PDV Diana :

J'atterris d'un seul coup sur un plancher, suivi d'un cri que je reconnais aussitôt. Un sourire se dessine au coin de mes lèvres mais il retombe aussitôt quand je me souviens que j'ai, en quelques sortes, abandonné mes amis.

- Diana ?

Je me relève et plante mes iris dans les siennes.

- La seule, la vraie ! En chair et en os ! je m'exclame sur le ton de la rigolade.

Elle court d'un seul coup vers moi et me tombe dessus en voulant me faire un câlin. Nous explosons de rire et nous nous taquinons comme à notre habitude.

- Tu m'as trop manqué ma Choupette !

Je grogne et lui dis :

- Toi aussi ma Rouge !

- Ce surnom m'avait trop manqué...

Je vois un voile de tristesse passer dans ses yeux et je la reprends dans mes bras en m'excusant mille et une fois.

- Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas. C'est quand tu es partie que j'ai vraiment compris que tu avais une bonne raison de partir. Je ne t'en veux pas même si tu m'as manqué !

- Toi aussi !

Et nous retombons dans les bras l'une de l'autre. On rigole encore et encore et on finit par s'asseoir sur le lit de Liya pour pouvoir parler. Elle venait de finir de s'habiller quand j'ai fait irruption dans sa chambre.

- Alors dis-moi tout ! Déjà est-ce qu'on t'a manqué ?

- Haha, bien sûr que oui, ma belle ! je lui souris.

- Ouf, je suis rassurée ! Sinon tout se passe bien sur Terre ?

Je déglutis.

- Pas exactement comme je le pensais ...

Son sourire s'efface derechef et elle me fixe de ses yeux émeraude. Je la regarde à mon tour avant de lui dire :

- J'ai commencé à moitié à déprimer, j'ai des maux de cœur de plus en plus fréquents, mes excès d'humeurs commencent à m'énerver et dans ces conditions je ne contrôle plus ce que je fais...

- Waw ! Il s'en est passé des choses pendant tout ce temps... Mais ça va mieux là ou...

- Non pas trop... C'est pour ça que je suis venue te voir. Je savais qu'en vous voyant, toi et les autres, j'allais retrouver le sourire !

- Et t'as bien raison ma Choupette !

Qu'est-ce que ce surnom m'a manqué ! Je l'aime trop Liya. En même temps on n'est pas meilleures amies pour rien mais quand même.

- Il est où Arthur ? je lui demande impatiente de le revoir.

- On est dimanche aujourd'hui. Il doit sûrement être dans un des villages à l'heure qu'il est.

- Tu ne saurais pas lequel par hasard ?

- Non, je suis désolée. Il ne m'a rien dit... Mais, il avait envie d'être seul à ce que je sais.

J'ouvre mes yeux en grand, légèrement choquée.

- Qu'est-ce qui lui arrive ? C'est pas son genre de vouloir être seul ?!

- Hum... comment te dire ? essaie-t-elle.

« Mais qu'est-ce qui s'est passé pendant mon absence ? », je pense en appréhendant sa réponse.

Je garde le silence pour l'inciter à continuer. Elle replace sa chemise blanche dans son pantalon et me dit, en essayant d'être détachée :

- Arthur vient de perdre sa mère...

Les larmes me montent d'un seul coup aux yeux. Je suis hyper sensible en ce moment, mes sentiments sont décuplés.

- Comment ? j'essaie d'articuler tant bien que mal.

Elle respire doucement et me dit :

- Arittan a reformé ses troupes et commence à attaquer ça et là ! Il essaie de prendre plusieurs petites villes et villages un peu partout... Et, malheureusement, en se battant pour sauver sa ville, la mère d'Arthur a malheureusement succombé à ses blessures...

- Non... Mais comment il a su tout ça Arthur ? Et son père ? Il avait des frères et sœurs ?

Elle cherche une réponse pour chacune de mes questions.

- Quand un parent meurt, les enfants ressentent ce choc et ils visualisent les dernières minutes de leur vie. Ces images sont ensuite gravées dans la mémoire et on ne peut les enlever... J'étais avec Arthur quand c'est arrivé. J'ai pleuré avec lui et ai essayé de lui faire retrouver son sourire mais rien à faire... Quant à sa famille, Arthur est fils unique et son père est mort d'une maladie rare sur Endora il y a douze ans, je crois...

Waw !! C'est énorme ce qu'elle vient de me dire. Mon coeur se serre de plus en plus... J'aime vraiment bien Arthur et le savoir mal me fait mal aussi. Allez comprendre pourquoi !

