.20. Dormir pour oublier
Il observa le soleil à travers les nuages et souffla contre la douleur qui lui jouait des caprices dans ses jambes. C'était éreintant de marcher et il avait l'impression que son cœur allait exploser à n'importe quel moment, mais en même temps il était content de mettre un peu le nez dehors, c'était vrai qu'il ne l'avait pas assez fait ses derniers temps et son corps se sentait comme reconnaissant de le faire enfin fonctionner à nouveau. Et la petite main de Lucia dans la sienne était aussi une bonne partie de sa joie. ''Tu viens à la maison avec nous ?'' Il baissa ses yeux vers Ludovic et fit un petit sourire désolé en secouant sa tête.
''Non mon grand, je ne vis plus à la maison.'' Il n'avait jamais pensé qu'il dirait de tel mot un jour, 'à la maison' n'était même plus 'à la maison' maintenant. Il n'avait que dix-neuf ans et devait déjà expliquer à son frère de quatre ans pourquoi il ne rentrait pas chez eux. Comment vouliez vous lui dire que leur père ne voulait plus de lui ? On ne le disait pas. À la place on priait en silence pour ne jamais arriver à cette dite maison où il allait devoir les laisser, et ça faisait peur, il ressentit cette même peur que le soir des Teenage Choice Award, cette peur de laisser ses six âmes-sœurs sous le toit de cette personne, la peur de les voir doucement lui échapper. Il n'avait pas peur de William, il avait peur de ce qu'il racontait à ses frères et sœurs et qui pourrait à tout moment les faire disparaître de sa vie.
Il poussa un petit soupir en laissant ses yeux vagabonder sur la petite troupe autour de lui, sur Lucia main dans la main avec lui, Ludovic et Lenny main dans la main également, le plus vieux tenant aussi sa main, et les trois fille qui papotaient devant. Trois semaines qu'il n'avait pas fichu le nez dehors une simple fois, et voilà qu'en un rien de temps il marchait dans les rues de Doncaster avec sa fratrie. Comme quoi ce n'était qu'une question de volonté. Une volonté qui avait besoin de motivation, et il venait juste de retrouver la sienne. Un sourire étira ses lèvres, il se sentait étonnamment vraiment bien, il avait l'impression de pouvoir tout faire, n'importe quoi, aller n'importe où.
N'importe où fut la maison familial des Tomlinson. Tout le monde s'arrêta sur le bord de la route et il glissa sur ses genoux pour serrer les trois plus jeunes dans ses bras, laissant des baisers sur leurs joues tour à tour et laissant des poutous bruyant pour les faire rire. ''Tu vois.'' Dit-il à un instant en se tournant vers Ludovic. ''Je t'avais bien dit que je reviendrai.'' Il fit un clin d'œil et Ludovic gloussa en hochant de la tête. Alors il leva son petit doigts pour voir celui de Ludovic s'y enrouler et il le serra doucement. ''Je te fais la promesse que où que je sois, je reviendrai toujours Ludo. Ok ?''
''Ok.'' Répondit son frère. Il lui fit un dernier sourire et se releva avec un peu de difficulté, souriant et écartant ses bras pour serrer les trois plus vieilles. Elles ne se firent pas prier pour venir auprès de lui et il les serra fort contre lui, autant qu'il le pouvait en considérant le fait qu'elles étaient bien plus grande que les trois petits. Quand il rouvrit ses yeux, après avoir laisser milles baisers sur chacune des joues de ses sœurs, il ne vit que William et Michelle sur le pas de la porte. Louis fixa leur regard et les fuit aussi vite pour regarder la rondeur du ventre de sa mère, la nouvelle vie qui s'apprêtait à connaître ce monde, et qui n'avait aucune idée d'où il allait atterrir.
William rappela rapidement à l'ordre tous les enfants, lançant un regard de travers à Léane pour lui dire qu'elle ne s'en tirerai pas s'en représailles d'avoir osé passer l'après-midi chez Liam. Louis resta immobile sur le trottoir, attendant un simple geste, un regard, quelque chose, que sa mère vienne, le serre contre lui, qu'on lui dise de rentrer boire ou manger quelque chose avec eux, d'à nouveau faire partit de sa famille. Rien n'arriva pourtant. Sa mère partit dans la maison, et William se contenta de le pointer d'un doigts sévère, un geste qui voulait dire 'fait attention à toi, je te surveille', et puis il claqua la porte et Louis se retrouva à nouveau seul.
Il déglutit et baissa ses yeux. Une voix, quelque part au fond de lui murmura doucement, un son ensorcelant qui entortilla son âme, son être, une voix pleine de poison qui ressemblait beaucoup trop aux sirènes de l'Iliade et l'Odyssée, mauvaise, vil, mais pourtant tellement séduisante qu'il en oubliait la dangerosité. Il savait que la voix avait tord, mais il avait envie de la croire. Ce n'était qu'une question de temps, avant qu'il les perde tous, que William lui les arrache entièrement, qu'il les perde, qu'il soit condamné à errer sans ses âmes-sœurs, sans son unique motivation, le condamnant à n'être que vide, emplie juste de douleur et de solitude.
