Chapitre 2 : Sonate éternelle
Marc était un jeune homme doux et attentif. Sensible au monde qui l'entourait, il avait toujours fait des rencontres facilement. Il était souriant, un grand blond aux yeux noisettes. Ni timide ni trop envahissant, le jeune homme savait mettre à l'aise les personnes qui l'entouraient.
Élodie en faisait partie.
Ils s'étaient rencontrés lors d'une soirée étudiante organisée par un ami mitoyen à eux. Ami d'un ami, ils s'étaient finalement rapprochés durant cette fameuse soirée en se découvrant une passion en commun ; les arts et plus particulièrement la musique.
Ça avait été là le commencement d'une suite de rendez-vous entre les deux jeunes gens. Toujours au même endroit ; au coffee book, un petit café mixé avec une bibliothèque, Élodie et Marc se retrouvaient. C'était d'abord une fois par mois, à l'occasion d'un plus long week-end offert par les études. Puis le rythme avait accéléré comme à l'arrivée du refrain en musique. Ils se voyaient deux fois par mois, puis une fois par semaine, puis deux fois par semaine.
Au final, Marc et Élodie se voyaient presque tous les soirs après leurs cours, dans la salle arrière du Coffee book. Un cappuccino et un latte fumant en coin de table, les deux jeunes gens discutaient pendant des heures. Les serveurs ne manquaient jamais de les asticoter à propos de leurs boissons qui finissaient toujours pas refroidir pendant qu'ils partaient dans leurs conversations habituelles.
La musique avait été ce qui les avait fait se rapprocher. Puis les sujets de conversations avaient évolués vers d'autres horizons, parfois très personnels d'ailleurs. Ils s'étaient incontestablement rapprochés.
Et au bout d'un an, Marc et Élodie officialisèrent leur relation auprès de leurs amis et même de leur famille. Tous avait bien réagit à la nouvelle, il fallait dire que le couple était en tout point adorable.
Ils vécurent des jours heureux et calmes, Marc jouait souvent de son violon en accompagnant la flûte à bec de sa compagne. C'étaient des après-midi entières qu'ils passaient ainsi, bercés par leur musique qui se chargeait de parler pour eux.
C'était leur langage.
Mais bientôt, le décor de leurs après-midi musicales tomba dans un blanc trop blanc. Quatre murs immaculés, un bip sonore et continuel en fond, voilà ce qui rythmait à présent leur quotidien.
L'hôpital.
Marc avait développé un cancer du pancréas. Et après quelques mois de luttes et soins intensifs, les médecins avaient été clairs ; le jeune homme n'y survivrait pas. Le désespoir s'est abattu dans leur vie comme une fin sinistre dans une symphonie.
Dramatique, dur, distant et douloureux.
Élodie n'avait pourtant jamais pleuré devant Marc la terrible vérité. Le jeune homme avait déjà assez à faire avec sa propre peine alors sa compagne pleurait son chagrin chez elle. Soit seule soit accompagnée d'Amélie, ses pleurs coulaient.
Élodie vidait sa peine le soir venue, pour être toujours présente auprès de Marc. Elle allait d'ailleurs le voir tous les jours après les cours, et le week-end. Ensemble, ils parlaient de tout et de rien comme avant et jouaient de la musique. La jeune femme se chargeait d'apporter leur cappuccino et latte, qui devenaient toujours aussi froids quand le couple les oubliait.
Un autre coup de poignard fut porté à Élodie le jour où Marc n'arrivait plus à porter son violon. Son état se dégradait en flèche et le jeune homme n'avait même plus la force de tenir ce qui était sa passion. La jeune femme avait beaucoup pleuré ce soir là, consciente que la fin était au pas de la porte maintenant.
Marc était effectivement mort la semaine suivante, pendant qu'Élodie lui jouait son ultime morceau à la flûte à bec. Son cœur avait arrêté de battre au moment où les notes s'effaçaient dans l'air. Mais son sourire était resté, il était parti apaisé.
"Apaisé mais tout de même un peu, frustré, comme le disait toujours le jeune homme dans ses derniers jours."
