Chapitre 10
Drago n'avait pas vu Astoria depuis plus d'une semaine. Daphné avait dit que sa cadette était malade. Cependant Drago n'avait jamais vu un sorcier malade plus de trois jours, la médecine sorcière débarrassait très bien des virus et autres bactéries. Il était bientôt 11h et il devait aller au musée avec la jeune Serdaigle, visite réservée depuis un moment. Il ne pouvait pas ne pas venir et il trouvait cela impoli de lui envoyer une lettre pour qu'elle confirme leur rendez-vous. Alors il se prépara, mit son long manteau noir et appela un taxi.
Il arriva bien plus en avance qu'il ne l'ait prévu au musée et attendit dans le froid. L'herbe autour du musée était trempée, la route était couverte de flaque. Il avait cessé de pleuvoir mais les gros nuages noirs restaient au-dessus d'eux.
"Monsieur Malfoy." Dit Astoria en s'approchant. Drago l'observa et ne put s'empêcher de fixer les cernes violets sous ces yeux bleus.
"Mademoiselle Greengrass." Il lui tendit son bras comme un gentleman devrait le faire, elle glissa sa main gantée et d'un sourire lui indiqua l'entrée.
"Je ne t'ai pas fait trop attendre ?"
"Si mais je ne m'en plaindrai pas." Dit-il avec malice lui arrachant un sourire. Ce qui était bien dans les musées moldus c'est qu'ils étaient biens plus tranquilles, aucun regard, aucun murmure.
Anonyme aux yeux de tous.
"Astoria !!" Appela une dame d'une trentaine d'années. Elle avait des cheveux blonds coupés au ras de sa nuque et des lunettes qui ne cessaient de glisser sur son nez.
"Justine." Astoria lui donna une accolade.
Moldu.
"Drago, je te présente Justine."
"Enchanté." Dit-il d'une voix grave sans émotion.
"Moi de même." Dit-elle en glissant un regard indiscret vers Astoria qui, apparemment y lu quelque chose, puisqu'elle rougit.
"C'est Clémence qui fait la visite aujourd'hui, bonne chance !" Dit-elle à Astoria en montrant la guide de loin. Elle s'en alla et Astoria d'un regard entendu avec Drago marcha vers le lieu indiqué.
"C'est une moldu." Dit-il. Astoria le regarda de côté avant de répondre.
"Oui, je l'ai rencontré dans une boutique japonaise." Drago hocha la tête mais ne sut quoi penser. Il est vrai qu'il vivait depuis deux ans auprès des moldus mais jamais il ne lui était venu l'idée de se lier d'amitié avec l'un d'eux.
"Elle est très travailleuse mais je pense qu'elle aurait été répartie à Poufsouffle." Continua Astoria un sourire sur les lèvres.
"C'est elle qui t'a conseillé le musée en observant l'architecture. » Demanda Drago qui n'avait nulle envie de discuter de Poudlard.
"Oui. » Astoria leva sa tête pour observer les poutres en métal, ses yeux semblèrent y détailler toute la structure. La visite démarra et Drago écouta le guide le mieux qu'il pouvait mais son esprit vagabondait ailleurs sur mille et une question dont il n'avait pas la réponse. Puis, un crissement de botte le ramena à la réalité et il s'aperçut que la sorcière n'était plus à ses côtés. Elle s'était arrêtée un peu derrière et s'appuyait sur un mur. Drago s'approcha sans comprendre le comportement de son amie.
Amie ?
"Quelque chose ne va pas ?"
"Je voudrais m'asseoir." Drago ne discuta pas et l'aida à avancer jusqu'au siège le plus proche. La jeune fille s'appuyait sur son bras bien plus qu'il ne s'y attendait, elle avait le pas chancelant. Une fois assise, elle retira ses gants et en fit tomber un. Drago s'agenouilla pour le ramasser et lorsqu'il lui rendit toucha sa main.
