Chapitre 31 : L'intrus
Trois months later...
Je suis à mon 6ième mois. Mon ventre est déjà très gros, comme si j'attendais des jumeaux. Si c'était le cas, ce serait bien, parce que ça m'éviterait une deuxième grossesse. J'avoue que c'est assez éprouvant comme expérience. Fini la taille de guêpe. Mais qu'importe, c'est vraiment super de sentir un être humain grandir en soi. Et le plus stressant, c'est qu'il est comme de la pâte à modeler fragile que je vais devoir travailler pour en faire un chef d'œuvre. Pour mon bébé, ou mes bébés, je veux que tout soit parfait.
— Mettez de l'or pur en peinture sur ce mur. Et changez les tapis de la chambre, ils sont moches, ordonné-je aux servants.
— Bien votre Majesté. Souhaitez vous que les draps soit fait de satin doré aussi ? Ou bien voulez-vous de la couleur ?
— Je ne sais pas quel est encore le sexe du bébé alors j'opte pour le doré, merci de la proposition. J'y pense, je n'ai pas encore de vêtements de prêts ! Vous ! Dis-je en indexant un autre servant.
Il me fixe avec stupeur comme s'il était était perdu.
— Oui, vous ! Commandez-moi une dizaine de diadème et de couronne en or, avec des pierres de diamant, de rubis, d'améthyste et d'émeraude. Dites au joaillier royal qu'il a deux mois pour tous les finir.
À bout de souffle, je m'affale sur le sofa juste derrière moi. Je ne sais même pas où donner de la tête. En plus de ne pas bien dormir avec tous les coups de pieds que je sens dans mes entrailles, ainsi que l'inconfort de plus en plus marqué de cette grossesse, le valet qui est dans ma ligne de mire n'a aucun sens de la décoration.
— Mais non Yoni, ne placez pas cette commode là, il pourrait se faire mal ! Mettez-la à l'autre bout de la chambre.
— Désolée votre majesté.
—Ce n'est pas vrai..., pesté-je.
Subitement, tous les valets se prosternent vers la porte. Je me tourne et vois Marek, qui s'approche de moi en lançant un regard circulaire et menaçant dans la pièce.
— Ça va chérie ? Vous, vous pouvez reprendre à vos activités, tonne-t-il.
Ils se relèvent tous et chacun reprend son travail là où il s'était arrêté.
— Oui ça va, tout est bientôt prêt.
— Cette pièce est...magnifique. C'est toi qui prépare tout ça ?
— Je n'ai encore rien fait, il reste encore de nombreux détails.
— Mais c'est déjà impressionnant ! Et tu es toute pâle.
Il prend mon visage entre ses mains et touche mes paupières assombries de fatigue.
— Regarde, tu as pleins de cernes ! Tu as beaucoup trop travaillé ces derniers temps !
Il lève la tête vers les servants, encore menaçant.
— J'espère qu'ils font absolument tout ce que tu veux à la perfection.
Ils regardent les serviteurs avec tellement de dédain que je me sens obligée d'intervenir pour les soulager. Soudainement, un homme pénètre dans la pièce, essoufflé. Son visage me dit quelque chose...
— Votre majesté Uméïra, puis-je vous parler ?
Je me rappelle ! C'est Damian ! Il est un servant du palais d'Heldor.
— Je suis transparent, imbécile ? Lui répond Marek ?
— J'implore votre pitié mon roi, loin de moi cette pensée. Je m'en excuse de tout cœur. Que la paix soit avec vous.
— Marek, laisse tomber, s'il te plait.
Marek soupire et m'embrasse sur le front, puis se lève.
— Je vais passer un trait sur cet incident. Uméïra, retrouve-moi au jardin après votre discussion.
Il sort et le serviteur s'agenouille à mes pieds.
— Toutes mes excuses ma Reine.
— Tout est oublié. De quoi tu voulais me parler ?
— Sa Majesté Rhoda avait un message pour vous. En fait...
Un garde d'Athéna apparait à l'embrasure de la porte et fusille Damian du regard.
— Damian ? La reine-mère Ellen vous demande sur-le-champ.
— Je viens dans quelques secondes. Vous êtes..., continue-t-il en se tournant vers moi.
— La reine-mère déteste qu'on la fasse attendre Damian, vous allez de voir me suivre ! beugle le garde.
— Allez la voir Damian, lui dis-je, et revenez me voir dès que vous avez fini. C'est mieux pour tout le monde.
— Ce que j'ai à vous dire est d'une importance capitale votre majesté ! C'est urgent !
Deux gardes sortis de nulle part viennent le saisir de force, mais il essaie de se débattre. Qu'est-ce qu'il a de si important à me dire ? Son attitude est étrange. Damian est complètement différent de celui que j'ai connu quand je l'ai connu à Heldor.
— Laissez-le parler, il viendra plus tard, décidé-je, intriguée.
— Avec tout le respect que je vous dois ma reine, cet homme n'est pas là pour la reine-mère Rhoda, c'est un espion, me dit le garde qui le tient prisonnier.
— Non pas du tout, je dis la vérité ! se défend Damian.
— Vous avez usurpé l'identité d'un de nos soldats. Suivez-nous, c'est un ordre ! hurle le garde.
— Désolé votre majesté, je vous le transmettrai dès que je reviendrai.
Je n'ai absolument rien compris à tout ce qui s'est passé. Pourquoi Damian a-t-il fait tout cela alors qu'il aurait pu tout simplement demander à ce que je le reçoive ? Il me doit des explications, et il va me les donner à son retour.
— Ce n'est pas grave, tu peux me voir dès que tu pourras.