Marc avait toujours eu un rêve ; devenir violoniste et gagner à un célèbre concours devant un jury.
Élodie avait un rêve ; devenir flûtiste à bec.
Pourtant, elle s'était faite une promesse ; si Marc ne pouvait plus réaliser son rêve, alors elle le ferait pour lui.
Élodie avait commencé le violon.
° Ellipse °
Élodie était parti tôt ce matin ci. Le sommeil ne l'avait pas aidé à combler le vide en elle. La jeune femme partit donc le chercher là où elle se sentait mieux ;
Au Coffee book.
Le café en question était assez peu connu dans la ville et gardait ainsi une ambiance apaisante et calme. L'endroit était chaleureux, dans les tons monochromes avec ses comptoirs et bibliothèques en bois et autres meubles peints en noirs. Les salariés étaient tous passionnés à la fois de café mais aussi de livres. Élodie aimait beaucoup partager ses récentes lectures avec eux.
Comme à son habitude, la jeune femme pris place dans la petite salle derrière le comptoir. Sa table était celle tout au fond à droite, juste à côté du mur vitré donnant sur un petit jardin intérieur. Tous les autres murs de la petit salle étaient recouverts de bibliothèques pleines à craquer. Si Élodie devait être honnête, elle avouerait avoir déjà lu la presque totalité des livres présents.
Son café latté lui fut servi avec un sourire chaleureux de Noémie, la nouvelle serveuse de l'endroit. Élodie la remercia puis retourna à sa lecture. Elle avait pris un livre au hasard sans trop réfléchir. Il lui fallait juste de quoi se changer les idées.
Les mots défilaient devant ses yeux, mais leurs sens lui échappait. Élodie lisait sans lire, ses pensées l'empêchaient de rester focalisée sur son roman. Son téléphone sonna à ce moment là et elle soupira en voyant le nom du contact.
Elle décrocha à contre cœur.
- Salut Maman, un problème ?
- Élodie, ma chérie, tout va bien. Tu t'inquiètes trop.
Élodie se retint de justesse de rétorquer qu'à l'inverse sa mère pourrait s'inquiéter plus. Le sourire de sa mère de l'autre côté du fil apparu dans son esprit alors elle se tut.
- Sûrement, murmura-t-elle seulement.
- Je t'appelais pour te dire que ton père a reçu son nouveau traitement et qu'il commence déjà à aller mieux. Il t'attend à l'hôpital.
- Je passerais.
- Ne traîne pas. Je raccroche, j'ai des choses à faire.
L'appel pris fin. Élodie soupira de nouveau et ferma son livre, elle n'avait plus l'envie de lire. Son café à la main, elle sortit du petit restaurant.
La jeune femme marcha sur les trottoirs de sa ville jusqu'à atteindre un parc vide. C'était à deux pâtés de maisons de son immeuble, Élodie avait pris l'habitude de s'y arrêter.
Son esprit vagabonda à l'étendue verdoyante devant elle, assise sur son banc entre deux arbres. Les gens passaient devant elle, la regardait et continuaient leur chemin. Élodie finit par décrocher son téléphone de nouveau lorsque la sonnerie ne pouvait plus être ignorée.
- Tu es où ?
- Au parc.
- Bouge pas, j'arrive.
- Tu es déjà en retard.
- C'est pour ça que j'ai dis que j'arrivais. Tu as intérêt à m'attendre.
- Dépêche toi au lieu de parler.
Élodie raccrocha finalement à son amie. Un petit sourire tirait les traits de son visage en s'imaginant bien Amélie en train de se battre avec sa crinière indomptable. Il était évident qu'elle venait de sortir du lit et qu'elle s'était souvenue à l'instant de leur rendez-vous. Un arrière-goût de déjà vu, un habitude plutôt.
La jeune femme de vingt-trois ans s'en amusait. En attendant que son amie arrive, elle en profita pour consulter son emploi du temps. Elle avait un trou le lendemain après midi, elle pourrait aller faire un tour à l'hôpital en prenant la ligne 3 du métro. Il faudrait qu'elle se dépêche cependant puisqu'elle terminait les cours lorsque les trains passaient. Elle ne devra pas traîner.
