Chapitre 33 : Orchidiaque
Suite de la narration.
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— Uméïra...Ma petite Uméïra...murmure Rhoda sur son lit de malade.
— Belle-maman, vous êtes enfin réveillée, vous nous avez tous fait une peur bleue ces 10 jours ! Mais pourquoi diable êtes-vous montée sur ce vieux tabouret ?
Yanna, la mère d'Uméïra, est au chevet de Rhoda depuis le coma dans lequel elle est restée plongée après sa chute. En dévisageant sa belle-mère, elle serre les dents, ressentant par empathie les douleurs qui obligent Rhoda à faire autant de grimaces rien qu'en bougeant le bras.
— Yanna ma chérie, arrêtez de vous inquiéter. Je voulais, aïe !
— Ne bougez pas belle-maman, vous avez une infinité de fractures. Vous êtes fragile vous savez, avec votre cancer...
Le visage de Rhoda se ride de tristesse, et elle secoue la tête, la bouche rendue amère par un horrible sentiment d'impuissance. Elle et Yanna savent qu'il ne reste plus beaucoup de temps à Rhoda, qui a caché à Uméïra ces dernières années la maladie dégénérative qui lui rongeait lentement les os. Plus beaucoup de temps pour sauver sa petite-fille qu'elle sent en grave danger.
— La fiole ! s'exclame Rhoda.
— Comment ? lui demande Yanna.
— S'il vous plait, appellez Soria L'Ilknur, dites-lui que c'est urgent et laissez-nous seules.
— Vous voulez que je prévienne Uméïra de votre santé ?
— Non, surtout pas. Elle est enceinte Yanna, ne la stressez pas.
— Vous avez raison. Je vais appeler Soria, marmonne Yanna.
Confuse, Yanna s'exécute quand même. Rhoda ne veut rien lui dire sur ses doutes envers Ellen parce qu'elle sait que depuis la mort d'Armin, Yanna lutte contre sa dépression. L'accabler davantage avec ses mauvaises ondes ne l'aiderait pas et la ferait davantage plonger. Encore plus Uméïra, qui ignore totalement que la vie de famille si belle dans laquelle elle avait grandi était sur le point de s'écrouler.
— Vous m'avez demandé votre majesté ? demande Soria, arrêtée à la porte.
— Oui, entrez ma chérie, entrer.
Soria entre et s'approche de la vieille femme.
— Votre état est très inquiétant votre majesté, la chute aurait pu être quand même mortelle.
Soria lui prend les bras et ensuite les jambes, et les examine avec le compas dans l'œil.
— Dites-moi ce qui ne va pas pour m'avoir fait appeler, dit-elle enfin.
Rhoda lui fais signe d'approcher son oreille pour qu'elle puisse lui parler.
— Ce n'est pas pour ça que je vous ai appelée Soria. Dites-moi, vous vous y connaissez en plantes et en poudre n'est-ce pas ? lui chuchote Rhoda à son oreille.
— Oui votre majesté, c'est l'une de mes spécialités. En quoi puis-je vous aider ?
— Il faut que vous me promettiez une chose avant. Rien ni personne ne doit être au courant de ce que vous trouverez. Vous devez me le dire à moi et à moi seule.
Soria hoche la tête, inquiète.
— Vous devrez m'analyser le plus rapidement possible un liquide, ajoute Rhoda.
— Où se trouve-il ? Demande Soria.
— Dans le placard de ma salle d'eau, c'est une fiole en terre.
Soria se dépêche d'aller à la recherche de l'objet en question qu'elle trouve sans aucune difficulté.
— À première vue, c'est un thé aux myrtilles. Mais je veux que vous vérifiez s'il y a d'autres choses suspectes.
— D'accord, je vous amènerai les résultats dès que j'aurai trouvé, faites-moi confiance votre majesté. D'où provient-il ?
— Ne vous accablez pas de détails inutiles. Merci Soria, je savais que je pouvais compter sur vous.
Soria sort de la chambre de Rhoda et se dirige directement vers son antre d'Ilknur, où elle sort toute son artillerie d'analyse. Elle se compose de feuilles, de fioles contenant des réactifs, ainsi que d'autres accessoires de chimiste.
— Je me demande bien ce que la reine-mère veut que je découvre, se dit-elle. Peut-être un poison, ou une feuille particulière... Je vais commencer par le test de poison, histoire de me rassurer moi-même.
Elle verse dans le thé une petite dose de réap, un réactif spécialisé dans la détection de substance toxique. Brutalement, une petite explosion censée être une réponse affirmative fait gicler sur les lunettes de Soria un liquide visqueux, dû à la coagulation de la substance.
— Ce thé est plus dangereux que de l'acide !
Encore sous le choc, elle recueille le liquide visqueux pour le soumettre à d'autres analyses afin de le nommer.
— Il me semble connaitre ce poison, mais je n'arrive pas à me souvenir du nom.
Pendant plus de trois jours, elle se livre à des dizaines d'expérience, mais rien ne lui permet d'identifier le nom de ce composant étrange. Elle part voir Rhoda, dont l'état empire de jours en jours.
