.33. Hors du temps

Lugubre, glauque, tendu, c'était certains des nombreux mots qu'il était possible d'utiliser pour décrire l'ambiance générale dans la pièce, tout le monde était silencieux, fixant ses propres mains, trop occupé à paniquer et avoir peur pour penser s'occuper autrement. Personne ne pouvait repousser ce qui arrivait, on ne pouvait pas fermer les yeux et faire comme si ça n'existait pas, tout le monde savait pertinemment qu'un médecins aller surgir par la porte, regarder tout le monde, et les mots qu'il dirait serait la seul chose qui définirait ce qui allait arriver ensuite, pour l'instant ils devaient attendre. Comme des âmes dans le purgatoire, attendant le jugement, pour savoir si ils aurait droit à une certaine rédemption ou à une punition éternelle. Pour être tout à fait honnête, c'était parfaitement comme ça qu'il voyait la pièce et les gens dedans, assis ou debout, calé contre un mur, faisant les cents pas. Personne n'avait la tête à la conversation.

Il leva ses yeux pour les faire courir sur les personnes autour de lui encore une fois. Harry était assis à côté du lit, les mains jointes sur le matelas, aux côtés de son corps, impassible, ses sourcils froncé sévèrement, il était comme perdu dans un autre monde uniquement fait de préoccupation et d'inquiétude. Liam était assis de l'autre côté, son corps ramassé vers l'avant, les mains tombant entre ses cuisses, il fixait le sol, sans bouger, sans geindre, voilà qui faisait presque peur, de le voir comme ça, si concentré sur ses pensées qu'on avait l'impression qu'il n'était plus là, qu'il était derrière une vitre emplie de buée. Ange était contre le mur, ses yeux étant la paire la plus vif dans la pièce alors qu'elle regardait au maximum autour d'elle. Elle était une personne de nature très agité et il supposa alors que c'était sa façon de laisser ses pensées la guider, comme si elle suivait un fil logique de ses yeux qui se dessinait dans l'air, le long des murs, du plafond, et parfois elle faisait des petites grimaces contrites ou tristes en secouant sa tête avant de prendre un autre fil, comme si tous les chemins possibles menaient à la même fin. Kaitlyn était la plus actif physiquement, bougeant sur place, tapissant le sol de ses pas en aller-retour constant, le son sonnant aussi abominablement stressant que le tic-tac d'une horloge. Elle avait sa lèvre basse entre les dents, et la torturait inlassablement alors qu'elle passait très souvent des mains nerveuses dans ses cheveux.

Il était le seul à ne pas s'inquiéter pour lui, il se fichait de ce qui pourrait lui arriver, si il devait mourir alors qu'à cela ne tienne, il avait beaucoup vécu ses derniers mois et avait connu assez de bonheur pour une vie entière, et si ça devait se finir après un mois de misère alors tant pis, il pouvait toujours rendre ses derniers mois, jour, heures, plus belles. Le vrai soucis ici, c'était qu'il ne voulait peut-être pas partir si vite, si jeune, et puis les voir tous les quatre dans sa chambre, se sentir mal, apeuré, qu'il puisse disparaître du monde, c'était douloureux. Ce n'était pas mourir le vrai problème, il n'avait pas peur de la mort, il l'avait assez approché pour savoir qu'il ne fallait pas en avoir peur. Le vrai problème c'était les laisser dans la peine, lui ne sentirait plus toute la douleur de la vie, mais eux oui, et ils auraient aussi le deuil, la peine, le manque. Les voir se faire un sang d'encre pour son diagnostique lui faisait peur. Il ne voulait pas qu'ils souffrent.

Ses pensées lui tirèrent un soupir et il baissa ses yeux vers son corps sous la couverture, les mèches rose tombant dans son champs de vision se ressentant comme un enfant qui voudrait vous remonter le morale, ça lui fit la même sensation. Il fit un petit sourire en soufflant un rire amusé.

''J'en ai assez.'' Tout le monde sursauta en suivant la provenance de la voix, le bruit de la chaise grinçant sur le sol. La couverture de son lit vola quand elle fut tiré en arrière et puis il sentit un bras saisir ses jambes et l'autre son corps.

''Qu'est ce que tu crois être en train de faire ?!'' La secondes chaise grimpa et Louis tourna ses yeux vers Liam en laissant Harry se redresser en le tirant contre lui. Il se reporta aussi vite vers Harry, au dessus de lui, sentant son cœur soudain battre la chamade d'être contre lui de la sorte, de se sentir être porté de la sorte.

''Je ne vais pas attendre ici comme un chien en cage, pardonnez moi pendant que je laisse Louis échapper à tout ça une minute.'' Et sans demander son reste il partit vers la porte pour sortir, observant autour de lui que personne ne pourrait l'arrêter. Louis était en blouse de patient, donc ça pouvait vite avoir l'air suspect comme action.