Il rebroussa chemin jusqu'à la maison des Payne, qui était le seul toit qui lui restait. Il entra dans la maison et essuya ses chaussures sur le paillasson et les retira avec ses pieds, souriant vers Julia et Christophe tout deux au salon, et il partit vers la chambre qu'il occupait. Tout le monde avait fini par être habitué à ne pas le voir, il avait cru surprendre une conversation entre Liam et son père, ce dernier lui disant qu'il se démenait bien trop pour Louis. Il était d'accord, il n'était réellement et littéralement qu'un boulet au sein de la résidence des Payne, il passait sa journée au lit, il dormait tout le temps, parce que dormir lui faisait oublier tout le reste et que pendant ce temps il n'était plus dans son corps. Il ne faisait rien d'autre que pousser Liam au pied du mur, à la détruire psychologiquement en étant une vrai épave.
Christophe et Julia le laisser faire sa vie, même si il savait aussi qu'ils se faisaient du soucis pour son état en plus de celui de leur propre fils, il avait un sommeil souvent léger puisqu'il ne dormait pas par fatigue physique mais émotionnelle, il était bien souvent réveillé par un des deux se tenant dans l'embrasure de la porte juste pour être sûr qu'il allait bien, ou pour poser un autre verre d'eau sur la table de chevet. Il était conscient de ne pas agir de la bonne façon avec eux, mais il avait si mal tout le temps, il ne voulait plus rien faire. La peine, la douleur, les tourment, la honte, la culpabilité, tout ça le gardait enfermé dans son propre monde. Même après voir vécu une bonne chose, il ne faisait que retomber. Preuve faite avec les derniers événement.
Quand il revint de chez lui, il se laissa tomber dans le lit, sans même se changer. Les draps avaient été changé, et la chambre aéré, c'était étrange, il avait l'impression de perdre les seul repères qu'il avait gagné, il se sentait désorienté par un si petit changement, et ça en disait beaucoup trop sur comment il se sentait en ce moment. Perdu, seul, abandonné, rejeté, crasseux et encore plus dans les draps propres, comme si ça accentuait un certain contraste.
Il enfonça son visage dans l'oreiller et tira la couverture au dessus de lui. Encore une fois, il se mit à pleurer.
Il n'y avait comme aucune fin à ce terrible cercle vicieux dans lequel son âme entière était engouffré, il ne voyait plus aucune lumière au bout du tunnel, il avait l'impression que plus rien n'avait de sens, il était aveuglé par tout ce qu'il avait au fond de lui, sur le fait que sa vie entière avait glissé entre ses doigts. Ce ne serait qu'une question de temps avant qu'il n'ai plus un sous pour payer une simple assurance de santé ou la pension qu'il versait au Payne de le gardait sous leur toit, il n'aurait plus rien, plus de quoi aller en cours, avoir de voiture, payer son essence, c'était la fin de sa vie, elle avait juste un point final, et plus rien n'avait de sens. Et son unique motivation lui serait arraché, et cette unique visite avait été comme un sale coup, comme remuer de la viande sous le nez d'un chien sans la lui donner.
Dans l'histoire quand une promesse faite au petit doigt n'était pas tenu, il fallait se couper l'auriculaire qui avait servit à promettre, alors il pouvait sûrement d'ors et déjà couper le sien. Parce qu'il avait l'horrible sensation que jamais il ne tiendrai la promesse fait à son frère.
Il ne tenait aucune promesse, il n'en avait pas la volonté, ni l'envie, ni l'occasion. Il n'avait pas tenu celle qu'il avait fait à Liam de tenir bon, d'aller mieux, il ne tiendrait pas celle faite à Ludovic, il n'avait pas tenu celle qu'il avait fait à Niall non plus, le jour où il était venu le voir, le jour ou il avait connu un autre corps que celui de Harry contre le sien. Et ça avait été à la fois merveilleux, et à la fois un cauchemar. Parce que ça avait été si doux, si beau, si agréable, comme si Niall avait fait ça pour lui, et que lui l'avait fait pour Niall. Et ça n'avait fait qu'une chose après, ça ne l'avait fait réaliser que combien il avait été trompé et mal traité auprès de Harry, combien la relation qu'il avait cru si belle et incroyable n'avait été qu'une connerie, une débilité, un mensonge, c'était évident, chaque fois que Harry avait posé ses mains sur lui il ne l'avait fait que par pur égoïsme, parce qu'il voulait que Louis lui appartienne, et qu'il l'avait manipulé afin d'obtenir ce qu'il voulait : du sexe.
Et il avait souhaité avoir pu connaître Niall plus tôt, plus profondément, mieux, avoir pu passer une après-midi comme celle-ci plus tôt, dans le lit, dans des soupirs de désir, dans une douche brûlante contre une parois glacé, il aurait aimé connaître ça avant. La douceur de main bien attentionné sur son corps, la saveur de lèvres bien attentionné sur les siennes et sur sa peau. Même si Niall et lui n'était pas amoureux, ça avait toujours était une meilleur chose. Même alors qu'ils s'étaient mit d'accord pour dire que ça ne voulait rien dire, que ça ne signifiait pas qu'il essaierait quoi que ce soit tout les deux, que ça avait juste été un moment comme ça, pour eux, pour se faire du bien, pour se donner du plaisir, ça avait quand même été bien plus doux et beau que quoi que ce soit. Il avait été si stupide et si aveugle tout ce temps. Il aurait aimé n'avoir jamais offert chacune de ses premières fois à Harry, il ne les méritait pas.
