Chapitre 10 : Ce qui dérange
- "Tu sais Élodie, tu m'impressionnes. Tu es toujours positive et tu ne te concentres que sur le bien de chaque chose. C'est vraiment impressionnant."
La jeune femme avait doucement relevé sa tête des draps blancs dans lesquels elle s'était laissée somnoler. La main douce de son amant continua à caresser tendrement ses longs cheveux bruns.
- "Regardes donc qui parles, sourit Élodie en se redressant assise à côté du lit d'hôpital."
La main sous cathéter alla se poser sur la joue douce de la jeune femme. Son pouce caressa son épiderme avec amour.
- "Il faut toujours que tu sois aussi têtue. Incapable d'accepter un compliment sans rétorquer, rigola Marc.
- C'est ce qui fait mon charme, sourit simplement la jeune femme d'un air innocent."
Le jeune homme approuva simplement et leurs regards se perdirent dans celui de l'autre. Le bip régulier des machines fût le seul bruit pendant quelques secondes où l'amour régnait plus fort que tout.
- "Je t'aime Élodie, ne l'oublie jamais s'il te plaît. murmura Marc en collant son front contre celui de sa compagne.
- Moi aussi je t'aime, ne t'avises pas de l'oublier sinon je viendrais te hanter pour toujours."
Un an plus tard, c'était cette même jeune femme qui se demandait si ce n'était pas elle qui était hanté. Hantée par le spectre d'un amour idyllique passé.
Le passé est la base du présent et le socle du futur.
A elle d'en retirer ce dont elle avait besoin pour continuer le chemin de son existence. Le reste, Élodie se devait de le laisser sur le parcours.
Le reste, Élodie se devait de le laisser sur le parcours
Thibault allait mieux. Il n'avait plus fait de cauchemars depuis une semaine. Son oncle était rassuré et ses poignets cicatrisaient enfin. Il retrouvait l'appétit et son teint pâle se fonçait jusqu'à sa carnation naturel.
Hier il avait même pu retourner en cours. Le brun n'avait pas pu échapper à la remontrance de ses amis qui lui avait tenus la jambe pendant bien vingt minutes sur l'importance de répondre aux messages. Thibault avait été touché en vérité.
Comme c'était le week-end et qu'il avait déjà rattrapé ses cours la veille, il avait pas mal de temps. Élodie était apparemment occupée aujourd'hui avec une de ses amies donc Thibault ne pouvait pas lui proposer de passer. Il pensa à écouter de la musique en lisant un de ses romans favoris jusqu'à ce que ses yeux se posent sur les CD empruntés.
Son oncle lui avait dis qu'il irait les redéposer mais Thibault pouvait bien le faire. Il se sentait souvent gêné de la gentillesse de son oncle à son égard. Le brun se sentait mal et avait l'impression d'en profiter.
Thibault enfila rapidement son long manteau noir et des chaussures. Il mit dans un sac tous ces emprunts et pris la direction de la bibliothèque sans plus de temps.
Il mit dans un sac tous ces emprunts et pris la direction de la bibliothèque sans plus de temps
Élodie avait été kidnappée de nouveau par Amélie. La blond voulait absolument que sa témoin soit là pour les essayages des robes de mariée. La jeune femme avait bien compris qu'elle ne pouvait pas refuser et avait terminé rapidement ses révisions pour la rejoindre.
Élodie comprit surtout qu'Amélie voulait lui changer les idées. Quoi de mieux que les préparatifs de son futur mariage pour ça ?
Yann avait apparemment réussi à passer entres les filets de sa conjointe pour éviter de devoir passer la journée dans les magasins. Élodie n'aimait pas beaucoup le shopping mais quand c'était pour Amélie, elle pouvait bien le supporter.
Les deux amies passèrent ainsi la journée ensemble. Elles ne firent que deux ou trois magasins avant de décréter qu'elles en avaient finalement marre. Amélie proposa alors de s'arrêter dans un salon de thé agréable et cocooning pour changer du Coffee bock.
Au final, elles discutèrent plus qu'autre chose. Élodie découvrit alors que son amie était en fait très stressée par la perceptive du mariage qui se concrétisait. La brune avait pensé que c'était Amélie qui serait très zen et Yann qui serait sous tension mais c'était apparemment l'inverse.
- "J'ai jamais vraiment douté de moi, et jamais douté de nous, mais j'ai peur de le décevoir, avoua Amélie en jouant avec la cuillère de son thé. Il est parfait pour moi Élodie, je vis le bonheur absolu avec lui. On s'engueule de temps en temps mais les disputes sont ce qui aide à stabiliser un couple je penses. On ne peut pas être d'accord sur tout et c'est notre capacité à l'accepter qui consolide notre relation. Je sais qu'on en est très fier tous les deux et c'est pour ça que j'ai peur que tout ça ne change. J'appréhende complètement le mariage et son impact en vérité.