''Harry où on va ?'' Demanda-t-il quand il vit qu'il prenait un pas précipité vers l'ascenseur.

''Dehors.'' Déclara-t-il en courant dans l'ascenseur juste avant que les porte ne se ferme.

''Pourquoi ?'' Chuchota-t-il ensuite.

''On a pas le temps de s'inquiéter pour ça, je sais que tu ne mourras pas. On a pas la temps pour ça, on va sortir, on va profiter, et oublier un instant.'' Dit-il en regardant devant lui, évitant son regard avec force, comme si il avait peur de devoir le voir, faire face à n'importe quoi qu'il pourrait trouver dedans. Louis pinça ses lèvres et coucha sa tête contre son épaule, et il enlaça sa nuque, se tirant contre lui, se nichant sur lui même, enfonçant son visage dans le cou de Harry. La main glissa sur son dos et se posa tendrement sur sa tête, dans ses cheveux teint de rose.

''Sortons.'' Chuchota-t-il tout doucement. Et Harry hocha de la tête. Aussitôt que les portes s'ouvrirent il sortit, sur ses gardes, avant de partir vers le parc. Il sentit le pas rapide de Harry frapper le sol alors qu'il passait inaperçu dans les couloirs peu fréquenté de l'hôpital de nuit. Et en rien de temps ils furent dehors, le vent s'enroulant autour du corps de Louis, frissonnant dans le froid. Harry le serra plus fort et Louis geint un instant avant de se sentir parfaitement bien, au chaut, en sécurité. Et là, dans les bras de Harry, contre lui, leur cœur l'un contre l'autre, il se dit que, finalement, il y avait peut-être une part de lui qui ne voulait pas mourir, il avait encore envie de ça, de Harry, de son affection, de sa présence, et mourir signifiait ne plus jamais le voir, le perdre, et ça.. ça lui brisait le cœur.

Ça lui permit aussi de réaliser combien il était toujours totalement amoureux de Harry, parce qu'à cause de lui il avait peur de la mort, pas de ce qu'elle voudrait dire pour lui, mais du fait que la mort les sépares et c'était ça qui était terrifiant, qui faisait mal, et c'était comme ça pour une chose. C'était parce qu'il aimait Harry, plus fort que tout, plus qu'il n'avait jamais pu aimer qui que ce soit, un amour tellement profondément différent de tout ce qu'il avait connu en dix-neuf ans de vie. Un amour unique, l'amour qu'on portait à un premier amour, à la première personne qui bouleversait votre univers entier, et quel gâchis, quel profond gâchis que ce soit lui, Harry, et pas un autre. Et pourtant, il ne pouvait pas empêcher son cœur de battre fort, la chamade, une vrai cacophonie.

Il leva finalement ses yeux, voyant Harry se tourner vers lui lentement, laissant ensuite tomber son front contre le sien. Ils fermèrent leurs yeux en même temps, soupirant d'allégresse l'un contre l'autre. ''Je ne vais pas mourir.'' Assura-t-il tout doucement en posant une main contre la joue de l'homme, tremblant un peu dans la fraîcheur automnal.

''Je sais.'' Répondit Harry. Et pourtant ils avaient peur tous les deux de se tromper.

''Je peux te demander une faveur ?'' Demanda-t-il doucement, ses mots disparaissant avec le vent qui faisait voler toutes les feuilles de l'automne autour d'eux. Harry hocha la tête à la question. ''Oublions pendant trente secondes tout ce qui est arrivé jusqu'à maintenant... juste un instant laissons tout ça de côté.. et embrasse moi.'' Souffla-t-il, si doucement que le vent sembla être une rafale bien bruyante à côté. Harry ne répondit pas, et il n'eut simplement pas besoin de fournir de réponse. Parce que, sans même attendre de reste, ou quoi que ce soit d'autre, il fondit sur sa bouche pour y poser la sienne, dans un contact tendre, affectueux.

Et ce fut presque magique. Au moment même où le contact naquit il y eu comme un tourbillon de vent autour d'eux, et un tumultueux ouragan de feuilles rousses dansant dans le vide autour de leurs corps, comme dans un film au ralentit, comme dans une série bidon. Ils étaient les deux protagonistes, seuls au monde, se tirant l'un contre l'autre avec une tendre légèreté, au milieu d'un monde venteux qui rendait le moment encore plus fort et intense. Louis pris une profonde inspiration et eu l'impression de se sentir vivant pour la première fois depuis trop longtemps an sentant les lèvres apprécier les siennes, les embrasser avec une longue caresses sentimental, un câlin agréable, une danse fulgurante de sensation quand leur langue ne purent que se retrouver, comme deux amants tenus éloigné trop longtemps. Il lécha les lèvres humide et rose vif et fit un petit sourire avant de replonger sur lui aussi vite, ne pouvant que faire cela, que se laisser disparaître et aimer ça, et les mains douces mais fortes en même temps sur son corps. Ça lui avait tant manqué de sentir ce contact si spécial, les lèvres de Harry danser un slow valsant avec les siennes. Il ne put que pousser un soupir d'allégresse, de bonheur pur à se sentir si proche de lui à nouveau. Parce qu'il lui avait manqué.