- Et... Ça fait combien de temps que... Enfin voilà, quoi...

- Trois semaines endoriennes...

Je hoche la tête et m'empare d'une feuille et d'un crayon sur le bureau en bois de Liya. J'explique à cette dernière que j'écris une lettre pour Arthur en lui présentant mes condoléances, en lui expliquant que j'étais venue leur rendre visite, en lui souhaitant bon courage pour la suite et que j'espérais le revoir la prochaine fois que je viendrai.

Je donne ensuite le papier plié en quatre à Liya en lui demandant de le donner à Arthur. Elle acquiesce et nous nous installons à nouveau sur le lit pour continuer à discuter.

PDV Luciana :

Je suis en train de classer les dossier des nouveaux élèves comme à mon habitude, quand j'ai une sorte de mini électrochoc qui parcourt tout mon corps. Je me lève aussitôt faisant tomber quelques dossiers.

- Mais qu'est-ce que c'est ?

C'est de la magie, ça j'en suis sûr. Mais c'est une magie que je croyais ne plus jamais ressentir...

- Si elle m'a désobéi, elle va me le payer !

Je parle évidemment de Diana. C'est ma fille et je ressens sa magie quand elle n'est pas loin.

« Mais qu'est-ce qu'elle vient faire ici ? Si je la trouve... », je me dis en sortant en vitesse de la pièce.

Si elle est revenue, ce ne peut être que pour voir une seule personne : Liya. Je me dirige donc d'un pas pressé vers la chambre de cette dernière.

PDV Diana :

J'entends des pas dans le couloir et nul doute ce sont bien ceux de ma mère.

- Oh non ! Elle sait que je suis là ! Je fais quoi ?

- Je t'emmène voir Liam et Jenny !

- Quoi ?

Un large sourire se dessine sur ses lèvres alors que les pas de Luciana se rapprochent.

- Allez donne-moi ta main, je sais où se trouve l'école !

J'attrape sa main et nous disparaissons au moment où je vois la porte s'ouvrir.

« Ouf, on a eu chaud », je pense une fois arrivée.

- Ouf, on a eu chaud, s'exclame Liya.

Je rigole toute seule avant de détacher ma main de celle de Liya. Je regarde autour de moi et me rends compte que nous sommes dans une chambre. Vu le peu de décoration qu'il y a, je suppose tout de suite que c'est celle de Liam.

- Mais il n'y a personne ici ! je lui dis.

- Chut ! m'ordonne-t-elle.

Je lui lance un regard désemparé et elle met sa main sur ma bouche avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. J'écoute ce qu'il y a autour de nous et j'entends un bruit de douche.

- Une douche ? Nan sérieusement, ils ont des douches par chambre, eux ? Oh mais le bol ! je crie en retirant sa main.

- Ouais, ils ont de la chance ! Bref, moi j'y vais, tu connais le chemin du retour, bisous ma Choupette !

On se prend dans les bras et juste avant qu'elle ne disparaisse, je lui dis :

- Merci pour tout ce que tu fais pour moi, ma Rouge ! Tu vas me manquer !

- Toi aussi, reviens vite !

Et sur ces belles paroles, elle quitte définitivement la chambre de Liam et le silence se fait. La douche vient de s'arrêter de couler.

« Oh non ! Je fais quoi, moi maintenant ? Et s'il m'ignorait ? Va-t-il être choqué ? Oh lala, mais je suis complètement toquée des fois ! Pourquoi je suis venue ? », je m'affole de plus en plus.

Et c'est le bruit de la porte de la salle de bain qui coupe court à mes pensées. La porte s'ouvre et je retiens un cri de surprise.

« J'avais oublié qu'il sortait de la salle de bain, si ça se trouve il ne porte même pas de serviette puisqu'il est tout seul... Normalement ! », je panique.

Je ferme les yeux et mets ma main devant mes yeux malgré tout et attend qu'il me découvre de lui-même. Un gros blanc s'installe et je n'ai rien trouvé de plus débile à dire que :

- Est-ce que je peux retirer ma main ou je te laisse le temps de mettre une serviette ou un boxer ?

Et là, à mon grand étonnement, il explose de rire et, sans que je ne m'en rende compte, je me retrouve sur ses épaules en "sac-à-patate". Je lui donne des petits coups de points dans le dos qui ne servent strictement à rien, vu sa carrure, en lui intimant de me reposer sur le sol.

- Je ne crois pas ! m'affirme-t-il.