Sa pauvre tête surchargée se laissa tomber en arrière. Ses longs cheveux bruns suivants le mouvement pour pendre dans l'air. La brise de vent lui rafraîchit les idées avant que ne débarque son amie survoltée.
- "Pile à l'heure, se réjouit Amélie en s'asseyant juste à côté d'elle, le souffle court d'avoir dû se presser."
Élodie se contenta de rouler des yeux devant sa notion discutable d'être à l'heure. Et pour répondre à sa précédente interrogation sur la crinière incoiffable de son amie ; elle n'était pas coiffée. Amélie avait dû se décourager devant la tâche. Comme d'habitude, elle avait pris sa brosse à cheveux et la tendit avec un grand sourire à son amie de longue date.
Élodie rigola simplement en attrapant la brosse tout en s'attelant à sa tâche. Ses mouvements dans les longs cheveux épais avaient le long de l'apaiser. Surtout lorsque la crinière blonde était enfin impeccable. Élodie devrait cependant gronder son amie pour s'en servir d'excuses au moins une fois sur deux.
- "Tes parents t'ont appelés ?
- Oui, mon père a commencé le nouveau traitement dont je t'avais parlé. Ma mère veut que j'aille le voir, si elle pouvait m'y trainer tout de suite elle le ferait. soupira Élodie. J'irais demain aprèm.
- Tu veux que je viennes te chercher ?
- Je prendrais le métro, tu as du travail et je ne veux pas te déranger.
- C'est toi qui vois, mais tu ne me dérangera jamais."
Élodie sourit doucement à son amie même si elle ne pouvait pas le voir. La brosse finissait de démêler les longs cheveux tombants sur le dos d'Amélie. Ça faisait longtemps que la jeune femme avait arrêté de se demander comment faisait son amie pour lire aussi bien en elle. En un coup d'œil, Amélie avait toujours su déchiffrer son entourage comme si leur vie était écrite sur leur front. Honnêtement, ça fascinait Élodie.
- "Yann revient ce soir, je pensais aller dans un bar pour fêter ça. Tu viens ? Il n'y aura pas trop de monde, et je connais un endroit assez tranquille près du centre commerciale.
- Pourquoi pas. Quelle heure ?
- Vingt heure je penses. Son train arrive à dix neuf heures et il aura déjà mangé. Le temps de poser ses affaires à la maison et de se changer, on devrait être là-bas pour vingt heure.
- J'arriverais pour vingt-et-une heure alors, sourit malicieusement Élodie en démêlant les derniers nœuds des cheveux blonds Je serais pile à l'heure comme ça."
Amélie se contenta de renifler dans un rire amusé.
- "Je passe te prendre, soit prête.
- Je peux prendre le métro.
- Non, je passe te prendre, je préfère. Le métro n'est pas sûr. Je te ramènerais aussi.
- Oui maman, renifla Élodie en roulant des yeux une nouvelle fois.
- On se demande qui est la plus têtue."
Le regard espiègle d'Amélie croisa celui de son amie qui ne put plus retenir ses rires. Elles s'amusèrent ensemble de leur scène de ménage habituelle.
- "Yann reste combien de temps ?
- Une semaine à peine, soupira Amélie en rangeant la brosse dans son sac à dos noir. Il a beaucoup de travail dans sa boîte."
Élodie hocha la tête.
Elle aussi avait du travail, mais contrairement au petit ami d'Amélie, elle ne l'aimait pas.
° Ellipse °
- Tu es prêtes ? J'arrive !
20h32
- Je t'attends devant.
20h32
- Tu emmène ton violon ? La patronne du bar à posté une annonce pour recruter des musiciens.
20h33
- Je l'apportes...
20h34
Élodie lâcha son téléphone sur son lit. Elle finit d'attacher ses cheveux en une queue de cheval haute avant d'enfiler un long manteau noire. Ses bottes brunes finirent sa tenue sobres mais élégante pour ce soir. Ses yeux se posèrent sur la housse de son violon. Un soupir traversa ses lèvres.