Il hôche la tête et les gardes le conduisent à l'extérieur. Je les suis mais les perd assez vite de vue, puisque Marek m'avait demandé de le rejoindre dans la grande cour. Dans le couloir menant à la grande porte qui sort sur le jardin, je trottine, plus cambrée que jamais. Même regarder le sol est un sport. Je me concentre sur les tapisseries de valeurs inestimables qui ornent les murs du palais d'Athéna, mon ventre en avant, gonflé comme celui d'une femme à terme. Je me sens lourde et fatiguée. J'accélère un peu, histoire d'atteindre cette fameuse porte le plus vite. Mais mon bébé donne un énième coup de pieds, qui me fait ressentir une douleur inhabituelle et insoutenable. J'ai tellement mal que je me colle au mur, en me tenant le ventre et la tête.
— Marek, au secours...
Je murmure ces paroles, incapable d'émettre le moindre son audible.
— Reine ? Reine, vous allez mal ? Votre majesté ! panique Adrian.
Il accourt vers moi, et la douleur s'estompe petit à petit.
— Je vous raccompagne ? Vous n'avez pas l'air bien.
— Non, ça va, je vais me lever et continuer mon chemin, je sens que c'est passé.
— Dégage de là, et plus jamais tu ne poses les mains sur mon épouse, c'est clair ?! intime Marek à Adrian avec colère.
Marek me tire en me forçant à me lever et le temps que je relève la tête, il frappe Adrian tellement fort, qui flanche sur ses genoux, et reste appuyé avec ses coudes sur le sol.
— Marek ! Pourquoi tu fais ça, il voulait juste m'aider ! m'écrié-je.
— Arrête d'être aussi naïve, c'est presque chiant ! me répond-t-il durement.
Choquée par ses paroles, j'en oublie ma douleur et secoue énergiquement ma main pour qu'il me lâche.
— Dans ce cas, ne me touche plus.
— Je suis désolée Uméïra, j'ai dépassé les bornes, excuse-moi mon amour.
Il vient jusqu'à moi et m'embrasse sur la joue pour calmer le jeu. Mais mon regard ne quitte pas Adrian. Il est encore au sol, sûrement sonné par le geste violent de Marek auquel il ne s'attendait pas. Il garde la tête baissée. Je suis inquiète pour lui. Mon ami ne mérite pas de se faire traiter ainsi.
— Je peux savoir ce que tu fais encore là ? lance Marek sur un ton agressif.
— Marek ! le reprends-je. Tu ne vois pas que tu lui as fait mal ? Je ne veux plus que tu lèves la main sur lui, ok ? Adrian, je suis désolée, levez-vous s'il vous plait. Vous allez bien ? m'inquiété-je en me baissant difficilement à son niveau.
— Non votre majesté, ça va, me rassure Adrian. C'est de ma faute, je n'aurais pas dû. J'espère que vous allez mieux, c'est ça l'important.
— Oui oui, ça va.
Il opine du chef et s'en va précipitamment. J'arrive à peine à voir son visage. Il a les narines mouillées de sang, une petite déchirure dans le coin des lèvres et les yeux rouges. Le coup avait été d'une violence inhumaine, qui me révolte.
— Arrête de te faire un sang d'encre pour lui, et méfie-toi de lui, j'ai un mauvais pressentiment, me dit Marek.
— Tu as été beaucoup trop violent, je ne le supporte pas. Je ne veux plus que ce genre de choses arrive.
— Désolé mon amour, je ne le ferai plus. Viens, j'ai une surprise pour toi, tu vas en profiter pour te reposer et te détendre.
Il m'aide à marcher jusqu'au jardin où je vois un grand tapis soyeux sur lequel il y a de la nourriture en quantité, des jeux, des couvertures en plumes, tout ce qui pouvait faire mon bonheur en ce moment.
— Oh lala...m'exclamé-je, abasourdie.
— Viens, je t'aide à t'installer.
Il s'assoit en premier et m'aide à coucher ma tête sur ses cuisses. Je me sens si bien pendant qu'il me caresse la nuque et les joues, portant de temps en temps à ma bouche une petite grappe de raisins rouges. Moi qui voulait rester en colère contre lui à cause de ce qui venait de se passer me retrouve à avaler une infinité de petites boules de raisin.
— C'est toi qui as fait tout ça ? lui demandé-je.
— Oui, mais ce n'est rien, et je t'avais promis que j'allais te dorloter.
Heureuse, je ferme les yeux pour savourer le moment. Mais je n'arrête pas d'avoir des flash-backs de la fissure ensanglantée qui était à la commissure des lèvres d'Adrian. J'ai un pincement au cœur de l'avoir vu en si piteux état sans avoir la force d'agir. Mon ami avait besoin de moi. Et je n'ai rien fait pour l'aider, même le nettoyer.
— Ça va ?
— Hum, dis-je simplement.
Je me redresse péniblement et pose la tête sur l'épaule de mon mari.
— Doucement, dis-moi si tu as besoin d'aide.
— Je n'ai pas cinq ans Marek, je peux me lever seule quand même.
— Désolé d'en faire trop Uméïra. Mais je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Ni à toi, ni au bébé.
— Je sais, et ses derniers mois avec toi et ta mère ont été magiques. Je t'aime Marek, et j'ai hâte de porter entre mes mains le fruit de notre amour.
Il serre ma main, très fort pose son front contre le mien.
— Moi aussi.
Après un long baiser langoureux traduisant la ferveur de son amour, il me recueille entre ses deux cuisses et je me colle à son torse, en nous partageant l'un l'autre les plats qu'il nous a fait préparer.
À ce moment-là, j'étais la femme la plus heureuse du monde. Et ce bonheur, j'étais prête à me battre bec et ongles pour le garder. Pourtant, j'étais bien loin d'imaginer qu'il n'était que de courte durée...
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