Chapitre 66 : Tuer ou être tué 🔶
Attention ! Ce chapitre contient une scène concernant la violence. Âme sensible, s'abstenir.
Submergée par un sentiment de dégoût, Uméïra tire le corps d'Ellen hors de la grotte en esquissant des grimaces des moins chaleureuses. Une fois en dehors de celle-ci, elle se munit d'une petite dague et coupe le volant supplémentaire de la robe que portait la reine-mère. Elle est maintenant plus facile à transporter, et Uméïra la tire un peu plus loin encore. Arrivée près d'un grand genévrier, elle la cache contre celui-ci, et la laisse étendue là, raide morte.
— Je ne voulais pas te tuer. Mais je ne peux m'empêcher d'être heureuse que tu l'ais fait toi-même. Sinon je ne me serai jamais senti suffisamment en sécurité. Bon voyage, belle-maman, dit-elle avec sarcasme.
Même si elle joue la carte de l'insensibilité, Uméïra se sent très mal. Ellen était son ennemie, mais n'empêche qu'elle n'aurait jamais été capable de la tuer elle-même. Pour elle, s'était suffisant de la torturer comme elle l'avait fait. Mais dommage, tout était fini. Il ne leur restait qu'une seule chose à faire : Fuir.
Dès qu'elle eut tourné le dos, elle entendit un bruit suspect dans la broussaille non loin. Elle s'approcha de l'endroit d'où venait le son, la paume pressant fortement la dague qu'elle avait emmenée avec elle, sa seule arme de défense. Elle s'approche avec prudence, les yeux balayant son environnement direct. Il faut être aux aguets. Et elle a raison, puisque qu'elle tombe nez à nez avec un garde armé jusqu'aux dents, choqué de croiser la reine que tout le monde croyait morte.
— Re...Reine ! dit-il en dégainant son épée.
Uméïra sait qu'elle doit agir. Pour leur sécurité à toutes. Elle renforce sa poigne autour de la dague, attendant patiemment la réaction de l'homme qui se trouve en face d'elle. Le garde arbore un sourire concupiscent, son épée toujours dressée.
— Je vous ai toujours aimé ma reine.
— Mais de quoi vous parlez, vous êtes malades ?
— Je savais au plus profond de moi que vous n'étiez pas morte. Je savais que vous étiez quelque part, à m'attendre. Et c'est Dieu qui m'as mis sur votre chemin.
Uméïra secoue la tête de dépit, déroutée par la démence de l'homme qui est devant elle.
— Dieu n'a rien à voir dans cette guerre.
— Je t'aime ma reine...
— Ça suffit ! La ferme.
— Je...
— La ferme ! Je ne sais pas ce qu'il vous arrive tous dans ce royaume ! Tu as un choix à faire. Soit tu prends mon parti et tu me laisses disparaitre d'ici, soit on se bat.
— Je ne peux pas me battre contre une femme qui de plus est la reine. Par contre...je peux vous laisser partir si vous coucher avec moi.
— Ça c'est la meilleure, soupire Uméïra, presque ennuyée. Vous voulez couchez avec celle que vous appelez votre reine ?
— S'ils vous trouvent, ils vous tueront. C'est l'ordre qu'on a tous reçu. C'est donc une exception que je fais, par égard.
— Eh bien, non merci, je me passerais de votre bonté, conclut-elle en dressant son couteau face à lui.
Agilement, il l'évite et réussit à la bloquer contre lui.
— Dans ce cas, je vous tuerai. Après m'être satisfait.
- Ordure, or...s'égosille-t-elle avant qu'il ne lui ferme la bouche.
Il la traine malgré tous les mouvements qu'elle fait, et la jette contre un genévrier en ouvrant la boucle de sa ceinture.
— Je vous aurai prévenu, ma reine, glousse-t-il en la retournant brusquement et baissant son pantalon qui laisse apparaitre son membre en plein épanouissement.
Mais soudain, il se bloque. Il vient de voir un bras étendu à l'arrière de l'arbre. Le pantalon baissé, il titube jusqu'au bras en question, et découvre la reine-mère au sol, morte.
— Tu t'es trompé, tu n'aurais pas dû croiser ma route, pervers.
Uméïra lui enfonce le couteau dans le dos, et il tombe, sonné. Puis elle le retourne et lui coupe presque la moitié de son sexe masculin.
— Même si tu t'en sors vivant, plus jamais il ne te viendra à l'esprit de faire à une femme ce que tu as voulu me faire.
Le garde laissait échapper de longs râles de gémissements. Une odeur de sang chaud se dissipait dans l'air qui entoure Uméïra. Elle court à en perdre le souffle jusqu'à la grotte, traumatisée par les évènements de la journée. Déjà deux morts. Et pour survivre, se limiter à deux victimes ne suffirait pas. C'était tuer ou être tué.
— Heldra, Nikita ! Il faut qu'on s'en aille maintenant ! Des gardes sont dans les alentours.
— Les sacs sont prêts Uméïra, on arrive !
Elles sortent toutes les deux, avec de nombreux sacs contenant tous leurs effets.
— C'est beaucoup trop, leur dit Uméïra. Choisissez un seul sac, comme je l'ai fait. Tout le reste, on le laissera ici. Je vais vous aidez.
Elle s'approche d'elles et les aide à faire des bagages rapides, les filles un peu déconcentrées par l'apparence d'Uméïra. Ses cheveux sont en batailles, et elle a des égratignures rougeâtres, comme si elle s'était battue.
— C'est...du sang ? l'interroge Heldra en voyant des traces de liquide rouge encore frais sur ses mains et ses bras, ainsi qu'une partie de son visage, inquiète.
Uméïra hoche doucement la tête, et saisissant les deux sacs, se lève, et les tend aux deux jeunes filles.
— La guerre a commencé. Pour survivre, il nous faudra nous battre. Vous avez des armes ? C'est le moment de les utiliser. Mettez-les sur vous.
Nikita hoche la tête, déjà prête dans l'esprit et une dague de secours. Heldra, qui elle, n'a qu'un petit lance-pierre, a une mine défaite et prend son sac en tremblant légèrement.
— Je ne sais pas tuer Uméïra, ni même me battre. J'ai peur de tout ça.
— Tu apprendras alors, répond-t-elle sur un ton détaché qui décourage davantage son interlocutrice.
Sa réponse glacée jeta un froid, Nikita et Heldra désorientées par son subit manque d'empathie.
— Je te protègerai Heldra, l'encourage Nikita. Elle est sous le coup du stress, ne lui en veut pas.
Uméïra n'était plus la même. Elle avait la rage. Elle devait sauver sa lignée d'un génocide qui avait malheureusement commencé. Elle ne devait pas la jouer princesse, mais guerrière. Néanmoins, elle s'en voulait d'avoir été aussi sèche avec Heldra. Après tout, elle avait jusque-là risqué sa vie pour Uméïra, et là encore, elle risquait de mourir. Leurs têtes avaient été toutes mises à prix.
— On va te protéger Heldra, se rattrape Uméïra. Ils ne te feront pas de mal.
Sa petite sœur d'adoption secoua la tête timidement, et sourit enfin, rassurée. Elles étaient prêtes. La cavale commençait.
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