Élodie attrapa l'instrument sans le regarder puis sortit. Elle ferma derrière elle son appartement et descendit jusque dans le hall de l'immeuble. Il faisait trop froid pour attendre dehors alors elle resta dedans. Connaissant Amélie, elle venait seulement de partir et n'arriverait que dans dix minutes.
La jeune femme se laissa tomber contre le mur de son hall, fermant les yeux doucement. Le silence emplissait l'endroit, à peine brouillé par le bourdonnement de l'allumage électrique.
Mais dans l'esprit d'Élodie, tout n'était que son, et plus encore, tout n'était que musique. Elle entendait le frottement des cordes, celui de l'archet qui montait et descendait, les aiguës, les graves, les parties en pizzicato, le dynamisme, la lenteur, puis le crescendo et le decrescendo. Élodie entendait, mais voyait aussi. Une image s'affichait clairement dans son esprit et ce n'était pas elle. Marc était celui qui jouait du violon.
Le bruit devient plus fort, de plus en plus fort. L'air vibra puis le corps entier de la jeune fille. Elle soupira. Élodie décrocha son téléphone.
- On est devant ma choupi, vient vite.
- On est déjà en retard, sourit Élodie en quittant le hall.
- Pas faute de lui avoir crier dessus pour se dépêcher, s'amusa une voix masculine en fond.
- Toi tais toi, contente toi de conduire.
- J'arrive, s'amusa-t-elle en raccrochant, arrivant près d'une voiture bleu allumée sur le parking.
C'était toujours pareil entre les deux amoureux, conclu-t-elle avec un petit sourire conquis. Elle en était ravie.
Pourtant, que son téléphone sonne autant aujourd'hui commençait à l'énerver. Élodie n'aimait pas les nouvelles technologies, ce qu'elle voudrait c'était revenir au temps où la correspondance par lettre dominait. Ce qu'elle ne donnerait pas pour recevoir une enveloppe déposée par une chouette sur le rebord de sa fenêtre.
Élodie ouvrit avec empressement la porte arrière de la voiture. Ce qu'il faisait froid ce soir là, elle était déjà glacée. Immédiatement, ses deux amis se retournèrent pour lui offrir de magnifiques sourires. Elle les rendit de suite.
- "Ça faisait longtemps que le trio ne s'était pas retrouvé au complet ! s'amusa Amélie tout en lançant une pichenette gratuite à son amant pour qu'il redémarre.
- Ça a manqué plus à certains qu'à d'autres, rétorqua Yann, lançant le GPS vers le bar.
- Je ne peux que confirmer, s'innocenta Élodie.
- Vous vous liguez contre moi, marmonna Amélie en faisant mine de bouder alors qu'elle répondait à des messages. Ah, effectivement, on est bien en retard, se surprit-elle de constater. Je crois qu'Allan va me tuer."
Élodie rigola en imaginant assez bien leur ami ponctuel s'énerver une fois de plus devant le regard permanent d'Amélie. Les menaces de morts ne dataient plus d'hier sur le sujet.
Survolant les doux mots de Yann concernant le fait qu'il protégerait sa tendre femme de tous les dangers, Élodie observa le paysage. Les bâtiments défilaient dans cette nuit sans étoiles. C'était plaisant à voir.
Le trio arriva devant le fameux bar dix minutes plus tard. Sortant de la voiture garée devant l'entrée faite de néons, les trois amis en profitèrent pour s'enlacer.
- "Vous m'avez manqué, murmura Yann, ses courts cheveux noir chatouillant à la fois Élodie et Amélie.
- Toi aussi, sourit simplement la jeune femme."
Ils se séparèrent doucement en souriant. Ils avaient toujours été très proches et c'était encore le cas aujourd'hui. Mais l'appel de la musique dans le bar et de la fête les sortirent rapidement du moment sentimentale.
