✨ Chapitre 24 ✨
Huit heures du matin. Je tape sur mon réveil pour qu'il s'éteigne. Personnellement, je trouve que huit heures est bien trop tôt pour une journée aussi chargée. Mais je ne veux pas arriver en retard, pas le premier jour en plus, alors je saute de mon lit chaud et douillet et je file aux douches.
Je prends mes vêtements, ma brosse à dents et une grande serviette. Dans cette école, ce sont des douches collectives, une pour les filles et une autre pour les garçons. Je déteste ça mais bon... Je suis obligée de faire avec pour le coup.
Quand je sors de ma chambre, je croise Liya et nous y allons ensemble. Nous descendons les escaliers et je lui fais part de mes appréhensions :
- Imagine que je ne sois pas à la hauteur ? Que je n'arrive même pas à faire sortir juste un peu de magie de mes mains ?
- Tu t'inquiètes pour rien, dit-elle en levant les yeux au plafond, tu m'as dit toi-même qu'en cours tu avais brûlé une feuille !
- Mais c'était un accident...
Nous arrivons aux douches et nous nous séparons dans des cabines différentes. Je me lave nerveusement mais au final tout se passe très bien.
Après m'être nettoyée, lavée, rincée, coiffée, habillée et brossée les dents, je m'en vais, toujours en compagnie de Liya. Nous entrons chacune dans nos chambres respectives et je commence à me coiffer et à me sécher les cheveux.
Je suis devant le miroir en train de chantonner une chanson que j'aime bien quand d'un coup je vois une ombre noire passer derrière moi.
Je me retourne en quatrième vitesse. Je ne vois rien. Absolument rien. Je me dis que c'est peut-être la fatigue qui me joue des tours et je me replace face à mon reflet.
Je ne chantonne plus ma chanson et je deviens très anxieuse. Je me dépêche de me sécher les cheveux et je les coiffe. Une deuxième ombre passe. Je ne la vois que dans le miroir. Dès que je me retourne, rien, à part mon lit et le mur, il n'y a rien d'autre. Aucune trace de quelque ombre que ce soit.
- Je deviens folle...
Heureusement, au moment où de petites larmes commencent à me monter aux yeux, Liya entre en flèche dans mon alcôve :
- Tu te dépêches ? Il est déjà huit heures quarante ! On va être en retard pour le petit-déjeuner.
Je me dépêche de prendre mes affaires de sport. Quand je me dirige vers elle pour sortir, je vois qu'elle me fixe.
- Qu'est-ce que tu as ? je m'inquiète.
- En plus, il y a des brioches à la pâte à tartiner au chocolat ce matin !
Surprise par ce qu'elle me dit, j'éclate de rire. Je passe devant elle en lui lançant :
- Ventre sur pattes, va !
Nous descendons les interminables marches qui passent par l'étage des garçons, ensuite celui des professeurs pour arriver aux cuisines. Nous sommes obligées ensuite de changer d'escalier car celui qui mène directement au réfectoire a une marche cassée et est en réparation. Après avoir couru dans tous ces escaliers et avoir trébuché deux fois à force de courir, nous arrivons saines et sauves (et à l'heure) pour le repas du matin. Nous n'avons pas arrêté de rigoler et toutes les peurs de plus tôt se sont envolées.
Je découvre que lorsque nous déjeunons, les repas sont à volonté. Je décide de ne pas me goinfrer non plus car nous avons sport après. Je prends donc deux brioches à la confiture et un œuf au plat.
Nous ne mangeons que toutes les deux car Liya m'explique que les garçons sont déjà en train de préparer le matériel pour la séance qui va suivre.
- Et Jennifer ? je lui demande toujours plus curieuse.
- Oh, elle..., me dit-elle en réfléchissant, je n'en sais rien pour tout t'avouer Diana. Un jour, elle est là et pouf, un jour elle est plus là !
- Vous étiez amies avant ? je la questionne en croquant à pleine dents dans ma brioche.
- Oui, nous étions même plus que des amies. Je la considérais comme ma sœur, mais du jour au lendemain, elle a changé.
