✨ Chapitre 26 ✨
Je continue de repenser à ma mort et cherche tous les points positifs. Je n'en trouve qu'un seul au bout d'une trentaine de minutes de recherche : je peux profiter de ma vie jusqu'à mes deux cents ans. C'est vrai qu'il y a toujours quelque chose de passionnant à ne pas savoir quand notre mort soudaine arrivera.
« Dis-toi, Selena, que maintenant tu peux profiter de ta vie à fond sans vivre dans la crainte de ta mort ! », je me dis pour me rassurer.
Le nom Selena continue de résonner dans mon esprit. Cela faisait deux jours que je n'avais pas entendu ce prénom. Il me paraît maintenant bizarre dans ma bouche. J'ai l'impression qu'il ne colle plus à ma peau et qu'il ne me va tout simplement plus.
Sur cette dernière réflexion, je quitte ma chambre en la fermant à clef et je descends dans la cour par les innombrables escaliers.
Je suis déjà fatiguée et j'ai juste envie de me faufiler sous ma couette. Mais je ne peux pas et mon premier cours de magie a lieu aujourd'hui et je ne voudrais louper ce cours pour rien au monde.
Après quelques bavardages avec mon groupe, je leur fais part de mes appréhensions :
- J'ai peur de ne pas être à la hauteur de mes pouvoirs.
- Mais comment peux-tu douter une seconde de toi ? protesta Miles.
- Nous avons plus confiance en toi que toi tu n'en as pour ta personne, lança Liam.
- Je sais mais je ne peux rien y faire. Je n'ai utilisé la magie qu'une seule fois au collège et ça a failli tourner à la catastrophe !
- C'est vrai que les pouvoirs en rapport avec le feu sont dangereux, continua Liam, mais en les maîtrisant on y arrive facilement par la suite. Tu m'as bien vu hier ?
- Oui, tu utilises très bien tes pouvoirs, intervint Arthur.
Après un débat sur les pouvoirs du Feu, la cloche retentit. Personne ne bouge, comme s'ils attendaient ma réponse.
- Vous avez peut-être raison. Je m'inquiète sûrement pour rien.
- Allez, on y va ! trancha Liya.
Nous entrons dans l'immense bâtiment et chaque étudiant s'en va vers le groupe auquel il appartient. Dans le mouvement de foule, je tiens Liam par la main pour ne pas le perdre. Ce contact me fait frissonner mais je l'oublie rapidement.
Nous arrivons devant notre professeur et celui-ci nous apprend que la petite fille qui était là hier est clouée au lit à cause d'une grosse fièvre.
Je saute presque de joie, mais par respect pour la malade, je ne dis rien. J'ai juste un petit sourire en coin.
« Trop bien, un cours spécial rien qu'avec Liam ».
Notre professeur est très grand et imposant. Ses cheveux blancs poivrés lui tombent sur les épaules. Il porte une longue barbe en V, comme le Père Fourras. J'ai l'impression que lorsqu'il me regarde, ses grands yeux noirs peuvent me transpercer. Il est habillé de la même façon que tous les professeurs de cette école : une longue robe pourpre aux manches amples avec, en plein milieu, l'insigne des êtres magiques, un triangle avec à l'intérieur un rond parfait.
- Désolé, je ne me suis pas présenté, s'excuse le professeur, je m'appelle Yogusto.
- Bonjour... Yogusto, je lui dis, pas très assurée.
- Bonjour Diana, bonjour Liam. Nous n'allons pas rester dans cette cour plus longtemps, j'étouffe moi !
Je souris de toutes mes dents. Ce Yogusto me fait rire avec ses manières. Je me dis que ce doit être un enseignant plutôt marrant et Liam me le confirme :
- Depuis que je suis là, il me fait rire. Il s'entend bien avec tout le monde. Apparemment, ce serait le plus gentil de tous.
- Trop bien, j'ai hâte de commencer.
Après avoir marché quelques minutes dans la grande cour pour nous isoler afin que l'on puisse « s'entraîner en paix » comme le dit si bien Yogusto, nous arrivons du côté des dortoirs. Liam se poste à côté de moi et Yogusto est juste en face de nous.
- On va faire un entraînement simple aujourd'hui, les enfants. Liam tu vas faire comme d'habitude. Je ne t'apprendrai pas grand chose. Je voudrais me concentrer sur Diana.
Après avoir réfléchi quelques secondes, il ajoute :
- Si tu n'y vois pas d'inconvénient, évidemment.
- Ne vous inquiétez pas, je comprends.
Sur ces mots, Liam se place plus loin et commence son entraînement. J'aurais bien voulu le regarder pendant des heures mais Yogusto m'a fait rappeler que je n'étais pas toute seule et qu'il fallait que je commence.
- Que faut-il que je fasse ? je lui demande.
