Quand M se réveille elle est encore dans les bras de Pierre, elle ne se pose aucune question, elle se contente de savourer le moment qu'il lui offre. Elle se colle à lui autant qu'il est humainement possible, la tête dans son cou. Avec lui elle a l'impression d'être juste elle, une adolescente normale sans la pression de son statue et de son beau-père, elle se sent bien. Et la jeune femme sait, il est précieux pour elle, il est donc un danger pour le roi. C'est le seul secret qu'elle avait réussi à conserver, elle l'avait jalousement gardé pour elle, presque de façon égoïste. Personne n'en a jamais rien su. Elle était si heureuse que personne n'avait posé de questions, ils se contentaient de la voir épanouie. M ferma les yeux, se concentrant sur l'odeur de Pierre, et sur ces souvenirs heureux tout semblait si simple avec lui. 

Quand Pierre se réveilla à son tour, il resta les yeux fermés jusqu'à qu'un corps se colle encore plus au sien. Il ouvrit les yeux, il vit Mimosa collée à son torse. Il n'avait pas souvenir que se fut le cas avant de s'endormir, il ignorait aussi si c'était volontaire ou inconscient, mais dans un cas comme dans l'autre c'était parfait. Il ne s'en plaignait pas, jamais il ne le pourrait, son contact lui procurait tant de bien. Sur le visage de la jeune fille, malgré que les larmes l'eut abimé, il vit à quel point elle était belle et apaisée en l'instant. Savoir qu'il était à l'origine de cet apaisement le rendait tellement heureux. Pierre la voyait comme elle était elle, elle avait un fonction pour le pays, mais pour lui elle reste Mimosa, cette adolescente trop mature pour son âge, qu'il avait aimé de tout son corps et de toute son âme, et au fond ses sentiments étaient loin d'être d'éteint.

Pierre resserra ses bras autour de la taille de la jeune femme. Mimosa ouvrit brusquement les yeux. Entre eux il n'y avait plus quelques centimètres, mais ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir les franchir, sans pour autant qu'ils veuillent approfondir la distance entre leurs corps. 

- Désolé de t'avoir réveillée, dit le jeune homme gêné.

- Ce n'est pas le cas, ne t'en fait pas, lui répondit M en souriant.

Un mèche lui tomba devant les yeux, Pierre l'a remis derrière son oreille en frôlant sa peau. Le moment était empli de gêne, aucun des deux ne savait quoi dire. Ils étaient paralysés alors qu'ils n'avaient pas à l'être. C'était le moment où ils devaient parler, mais aucun des deux ne le voulait. Ils étaient peureux, pour beaucoup de raisons. Une autre émotion se dégageait de l'instant, mais aucun des deux ne la prit en compte.

- Je crois que je vais y aller, les domestiques vont s'inquiéter.

- Domestiques ?

- Un lubie de mon beau-père, répondit M, avec un léger sourire.

Mimosa se détacha de lui à contre-coeur. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle repensa à la dégradation de sa relation avec son frère après son annonce, elle refusait de vivre la même chose avec Pierre alors qu'elle venait de le retrouver. Elle avait tant besoin de lui dans sa vie.

Pierre la regarda se lever, elle n'était pas en dehors de la pièce qu'elle lui manquait déjà, il ne savait pas quoi faire. Il y avait deux possibilités, dans l'une des deux il souffrait et perdait. Il la perdait elle. Dans l'autre ils étaient heureux. Il ne savait pas laquelle l'attendait alors il se tut.

Mimosa pris sa veste et franchit la porte après lui avoir dit au revoir. Il y avait un goût de non-dits dans l'air.

Pierre referma la porte, il resta pourtant la main sur la poignée. Il avait envie de la rattraper, mais est-ce qu'il le devait ?

Mimosa marchait. Elle ne voulait pas s'éloigner de Pierre. Devait-elle y retourner ? Elle tourna la tête vers son habitation, un sourire triste aux lèvres. Non c'était mieux ainsi, elle partie, perdue dans ses pensées. 

La porte s'ouvrit brusquement sans que la jeune fille ne l'entende. Le garçon couru vers elle. 

- Mimosa ! 

Elle se retourna, et vit arriver Pierre.

- Ne part pas. 

Dans ses yeux on lisait toute sa détermination. 

- Je ne veux pas qu'il y est de non-dits entre nous. On a toujours été franc l'un envers l'autre, toute à l'heure quand tu étais dans mes bras je voulais te le dire. Je suis tombé amoureux.

M ne montra pas sa déception, il la rejetait, mais c'était mieux ainsi, tenta-t-elle de se convaincre. Il serait en sécurité.

- Je suis contente pour toi, et je voulais aussi te remercier pour ce que tu as fait pour moi.

La jeune femme tourna les talons sans qu'il ne puisse rien dire. Elle allait s'en aller quand une main se posa sur son bras.

- Mimosa, regarde moi.

Hésitante, la jeune femme tourna doucement son visage triste vers lui. 

- Tu n'as pas dire autre chose, je te souhaite simplement d'être heureux, même si c'est loin de moi que ce trouve ton bonheur.

La main de Pierre se détacha de sa peau, elle se sentait vide. 

- Pourquoi as-tu si peu confiance en toi ? 

Il continua alors qu'elle s'éloignait. Ses poings étaient serrés sous la colère qu'il ressentait envers lui-même pour ne pas réussir à lui dire. Un larme s'échappa.

- Pourquoi refuses-tu de voir ce qui est juste devant tes yeux ?! Il n'y a que toi dans mon coeur. Dit moi que c'est réciproque ou que tu es passée à autre chose, mais parle moi !

Il rajouta, presque pour lui même alors que la jeune femme s'était stoppée.

- Je t'en supplie, parle moi...

Depuis quelques minutes s'égrainèrent. Maintenant la jeune femme avait laissé s'écouler ses larmes. Elle restait pourtant dos à lui. Elle avait peur d'avoir entendu ce qu'elle voulait entendre. Elle se rappela alors que de toute façon elle en avait envie et que sa vie n'était vivable que s'ils étaient là l'un pour l'autre. M ne perdit pas une seconde pour faire volte-face. 

Sans ce soucier des regards qui pourraient la dénoncer, elle sauta dans ses bras. Ils échangèrent le premier baiser, celui qui signe un début.

- Jamais je n'ai pu t'oublier, ajouta M.

Tout était dit.