de Thibault qui se colorèrent du liquide sanguin.

Un cri lui échappa. Il s'écarta vivement de la cuisine et venait se cogner contre la table à manger plus loin. Ses yeux effrayés ne quittèrent pas un instant le lavabo qui crachait sans fin du sang. Du sang, du sang par tous les Dieux !

Des larmes lui montèrent aux yeux et la panique lui serra les tripes et la gorge. Il devait se calmer.

Ses yeux réussirent à lâcher le lavabo pour se planter sur ses mains humides. Un autre hoquet de terreur quitta Thibault. Du sang coulait de ses doigts jusqu'à ses poignets et descendait pour finir sur le sol. Le liquide rouge semblait s'écouler sans fin jusqu'à recouvrir complètement les avants bras du brun.

Sa vision se teinta de rouge pourpre par dessus ses larmes. Il baissa la tête, refusant d'en voir plus. Mais une maudite goutte de sang coula de son visage pour atterrir dans la marre sanguine sous ses pieds. Ses larmes n'étaient plus que du sang.

Tout n'était que sang.

Thibault hyperventilait de nouveau, un gémissement terrorisé lui échappa et ses yeux voyageaient d'un côté à l'autre de la pièce. Il cherchait un échappatoire, loin du sang. Tout ce qu'il vit fut bien pire encore. Le brun voyait deux personnes ; une femme et un homme debout dans l'entrée de la salle à manger. Ils le regardait, leurs yeux dégageant de l'animosité et du reproche. Le dégoût s'insinuait lentement aussi et Thibault s'en sentit nauséeux.

Sa bouche s'ouvrait et se refermait sans qu'aucun son n'en sorte. Ses yeux tétanisés étaient fixés sur l'objet de son horreur sans pouvoir s'en détacher.

Le sang avait recouvert tout le sol de l'appartement maintenant. Le brun sentait ses pieds flotter dans le liquide gluant et chaud alors que résonnait l'écho du sang qui dégouline toujours du lavabo.

Une autre silhouette apparu bientôt, sortant du sol pourpre pour venir prendre forme humaine. Elle était clairement plus petite que les deux adultes derrière elle, comme si elle était un enfant. Son regard était doux, et pourtant, ce fut celui qui rendit Thibault le plus mal. Les larmes se stoppèrent dans ses yeux et il fixa en tremblant la petite silhouette devant lui. Cette dernière lui sourit.

- "Ça ne va pas grand frère ?"

Le brun lâcha un sanglot terrorisé et tomba au sol, s'enfermant dans une bulle en fermant les yeux. Il ne voulait pas voir, il ne voulait pas entendre.

Un main chaleureuse se posa sur son épaule et Thibault la rejeta sans la regarder. Son corps était pris de spasmes de terreur et il hyperventillait. Il sentait toujours le sang tout autour de lui et son envie de vomir augmentait de plus en plus.

Le brun fut levé de force et pressé contre une silhouette plus grande que lui. Le bruit permanant de l'eau qui coule s'arrêta au même moment et la sensation de baigner dans le sang disparue.

- "Calme toi Thibault, tout va bien."

Le brun su que c'était son oncle. Il se laissa alors aller dans ses bras qui le rassurait.

Thibault se sentait incroyablement mal même après deux heures supplémentaires. Ce n'était pas demain la vieille qu'il allait retourner en cours à ce rythme.

Ses yeux onyx se fermèrent fortement. Le visage d'un petit garçon passa et repassant derrière ses paupières. L'enfant semblait l'aimer, il essayait d'attirer son attention. Mais le brun ne put attraper ses petits mains dans les siennes. Le sang fut tous ce qu'il eu entres ses doigts quand le même garçon tenait maintenant une grande cicatrice sur son œil gauche.

Thibault attrapa sa flûte juste à côté de lui et souffla. Il se vida complètement les poumons au point de s'étouffer mais c'était ce dont il avait besoin. Le son qui sortait l'emmena loin et son cœur se calma doucement.

Non, vraiment, ce n'était pas demain la vieille qu'il pourrait ressortir.

Si Élodie était honnête elle dirait qu'elle s'était doutée qu'Amélie ne disait pas toute la vérité

Si Élodie était honnête elle dirait qu'elle s'était doutée qu'Amélie ne disait pas toute la vérité. Cette histoire de restaurant lui avait paru une excuse pour autre chose. Elle n'était cependant pas resté chercher ce qu'il pourrait en retourner. Connaissant la blonde, ça pouvait être tout et n'importe quoi alors mieux voulait ne pas se prendre la tête.

Le restaurant dans lequel ils avaient mangés était agréable et calme. Ils avaient bien rigolés en se chamaillant comme des enfants pour des broutilles. Yann n'avait pas pu s'enfuir lorsque les deux amies avaient commencés à parler sans pause et ça avait rajouté du comique au repas. En bref, ça avait été un super moment.

Arrivé au dessert, Élodie avait finalement demandé ce qu'ils voulaient lui dire pour qu'ils aient fait tout ce cinéma. Et effectivement, elle aurait pu se prendre la tête longtemps sans trouver.

- "On va se marier. Tu voudras bien être notre témoin ?"

Il fallu plusieurs secondes à Élodie pour encaisser la nouvelle. C'était inattendu, ou pas complètement. Amélie et Yann étaient ensemble depuis plusieurs années déjà et étaient de quatre ans les aînés de la jeune femme. Il était plutôt normal que la question du mariage se pose mais Élodie avait toujours cru comprendre que ses amis n'étaient pas trop attiré par le fait.

- "Ce sera pas un mariage officiel, continua Amélie en serrant les mains de son amie dans les siennes. Juste une fête avec nos amis et nos familles. Et on aimerait beaucoup que ce soit toi notre témoin. Tu en penses quoi ?

- Wouha, souffla Élodie. Je m'y attendais pas. Mais évidemment que je suis de la partie, comptez sur moi.

- Tu sais pas à quel point ça nous rassure que tu acceptes, soupira le couple que la pression lâchait visiblement enfin.

- C'était évident que j'allais accepter, pourquoi vous vous stressiez autant ? Qu'est-ce que vous m'avez pas dit encore ? demanda Élodie en croisant les bras, suspicieuse soudainement."

Le couple s'échangea un petit regard pris en faute avant de devenir plus doux.

- "Élodie, sent toi très libre de refuser mais on voudrait effectivement te demander autre chose, commença Yann de son habituel ton calme. Est-ce que tu voudrais bien être la musicienne pendant le mariage ?

- Oui, avec plaisir. J'emmènerais mon violon, sourit Élodie, rassurée que ce ne soit que ça."

Pourtant, la petite mine gênée d'Amélie lui renseigna qu'il y avait un quiproquo.

- "On a déjà un violoniste, il nous faudrait une flûtiste."

Élodie comprit à cet instant qu'Amélie avait finalement toujours su qu'elle se forçait pour Marc. Elle qui avait pensé pouvoir berner son amie en lui assurant le contraire tombait de haut.

Règle n°7 : La vie humaine est éphémère tant elle est minime à l'échelle de l'univers. Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir. C'est cette balance équilibrée qui compose la recette d'une vie épanouie.

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