Epilogue

22 ans plus tard, aujourd'hui...

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Pendant qu'elle racontait encore son récit, Uméïra ne pouvait s'empêcher de laisser des larmes lui couler le long des joues. Asra, elle, ne bougeait plus. Elle était comme figée, incapable d'esquisser le moindre geste.

Elle avait religieusement écouté le récit de sa mère, qui avait réussi à lui faire ressentir toutes les émotions. Bien qu'Uméïra dû lui épargner certains détails, elle était sûre d'une chose, son père était un héros.

   — Papa a vraiment fait tout ça ? demande avec une innocence enfantine Asra.

   — Oui, acquiesce Uméïra. Adrian a été bien plus qu'un héros à mes yeux.

Si seulement elle avait su qu'elle était enceinte quand il mourrait, elle le lui aurait dit, et il se serait peut-être accroché à la vie un peu plus. Mais hélas, elle ne guérissait pas de ce remord. Celui de ne pas avoir été là pour lui comme il l'avait été pour elle.

Elle se rappelait encore comme si c'était hier, du jour où elle apprit sa mort. Elle venait de se réveiller d'un coma d'une semaine. Et Adrian, lui, était mort 4 jours après l'affrontement final. Restée à son chevet depuis qu'elle était de justesse revenue d'Heldor pour le voir, Heldra était inconsolable. C'est Nikita qui informa Uméïra, que le cœur d'Adrian avait lâché au moins où ils s'y attendaient tous le moins. Même Soria, l'Ilknur d'Heldor qui était spécialement venue avec les deux filles pour sauver Adrian n'a rien pu faire.

Pendant plus d'un mois, à chaque fois qu'elle se réveillait depuis qu'elle était sortie du coma, Uméïra semblait sans vie. Elle restait plongée dans un inquiétant mutisme, observant sans se lasser la chevalière autour de son doigt. Mais la veille de l'enterrement royal qu'elle organisait pour Adrian, elle remarqua que la bague avait changée de place. Heldra, un peu plus calme, était venue à son chevet, et lui avait expliqué :

   — Mon frère l'a mis à ton annulaire gauche quand il a eu un peu de force pour se lever. Il disait que c'est comme s'il t'avait épousé, et qu'il sait que tu accepterais sa demande à ton réveil, qu'il soit vivant ou mort.

Uméïra avait pleuré comme personne nuits et jours. Des larmes qui ne s'arrêtaient pas, 22 ans plus tard. Elle gardait toujours cette chevalière, et la tournait autour de son doigt encore ce matin.

Le plus douloureux, a été de garder ce secret durant 22 ans. Elle faisait croire au peuple qu'Asra était la fille de Marek. Elle avait juré devant le royaume tout entier par une encre de sang en se fendant le bras, de protéger son peuple. Mais en réalité, elle leur avait menti sur Asra. Et si le peuple l'apprenait, il ne lui ferait plus confiance. Asra était la fille d'Adrian. Elle l'avait conçu le soir où, comme un mâle rempli d'amour pour sa femelle, il l'avait aimé dans cette grotte, versé en elle sa semence, possédé avec une passion ardente.

Si ce secret était si bien gardé entre elle, Heldra, Nikita, c'était pour que le peuple d'Heldéna accepte leur reine, Uméïra : Athéna et Heldor formant à nouveau un seul peuple séparé en deux régions autonomes.

   — Personne ne doit savoir que ton père, c'est Adrian Diar, c'est compris Asra ? Promets-le-moi.

   — Je te le promets, dit Asra en reniflant. Tous ces meurtriers sont morts maman, n'est-ce pas ? Dis-moi que tout est fini, dit-elle en se logeant dans les bras réconfortants de sa génitrice.

   — Oui mon bébé, c'est fini. Tu peux te marier sans crainte, lui murmure-t-elle.

Elle lui prend le visage en coupe, et lui parle avec douceur :

   — N'aie pas peur, je suis là, et je te protégerai de tous, d'accord Asra ? Ne me cache rien lorsque tu partiras dans ce nouvel environnement après ton mariage.

Asra hocha la tête, puis la porte s'ouvrit brusquement sur elles.

   — Désolée, je tombe mal ? demande Nikita, désormais conseillère d'Uméïra.

   — Non, on s'apprêtait à partir. Elle a juste un peu le cafard, justifie Uméïra en lui passant gentiment la main dans le dos.

   — Orhhh, tu n'as pas à paniquer ma belle, l'encourage Nikita. Il y a tellement de bonnes nouvelles à l'horizon : ton mariage, le mariage du premier fils de Soria et Damian, la succession de Uméïra par Nehal, ma vieillesse...

   — Tu n'es pas vieille tante Nikita, voyons ! coupe Asra amusée.

   — Nikita, dit, et Heldra ? Mes deux conseillères doivent aller avec elle avant que je ne vous y rejoigne, dit Uméïra.

   — Elle ferme son magasin de bijoux en ville, répond Nikita. Elle sera là d'un instant à l'autre.

   — Me voilà ! crie une voix joyeuse qui n'est autre que celle d'Heldra.

   — Quand on parle du loup. Viens, on doit accompagner Asra chez sa grand-mère Yanna. Elle nous attend dans le carrosse, dit Nikita. Au fait, où as-tu laissés ton cher mari ?

   — Il va devoir se passer de moi pour quelques jours. Le pauvre, il sait à peine cuisiner une omelette.

Elles éclatent toutes de rire, puis elles sortent, laissant Uméïra seule dans la chambre, plongée dans une léthargie doucereuse.

   — Si seulement tu pouvais voir quelle fille merveilleuse tu as Adrian...

<<Tu as fait d'elle une femme aussi exceptionnelle que toi, ma reine>>

Uméïra serra la bague qu'elle portait sur ses doigts de quarantenaire,profondément heureuse, et s'approcha de la grande fenêtre.
















   —Je la protégerai de tout Adrian, je te le promets. Elle portera ta bague et t'emmèneras partout avec elle, aussi longtemps que la lune brillera, encore plus longtemps que mon amour pour toi vivras. À jamais.

   — Maman ? l'appelle Asra en pénétrant doucement dans la chambre.

   — Tu n'es pas encore dans le carrosse ?

   — Je voulais te demander une dernière chose, si tu me le permets.

   — Oui, vas-y ma chérie, acquiesce Uméïra en se retournant.

Asra pose un genou à terre, et souriante, tend la main à sa mère.

   — Avant que je ne m'en aille, m'accorderais-tu cette danse ?

À l'entente de cette phrase qui avait marquée à jamais sa vie, Uméïra esquissa un sourire, amusée.

   — Tout comme son père, celle-là, dit-elle en riant. Oui, bien sûr que je te l'accorde ma chérie.


FIN

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