- On va commencer par une chose simple qu'il faut que tu saches avant de commencer. Tu vas devoir faire, pour débuter, sortir une flamme de ta main.
Je commence à paniquer. Je n'ai jamais su comment le faire et...
- Ne panique pas Diana, m'appaise-t-il juste à l'aide de sa voix douce et calme.
- Je n'ai jamais fait cela de ma vie, Monsieur.
- Mais tu as ça en toi, tu es faite pour cela. Maintenant tu dois essayer.
- Comment dois-je m'y prendre ?
- Tout d'abord tu tends ton bras en plaçant la paume de ta main vers le ciel.
Je m'exécute sur le champ. « Jusque-là rien de très compliqué », je pense avec un petit sourire.
- Ensuite cherche au plus profond de ton âme la flamme qui y brûle.
Je ne comprends pas très bien ce qu'il demande mais je m'exécute. Il continue à m'expliquer pendant ce temps :
- Pense très fort à la chaleur de ton corps et au feu du Dragon.
« Je n'en ai jamais vu de feu du Dragon », je me dis.
Mais étrangement, sans l'avoir déjà vu, je l'imagine dans mon esprit. Un dragon vermeil avec une énorme queue, de grandes pattes et surtout des ailes immenses...
Mais je sors très vite de ma rêverie et ouvre les yeux quand je sens de la chaleur dans ma paume. Ma main est en train de me brûler énormément et je prends tellement peur qu'elle s'évapore.
Liam et Yogusto me regarde avec de grands yeux ronds.
- Qu'y a-t-il ? je leur demande.
- Nous..., balbutia Yogusto. Nous n'avons jamais vu une personne qui développe ses pouvoirs à cette vitesse. Les gens normaux n'arrivent à sortir qu'un millième de leurs pouvoirs en un mois.
Je reste perplexe et baisse les yeux sur mon bras. La Marque brille de mille feux.
« Oh non ! J'ai oublié de demander la signification du symbole à ma mère... Bon, c'est pas grave, je le ferai plus tard ».
- Si tu y penses..., me chuchote ma conscience.
- Mouais..., je lui réponds.
Mais ce que je réponds à Yogusto n'a strictement rien à voir avec ce que je pense :
- Et bien, il faut croire que je ne suis pas normale. Je dois faire quoi maintenant ? je dis fière de moi et de mon pouvoir.
Yogusto sort de sa rêverie. Il me regarde toujours l'air fasciné et m'explique :
- Tu dois garder la flamme au moins deux minutes dans la main.
- Deux minutes ? Mais elle va me calciner la main ! je m'écris en reculant.
- Tu es obligée de savoir le faire pour continuer à apprendre. Plus les sorts que tu vas utiliser vont être puissants, plus tu vas devoir garder le feu dans tes mains.
Après un peu de réflexion et de logique, je réponds :
- De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix.
Je m'exécute et je commence à maîtriser la flamme. J'arrive à la sortir quand je le souhaite de ma main.
« C'est déjà un très bon point », je pense.
Mais malheureusement, je n'arrive pas à la garder plus de trente secondes.
Trois heures plus tard, le cours est terminé et je ne l'ai pas vu passer. Mes mains sont rouges et j'ai très mal. Yogusto m'a fait des bandages pour apaiser la douleur.
Liam me félicite pour mon énorme progrès et me conseille de m'entraîner un peu le soir avant de dormir.
- Ce n'est pas dangereux ? je lui demande, surprise.
- En faisant juste apparaître une flamme, tu ne pourras ni la lancer, ni la transformer. Et même si cela arrivait, si à la base tu n'avais aucunement l'intention de brûler quelque chose, alors rien ne se passera.
- Ouah, je laisse échapper, ébahie.
***
Nous sommes samedi en fin d'après-midi. Une semaine est passée depuis que je suis arrivée à See&Luce. Je me suis liée d'amitié avec tous les gens de mon groupe sauf Jennifer que nous voyons de moins en moins (cela ne me déplaît pas).
Je n'arrive toujours pas à faire tenir ma flamme plus d'une minute trente maintenant. J'aimerais y arriver et je sais que je vais tout faire pour.
Mes journées sont de plus en plus épuisantes mais toujours aussi joyeuses. J'ai appris beaucoup de choses en une semaine et j'ai hâte de revenir. Je pars demain matin pour la Terre. Ma mère va m'apprendre comment faire. J'ai tellement hâte de savoir comment passer d'Endora à la Terre et vice-versa.
Côté entraînement, du point de vue de Liam et Arthur, j'évolue à une vitesse phénoménale à l'épée. Ce sont eux mes entraîneurs de combat et ils en sont très fiers. Jeudi, je me suis blessée en me battant contre Liam. Celui-ci était très triste de m'avoir affligé cette blessure mais je lui ai affirmé que j'allais bien. J'ai eu un petit bandage et le lendemain, c'était passé.
