Chapitre 23 - Se dévoiler n'est jamais facile

Cette journée à flâner dans les rues de Nashville m'a fait du bien, mais elle m'a aussi mise K.O. J'étais censée passer la soirée avec Grant. Au lieu de ça, je suis tombée comme une masse après être rentrée. Il va croire que je passe mon temps à roupiller.

Je frotte mes yeux encore collés par la fatigue, et sors de ma grotte. L'appartement est calme. Il n'y a aucun bruit. J'inspecte chaque pièce, mais aucune trace de Grant. J'avance prudemment vers la dernière qu'il me reste. Il s'agit de sa chambre, dont la porte est close. Dois-je l'ouvrir ? Est-ce une bonne idée ? Je jette juste un rapide coup d'œil, c'est tout.

J'abaisse la poignée et pousse avec précaution la porte. Son lit, aussi grand que le mien, est fait au carré. À croire qu'il n'y a pas dormi. J'avance un peu pour avoir une meilleure vue d'ensemble car la pièce est grande. Il y a carrément un petit salon installé devant une des baies vitrées. À l'opposé, un dressing habille tout le mur et encadre une autre porte qui s'ouvre au moment où mes yeux se posent dessus. Grant sort de sa salle de bain, un simple boxer noir pour tout vêtement.

Ah.

Mon corps se fige, et plutôt que de partir en m'excusant pour lui laisser son intimité, je reste plantée là, à le contempler. Il s'arrête net en me voyant.

— Salut, dit-il en premier, un sourire aux lèvres.

Impossible de lui répondre. Les mots meurent dans ma gorge lorsqu'il se met à réduire la distance qui nous sépare. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je sens déjà le parfum de son déodorant enivrer mes narines. L'odeur me rappelle celle de l'océan. Je revois notre première rencontre, sur la plage.

— Je t'en prie, entre.

Il noue ses doigts aux miens, et me tire contre lui pour refermer la porte derrière moi.

— Désolé pour hier, je suis rentré plus tard que prévu, ajoute-t-il.

Il accompagne ses excuses d'un baiser sur ma joue. Des frissons de plaisir cavalent le long de mon dos. J'aime notre proximité.

— Je me suis endormie en t'attendant, rétorqué-je.

— Je sais. Je t'ai entendu ronfler de l'autre côté de la porte.

Je grimace, honteuse qu'il ait assisté à un concert privé.

— Je me suis permis d'entrée pour vérifier si tout allait bien. Je t'ai rabattu la couverture et éteint la lumière.

Difficile d'être insensible à son côté prévenant. Quand il agit ainsi, j'ai l'impression de revoir le Grant ado. Celui qui prenait soin de ses camarades. Je me souviens d'un match de football américain, à l'époque où il faisait partie de l'équipe de l'école. Il avait aidé un des joueurs co-adverse, blessé, à quitter le terrain alors qu'il s'était lui-même tordu la cheville.

J'ai trouvé ça dingue qu'on ne lui accorde aucun merci. Mais lui, il s'en fichait. Grant n'attend jamais rien en retour. Il est là pour les autres, sans contrepartie, et se contente de ce qu'on lui donne.

Dans un élan que je ne contrôle pas, je me hisse sur la pointe des pieds et l'embrasse. Mes mains agrippent son visage, craignant qu'il s'éloigne.

Pourquoi ne répond-il pas à mon baiser ?

— Ainsley, murmure-t-il contre mes lèvres.

Je recule de quelques centimètres pour le regarder droit dans les yeux, le cœur tambourinant comme un fou. Ses iris verts me couvrent de tendresse. Je n'y comprends rien.

— J'ai passé la journée d'hier à penser à toi. Et là, on est dans ma chambre. Je suis à moitié à poil. Tu débarques avec ce regard pétillant que j'aime tant. Tu m'embrasses.

J'écoute attentivement son énumération sans savoir où il veut en venir. Il marque une pause puis, voyant que je ne percute pas, laisse échapper un éclat de rire des plus craquants.

— Pour être plus clair, j'ai très envie de te plaquer contre cette porte avant de découvrir la couleur de tes sous-vêtements.

Il colle son bassin contre mon ventre. La bosse dure que je sens est donc...

Ah.

Le rouge me monte aux joues. Il y a de la gêne, mais je crois que c'est avant tout ma libido qui parle.

Grant fait glisser son nez contre ma joue gauche. Il embrasse ma tempe, puis me murmure à l'oreille :

— Laisse-moi t'admirer.

Il m'offre un nouveau baiser sur ma tempe.

— Te désirer.

Et un autre.

— Te combler.

Son corps pressé contre le mien me fait reculer jusqu'à ce que mon dos rencontre doucement la porte de sa chambre. Mon imagination s'active. C'est nous. Rien que nous.