- D'où votre discussion sur le fait que c'est un mariage non-officiel, sourit tendrement Élodie. Tu n'as jamais eu peur du changement, tu es tout le temps en recherche de nouvelles découvertes. Ce mariage va changer sûrement des choses dans vos vies mais si le changement vient de votre envie, forcément que ça va changer selon vos envie également. Tu n'as pas à t'inquiéter, tout va bien se passer Amélie. Et si jamais Yann te stresse avec ça, laisse moi m'en charger, je m'occuperais de lui."
La blonde rigola, sachant pertinemment que son amie ne rigolait qu'à moitié dans ses menaces pour la faire sourire. Élodie était une personne calme de prime abord et comme toute personne calme, mieux valait ne pas la chercher de trop.
Amélie attrapa les mains de son amie et les serra fort.
- "Je te fais confiance.
- Tu peux le faire, je t'assures."
Thibault était arrivé à la bibliothèque
Thibault était arrivé à la bibliothèque. Il entra rapidement dans l'imposant bâtiment et passa directement sur les bornes automatiques pour rendre ces emprunts. Une fois cela fait, il remonta à l'étage pour retrouver le petit paradis de CD. Le brun espérait pouvoir en retrouver des nouveaux et pourquoi pas les écouter avec Élodie.
L'étage était désert comme la dernière fois mais l'heure de pointe n'était pas encore arrivée.
- "Tu es finalement venu."
La voix de Yamine le tira de ses pensées et l'homme apparu devant lui, des livres à la main. Il était toujours le même, et Thibault se détendit en le reconnaissant. Étant que tous les deux à l'étage ils purent prendre possession d'un petit coin aménagé de fauteuils pour discuter.
- "Tu es venu pour quelques chose en particulier ? demanda Yamine en prenant place en face de Thibault.
- Venu rendre des CD, et en reprendre des nouveaux.
- Tu es déjà passé, ça veut dire qu'on s'est loupé, soupira dramatiquement le jeune homme aux cheveux longs blonds. Moi qui voulait te faire découvrir la bibliothèque, c'est raté."
Le brun roula simplement des yeux, passant au dessus des réactions théâtrales de son voisin.
- "Tu t'y connais en musique ?
- En musique ? Yamine paru songeur. Pas tout à fait, ça c'est ton domaine Thibault, sourit-il."
Le brun arqua un sourcil, surpris par la réponse. Le type en face de lui ne cessait pas de l'étonner. Tout à fait atypique.
- "J'ai des choses à faire, je vais devoir te laisser. reprit Yamine dans la même seconde. La prochaine fois vient emprunter des livres aussi, je pourrais te conseiller !"
Thibault n'eut pas le temps de répondre que l'homme était déjà partis. Le brun commençait à avoir l'habitude et ne resta pas plus longtemps sur le sujet. Il partis aux rayons des CD et en trouva effectivement quelques uns qui paraissaient sympas. Thibault les pris et partis les enregistrer. Il ne recroisa pas Yamine mais l'heure du déjeuner approchait et il avait du avoir sa pause.
Pour être aussi excité en permanence, le gars devait en consommer des calories. Il fallait bien qu'il alimente la machine.
L'air froid accueillit le brun en sortant de la bibliothèque. Plus qu'à rentrer.
Règle n°10 : Chaque individu est unique. Il a sa propre manière de percevoir les choses, et de les appréhender. Il agit selon sa manière d'être et c'est ce qui le rend lui-même. Ainsi, toute personne possède une identité propre et des individus avec qui il pourra créer des relations. L'humain est une espèce qui vit en groupe. Il a besoin de compagnie autour de lui pour survivre. La solitude n'est jamais la solution, elle peut cependant menée à un point finale ; la mort.
Thibault était rentré et avait déjeuné rapidement. Il était pressé d'écouter les nouveaux CD choisis et fonça dans sa chambre pour en profiter. Il lança les disques et y passa son après-midi. Le brun avait une passion dans la musique ; l'écouter et en tirer ses secrets. Que ce soit de sa formation musicale, du nombre exacts de musiciens, des groupes d'instruments utilisés. Il allait même jusqu'à retrouver le contexte historique de chaque œuvre pour mieux la comprendre.
Thibault aimait analyser pour comprendre. C'était ce qui faisait de lui un tel prodige de la musique.
Ce ne fut que vers vingt-deux heures qu'il fût stoppé par l'arrivée de son oncle. L'homme d'une quarantaine d'années toqua à sa porte pour vérifier si tout allait bien. Un soupir lui échappa lorsqu'il remarqua son neveu plongé dans la musique, le regardant innocemment. Ça voulait dire deux choses ; un il n'avait pas vu l'heure tourner et n'avait sûrement pas manger en conséquence. Deux, il n'avait fait que ça et ça expliquait pourquoi le jeune homme n'avait pas répondu à ses messages.
- "J'ai un creu, viens dîner avec moi. J'ai remonté du riz cantonnais et des nems."
