Chapitre 48

Drago et Scorpius étaient à table, assis l'un en face de l'autre, ils fixaient leurs assiettes. Sans rien dire. Et la distance qui s'était installée entre eux ne semblait pas se modifier.

"Comment le premier trimestre s'est passé ?" Tenta Drago en avalant une cuillère de soupe.

"Ça va. Je crois avoir fait des progrès en botanique." Répondit Scorpius sans relever la tête.

Le silence revînt.

Parle-le-lui.

Drago c'est ton fils

Mais non. Aucun mot ne voulait sortir. Parce qu'il ne savait pas, ou il ne savait plus, par quoi commencer.

"J'ai été voir un match de Quidditch." Essaya à son tour Scorpius en regardant son père dans les yeux. Drago chercha ses mots et Scorpius attendit son père, une réaction, un mot, n'importe quoi. Il se mordit la lèvre inférieure comme pour démontrer sa gêne.

Le même geste que sa mère.

Drago fut paralysé un court instant. Un instant qui parut infiniment long pour son fils. Le père finit par baisser la tête, sans avoir répondu à la tentative de contact de son fils.

Non il n'y arrivait pas.

Pas sans elle.

Il ferait un mauvais père.

Il avait besoin d'elle.

Scorpius baissa les yeux et mangea en silence. Il finit par sortir de table sans un mot de plus, son regard évitant son père immobile.

Ça se passe comment à Poudlard ?

Comment on se comporte avec toi ?

Veux-tu faire une potion avec moi ?

Veux-tu voler avec moi ?

Veux-tu qu'on aille en ville ?

Aucune question ne put franchir ses lèvres. Non il n'arrivait à rétablir le contact avec son fils.

Aucun des deux n'était capable de regarder l'autre dans les yeux, d'y voir la souffrance de l'autre. Non ils fermaient tous les deux les yeux, en espérant protéger l'autre.

Drago ne pouvait pas parler d'Astoria, il ne pouvait pas parler à Scorpius de sa mère parce que c'était une plaie profonde, ouverte. Qu'il avait trop mal pour parler.

Alors Drago ferma les yeux. Pour s'isoler de ce monde, de ces souffrances, pour essayer de la retrouver quelque part en lui.

Scorpius resta dans sa chambre et travailla puis lut tout le reste de la journée. Drago, dans une autre pièce, cherchait à vider son esprit. Il cherchait le silence. La quiétude.

Scorpius sortit en fin d'après-midi, il était passé devant son père et avait hésité à lui demander de l'accompagner et de la même manière Drago avait hésité à lui demander où il allait, s'il pouvait venir. Mais les deux avaient abandonnés en soupirant, parce que cela semblait si dur.

Tu as attendu trop longtemps Drago...

Tu as laissé cette distance s'inscrire entre vous.

Tu laisses ton fils seul.

Il a perdu sa mère.

Et j'ai perdu Astoria...

Ma lumière...

Et les pensées sombres de Drago ressurgissaient et l'habitant jusqu'à la nuit tombée. Puis les étoiles apparaissaient et Drago les regardait, les admirait et la voix d'Astoria résonnait en lui. Il l'entendait expliquer les constellations, l'histoire de chaque étoile.

"Je serai toujours là..."

Drago entendit Scorpius rentrer, sans un mot, la tête basse. Il savait qu'il avait été voir les étoiles, peut-être avait-il été parlé à sa mère. Drago le laissa de nouveau passer. Sans rien faire.

Sans être capable de retenir son fils. Perdu dans ses souvenirs, caché derrière sa souffrance.

Chaque jour il sut voir celle de son visage. Malgré ses sourires, il pouvait la voir, cette douleur qui déchirait le coeur de Drago. Mais jamais Drago ne trouva la force, le moyen de faire un pas en avant, de tendre sa main vers son fils, de caresser ses cheveux comme quand il était enfant. Drago était paralysé. Incapable de sortir de son malheur pour aller vers son fils. Il n'arrivait pas et cela le rendait fou.

Alors il se promit de veiller sur lui, dans l'ombre, de veiller sur son fils même s'il ne pouvait pas lui parler. Même s'il ne reprenait pas son petit garçon dans ses bras. Il se promit de le protéger.

Ce serait sa façon de l'aimer.  

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