Ce jour là, dans le lit, quand ils avaient été nus l'un contre l'autre, essoufflé, Niall lui avait demandé de ne pas abandonner, de ne pas se laisser aller. Il l'avait fait promettre de recommencer à vivre. Il avait promis. Il avait même essayé, il avait même assuré à Niall qu'il le ferait quand il lui avait dit au revoir quand il était repartie, et Niall lui avait dit qu'il lui faisait confiance. Il avait essayé, deux jours peut-être, avant de retomber de si haut, de faire à nouveau des rêves où Harry le tiendrait dans ses bras tendrement, laisserait des baisers sur son visage et lui dirait 'je t'aime et tu ne dois jamais oublier ça.. jamais.'. Ça sonnait trop réel et trop sincère, trop 'pas Harry'. Et ça avait été le début de la fin à nouveau. Il avait essayé pourtant, de voir le bon côté de la chose.
Il n'y en avait juste pas. Il n'y avait aucun bon côté. Il était destiné à se sentir comme ça pour toujours.
''Louis...'' Il renifla et poussa la couverture pour se tourner vers la porte derrière lui, observant Liam dans l'ouverture de la porte. Il essuya ses joues et se tourna à nouveau vers la fenêtre.
''Laisse moi s'il te plaît.'' Chuchota-t-il, effrayé que si il parle d'une voix plus forte elle ne s'effrite et tombe dans un puits sans fond de tourment et qu'elle ne se brise. Il entendit la porte se fermer et puis un corps s'allonger derrière le sien, il sentit une main grimper sur son corps pour aller s'enfoncer dans ses cheveux pour les papouiller affectueusement. Il retint son souffle et ferma ses yeux pour essayer de se concentrer sur ça, sur cette sensation, sur ce bien être. Il aimait quand Liam lui faisait des papouilles, c'était une autre façon de s'échapper pendant un instant de sa vie.
''Tu veux que je dorme avec toi ce soir ?'' Il renifla encore une fois et toussa.
''Tu ferais ça pour moi ?''
''Oui. Tu n'es pas tout seul Louis, je suis avec toi encore.''
''Je ne veux pas que tu gâche ta vie à essayer de me soutenir.''
''Rappel moi qui tu es par rapport à moi ?'' Il fronça ses sourcils et se tourna lentement vers Liam, sentant les doigts bouger dans ses cheveux, pour aller doucement frotter sa nuque d'une douce caresse.
''Ton meilleur ami ?'' Tenta-t-il en évitant son regard, passant ses doigts sur ses joues.
''Exact.'' Confirma Liam. ''Tu es mon meilleur ami, je te connais depuis des années, presque deux décennies. Ça fait presque dix ans que je te voyais plus pleurer, que tu n'avais été aussi atteint par quelque chose dans ta vie, te laisser est la dernière chose que je devrais faire. Je ne peux pas 'gâcher ma vie' en te soutenant. En te soutenant je te garde dans ma vie, j'ai une chance de te voir à nouveau rayonner et sourire et être heureux, ne pas te soutenir te détruirait d'autant plus, et ça me détruirait moi même. C'est vrai que ce n'est pas un devoir, parce que tu n'est pas un fardeau ou une responsabilité. Tu es juste toi, et tu es important à ma vie depuis des années, continuer mon existence comme si tu n'était pas en train de mourir à petit feu serait la pire erreur que je pourrais faire. Quand quelqu'un a besoin d'être entouré, aimé, et soutenu, il mérite de l'être, surtout si cette personne c'est toi, mon meilleur ami depuis l'enfance. Alors je vais sécher des cours pour revenir plus tôt, je vais me mettre à pleurer et à crier parce que tu ne vois pas le mal que tu te fais, je vais m'inquiéter, je vais te coller, je vais dormir avec toi, je vais te bercer si tu en as besoin. Parce que je sais que tu ferais pareil pour moi.'' Finit Liam, un sourire éclairant son visage.
''Je le ferais.'' Assura Louis dans un murmure en attrapant une perle salé coulant sur la tempe de son ami. Il lui fit un sourire à son tour avant que, dans un accord silencieux, ils ne se tirent l'un vers l'autre pour se prendre dans les bras.
Il y avait peut-être un seul bon côté, remarqua-t-il quand il enfonça son visage dans l'épaule de Liam, inspirant une bouffé de son odeur, son odeur spécial d'un grand près au soleil, le genre d'endroit où l'air frais inondait vos poumons. Il y avait un bon côté, et c'était Liam. Seulement il savait aussi quelque part au fond de lui que ce ne serait jamais suffisant pour qu'il y arrive, et puis de toute façon il avait déjà abandonné.
Et en plus, il n'avait plus rien à perdre.
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