C'est un enfer. Depuis que le commandant Fimoba est arrivé, M est obligée de courir chaque matin, mais avec sa cheville, c'est une véritable torture. Avec une cheville brisée faire cinq kilomètres chaque matin est digne du neuvième cercle des enfers.

M sait qu'il le fait par haine envers elle. Il n'y a qu'un respect de façade. Comme une promesse muette, ils faisaient preuve d'une aversion secrète et mutuelle. C'est tout ce qu'ils s'offrent les apparences. 

La jeune femme boîtait de plus en plus, le Général fit venir un médecin, qui lui mit une atèle. Le fameux médecin l'avait regardé avec compassion, quand elle avait eu le malheur de raconter ses déboires. Il la jugeait et la jeune fille le voyait dans son regard. Elle détestais ça. L'avantage c'est qu'elle est dispensée des tours de terrains au réveil. Peut-être le seul depuis ce changement de tuteur. Elle n'a pas d'espoir, elle aimerait se réveiller un matin en se disant que ce service militaire n'existait pas.

A l'autre bout du monde Charles de Monterrey se démenait, il voulait pouvoir faire son deuil autant que M. Mais il sait tout comme elle que rien n'est possible sans un corps, ça fait une semaine que l'avion a été abattu, et le commandant n'a eu aucun résultat, mais il ne désespère pas. Il garde l'espoir, au plus profond de son coeur. C'est cette lumière qui le fait tenir. Son équipe parcours le désert, il a la sensation que bientôt il trouvera l'avion, ou des survivants ui sait ?

- Commandant ! s'exclama un jeune soldat envoyé en éclaireur, Charles ne parvenait pas à se souvenir de son nom.

- Oui, qui a-t-il ? 

- On a trouvé une épave ! 

Charles sortit de sa tente en quatrième vitesse. Il suivit sa jeune recru. Ils traversèrent les dunes jusqu'au lac Marxis, le jeune homme peinait à suivre la cadence, le commandant le distançait presque sans connaître le chemin. 

Jim Warne sentait le commandant au comble de l'impatience. Lui est là par obligation, pour sa bien aimée, elle a perdu son frère. C'est un soldat incroyable, un des plus fin stratèges depuis Geoffrey Intoump. C'est pour elle qu'il est là, pour retrouver Nathan Martinez. Il aimerait rentrer chez lui, mais il lui a promis. Au contraire le commandant semblait concerné par cette quête impossible. Est-ce simplement par sens du devoir ? A-t-il quelqu'un à retrouver ? Ce commandant est quelqu'un de calme, un calme froid. Au fond il est flippant, mais c'est un bon dirigeant, l'un des meilleurs qu'il est connu. Pourtant là il semble au comble de l'excitation. Jim sait que c'est le bon appareil, mais il a peur de ce qu'ils vont trouvé à l'intérieur.  

L'épave était dans l'eau et sur la terre, il s'est écrasé en eaux profondes à l'origine. En une semaine le lac s'est vidé dans la mer, c'est étrange comme phénomène et presque inexplicable, c'est une sorte de marée complétement surnaturelle. Des scientifiques travaillent sur le phénomène depuis des années, mais aucun n'a pu dire d'où ça venait. Cet incroyable événement aura eu un avantage, celui de mettre au jour la carcasse de l'appareil, l'avion a été détruit sur tout le côté droit.  

Charles se précipite à l'intérieur. Il y avait trente deux hommes à l'arrière en plus du pilote et du copilote, et il y avait cinq corps en soulte. Avec l'eau il ne sait pas à combien de corps il peut s'attendre. Ni a combien de cadavres carbonisaient, ni à combien de corps identifiables.

Dans une base militaire en Utopy, Lilas pleure. Elle ne pleure pas de rire. Elle est seule et persécutée. Elle comprend enfin la douleur de M. Elle ne lui manque pas. Seul un pincement au coeur se fait sentir quand elle pense à elle. Après que Guillaume l'est quitté comme une grosse merde elle avait fait le choix de l'anonymat. Lilas était décidée à faire profil bas, de toute façon à la rentrée elle serait partie. Sa mère prépare le déménagement et c'est la meilleure chose qui puisse être. Les regrets c'est pas pour elle.

Au fond elle s'en moque, elle a fait les mauvais choix, elle ne peut pas changer le passé et elle ne pourra pas non plus rattraper ses erreurs. C'est une chance non ? 

Elle va repartir à zéro là où personne ne la connaît, et elle les oubliera, Alexis, Mira, Eden, Roméo, Tristan et Marcus. Elle aimerait se mentir, mais elle oubliera M au même titre que les autres. Un nom de plus dans une liste. Un espoir, c'est qu'ils oublient ce qu'elle a fait, un jour elle reviendra peut-être dans leurs vies, épanouie et heureuse.

Conrad Intoump attend avec impatience la fin du service militaire. M lui a demandé des réponses et a promis de faire ce qu'il voudrait en échange. Il aime cet enfant et sa cruauté. Il sait qu'elle a enfouie cette partie d'elle mais il compte bien la révélée. Il veut faire d'elle une reine impitoyable. Il va lui faire se rappeler de tous les détails qui font de cette soirée la plus belle de sa vie de roi.

Il se souvient de cette soirée qui a couter la vie à son ami, Charles Marxis. 

Il se souvient d'une Mimosa encore enfant tenant un couteau pour défendre son papa. 

Il se souvient de sa maladresse en le tenant et de ses yeux violets déterminés . 

Il se souvient des mots qu'il a dit pour que son père devienne un monstre à ses yeux d'ange. 

Il se souvient de la rage qui avait envahi son regard, du regard apeuré de sa mère quand elle s'est retournée

Il se souvient des cris de la femme quand sa fille à poignarder son mari tant aimé, avant d'être en état de choc.

Il se souvient avoir tendu la main à la mère qui l'avait pris avec la ferme intention de se venger.

Il se souvient des jeux auxquels il se livrait sous les yeux pleines de haine de Virginie Marxis. Elle souriait cruellement. 

Après tout comment pardonner à une fillette qui de sang-froid à tuer son père avant de l'idéaliser dans ses souvenirs ?

Virginie aime sa fille, mais pas cette sombre part de son être. Mieux vaut être cruelle que de risquer la mort.