Élodie en-tête, Amélie se cachant derrière pour éviter les foudres d'Allan, ils entrèrent. Les lumières dansaient autant que les personnes debout alors que résonnaient les conversations de tout côté. La musique était forte mais agréable et la senteur d'alcool bien présente.
D'un coup d'œil, le trio remarqua la table où était assis leurs amis. Ils s'y dirigèrent en profitant de l'impression chaleureuse que dégageait le lieu. Sa surface assez petite le rendait agréable. A peine assise qu'Amélie se faisait déjà taquiner par tout le monde pour son retard. Plus précisément, pour la raison de son retard cette fois ci. Et autant dire qu'ils ne parlaient pas de ses cheveux incoiffables, mais bien de la présence de son amant retrouvée tout juste.
Élodie s'en amusa d'un sourire innocent en sirotant le verre que ses amis avaient commandés pour eux.
Règle n°2 : La vie est faite de choix, que chaque individu fait en permanence et qui mène à des multitudes de chemins différents. Le présent est le résultat des choix passés, le futur se dessine sur les choix de l'instant présent. Mais les choix font peurs, parce qu'il y a toujours dedans cette impossibilité de savoir ce qu'il va se passer ensuite. L'imprévisibilité effraie.
La soirée était agréable ce soir là. L'endroit n'était pas complètement bondé et les boissons bonnes. C'était l'occasion de revoir ses amis et Yann qui ne revenait que rarement en raison de son nouveau poste dans un autre pays. Son violon avait été gentiment oublié derrière Élodie et ça lui allait comme ça.
La jeune femme se sentait bien.
Au alentours de vingt-trois heure, certains amis commencèrent à partir. Travaillant tôt le lendemain, Élodie commençait à rapatrier également ses affaires avec Yann et Amélie. Elle souhaitait passer aux toilettes avant d'y aller et s'y éclipsa rapidement.
C'est là qu'elle le vit.
Élodie se jeta au sol, secouant la silhouette qui y était entendue juste devant l'entrée des sanitaires du bar.
- "Monsieur, monsieur ! Réveillez vous, est-ce que ça va ? Donnez moi un numéro que je puisse joindre pour qu'un de vos proches puisse vous rejoindre. Monsieur !"
La jeune femme mis quelques minutes supplémentaires avant que l'homme au sol ne se redresse difficilement. Il tenait sa tête brune dans ses deux mains, comme un type complètement ivre. Vu l'endroit, ce n'était pas étonnant. Élodie avait déjà aidé plusieurs fois des personnes dans cet état, c'était le minimum à faire.
- "La musique, siffla l'homme en resserrant sa prise sur sa tête. Trop fort..."
Élodie l'aida à se redresser pour qu'il puisse se tenir au comptoir et ainsi s'assoir sur les chaises hautes. Elle découvrit alors la mine complètement douloureuse du jeune homme avec son teint blanchâtre.
La jeune femme chercha des yeux parmi les tables un regard qui essayerait de trouver l'homme à ses côtés. Malheureusement, personne ne faisait mine d'y faire attention.
Avant qu'elle ne puisse redemander quoi que ce soit à cet homme, ce dernier bondit sur un serveur qui passait par là.
- "Toi ! Putain toi, tu n'as pas honte de te présenter devant moi ?"
Élodie ne comprenait plus rien. Le brun qu'elle venait d'aider était en train de plaquer au mur un serveur du bar qui semblait bien le connaître. La musique était si forte et leur emplacement assez caché pour que la scène se déroule loin de l'attention.
Un violent coup arriva directement sur la joue du brun qui encaissa son brancher. Il rétorqua de suite avec un coup de poing dans le ventre du serveur qui réagit. Son visage se tordit de douleur et ce fut le déclic pour Élodie. Elle se jeta sur le brun qui s'apprêtait à donner un nouveau coup pour l'arrêter. Bizarrement, ce dernier se laissa complètement faire ce qui permit à la jeune femme de le traîner dehors avec elle.
Élodie fit attention en asseyant l'homme sur le trottoir avant de tomber à côté de lui.
