✨ Chapitre 44 ✨
Je suis encore toute estomaquée par ce que je viens de vivre. Ma sœur est passée à deux doigts de la mort par ma faute. Je n'aurais jamais dû la laisser seule avec Hugo. Tout ce qu'elle vient de vivre est de ma faute, je m'en veux terriblement.
Arittan l'a kidnappée seulement pour que je vienne avec lui.
« Mais où voulait-il m'emmener ? », je me demande.
Mais je n'ai aucune réponse. J'ai envie d'effacer cette partie de la journée mais je ne peux pas. J'ai trop de remords pour oublier ce qui vient de se passer.
Je suis en train de marcher avec, à mes côtés, Mélina. Elle ne parle pas et tremble comme une feuille dans un vent d'hiver. Elle a encore peur mais je n'ose pas la réconforter. Je ne sais pas ce qu'elle pense de tout ça et je préfère la laisser réfléchir seule.
Je me rappelle soudain que j'ai promis à Hugo de l'appeler. Je prends mon téléphone d'une main tremblante. En plus d'être encore sous le choc, j'ai froid. En partant, je n'ai même pas pris le temps de mettre un manteau. J'étais bien trop occupée à m'inquiéter pour ma petite sœur.
Je cherche le numéro d'Hugo et dès que je le trouve, je l'appelle. Il répond aussitôt :
- Selena ?
- Oui, c'est moi. Je t'appelle pour te dire que Mélina est avec moi.
- Elle va bien ? Passe-la moi ! hurle-t-il à travers le téléphone.
Je jette un coup d'œil furtif à Mélina. Dans à peine une minute, nous serons chez nous. Je vois qu'elle n'a envie de parler à personne.
- Euhhh... je suis vraiment désolée, Hugo mais...
- Elle ne va pas bien ? me demande-t-il, au bord de la panique. Tu veux que je vienne ?
- Écoute Hugo. Elle vient de vivre les pires minutes de sa vie, là. Elle tremble de tout son corps et elle n'a pas du tout envie de parler.
Il y a un blanc. Je crois qu'il ne se rend pas compte de l'ampleur de la chose. J'entends des grésillements puis il me pose la question fatale :
- Comment t'as fait pour la retrouver ?
Mon cerveau tourne à plein régime. Il faut absolument que je trouve une idée dans les quelques secondes.
- Et bien... en fait... dès que tu es parti, j'ai couru dans tout le quartier pour essayer de trouver une trace, un indice ou quelque chose comme ça et...
Je marque une pause pour mettre mes idées au clair. Mais Hugo le remarque et m'incite à continuer :
- Et...
- Et je l'ai retrouvée derrière un buisson, en pleurs. J'ai tout de suite accouru, et là, on est sur le chemin du retour...
- Oh...
Il ne dit rien d'autre. Je m'en veux de lui mentir, mais je n'ai pas vraiment le choix, en fait. Parce que si je lui raconte la vraie version de l'histoire, ça donnera :
« Donc voilà Hugo. En fait je ne suis pas terrienne. Je suis mi-ange et mi-démon. Mon père est le Roi de ces derniers et, selon une prophétie, c'est moi qui vais devoir le tuer pendant la bataille finale. Sinon, il a enlevé Mélina simplement pour que je vienne avec lui, je ne sais pas où d'ailleurs. Voilà voilà, bonne fin de journée à toi Hugo ! ».
Clairement, je ne peux pas lui dire ça. Il va directement appeler un hôpital psychiatrique et je finirais mon adolescence là-bas. En plus, je ne verrai plus mes amis...
Après les formules de politesse, je raccroche le téléphone. Je souffle. Il a cru à mon mensonge.
Juste avant de franchir la porte de notre maison, je regarde Mélina. Elle aussi a levé la tête et je vois que des larmes coulent sur ses joues. Elle me fait vraiment de la peine. Je ne sais vraiment pas comment réagir face à ça. La voir dans cet état me déchire complètement. Je m'approche d'elle et la prend dans mes bras.
- Plus personne ne te fera du mal, maintenant. Je serai toujours là pour toi.
Elle hoche la tête mais ne parle toujours pas. Je me penche pour voir sa trace juste au niveau de son cou. Ulrick avait commencé à lui limer la gorge. Je pose ma main sur la blessure et une lueur éclatante sort de ma paume droite. La plaie se referme quelques secondes plus tard. Elle a poussé un petit soupir de soulagement. Ça a dû lui faire un peu de bien dans tout ce mal.
Mais le moment que je redoute est celui de mes parents. Je vois que leur voiture est garée devant le portillon. Mélina pleure toujours mais il faut que nous entrions. Je pousse la porte en prenant Mélina par les épaules.
Je suis légèrement soulagée. Ma mère est dans la cuisine, donc elle ne nous voit pas arriver et mon père doit être dans le bureau, sur son ordinateur.