Ses avant-bras se posent de chaque côté de ma tête. Nos nez se caressent. Nos lèvres se cherchent. Le temps semble ralentir pour nous laisser profiter de cet instant.

— Te mériter.

Son souffle saccadé se mélange au mien. Ces deux derniers mots achèvent mon cœur. Je réduis l'infime distance qui nous séparait et l'embrasse. Nous gémissons en chœur, heureux de nous retrouver.

Être si proche de lui, alors qu'il ne porte quasiment rien, embrase toutes mes cellules comme si j'étais fiévreuse. Mes doigts effleurent la peau de son torse en suivant les courbes de ses muscles. Elle est si douce à mon toucher. On dirait du velours. Grant laisse échapper un nouveau gémissement qui me fait frissonner. C'est grisant de voir l'effet que je suis capable d'avoir sur lui. J'ai l'impression d'être la plus chanceuse du monde quand je le sens réceptif à mes attentions.

— C'est moi qui dois te mériter, marmonné-je entre deux baisers enflammés.

Ses paumes viennent se caler sous mes cuisses. Il me soulève sans jamais cesser de m'embrasser, et me porte jusqu'à son lit. Ses draps sentent son odeur. J'ai l'impression qu'on me dépose au milieu d'un parterre de fleurs.

Il se redresse sur ses bras pour ne pas m'écraser. Nous reprenons notre souffle. Ses yeux me contemplent avec une telle intensité que j'ai l'impression de fondre sur place. Il me sourit avec tendresse avant de se précipiter à nouveau sur mes lèvres.

Nos langues se cherchent, s'affrontent, pour finir par se cajôler dans un baiser rempli de passion, de sentiment. Je n'avais pas embrassé un homme de cette façon depuis des lustres. Avoir le cœur prêt à exploser dès qu'on se retrouve dans la même pièce que l'être désiré est autant flippant qu'enivrant.

Les mains de Grant agrippent le bas de ma robe pour la faire remonter le long de mes jambes. Je me cambre lorsque ses doigts frôlent le tissu de ma culotte. J'enroule mes cuisses autour de ses hanches pour amener son bassin contre le mien. Grant embrasse mon nez, mes joues, mon front, puis mordille la peau de mon cou. Juste assez pour m'électriser sans laisser de trace.

— J'adore le jaune pastel.

Il me faut quelques secondes avant de comprendre qu'il parle de la couleur de ma culotte. J'étouffe mon rire dans le creux de ma paume, mais il saisit mes poignets pour placer mes bras au-dessus de ma tête.

— Et j'adore quand tu ris.

Je mords ma lèvre inférieure avant qu'un nouvel éclat de rire résonne dans la chambre.

— J'ai envie de tout connaître de toi, Ainsley.

Le sérieux de sa voix me calme. Il me libère et se redresse sur ses genoux toujours posés entre mes cuisses. Je me sens soudain intimidée par sa hauteur.

— Je peux ?

Il montre du doigt la fermeture de ma robe située sur mon flanc droit.

— Oui.

Grant se penche pour la faire descendre jusqu'à ma taille. Il enlève ensuite une première bretelle. Le fin tissu de mon soutif de la même couleur que ma culotte est à sa vue. Il s'arrête pour prendre le temps de contempler ma poitrine. Mon bonnet B semble lui convenir. Sous son regard, j'ai toujours l'impression d'être la plus belle.

Il effleure mes clavicules du bout de ses doigts. Son contact me brûle d'une délicieuse chaleur. Il s'aventure sur mon épaule pour s'emparer de la dernière bretelle. Je la sens glisser avec le reste de ma robe. Je ne le quitte pas des yeux et profite de ce sublime spectacle.

Grant s'arrête avant de découvrir mon ventre.

— T'es d'accord pour que je continue ?

Je sais très bien pourquoi il me pose la question. Et ça me touche d'autant plus.

Durant notre sortie en mer, j'ai refusé d'être en sous-vêtements pour aller me baigner. Je n'ai pas voulu qu'il voit ma cicatrice. Est-ce qu'aujourd'hui, ça a changé ? Je ne sais pas. Oui et non.

Je me suis toujours demandé comment allaient être mes relations intimes après l'épreuve que j'ai passée fin d'année dernière. Elle m'a laissé une affreuse marque et la peau sur les os. Je doutais qu'un jour, quelqu'un veuille bien de ça. Ce n'est pas une question de confiance en lui, mais de confiance en moi.

Grant remarque mes doutes. Il s'avance pour embrasser mon front.

— Je vais te chercher un t-shirt.