Et avant que je ne puisse dire quoique ce soit, je me retrouve sous lui dans son lit deux places. Il est au dessus de moi, ne portant qu'un simple boxer, et me fixe intensément.

- Tu m'as manqué ! me dit-il avec un voile de tristesse.

- Sois pas triste... Je ne veux pas te voir comme ça, Chaton. Je suis désolée d'être partie mais tu sais pour quelle raison...

Il me coupe.

- Chut ! Je ne t'en veux pas, ma belle !

Et sur ces belles paroles, il m'embrasse intensément. Je réponds à son baiser immédiatement. Le goût de ses lèvres sur les miennes m'avait manqué !

Je suis aux anges quand une personne, inconnue pour moi, ouvre la porte d'un seul coup en criant :

- Hey Liam ! Tu bouges tes fesses on va être en retard pour man...

Un deuxième ramène sa petite personne dans la pièce :

- Qu'est-ce qui se passe ?

Je me détâche de Liam et ce dernier a l'air embarassé.

- Tu ne nous avais pas dit que tu avais une petite amie, toi ! s'exclame la deuxième personne.

- Ben c'est-à-dire que..., se confond Liam.

Le blond, alias la première personne, me fixe intensément et je tourne les yeux pour éviter son regard. Et d'un coup il s'exclame :

- Ne t'inquiète pas Liam, on ne dira rien !

Il lui fait un petit clin d'oeil et le brun, alias deuxième personne, demande au blondinet :

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Mec, tu l'as pas reconnue, la fille ?

- Je te signale que je suis là ! je lui fais remarquer.

Il ignore ce que je viens de dire et dit à son copain :

- C'est Diana qu'est dans le lit de Liam !

Et là, le brun me fixe et dit simplement à Liam :

- La chance que t'as ! Nan franchement, je te trouve vraiment belle Diana ! Pas que je veuille sortir avec toi, non... Mais...

Le pauvre, il est en train de se confondre en excuses à Liam.

- Haha, merci c'est gentil, ne t'inquiète pas !

- Bon, nous, on va y aller, hein Liam ?

- Oui, oui, je vous rejoins plus tard les gars...

Il me reprend dans ses bras une fois que les deux curieux partent et nous restons allongés sur son lit. Nous restons d'abord dans le calme et puis je commence à raconter tout ce qui s'est passé sur Terre. On parle ensuite un peu d'Arthur mais notre sujet dérive sur mon refus de participer à la guerre.

- Pourquoi t'as pris cette décision ? me demande-t-il en me faisant un petit bisou.

Je me relève et m'assois en tailleur juste à sa droite.

- C'était sur un coup de tête Liam... Je voulais quitter l'école, ça j'en étais sûre. Mais quand je me suis emportée contre ma mère, je voulais lui faire comprendre à quel point je lui en voulais mais...

Une larme roule sur ma joue et Liam s'empresse de l'essuyer avec son pouce.

- ... mais j'ai fait le mauvais choix et je le sais... En plus la guerre approche et...

- Dans un an.

Je le regarde incrédule.

- De quoi, dans un an ?

- La guerre est dans un an, me dit-il d'un ton froid et distant.

- Terrestre ou en...

- Terrestre.

« Vive la tension ! J'ai l'art de mettre tout le monde mal à l'aise c'est pas possible... », je pense avec désespoir.

Je me laisse retomber sur le lit et tourne le dos à Liam. Encore une de mes sautes d'humeur qui refait surface...

Il se colle derrière moi :

- Pardon... Je ne voulais pas réagir comme ça...

- C'est pas grave, je lui dis en me retournant pour lui faire face.

- C'est juste que... Je sais que dans cette guerre on va perdre des êtres qui nous sont chers et...

- Je sais..., je le coupe.

Je regarde l'heure et ouvre des yeux énormes en remarquant que cela fait bientôt trois heures que je suis avec mon Chaton. Je me lève doucement en lui expliquant qu'il faut que je parte.

- Au fait, elle est où Jenny ?

- Tu ne pourras pas la voir aujourd'hui, elle a quitté l'école pour aller voir sa famille à ce qu'elle m'a dit.

- Hum... Finalement je n'aurai vu que toi et Liya !

Il hoche la tête et me prend dans ses bras une fois debout.

- Tu vas me manquer ma belle Diana !

- Toi aussi mon beau Liam !

- Haha, tu ne changeras jamais.

- Jamais, je lui confirme.

Nous rigolons et il est temps pour moi de partir. Je l'embrasse une dernière fois et je traverse le portail magique pour retourner sur Terre.

« Ces quelques heures ont été magiques ! », je pense en affichant un grand sourire.