Je viens de dire au revoir aux garçons et je les ai prévenus que je ne les verrai pas avant plusieurs mois car le temps passe plus vite que sur Terre à Endora.
Liya me raccompagne jusqu'à ma chambre et on décide de discuter un peu :
- Ça va faire long de ne pas te voir avant deux mois, dit-elle l'air triste.
- Oui, je le sais. Je suis vraiment désolée, mais j'ai une vie sur Terre. Mais étant donné que ce sont les vacances, je vais peut-être pouvoir venir plus souvent.
- Ce serait vraiment cool ! Tu vas me manquer !
- Toi aussi. Si tu veux, je passerai te voir avant de partir. Vous avez cours le dimanche ?
- Non, c'est jour de repos ici, on fait ce qu'on veut de la journée !
- Je ne viendrai donc pas te réveiller, je te laisserai dormir !
- Merci...
Je la prends dans mes bras sachant que je vais laisser ici une véritable amie.
Je sais que ça ne fait qu'une semaine qu'on se connaît mais vu tout ce qu'elle a fait pour moi... J'espère juste ne pas me tromper dans ce que j'affirme...
- Á la prochaine alors, je lui dis.
- Oui, et ne m'oublie pas, hein ?
- Ça risque pas, ne t'inquiète pas Liya, et prend soin de toi aussi !
Sur ce, elle s'éloigne avec un regard en arrière, de regret. Je l'aime bien Liya. Dès le début, elle a été gentille et attentionnée avec moi. Elle ne m'a pas laissée tomber.
J'entre dans ma chambre et je m'aperçois que je n'ai rien à ramener chez moi. Quand je suis arrivée, tout était déjà là.
Je décide de m'allonger sur ce lit moelleux qui accompagne mes nuits à l'école de magie. Mais à peine ai-je posé la tête sur l'oreiller que je tombe instantanément dans un sommeil profond.
***
Je me réveille le lendemain en pleine forme. J'ai très bien dormi, sans me lever une seule fois pendant la nuit.
Je pousse un cri de surprise quand je vois ma mère à mon chevet. Elle est toujours aussi belle et gracieuse dans sa longue robe blanche à dentelle immaculée. Ses traits fins et délicats sont tirés, ce qui signifie qu'elle avait beaucoup de dossiers à gérer la nuit dernière.
- Tu es belle quand tu dors ma chérie.
- Quand je dors, pas quand je me réveille, je réplique sur le ton de la rigolade.
Je n'ai jamais dit à ma mère ce que Liya m'a révélé sur ma mort. Je sais que je lui en tiendrai rigueur de ne pas me l'avoir dit. Je me lève et elle me prend dans ses bras.
- Tu me montres comment on retourne sur Terre maintenant ? je lui propose en me dégageant.
- Bien sûr.
Elle m'explique qu'il faut que je visualise l'endroit où je souhaite aller et que j'y pense très très fort. Cela marche du premier coup et je me retrouve instantanément dans mon petit cocon. Ma mère a le même air que Yogusto quand j'avais réussi à faire sortir une flamme de ma paume.
- Je ne savais pas que tu pourrais le faire en une seule fois. Mais ne l'utilise pas tant que je ne suis pas là.
Elle ajoute quelques secondes plus tard :
- Pour l'instant.
Elle se retourne pour partir mais me lance un dernier regard :
- N'oublie pas Diana, ne fais pas confiance aux personnes que tu ne connais pas !
Et soudain, elle s'évapore sans me dire au revoir. Je le prends un peu pour moi mais je ne dis plus rien. Je suis contente d'avoir réussi et je saute sur mon lit. Il m'a manqué alors que je n'ai loupé que presque trois heures terriennes.
Je hausse les épaules et j'attrape mon portable. Je n'ai aucune envie de dormir mais je décide tout de même d'enfiler un legging avec un sweat. J'allume mon téléphone et je remarque que j'ai reçu un message il y a à peine une heure.
« Raphaël » je vois marqué sur l'écran.
« C'est vrai que j'ai rompu avec lui, moi. Cette semaine à Endora me l'a fait oublier, tiens ».
J'ouvre le message et je peux y lire : « Selena, je suis vraiment navré de m'être comporté comme ça avec toi. Je n'ai été qu'un pitoyable jaloux. Je t'aime et c'est pour cela que je suis comme cela. J'espère que tu sauras me pardonner et me donner une seconde chance... ». Il y a énormément de smiley qui pleurent à la suite du message suivi par une vingtaine de cœurs.
Je réfléchis à ce que je vais lui répondre. « Lui redonner une seconde chance ou le laisser comme il est ? », je me demande.
Mais ma réponse est déjà toute faite. Je récupère mon portable, que j'avais posé en face de moi et je lui envoie le texto suivant :
« Trop tard... ».
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