Je ne le retiens pas. Son corps se lève du matelas qui me paraît bien vide sans lui. Grant ouvre une des portes de son dressing pour en sortir un t-shirt à l'effigie des Titans, l'équipe de football américain de Nashville.

Il n'a pas changé depuis qu'il est sorti de la salle de bain il y a moins de dix minutes et pourtant, je le trouve plus beau que jamais. Il fait attention à moi, à mon bien-être. Ça le rend terriblement sexy.

Il revient et s'assoit au bord du lit, dos à moi.

— J'te laisse retirer ta robe et tu me dis quand tu veux que j'te passe le t-shirt.

J'acquiesce, même s'il ne peut pas me voir, et fais glisser ma robe le long de mes jambes. Je la pousse pour qu'elle tombe sur le sol. La fermeture claque sur le parquet de la chambre. Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule en direction de Grant. Il n'a pas bougé. Beaucoup d'hommes n'ont pas sa patience, ni son respect. Je ne me sens pas prête à lui dévoiler entièrement mon corps, et il l'accepte.

Durant une brève seconde, je me surprends à espérer qu'il se retourne. C'est insensé. C'est moi qui lui demande de ne pas regarder.

— Tu...

Ma phrase reste en suspens, comme mon geste. Ma main s'est arrêtée entre mon corps et le sien alors que j'allais m'emparer du t-shirt. Qu'est-ce qui m'arrive ?

— Tu pourrais me l'enfiler ?

Ohlala, je déraille complètement.

La tension qui règne dans la pièce doit me monter à la tête. J'ai l'impression d'être ivre sans avoir consommé une goutte d'alcool.

— Si c'est ce que tu veux, alors je le fais avec plaisir.

Le voir pivoter dans ma direction me ramène à la réalité. C'est comme si j'avais une violente piqûre de rappel par mon corps qui me crie : Non, c'est trop tôt ! Ou bien est-ce plutôt mon cœur qui me le hurle ? De quoi a-t-il peur ? Que cette marque rebute Grant ? Et pourquoi pas ?

Je ne laisse pas la possibilité à ses yeux verts de trancher sur la question. Je me mets de dos avant que ça n'arrive, et me frappe mentalement. J'ai le sentiment de souffler le chaud et le froid avec Grant. Je déteste ça. Ce n'est pas ma façon d'agir d'habitude.

J'attends qu'il dise quelque chose. Mais rien. Pas même un soupir las. Je m'apprête à tourner la tête quand je sens le matelas bouger. Il s'affaisse derrière moi, signe que Grant s'est rapproché.

— De dos, ça marche aussi.

Sa voix grave, sensuelle, est un véritable délice pour mes oreilles. C'est une mélodie que mon cœur adore.

Grant passe le tissu au-dessus de ma tête pour me l'enfiler. Puis, un à un, il passe mes bras dans les trous en prenant soin de laisser une traînée de baisers depuis mon poignet, jusqu'à mon épaule.

Il abaisse le t-shirt. Ses mains effleurent à peine ma poitrine que je me cambre de plaisir. Ce n'est rien et pourtant, tout explose à l'intérieur de moi. Ma tête tombe en arrière, sur son épaule. Il entoure ma taille de ses bras puissants pour me serrer dans une étreinte qui me fait tourner la tête.

Ses caresses sur mon corps l'enflamment un peu plus à chaque seconde qui passe. Quand ses doigts finissent par jouer avec l'élastique de ma culotte, je me mords les joues pour ne pas gémir. J'aimerais qu'il aille plus loin. Qu'il touche mon point sensible. Et plus... Mais il ne faut jamais prendre ses désirs pour des réalités. Grant enlève ses mains de mon corps. Je bondis, pleine de frustrations.

— Pourquoi est-ce que tu t'arrêtes ?

Le sourire satisfait plaqué sur son visage me donne envie de lui faire manger. Il lève les mains en l'air comme si je venais de l'arrêter pour un délit.

— Je veux qu'on se découvre en même temps.

Cette idée me plait. Je lui fais savoir en l'embrassant.

Il rit et nous bascule sur le côté, face à face. Mes doigts se faufilent à l'intérieur de son boxer tandis que nos regards sont ancrés l'un dans l'autre. Sentir son membre tendu entre mes doigts augmente le plaisir lorsque les siens rencontrent enfin la zone la plus érogène de mon corps.

Nos gestes sont lents. C'est une danse douce et délicate, comme un ballet. Nos mouvements sont coordonnés, nos respirations haletantes en harmonie.

Le précipice est là, juste en face de nous. Notre envie d'y tomber devient de plus en plus forte. De plus en plus pressant. Notre rythme s'accélère. Nous ne marchons plus vers le bord du gouffre, nous courrons.

Et c'est à pied joint, ensemble, que nous y sautons. 

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