L'homme se recula tout doucement, laissant un son humide combler le vide entre eux et Louis fit papillonner ses paupières avant de sourire en voyant le visage heureux de Harry, ses yeux brillant de bonheur. Il souffla un petit rire et lécha ses lèvres avant de se tirer vers lui à nouveau, avec une certaine urgence pour piquer ses lèvres de plusieurs petits baisers, testant la patience de Harry qui finit bien vite par glousser pour attraper ses lèvres à nouveau, les saisissant sans fin, comme si chaque fois était plus appréciable que la précédente.

Oh et le monde n'existait plus. À cet instant, sous une pluie de feuille rouge vif, orange, jaune, il n'y avait rien ni personne, il n'y avait que Harry, son cœur battant contre le sien, et leur lèvres, amoureuses, inséparables. Louis en perdit son souffle et sa raison, son esprit et tout ce qui était encore sensé en lui. Il recula à nouveau et prit soin de lécher ses lèvres avant d'ouvrir ses yeux, reprenant son souffle longuement contre Harry quand celui-ci cogna leur front ensemble. Louis poussa un petit gloussement en laissant ses mains glisser depuis les joues de Harry vers ses cheveux pour jouer avec. Il laissa un ultime petit baiser sur ses lèvres avant de coucher sa tête sur son épaule à nouveau. ''Je ne suis pas trop lourd ?'' Dit-il finalement, sans réellement savoir pourquoi il réalisait à peine être toujours dans les bras de l'homme.

''Tu déconnes ? T'es plus léger qu'une plume.'' Ils rirent doucement et il ferma ses yeux. Laissant le vent frapper leur corps alors que Harry couchait sa tête par dessus la sienne en laissant de petit baiser sur sa tête.

''Merci.'' Murmura-t-il à un instant, au milieu du néant. ''De m'avoir fait oublié, de m'avoir fais sortir.'' Précisa-t-il.

''Non... merci à toi Louis. Merci de faire battre mon cœur comme il n'avait plus battu depuis des années.'' Il fit un sourire et se nicha un peu plus contre Harry, frottant un peu sa joue contre lui comme pour trouver une position plus confortable. Et puis ils restèrent encore comme ça, dans leur monde, hors du temps, hors de tout, oubliant pourquoi ils étaient là, quel menace planait, oubliant tout sauf le principal. Aucun des deux ne voulaient y penser, alors pourquoi se feraient-ils l'affront de rapporter ça au milieu de leurs préoccupations alors que le monde était en train de leur offrir un territoire imaginaire leur appartenant, qu'ils étaient en train de partager le moment le plus privé, intime, et fort qu'ils n'avaient vécu, et pourtant ils en avaient partagé des choses. Et Louis eut l'impression, au moins minime, de retrouver son Harry, celui duquel il était tombé amoureux, et ça lui donna de l'espoir. Si il avait un cancer, alors il se battrait pour vivre, parce qu'il voulait encore connaître ce Harry, tendre, doux, affectueux, et il voulait savoir pourquoi il avait agis comme il l'avait fait, il voulait comprendre, il voulait savoir ce qui poussait quelqu'un comme Harry, qui semblait pourtant si doux, à agir comme il l'avait fait, il voulait être sûr de sa culpabilité, et même si il ne voulait pas y penser pour l'instant il voulait quand même promettre, face au ciel, et aux astres cachés derrière le jour, qu'il allait savoir, enfin, tout ce qui habitait Harry, tout ce qu'il ne connaissait pas, et qui allait définitivement changer le cours de leur histoire, qui allait leur faire prendre un virage serré. Il le savait déjà. Parce qu'il n'y avait que ça qui définirait comment irait leur histoire, leur aventure, leur romance malsaine. Il voulait l'explication, et il l'aurait.

Mais pour l'instant, il y avait un docteur qui les attendait à l'entrée, et une nouvelle à apprendre. Quoi qu'elle fusse, Louis savait déjà qu'elle avait mené beaucoup de malheur avec elle, mais aussi un rapprochement conséquent des âmes de Louis et Harry, les liants un peu plus l'un à l'autre dans le court vide de l'existence, un lien qui leur offrait un tout dans le néant, un lien qui leur permettrait de passer par delà beaucoup de barrière et d'obstacle.

Un lien qui avait un nom qui commençait par un A.

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