5.

Les cours sont terminées. Je sors et court vers le portail. La chaleur assène tout mon être, tout mon cœur et mon corps tel une journée au Bénin. Je court, nous sommes Vendredi. Je veux la voir et je vais la voir. Elle m'a dit qu'elle m'attendrait à la cabane. Elle habite dans la périphérie de Paris. A l'extrémité, Il y a un petit bois à coter de chez elle. La cabane. Elle m'a souvent envoyé des photos de cette petite cabane. C'est son havre de paix à elle. Où elle se réfugie pour méditer, lire, ou réfléchir sur le monde qui nous entoure.

Mary. Ma petite Mary. Je vais te voir, je vais voir ta cabane.

Je n'ai plus aucun amis mais je m'en fiche parce que je t'ai toi. Elles peuvent toutes crever, le monde entier peut crever, bouffer de la chair animale, torturer des enfants pauvres, s'étriper pour des Dieux inexistants, je m'en contre fous si je t'ai toi.

Elle m'a donné toutes les indications, les métros que je dois prendre. Elle m'a dit que je pouvais rester dormir chez elle. J'envois un message à ma mère pour la prévenir que je ne rentre pas ce soir. Je saute dans le premier wagon. Je tiens mes deux mains sur la barre du métro en songeant à ce que ça fait si je la serre dans mes bras.

Mary, ma petite Mary. Ma geek, ma geek à moi.

Je n'en peut plus d'attendre. Je slalome entres les rues.Je cours, haleine haletante dans les quartiers de la périphérie. Ça y est. Je suis dans la limite de la ville. Un petit bois apparaît dans mon champs de visons épuisé par la chaleur. Je marche. Vite, plus vite. Les arbres verts me font un peu d'ombre, c'est si agréable. Tout à coup, mon cœur s'arrête une demi-seconde de battre. La cabane. Au loin. Elle est là. Elle m'attendait. Mary. Avec son petit bonnet avec des oreilles de chats même si il fait chaud, avec sa petite frimousse chaleureuse et son petit nez rond, son sourire adorable et ses petites lunettes de geek...

- Cathy !

Mon nom. Elle a prononcé mon nom de sa petite voix mignonne. Je court vers elle et la serre dans mes bras. Elle est petite, elle doit faire une demi-tête de moins que moi. Je suis si heureuse. Une larme coule de ma joue. Je voudrais la protéger, veiller sur elle, pour toujours.

- Je suis si heureuse d'enfin te rencontrer Cathy , sourit-elle lorsque nous nous desserrons de l'étreinte de l'autre.

- Moi...moi aussi.

Je la contemple comme elle est belle et comme elle est mignionne...

- Tu veux entrer dans la cabane ?

- Avec...avec plaisir !

Nous entrons. Comme sur les photos. Des mangas de partout et deux petits lits.

- Nous dormirons ici ce soir. Tiens tu n'as pas d'affaires ?

- J'était tellement impatiente, je suis venue directement te voir sans prendre la peine de repasser chez moi...

Elle rigole et je la rejoins...Oui c'est ça le bonheur humain... Je goutte enfin au plaisir de la vie. Le vrais plaisir de la vie... Nous discutons de tout et de rien. Je me sens si bien. Le soleil commence à se coucher...

- Et si nous sortions nous balader un peu pour admirer le coucher de soleil ? propose-t-elle gaiement.

Nous sortons et nous marchons en altitude dans les bois.

Pas de coucher de soleil sans le chant des oiseaux rejoignant leur nid pour un sommeil bien mérité.

Pas de coucher de soleil, sans le cri des grillons et les croassements des grenouilles.

Car avec le coucher de soleil, c'est toute la Nature qui s'endort comme si sans lui, elle ne pouvait plus exister.

Nous nous asseyons sur un rocher en contemplant la ville de Paris sous l'emprise du ciel crepusculeux. C'est parfait...si parfait et si pure... Enfin pas tout à fait... Il manque quelque chose. Une chose. Et là on pourra dire que c'est vraiment parfait.

- Mary...

- Oui ?

- J'ai une confession à te faire.

- Vas-y je t'écoute, m'encourage-t-elle avec un sourire.