— Vous avez trouvé quelque chose Soria ?
— J'y suis presque votre majesté, mais j'ai besoin d'en savoir un peu plus sur ce thé. Son goût, sa couleur, son odeur initiale...
— Je ne l'ai pas gouté mais je sais qu'il sent bon la myrtille, il a la couleur escomptée, et vu que la personne qui l'a bu n'a rien remarqué, il doit en être de même pour le gout.
— Merci votre majesté, ces informations me seront très utiles !
Soria retourne en courant à son labo, et se jette sur son encyclopédie médicale et tourne sans aucun soin les pages jusqu'à atteindre celles portant sur les plantes les plus toxiques du monde. Une page en particulier attire son attention, et elle se met à le lire à voix haute.
— <<Orchidiaque : Similaire aux orchidées que l'on a l'habitude de rencontrer, l'Orchidiaque est connue pour sa grande beauté, mais aussi et surtout pour les menaces qu'elle représente pour la santé d'une femme en particulier. Ecrasée en poudre, cette fleur est inodore, incolore, et n'a pas de goût. Prise à forte dose car créant une dépendance, elle peut entrainer l'avortement, le coma, ou même la mort. Aucun remède ne lui est connue à ce jour. Raison pour laquelle il est préférable de se contenter de la regarder, abondante qu'elle est dans la partie nord d'Enceladia>> Bingo ! C'est bien cette plante, je me rappelle ! Et elle se trouve uniquement dans les forêts d'Athéna. Il faut que je prévienne la reine-mère tout de suite, la personne qu'elle veut protéger est en grave danger !
Soria court jusqu'à la reine mère jusqu'à ne plus être capable de respirer.
— Votre...majesté...j'ai...pfiouu ! J'ai du ...
— Doucement Soria, reprenez votre souffle et parlez calmement. Alors, qu'est-ce qu'il y a ?
Soria arrête de parler et colle sa paume contre sa poitrine pour calmer ses émotions, les yeux rougis par les nuits sans sommeil passées à chercher le nom du poison.
— Je vous écoute maintenant, dit Rhoda.
— J'ai découvert quelque chose d'affreux votre majesté, vous aviez raison de vous inquiéter parce que la personne que vous voulez protéger est en grand danger !
— Vas-y, dites-moi tout !
— J'ai trouvé dans le thé un poison très subtil : de l'Orchidiaque !
— De l'Orchidiaque ! répète Rhoda sous le coup du choc. Je connais cette plante, il n'y en a pas de plus toxique au monde !
Soudainement prise d'un violente migraine, Rhoda jusque-là assise sur le lit, s'allonge en se tenant la tête entre les mains.
— Elle a besoin de moi, mais je ne peux pas faire un voyage actuellement, et si je prends le risque de l'alerter sans précaution, ils pourraient lui faire plus de mal...se murmure Rhoda, coupable.
— Je peux vous aider votre majesté, c'est une question de vie ou de mort, se propose Soria.
— Non, vous risqueriez trop votre vie.
Soudainement, Rhoda écarquille ses yeux, une idée en tête.
— Appelez-moi des soldats, j'ai besoin d'eux.
Soria s'exécute et fait venir trois soldats du palais qu'elle sait sûrs et compétents, à qui Rhoda confie sans attendre un message pour Uméïra.
— Je vous en supplie, n'échouez pas à votre mission. Dès qu'elle est terminée, revenez me faire le compte rendu.
— Bien votre majesté, vos désirs sont des ordres, et vos ordres, des exigences.
Sans trainer, ils se mettent immédiatement en route pour Heldor. Objectif : Arriver dans au maximum cinq jours, situation urgente oblige. Arrivés la frontière d'Athéna, les gardes royaux leur bloquent le passage, suspicieux.
— Vous venez pour ? grogne le commandant en chef de la garde royale d'Athéna, menaçant.
— On a un message de la part de sa majesté Rhoda pour la reine Uméïra, c'est urgent.
— Un message, vous dites ? dit Ellen, sortant d'une tente non loin. Entrez, et transmettez-le-moi, je verrai si je peux vous laisser passer, ajoute-t-elle, doucereuse.
— Non votre majesté, ce message est adressé à la reine Uméïra en personne.
— Je vois, je vois. J'ai pourtant voulu vous laisser partir sans histoire, mais bon, tranche-t-elle. Gardes ! Faites ce que vous avez à faire.
Elle retourne dans sa tente, et laisse ses gardes enchainer les hommes d'Heldor, n'hésitant pas à discipliner les plus résistants. Malgré leur expérience de soldat, ils ne purent faire face à la hotte déchainée des hommes d'Athéna, qui lorsqu'ils les eurent complètement maitrisés et amochés, les conduisent dans le camp des traitres au fin fond de la forêt d'Athéna, camp aussi appelé camp de torture.
Camp dont aucun prisonnier d'Athéna n'est jamais ressorti vivant...
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