Il est mort, mais pas dans n'importe quelles conditions. Il avait su par Charles que sa jeune amie survivait à grandes peines, dégoûtée d'elle et de ce qu'elle ne ressentait pas pour lui. Dorian était fou de rage. Il s'en voulait beaucoup, il avait était impulsif et idiot. Il hésitait à demander à Charles de le remplacer.

- Je suis un idiot, dit le jeune homme à son ami par appel visio. Je ne suis qu'un putain d'idiot d'être parti... 

- Je confirme, répondit Charles.

- Tu pourrais me soutenir, bougonna Dorian. Tu penses que je peux rattraper ca ? 

- Sans aucun doute, ajouta Charles sans l'ombre d'une hésitation.

Les deux hommes étaient beaucoup plus proches aujourd'hui qu'avant l'arrivée de la jeune fille. A l'époque c'est à peine s'ils se saluaient  Elle les avait rapprochés comme personne n'aurait pu l'envisager. Pourtant ils s'étaient découvert de nombreux points communs. Parmi ceux-ci il y avait leur attachement à M. Une reine, elle en a la carrure et les deux hommes ne cessent de comprendre à quel point. 

Ils savent pourtant qu'elle ne veut pas de ce qu'elle est. Ils le disent souvent, mais c'est tellement vrai, si le roi venait à mourir et que les gens venaient à apprendre ce qu'il a fait nul doute que la passation de pouvoir risque de provoquer des émeutes et des morts. 

Ils en parlent souvent, Dorian a fait le rapprochement entre les bleus de M, décrit par Charles, le couvre feu et les cris étouffés qu'on entendait parfois dans le grand manoir sans vie. Les jeunes gens ignoraient jusqu'où allait la cruauté de leur roi et les blessures de M. Aucun des deux hommes n'avait eu le courage de demander jusqu'où le représentant de la loi était allé. 

Mais une chose est sûr même dans leur pire cauchemar ils n'ont pas pu approché la vérité. Pour tous c'est impensable. Le roi regorge d'une morbide imagination, d'une lubrique et morbide imagination. Pire encore certaines de celles-ci lui sont soufflées par sa femme, trop heureuse de trahir sa fille. 

Dorian avait fait son choix, il devait retourné chez lui et Charles accepta de prendre sa place pour une durée interminée. Sur le visage de chacun des garçons règne un sourire étincelant. Pour l'un c'est l'occasion  de revoir celle qu'il aime et de faire en sorte qu'elle aille mieux, qu'elle retrouve le gout de vivre. Pour l'autre c'est l'occasion de rendre service à un ami et à sa future dirigeante pour laquelle il a le plus grand respect. Les deux garçons aiment rendre service. 

Charles s'est rendu compte que sa haine à l'égard de M était injustifiée et que sa naissance n'en faisait pas quelqu'un de diabolique ou de mauvais. Il s'est aperçu qu'elle est humble et dine de ces noms et du fardeau qu'ils ajoute à la personne qui les porte. M est forte malgré les responsabilités qui lui incombent.

Dorian se doit de réparer cette erreur qui à failli lui couter la vie à de nombreuses reprises. Il l'aime, plus que tout au monde, et le fait qu'elle ne partage pas ces sentients ne doit en aucun cas influer sur leur relation fraternelle, une relation qui apporte un certain équilibre à M. Et même s'il ne l'avouera jamais c'est un équilibre dont Dorian à besoin pour ne pas perdre pied et donc la tête.

Le jeune soldat prépare gaiement son sac, ignorant ce qui l'attend. Ce qui est le pire dans le fait de mourir c'est de ne pas savoir quand ça va arriver. Comment s'y attendre quand on a à peine la vingtaine. A quoi on pense qu'on est si jeune ? A vivre ? A son avenir ? A nos amours déçus ? A ceux partagés ? Dorian a cessé de se poser toutes ses questions quand il s'est engagé. Le soir même un avion décolle ramenant certains soldats à la maison. Ces derniers vont retrouvé leurs familles et leur amis, d'autres rentrent entre quatre planches, il est alors plus compliqué de se dire que tout ira bien.

Parmi tous ces soldats il y a Dorian. Celui-ci pense à M sa douce soeur trop aimée. 

Il y a parmi eux Lucas Kane. Celui-ci pense à sa famille, à sa mère dont son dernier souvenir est un visage mouillé par la tristesse.

Il y a parmi eux Francis Souria. Celui-ci est mort et son corps va enfin être rendu à sa famille, celle-ci pourra faire son deuil en sachant qu'il y a un corps dans cette tombe qu'ils fleuriront. 

Il y a parmi eux Aaron Beskow. Celui-ci va retrouvé celui qu'il aime. Il va le lui dire, la vie est trop courte pour douter.

Il y a parmi eux Martin Martin. Celui-ci rentre chez lui avec la ferme intention de faire entendre sa voix et de faire bouger les choses. 

Parmi tous ces hommes, certains ont des femmes et des enfants, certains de ceux qui sont entre quatre planches sont morts depuis des années et leur corps et rendu à leur famille encore endeuillée. Certains d'entre eux n'ont personne qui les attends, mais ils vont retrouvés la tranquillité de leur vie passée. Leurs souvenirs sont lointains. Les visages se sont effacés, les voix ne résonnent plus, les odeurs se sont dissipées, le goût des baisers de celui qu'on aime est fade. La douleur de l'absence se fait encore plus forte que les retrouvailles approchent. Certains attendent en vain.

On ne se remet jamais vraiment de la mort d'un être proche ou d'avoir donner la mort. Tous les soldats le savent, certains se trouvent monstrueux. Mais ces hommes n'y pensent plus, pas maintenant.Dans l'avion qui les ramène chez eux les soldats rient, ils chantent. Ils ne pensent pas que c'est ce moyen de rentrer chez eux qui leur sera fatal. 

Qui pourrait le croire ?

Tous maintenant que l'avion tombe du nez dans l'eau glacée. Alors que l'aile est en feu et qu'on laisse la peur nous envahir. 

Reste à savoir si la peur où l'envie de survivre sera la plus forte. Si la survie prime ils ont une chance, sinon ils feront comme ses corps embaumés, ils iront se faire bouffer par les poissons au plus profond de l'océan.

Et Dorian ? Qu'est-ce qui a primé chez lui ?