Une histoire de Pierre

- Ca fait un bail tu trouves pas ? lui dit la jeune femme.

- Pourquoi tous te regardent méchamment ? dit Pierre sans répondre à sa question. 

- Je suis devenue celle qu'on déteste, j'ai éloignés tous mes amis. Tu avais raison, je ne suis qu'une égoïste. Je le reconnais je ne suis qu'une idiote.

M avait appris qu'il ne servait à rien de lui mentir, alors elle lui disait la vérité. Aussi simple qu'elle était du moins, en partie. Il va droit au but alors elle se doit d'en faire de même. Elle répond à ses questions il le fait pour elle.

Pierre et M regardaient devant eux, rien ne laissait supposer qu'ils se parlaient si ce n'est qu'ils sont côte à côte sur ce banc rose dans le vent glacial. La cheville de M la lance, mais elle ne montre rien. Le froid la transperce mais elle ne montre rien. Impassible comme on le lui a appris. Cette cheville lui pose assez de soucis, pas besoin de se soucier du froid mordant.

- Pourquoi tu es sorti ? lui demanda-t-elle.

- J'avais besoin de te parler, et tu as supprimés tous tes comptes partout, et tu m'as bloqué partout. 

- Je devais te protéger et les protéger.

Elle sentait dans son attitude qu'il commençait à s'énerver. M faisait des réponses vagues telles qu'il les déteste. Elle le menait en bateau, le faisait tourner en rond. Pierre savait qu'elle le faisait exprès. Une de ses attitudes de défense. Probablement celle qu'il déteste le plus, elle lui cache quelque chose et il ne lâchera pas. Il ne lâchera pas tant qu'il ne saura pas toute la vérité. Tout ce qu'elle refuse de lui dire il lui fera avouer. Telle est sa nature.

- Nous protéger de quoi ? de toi ?

- De ma famille et des ennuis qui vont de paire, répondit-elle.

- Je te comprends pas ! Tu vas devoir m'expliquer, je ne te laisserai pas tant que je ne saurais pas.

La jeune femme réfléchissait à toute allure, elle ne pouvait pas lui dire qui sont ceux qui les mettent en danger, elle doit trouver une autre raison à tout ça mais quoi ? Une larme roula sur sa joue, elle avait trouver, elle espérait que ce soit suffisant.

- J'ai tué mon père, quand j'avais dix ans, volontairement, ce secret allait ressortir, mais ça ne doit pas se savoir, jamais.

Pierre a côté d'elle se tendit. Il savait que M n'avait pas tout dit.

- Pourquoi tu nous repousses, tu ne mens pas, mais il n'y a pas que ça. 

M déteste ça chez lui il est beaucoup trop perspicace et surtout il la connait trop bien. Elle admire cette façon qu'il a de comprendre les gens, elle n'a pas son talent.

- Je ne peux pas te le dire, trop de gens le savent déjà, ça met mon secret en danger. Tu le sauras, mais pas maintenant.

L'énervement du jeune homme atteint ses limites, il se leva en hurlant presque.

- Pourquoi te ne cesse de repousser tout ceux qui t'aiment ! On veut juste t'aider ! Tu ne nous protège pas de cette façon, la seule chose que tu fais c'est te protéger toi de tes émotions ! Arrête d'avoir peur et accepte l'aide que l'on t'offre !

Il fulminait, mais M était secouée. Il avait raison, et c'était probablement le pire. Tout au long de sa vie M n'a jamais été heureuse, entre sa soif de sang jusqu'à ses dix ans et sa culpabilité ensuite, maintenant elle se sens sale à cause de ses actes. Pour éviter de blesser et d'être blessée elle a choisi de fuir. Courage fuyons ! Elle en a conscience maintenant. Elle se le cachait à elle même, c'est la seule chose qu'elle sait faire. Se cacher et fuir, ne pas assumer. Elle n'est pas faite pour le rôle qui lui incombe.

Alors M bascula. Elle s'effondra les genoux au sol. Il avait raison. Elle l'avait compris. Pierre reprit d'une voix plus douce.

- Accepte mon aide Mimosa.

Pierre lui tendit la main, et M l'accepta. 

M lui raconta toute sa vie et toutes les décisions qu'elle avait prises. Elle lui raconta sa blessure, sa soif, la mort de son père et ses grands-parents dont elle n'avait pas pu porter le deuil, des sacrifices pour rester normal aussi longtemps que possible. M gardait le visage et la voix neutre, comme si tout ce qu'elle avait vécu n'avait en rien changer sa vie et ses pensées. Même là, alors que sa vie est bien triste, elle se dit qu'il y a toujours pire ailleurs. 

Pierre ne dit rien, la laissant raconter. Il n'imaginait pas ça. Il savait son histoire difficile, mais de là à imaginer tout ça. Pierre comprenait son besoin de se renfermer. Lui avait eu une enfance heureuse, malgré le fait qu'il n'était pas désirer, ses parents l'ont aimés plus que tout. Son grand-frère avait le don de lui faire faire toutes les bêtises possibles, leur relation est incroyablement fusionnelle. Ils sont une famille unie, là où elle seule. Il est heureux là où elle survit.

Il ne veut pas de ça pour elle, elle doit vivre et non survivre. Sans plus attendre il choisit. 

- Attends moi je reviens. 

M ne cessait de réfléchir, elle se demandait ce qu'il y gagnait, puis elle comprit. Pierre n'y gagne rien, il veut juste l'aider, comme tous ceux qu'elle a rejeté. Elle se promit alors de ne pas les oublier et de toujours détester ces actions de méchanceté qu'on lui impose. Elle savait que la meilleure décision qu'elle pouvait prendre était d'accepter l'aider de ce garçon au regard aiguisé.

Pierre n'est pas le genre enfant sage. Il est ténébreux et fin comme une brindille. Il n'est pas de ceux sur lesquels on se retourne il est de ceux que l'on voit sans voir, mais il n'en n'est pas banal pour autant. Il suffit de croiser son regard pour se rappeler de lui. Son regard perce nos âmes. Devant lui nous n'avons plus de secrets.

Et il revint. Il lui avait acheté un prépayé. 

- Maintenant tu vas redevenir celle que j'ai aimé. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top