Mes yeux se brouillent de larmes et la pression accumulée en moi depuis tout ce temps s'enfuit de mes tripes :

- Avant, j'était seule et perdue. Personne ne m'écoutait, personne ne comprenait mes goûts ni mes pensées, même pas Éva ma meilleure amie. Je parlais avec des rochers pour me tenir compagnie. Je lisais seule mes mangas, je jouais seule aux jeux-vidéos, bref j'ai toujours tout mais alors tout fait seule. Je détestais l'humanité d'une haine pure et glacé, je restais seule dans mon coin, seule avec mes pensées noirs et mes livres d'histoire. Seule avec comme seule compagnie moi-même. Seule avec des personnes que je n'aimais même pas. Seule durant les fêtes, seule dans ma tête, seule dans mon cœur. Je cherchais l'interrupteur dans la pièce plongé dans l'obscurité sans jamais le trouver et puis un jour... Et puis un jour je t'ai envoyé ce fichu message avec une faute de frappe en plus, j'était tellement honteuse, je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça, d'envoyer ce message à une inconnue. Et puis...

Je reprends ma respiration et tiens fermement la petite main brûlante de Mary :

- Et puis, nous avons parlé, et j'ai changé, tu m'a changé Mary. Avec tes paroles encourageantes, avec ta bonne humeur quotidienne. Même si je ne le voyais pas, je sentais ton sourire à travers les lignes soigneusement rédigé de tes petites mains. Avec toi j'ai l'impression que le monde était bleue, bleue comme un ciel sans nuage, bleu comme tes magnifiques yeux encadrant tes courts petits cheveux bruns sous ton bonnet mignon. Tu m'as aidée à me sentir vivante. Tu m'as fait prendre consciente que l'humanité n'était pas si noire que ça, peut-être même qu'elle est belle la vie non ? Tu as ouvert la porte qui m'empêchait de goûter au plaisir de la chaleur humaine, le plaisir d'être comprise et aimée, écoutée et soutenue. J'ai pris confiance en moi. Tu as remplie d'essence vitale ma voiture vide et allumer la lumière de ma boite noire où j'était enfermé. Tu es ma geek, ma geek à moi. Laisse moi te crier ô combien je t'aime. Je voudrais t'embrasser et rester avec toi pour l'éternité. C'est comme ci j'allais mourir si je ne respirais pas le même air que toi. Je suis accro à toi Mary. JE T'AIME !

A ma grande surprise elle retire précipitamment sa main et se relève brusquement. Ses yeux se brouillent de larmes et elle se met la main couverte de sa manche de son pull trop grand pour elle sur sa bouche en refoulant un sanglot. Elle est si mignonne... La pénombre s'installe dans la foret.

- Cathy...

Je suis à genoux devant elle, debout en pleurs.

- Je...je suis désolée Cathy...

Je ne comprends pas. Ce ne sont pas ces mots qui étaient censées être prononcés.

- Cathy, je suis désolée, mais moi... Ce n'est pas mon truc...

Elle renifle.

- Ce n'est pas mon truc les relations entres filles...

Voila. Elle l'a dit. Et mon cœur explose en mille morceaux. Je reste là. plantée là. Des yeux de poissons périmés regardant le vide. La pénombre envahit le ciel comme le goudron noir envahit mon cœur bleue. Mary recule doucement et se cogne le dos contre un tronc d'arbre.

- Je crois...je crois que tu devrais rentrer chez toi Cathy...

Et elle s'enfuit maladroitement, et laisse tomber son bonnet. Alors c'est ça cette sensation qu'on vous poignarde le dos ? Je reste au sol impuissante. Il fait noir maintenant. Je serre les poings, puis me relève pour ramasser son petit bonnet aux oreilles de chats. Je le renifle de toutes mes forces, son parfum restera à jamais gravé dans ma putain de mémoire. Je le jette entres deux buissons et je cours, et cours. Mon mollet heurte un rocher et je tombe par terre violemment. Aie. Mes genoux sont en sang. Il y a quelque chose qu'elle n'a pas compris, et qu'elle ne comprendra jamais. Je ne l'aimais pas pour qu'elle soit une fille ou un garçon. Je l'aimais pour ce qu'elle représentait pour moi.Je pleure au milieu de la forêt, le cœur fracturée, déchirée...buggée. Où est la fonction "reset" de la vie ? Je rentre chez moi sous les regards étranges des gens fixant mes genoux dans le métro sale. Je compose le digicode, monte les escaliers et ouvre la porte :

- Tiens tu ne devais pas dormir chez une amie Cathy ? m'interpelle ma mère en se dirigeant vers la porte.

Ses yeux s'arrondissent :

- Ho mon dieu, c'est quoi toutes ces blessures ?

- Tu parles du cœur ou des genoux ?





























FIN.

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