"Tu es bouillante Astoria."
"La fièvre vient seulement de remonter." Dit-elle l'air désolée.
"Je devrai te raccompagner chez toi."
"Je ne suis pas en état de transplaner." Dit-elle en papillonnant des yeux.
Tant mieux. Je ne le peux pas de toute manière.
"Je pensais appeler un taxi." La jeune fille se mordit la lèvre avant de répliquer "et moi qui venait tout juste de sortir de mon lit..."
Mais Drago ne l'écoutait plus, il prit les choses en main en appelant un taxi.
Une sorcière qui continue d'avoir de la fièvre malgré quatre jours de repos, du jamais vu.
"Il ne sera là que dans une demi-heure."
"Ca nous laisse le temps d'aller boire un thé." Elle se leva et ses jambes avaient l'air de trembler sous elle. Il lui tendit son bras qu'elle attrapa avec un sourire gênée.
"J'ai l'air d'une vieille dame." Dit-elle en râlant.
"Tu aurais mieux fait de rester au chaud chez toi." Renchérit Drago plus froidement qu'il ne l'aurait voulu.
"Je n'avais pas ton adresse pour annuler notre sortie." Dit-elle en pinçant ses lèvres. Drago ne répliqua rien, hormis sa mère et Blaise, personne n'avait son adresse. Il n'avait pas envie qu'on le retrouve.
Heureusement pour eux, le musée avait une cafétéria bien aménagé. Astoria s'assit à une table et Drago la suivit. Le serveur les suivit jusqu'à leur table en mâchant une étrange gomme moldu ce que Drago trouvait répugnant.
"Un thé vert s'il vous plaît." Commanda-t-elle. Drago, lui, était perdu devant les noms inconnus de boisson que proposait la carte.
"Tu devrais prendre une limonade Drago." Dit-elle avec un regard malicieux. Une fois le serveur partit, elle lui adressa un sourire en coin et demanda :
"Tu n'as jamais bu de boisson de non sorcier ?"
"Non. De toute manière j'ai des choix très sélectif en question d'alimentation et de boisson." Répondit-il en levant un sourcil pour lui donner un faux air sévère.
"J'espère que mon choix pour toi sera le bon alors." Ria à moitié Astoria puis un silence s'installa et Drago se rendit compte qu'il la fixait depuis un bon moment.
"Qu'est ce que tu as ?" Demanda-t-il sans tact.
"De la fièvre." Dit-elle en balayant de la main la réponse.
"Il y a des potions contre la fièvre, j'aurai pensé qu'une Serdaigle savait les préparer." Dit Drago avec un air condescendant involontaire.
"Elles ne sont pas très efficaces sur moi, il faut croire." Astoria répondit avec son sourire insolent se prêtant au jeu du Serpentard. Drago fut d'abord étonné de sa réaction.
Astoria est étonnante.
Personne ne lui avait jamais parlé avec ses airs et ses manières, à Poudlard il suffisait qu'il élève la voix pour faire taire les autres, il suffisait qu'il eut un rictus pour inquiéter ses camarades.
Astoria est différente. Elle ne croyait pas en ces mimiques, elle ne voyait pas Drago avec la même angoisse que ses anciens camarades.
"J'ai vu ta soeur chez Blaise." Dit-il pour éloigner de lui ses pensées troublantes.
"Je sais. Il paraît que le thé était bon." Dit-elle en avalant une gorgée du sien.
"J'ai rencontré son fiancé." Drago avait eu la curiosité de piquer en apprenant que la jeune fille avait été promise.
"Il fait de gros efforts pour lui plaire. Il la suit dans toutes les boutiques qu'elle veut faire. Et il faut vraiment aimer Daphné pour subir ça !" Dit Astoria en souriant.
"Tu n'es pas fiancé ?" Continua Drago qui avait une idée en tête.
"Non mais tu le savais déjà." Répondit-elle en lui offrant un sourire malicieux.