- Que lui est-il arrivé ? je m'enquis la bouche pleine de brioche.
Elle regarde autour de nous, l'air d'observer si quelqu'un nous écoute. Elle se lève, contourne la table et vient se placer à côté de moi en ramenant son plateau.
- Je préfère être à côté de toi pour te parler librement, m'explique-t-elle.
- Ok, je réponds la bouche pleine.
Elle se penche jusqu'à ce que sa bouche touche presque mon oreille droite et me chuchote :
- Je pense qu'elle a pactisé avec le Mal...
- Non, pas possible ! Pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ?
- Tu sais Diana... Notre monde n'est pas forcément comme le tien. Á Endora, plus de la moitié de la population est très pauvre et vit à peine de ses récoltes.
- Et la famille de Jennifer en fait partie, je devine.
- Exactement, elle ne m'en a jamais vraiment parlé. Mais je sais très bien que le Mal donne de l'argent et des terres à des familles contre leur aide...
Je ne dis plus rien. Même si Jennifer et sa famille sont pauvres, je ne la pense pas capable de faire ça. En entrant dans cette école, on sait tous que jamais on ne doit se trahir, même dans des temps de guerre comme ça.
« J'espère que j'ai raison de lui donner tort...», je pense.
- Et toi ? Qui est ta famille ?
Elle a l'air plutôt choqué par ma question. Et c'est en voyant sa mine triste que je regrette aussitôt ma question.
- Désolée, je n'aurai pas dû demander...
- Non, non ce n'est pas ça ! C'est juste que mes parents me manquent...
Je ne lui en demande pas plus et nous finissons de manger dans un silence religieux.
Nous sortons et allons rejoindre les garçons après nous être préparées dans les vestiaires. Nous arrivons à l'endroit de rendez-vous pour la séance de sport. Quand nous arrivons à côté de la réserve de matériel, je vois que Jennifer est là.
- Tu vois, elle n'est pas venue manger, me dit-elle.
- Ça ne veut rien dire, tu sais, je lui réponds.
- Tu ne crois pas ce que je t'ai dit ? me lance-t-elle étonnée.
- Je ne sais pas... C'est gros quand même comme trahison. J'attends de voir pour le croire.
Je coupe sec la conversation en allant dire bonjour à tout le monde y compris Jennifer. Nous commençons le cours de bonne humeur.
- On démarre par quoi ? je demande, pressée de commencer.
Miles s'avance et s'exclame :
- C'est toi la nouvelle, c'est toi qui décides !
- D'accord ! Clairement, j'aime bien commencer un entraînement avec un footing !
- Un footing ?! Tu veux que je vomisse mon repas ?
- Chochotte va !
Liam vient de faire son apparition et je rigole face à sa remarque.
- Je ne suis pas une "chochotte", dit-il en mimant des guillemets. C'est juste que j'ai un estomac fragile.
- C'est ce que je viens de dire, t'es une cho-chotte, rétorque Liam.
Moi et Liya sommes mortes de rire. Nous étouffons presque mais c'est tellement drôle.
- D'accord vous voulez jouer à ça... Pas de souci, on fait trois fois le tour de l'école !
- Je relève le défi ! je crie. Mais il fait combien de kilomètres ? je lui demande en laçant bien mes baskets.
Bizarrement, Liam s'empresse de me répondre et coupe littéralement la parole à Miles qui le prend plutôt mal, mais ne dit rien.
- Il fait cinq kilomètres environ, m'explique-t-il en faisant une vague avec sa main.
- Cinq kilomètres ? je répète.
- Ouais, arrive Miles, fier.
Sur ce, nous partons tous courir ces quinze kilomètres. Mais qu'est-ce qui m'a pris de charier Miles ?
Je cours avec Liya. Nous rigolons et reparlons de la conversation que nous avons eue quelques minutes plus tôt :
- Pourquoi tu ne me crois pas enfin ? m'interroge-t-elle, l'air déçu.