Thibault sauta de son lit et rejoignit son oncle, s'excusant du soucis qu'il avait pu lui faire. Mais comme à son habitude, l'homme plus âgé se contenta d'une petite tape affective sur l'épaule.
- "Tant que tout va bien, c'est le principal."
Le brun adorait lorsque son oncle lui disait ça.
Et il aurait adoré que ça reste vrai plus longtemps. Cette même nuit, il refit des cauchemars à n'en plus finir. Thibault transpirait et hyperventillait dans son lit, complètement paniqué. Ses yeux étaient grands ouverts dans le noir de sa chambre.
Il les avait revus, encore.
Ses parents, et son petit frère.
Thibault serra sa tête pour effacer les souvenirs qui remontaient.
Élodie avait été heureuse de constater que son ami brun allait mieux lors de leur dernière rencontre
Élodie avait été heureuse de constater que son ami brun allait mieux lors de leur dernière rencontre. Même les bandes sur ses poignets avaient disparues. La jeune femme n'avait pas vu ce qu'elles cachaient avec les sweat larges que portait Thibault mais ce n'était pas le plus important.
Ses yeux verts se posèrent avec peine sur le retour des cernes sur le visage pourtant si joli du jeune homme.
- "Tu dors pas bien ? osa Élodie d'une petit voix.
- Pas vraiment faut croire. Ça avance ta musique ?"
La jeune femme ferma les yeux sur le changement rapide de conversation. Si Thibault n'était pas prêt à se confier, elle ne le forcerait pas. Elle se demanda pourtant où se trouvait la limite entre vouloir ne pas le forcer et le moment où il pourrait être trop tard pour le faire.
- "Je crois que j'ai fait des progrès, je te montre ?
- Avec plaisir."
Comme à leur habitude maintenant, le brun s'occupa de préparer des boissons et Élodie s'installa dans le canapé. Elle ouvrit l'étui de sa flûte à bec, appréciant pendant quelques secondes la vision de cet objet en bois vernis. La jeune femme prenait régulièrement le temps de l'admirer, simplement de la regarder. Ça lui donnait du courage et l'envie nécessaire pour ensuite la prendre en main.
Thibault posa deux tasses de cafés sur la petite table basse et laissa à Élodie le temps de se préparer.
La jeune femme fit quelques essais en sortant plusieurs sons simples pour vérifier que tout était en ordre. Puis, elle commença à souffler et ses doigts bougèrent.
Le brun avait pris l'habitude d'observer Élodie quand elle jouait. Elle était fascinante honnêtement. Une intensité de concentration et de rayonnement l'entourait en continu lorsqu'elle créait de la musique. C'était encore plus flagrant à la flûte à bec. Les yeux verts se fermaient pour rendre le moment plus intime avec elle-même.
La mélodie était ni trop lente ni trop rapide. Elle dégageait un sentiment chaleureux mais calme, comme l'eau d'une rivière. Élodie était focus sur son souffle, une partie qui nécessitée des années d'entraînements pour maîtriser réellement. Elle inspirait rapidement mais explusait l'air bien plus doucement, à intervalles changeantes. La musique partit dans les aiguës et ses doigts chassèrent les crevasses de la flûte.
Les yeux verts se rouvrirent avec surprise lorsqu'une seconde mélodie se superposa à la sienne. Elle rencontra le regard appliqué mais détendu de Thibault qui avait à son tour attrapé sa flûte pour l'accompagner. Élodie le pris comme un défi et se concentra d'avantage sur ses notes.
Les deux sons sonnaient merveilleusement bien ensemble et Élodie comme Thibault se sentait momentanément hors du temps. Ça leur fit un bien fou, à eux deux d'ailleurs.
Lorsque la musique s'acheva finalement, les deux jeunes gens prirent plusieurs minutes de silence pour reprendre pied. Élodie resta dans le monde de sa réflexion un peu plus longtemps alors que Thibault s'était levé. Tout ça pour s'asseoir juste à côté de la jeune femme qui sortait de sa bulle. Ses yeux se posèrent avec surprise sur la tête brune qui s'était appuyée contre son épaule.
Élodie sentit une goutte d'eau tomber sur sa main, cachée par la touffe de Thibault. La jeune femme compris bien que son ami pleurait. Que cette gouttes d'eau était une larme, bientôt suivi d'autres.
Élodie se retourna à demi pour pouvoir prendre Thibault dans ses bras. Ses petites mains firent de leur mieux pour caresser son dos tremblant sous les sanglots.
- "Je suis là, murmura-t-elle doucement à plusieurs reprises. Tout va bien, je reste avec toi."
Au bout de peut-être une heure, le brun se calma et miraculeusement, son oncle arriva au même moment. Élodie n'eut que le temps de lui expliquer ce qu'il s'était passé avant que Thibault ne s'évanouisse dans se bras.
Le corps moue et lourd de son ami dans ses bras rappela à la jeune femme la première fois que Marc était tombé dans les pommes avec elle.
Le début de la fin.
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