- "Donne moi le numéro d'un proche à toi pour que je puisse l'appeler."
Le brun se contenta de fixer platement Élodie en essayant nonchalamment le sang qui coulait de son nez avec sa manche. Ses yeux sombres, comme fait d'onyx se posèrent sur ceux d'Élodie.
Il réagit finalement, soufflant de l'air chaud pour réchauffer ses mains tout en épelant un numéro. La jeune femme le copia et expliqua rapidement à l'homme de l'autre côté du file ce qu'il se passait. Elle donna l'adresse puis attendit avec le brun qu'il arrive.
Élodie le regarda de biais. Et elle devait l'avouer, il était tout simplement captivant. Il était beau, c'était une fatalité. Ses yeux onyx perdus dans le lointain et sa peau d'albâtre nuageuse avait de quoi faire rêver. Surtout avec ses cheveux bruns en pagaille et son air calme, doux et honnêtement rêveur. Maintenant loin de l'agitation du bar, Élodie découvrait une facette bien plus plaisante de l'homme qui à cinq minute s'en prenait à un serveur.
Mais cet homme avait quelque chose d'inexplicable dans ce qu'il dégageait. C'était tout simplement fascinant et Élodie n'arrivait pas à détacher les yeux de lui.
- "Tu es là. Ho, je vois que tu es occupée. Je te laisse ton manteau, on va t'attendre dans la voiture avec Yann."
Élodie remercia son amie d'un signe de tête en attrapant son manteau dans lequel se cachait son violon. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle grelottait de froid dans cette nuit, en jean et en sweat seulement. Elle enfila son manteau avec empressement en posant son violon sur ses genoux.
- "Tu fais de la musique ? la douce voix grave du brun attira les yeux d'Élodie sur lui de nouveau.
- Du violon.
- C'est ton instrument, demanda-t-il en montant son étui. Tu peux me jouer un air ? Je fais aussi de la musique."
Élodie ne put rien lui refuser, pas quand ses yeux onyx semblaient la supplier. Alors elle déballa son violon et son archet, le plaça sous son menton puis commença à faire vibrer les cordes. Les notes jouaient, chantaient, en accord avec le vent qui soufflait. Le son était doux, mélodieux, Élodie en ressentait le besoin. Elle ne voulait pas d'un morceau vif, non. Ce qu'elle cherchait pour ce soir était une sonate qui reflétait les sentiments, les états d'âmes et le calme de la nuit.
La grandeur du cosmos au dessus d'eux l'inspirait et elle se permit des improvisations sur le morceau.
Le vent souffla une nouvelle fois lorsque son archet se releva pour signer la fin. Son souffle la quitta alors qu'elle le retenait sans vouloir depuis quelques minutes peut-être. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas autant vibrer en jouant du violon.
Ses yeux revinrent se fixer dans ceux onyx qui ne l'avaient visiblement pas quitté du regard. Elle tressaillit devant l'intensité de l'échange visuel.
- "C'était magnifique, murmura le brun. Merci d'avoir joué pour moi."
Élodie s'apprêtait à lui dire que ce n'était rien lorsqu'une voiture s'arrêta juste devant eux. Un homme barbu sortit du véhicule et se précipita pour rejoindre le brun à ses côtés. Il semblait rassurer de voir qu'il allait bien, si on omettait son nez qui saignait encore un peu.
- "Merci beaucoup d'avoir pris soin de lui jusqu'à mon arrivé, le remercia le barbu.
- De rien, murmura-t-elle simplement en se relevant doucement."
Le brun en fit de même lorsque le barbu repartit à la place conducteur.
- "Tu joues vraiment bien, reprit le brun en ouvrant la porte. J'ai hâte de jouer pour toi à mon tour.
- Qui a dit que je voulais te revoir, s'amusa Élodie. Je n'ai même pas ton numéro.
- Vu comment tu me regardais, je pensais que c'était évident que tu voulais une prochaine fois, rigola le brun en fermant la porte et en ouvrant la fenêtre. Et pour mon numéro, tu l'as déjà."
Et sur ce, la voiture démarra.
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