- Monte à l'étage ma belle, je chuchote à ma sœur. Je vais aller leur parler...
Elle ne répond toujours pas mais monte tout de même à l'étage. Je ne vais même pas voir mes parents et je m'assois à la table du salon.
- Réunion de famille ! je crie pour que mes parents m'entendent.
Ma mère déboule de la cuisine et mon père la rejoint.
- Réunion de famille, pourquoi ? me demande ma mère en essuyant ses mains sur son torchon. Et où est Mélina ?
Je respire profondément avant de répondre :
- Justement, c'est d'elle qu'il faut qu'on parle.
- Qu'est-ce qu'elle a bien pu faire ? s'interroge mon père en parlant à ma mère.
Ils s'assoient tous les deux. Un de chaque côté de moi. Ils voient que je ne suis pas très bien mais ne font aucune remarque. Heureusement.
- Avant de commencer, débute ma mère, je voudrais savoir, d'une pourquoi Mélina n'est pas autour de cette table ? Et de deux pourquoi êtes-vous entrées si tard pour un jour de semaine ?
- Tu auras toutes tes réponses dans le récit que je vais te raconter, maman...
- Alors vas-y, me suggère ma mère.
Et c'est parti. Je leur raconte tout ce qui s'est passé, hormis le passage du chantage. Au début, ils paraissent choqués. Puis leur visage commence à exprimer de la haine, ensuite de la colère. Maintenant que j'ai fini, leur expression est impassible. Ils n'expriment plus rien, ce qui me désoriente légèrement. Je préfère quand même garder le silence. Ma mère se lève d'un seul coup et déclare :
- Victor, va parler à Mélina, je sais qu'elle va plus t'écouter que moi. Pendant ce temps, je vais prendre des résolutions pour que des accidents comme ceux-là ne se reproduisent plus !
Sa voix est très forte et son visage est déformé par la haine. Les traits fins de son visage ont laissé place à une expression dure, indéchiffrable. Elle me fait presque peur.
Sur les recommandations de ma mère, mon père monte illico presto dans la chambre de Mélina. Ma mère, elle, est toujours debout, le regard vide. Quant à moi, je suis toujours assise. Je ne sais pas vraiment quoi faire : monter dans ma chambre, rester dans le salon ou aller voir ma sœur ?
Finalement, je décide de prendre la troisième option. Moi aussi j'ai besoin de réfléchir à tout ça. Je me lève de ma chaise et contourne ma mère pour me rendre jusqu'à l'escalier. Mais je n'ai pas le temps de m'y rendre que ma mère m'attrape par le bras.
- Qu'est-ce qu'il y a maman ?
Mais quelle cruche je fais des fois ! C'est ma mère, elle a bien vu que quelque chose n'allait pas !
- Tu ne nous as pas tout dit, me dit ma mère.
Je dis quoi ? Non, non, il n'y a rien maman, tu t'inquiètes pour rien ! Ou alors, si, si, en fait tu as failli ne jamais me revoir ! Qu'est-ce que je lui dis ?
- Non, non, il n'y a rien, je vous ai tout dit.
Elle croise les bras sur sa poitrine et je devine tout de suite qu'elle ne me croit pas une seule seconde.
- Pourquoi tu nous caches la vérité ?
- Je vous ai dit tous les faits, maman ! C'est juste que je ne suis pas entrée dans les détails. Tu sais, je suis aussi troublée que Mélina...
- Arittan te voulait quelque chose, n'est-ce pas ?
Comment peut-elle tout savoir ? Elle est trop forte, faut l'avouer !
- Oui..., je dis le plus doucement possible. Mais c'est pas vraiment ça qui me trouble le plus, en fait.
Elle ne répond pas, signe chez elle qu'elle m'incite à continuer.
- C'est le fait que, tout d'abord, ce soit mon père biologique. Il n'a même pas eu un soupçon d'amour pour sa fille. C'est ça qui m'a déstabilisé. Il est d'une cruauté à l'état pur. Maintenant, je sais qu'il est capable de tuer des milliers de personnes pour avoir ce qu'il veut. Et ce qu'il veut c'est moi.
Des frissons me parcourent le dos, rien qu'en repensant à la scène de tout à l'heure. Je me la repasse en boucle. Je n'oublie aucun détail. Cette scène est marquée dans mon esprit.
Ma mère comprend que je ne veux pas en dire plus pour le moment et me laisse partir. Juste quand je commence à monter les escaliers, elle me lance :
- Je vous dirai les dispositions que j'ai décidées à l'heure du dîner. En attendant va te préparer pour ce soir.
Ce soir ? Oh, non, j'avais complètement oublié la cérémonie ! Je me dirige dans ma chambre en passant par celle de ma petite sœur. Même à travers la porte, j'entends mon père la réconforter et elle qui pleure de plus belle. Ça m'anéantit de la voir dans cet état là, à cause d'un être aussi mesquin et diabolique que peut l'être Arittan...
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