- Je ne la connais pas, tu as raison. Mais pour moi, elle reste juste une jeune fille en pleine adolescence pleine d'arrogance !
- Elle n'était pas comme ça avant, soupire-t-elle.
- Je suis désolée, mais tu sais, les gens peuvent changer du jour au lendemain. Ça arrive aussi sur ma planète, ne t'inquiète pas.
- Je vois qu'elle ne me croit pas.
- Je suis persuadée de ce que j'ai dit. Je le prouverai...
Je sens une tension monter entre nous et je préfère changer de sujet :
- Dis Liya, j'aurais une question à te poser au sujet des Endoriens.
- Vas-y, je t'écoute, m'invite-elle.
- Et bien, je me demandais : vous devez vieillir deux fois plus vite que les Terriens puisqu'une heure ici correspond à une minute sur Terre.
- Ahahahahaha, mais où vas-tu chercher toutes ces questions ?!
Elle rigole à pleins poumons, même en courant. Je ne vois pas ce que j'ai dit de drôle mais j'attends qu'elle se calme pour m'expliquer :
- Tu me fais trop rire ! En fait, nous, les Endoriens, pouvons vivre jusqu'à trois cents ans. Même que la personne la plus vieille est morte à trois cent cinquante-huit ans. Un record !
- Trois cent ans ! Énorme ! Mais tu penses que je pourrai vivre jusqu'à cette âge là ?
Son visage devient soudain très grave. Plus aucune trace du rire de tout à l'heure n'apparaît. Elle commence même à me faire peur. Je ne l'ai pas encore vue comme ça !
- Qu'est-ce qu'il y a Liya ?
Elle ne répond pas et je commence à m'essouffler à force de parler. Nous avons déjà fait un tour et demi. Mais je ne peux pas arrêter de parler. Il faut que je sache ce qui se passe !
- Réponds-moi Liya !
Elle tourne enfin sa tête, l'air triste.
- Je vois que tu n'es pas au courant. Dame Luciana ne t'a rien dit.
- Qu'est-ce qu'elle aurait dû m'expliquer ? je me hâte de lui demander.
- Je ne devrais pas te le dire... Mais il faut que tu saches. Crois-moi, c'est dur à avaler.
- J'essaierai d'y arriver, je promets.
Elle souffle un peu et ralentis la cadence pour ne pas être essoufflée quand elle me parlera. Nous étions tout devant et les garçons nous rattrapent mais voient très bien que nous sommes en pleine conversation et passent leur chemin. Quant à Jennifer, elle a tracé son passage en doublant les garçons.
- Vas y, je lui dis doucement.
- J'espère que tu sais qu'à cause de ton pouvoir, quand tu vas mourir, une autre personne, avec le pouvoir du Dragon, va naître. Et que, quand tu es née, celle d'avant était décédée.
- Oui, je le sais ça.
- Ce que tu ne sais pas c'est que...
Elle déglutit et me regarde avec une mine triste.
- ...toutes les filles qui ont porté ce pouvoir sont mortes à la même date deux cents ans après leur naissance.
- Je vais mourir dans cent quatre-vingt-six ans, je conclus.
- Oui... je suis désolée.
Je ne peux pas me retenir de pleurer. Savoir que ma date de décès est déjà prévue depuis la nuit des temps me dégoûte et m'attriste à la fois.
- Je m'arrête net de courir et je pleure dans les bras de Liya qui s'est aussi stoppée.
- Ne pleure pas. Ça va aller...
Je relève la tête et je sais que je dois avoir une tête affreuse avec mes yeux gonflés et rouges.
- Liya ?
- Oui ?
- Est-ce que je peux mourir avant ma date prévue ?
- Oui, tu le peux, mais c'est arrivé très rarement.
Je ne dis plus rien et je m'effondre encore dans ses bras, pleurant encore de plus belle.
- Vis ta vie comme elle vient Diana ! Vis au jour le jour, comme moi !
- Je ne pourrai pas y arriver en connaissant ma date de mort ! Je ne pourrai plus vivre comme avant...
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