"Pourquoi ?" Drago n'était pas quelqu'un de généreux ou d'attentionné, ou du moins il ne l'avait jamais été, on lui avait appris à servir ses intérêts mais Astoria l'intriguait. Il voulait la connaître.
"J'ai toujours eu la santé fragile, les Sang-pur ne se sont pas montrés intéressé par une Serdaigle affaiblie." Dit-elle en baissant les yeux, il fut étonné que cette déclaration n'est pas été accompagné par une pointe de rancœur dans la voix.
Le silence revînt.
"La boisson est bonne." Dit-il en buvant une gorgée, espérant briser ce moment.
"Est-ce un compliment ?" Dit-elle en lui souriant.
Elle a de la fièvre mais son sourire reste le même.
Drago n'était pas souvent tombé malade mais il se rappelait que cela l'avait toujours contrarié.
"Qui serait à quel propos ?" Continua-t-il en répondant par le même sourire malicieux.
"Me complimenterais-tu sur mon bon choix ?" Reformula-t-elle
"Ca te ferait plaisir." Dit-il l'air fier accroché sur son visage.
"Ce serait polie." Répliqua-t-elle en utilisant l'argument que Drago lui rappelait régulièrement. Il ne put s'empêcher de sourire à cette remarque. Elle sortît un sachet de toile jaune devant eux et l'ouvrit, elle y piocha une gourmandise et l'avala en regardant la lumière provenant de dehors.
"Qu'est ce que tu manges ?" Demanda-t-il brisant à nouveau le silence.
"Des confiseries mais je t'en prie sers-toi."
"Ce n'est pas bon pour le corps..." Lui fit-il remarquer.
"Moi quand je suis malade, ça me fait du bien." Elle haussa les épaules d'une manière peu noble qui fit sourire Drago.
"Ils sont à quoi ?
--Goûte tu verras.
-- Juste un sinon je n'aurai plus ce corps d'athlète." Répondit-il souhaitant qu'elle sourit de nouveau. Cela fonctionna, elle sourit et rit de manière discrète ce qui lui permit de continuer dans leur jeu de railleries habituelles : "Vous moquez-vous Mademoiselle ?"
"Jamais je n'oserais. Et puis une gourmandise ne lui fera pas de mal." Drago ne comprit pas tout de suite qu'elle venait de lui faire un compliment, il l'observa rougir sans réagir et goûta une des sucreries.
« Gnome au poivre. » dit-il après avoir avalé la gâterie.
« Les meilleurs. » Sa voix avait comme diminué pendant les quelques secondes de silence et Drago se rappela soudain de la fièvre grandissante. Il regarda sa montre en argent, se leva et l'aida à faire de même.
« Le taxi de Madame devrait être arrivé. » dit-il en lui offrant un sourire sincère. Comme tout à l'heure, elle s'appuya sur le bras de Drago pour marcher et Drago s'inquiéta en sentant sa main si chaude.
Depuis quand tu t'inquiète pour quelqu'un... pensa-t-il
« Tu peux marcher ? »
« Je ne suis pas encore impotente. » dit-elle en relevant le menton, Drago y reconnu l'éducation des Sang-Purs et la réaction le déconcerta. Astoria n'avait pas l'habitude d'appliquer ses codes mais sûrement que paraître si frêle la poussait à s'y retrancher. Drago passa sa main au niveau de sa taille pour la soutenir un peu plus. Elle rougit et le remercia d'un regard.
Ses yeux sont bleus. Bleus de sincérité.
La voiture noire attendait la jeune fille, il lui ouvrit la porte, avant d'y entrer elle se retourna vers lui.
« Qu'as-tu pensé de l'exposition ? »
« J'ai adoré admirer des os. » Dit-il avec sarcasme et elle en sourit.
« La prochaine fois je choisirai mieux. » Dit-elle en souriant avant de disparaître derrière la vitre noire du taxi.
La prochaine fois...
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