Chapitre 27 : Délicieuses cachoteries

Mes yeux sont fixés sur le plafond voûté de l'antre de l'Ilknur, yeux que j'écarquille à chaque fois que je la sens palper le galbe de mes seins. Je suis impatiente d'entendre son verdict.

   — Vous avez mal ici ? me questionne-t-elle.

   — Oui, c'est douloureux quand vous touchez.

   — Et là ? dit-elle en déplaçant avec douceur ses doigts vers mon bas-ventre.

   — Non, je ne sens rien.

   — Vos nausées durent depuis combien de temps ?

   — Presque deux semaines, et ça va de mal en pis.

Je me redresse et m'assois sur le divan où j'étais couchée depuis presque qu'une quinzaine de minutes pendant qu'elle me pelotait le ventre et les seins. Elle me bourre de question sur mes menstrues, mes urines, mes multiples douleurs, mes nausées, mes vertiges, et j'en passe. Je n'attends plus que la nouvelle ultime, pressée de savoir si oui ou non je suis enceinte. Son visage est sans émotion particulière. Elle ne dit toujours rien, me laissant poireauter, les fesses en effervescence.

   — Alors ? la pressé-je pendant qu'elle rangeait ses ustensiles de soins.

Elle me sourit enfin et me vient prendre mes mains.

   — Vous êtes enceinte ma reine.

Mon cœur rate un battement à l'entente de cette nouvelle, tant la joie est grande. Je suis tellement contente que je m'agite, le sourire jusqu'aux oreilles. J'ai envie de crier, sauter, me jeter dans le vide. Enfin, ca y est ! 

   — Et vous êtes enceinte d'un peu plus de trois mois d'après vos symptômes. Vous serez à terme dans environ 6 mois.

Sur le coup, je ne comprends pas la portée de ses paroles. Mais une fois l'extase passée, je me mets à compter les mois. Si je suis enceinte de plus de trois mois, et que ce qui s'est passé avec Arthus date d'il y a à peu près deux mois, c'est que...

Je suis enceinte de...Marek ?

   — Vous êtes sûre ? Je suis enceinte de plus de trois mois ?

   — Oui. Une chose est sûre votre majesté, vous êtes enceinte d'au moins trois mois, pas moins.

Je suis tellement contente que je serre sa main et fond en larmes. Enceinte. De Marek par-dessus tout. Si quelqu'un me l'avait dit il y a quelques mois, j'aurais accusé cette personne de démence. Je suis au comble du bonheur. Fini les intimidations d'Ellen, l'ignorance de mon mari, les regards pleins de mépris des habitants d'Athéna. La jeune princesse d'Heldor que j'étais, est maintenant reine d'Athéna, et sera dans quelques années reine-mère !

Je sors précipitamment de l'antre de l'Ilknur du palais, pratiquement en courant, débordante de joie. Ma robe trop longue gêne les grands pas que je fais. Ma vue est brouillée, je ne respire même plus !

Sur ma route, je tombe sur Ellen, à qui je rentre littéralement dedans.

   — Qu'est-ce que vous avez à courir comme ça Uméïra ? geint-elle en me faisant reculer d'une mouvement de bras lent.

   — J'ai une bonne nouvelle belle-maman ! m'exclamé-je, surexcitée.

   — Je vous écoute, qu'est-ce qu'il y a ?

Je l'approche et lui chuchote à l'oreille :

   — Je suis enceinte de Marek !

Elle se tient le cœur, et me regarde longuement, les yeux écarquillés.

   — Vraiment ? De mon fils ?

   — Oui belle-maman, je viens tout juste de l'apprendre ! Mais ne dites rien à mon mari, je veux le lui annoncer moi-même.

   — Je comprends Uméïra, je te laisse ce immense privilège. Je ne lui dirai rien, promis. Je n'imagine même pas dans quel état il sera !

   — Il sera fou de joie, c'est...merveilleux...

Des larmes de joies me coulent encore, tellement je suis émue.

   — Sèche tes larmes Uméïra, et profites de cet instant. Crois-moi, ce sera le meilleur de ta vie.

Elle me le dit avec douceur, avant de me serrer dans ses bras et de s'éloigner. Elle a raison. C'est incontestablement je plus beau jour de ma vie. La seule chose qui me préoccupe encore, c'est de trouver la bonne manière de surprendre Marek. Il faut que ce soit un  moment inoubliable.

Je suis enceinte chéri.

Non, beaucoup trop simple.

Marek ? Je peux te parler ? J'ai une excellente nouvelle mon amour.

Non, si je le trouve dans la salle du trône, ce ne serait pas idéal pour une telle confidence. Tout bien réfléchi , j'ai une meilleure idée.

*

   — Posez ça là-bas. Oui, juste là. Nikita, apportez moi le pot de fleur. Et vous Adrian, apportez moi le meilleur vin de tout l'empire. Je veux que ce soit parfait.

Ça fait une semaine que je prépare cette soirée. Je veux que ce soit exceptionnel. J'ai promis à Marek une soirée romantique rien que tous les deux, et il ne s'attend pas du tout à ce que je m'apprête à lui annoncer. Ce sera un moment magique. Ce le sera si tout est prêt à temps, parce que, sans vouloir gâcher l'ambiance, je trouve Adrian lent comme un diable depuis le début de cette journée.

   — Adrian ? Pourquoi êtes-vous aussi pâle aujourd'hui ? Êtes-vous souffrant ?

Il me fuit du regard, et se retourne.

   — Rien votre Majesté, je...je suis fatigué, rien de plus.

Il se précipite pour faire autre chose, comme paniqué. J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose de sérieux. Décidément, Adrian et sa timidité légendaire.

   — Vous êtes sûr qu'il n'y a rien d'autre ?

   — Oui ma reine, ne vous inquiétez-pas. Profitez de ce instant merveilleux sans crainte.

J'opine de la tête, peu rassurée. Visiblement, il n'y a rien de grave. Pour l'instant, rien ne doit gâcher ce moment. C'est l'heure d'ailleurs. Il est un peu plus de 20h. Marek doit avoir fini ses occupations royales et me rejoindra comme convenu. Quand je le sens approcher de ma chambre, je vais le trouver à l'extérieur et lui cache les yeux avec mes deux mains.

   — Tu es prêt ?

   — Qu'est-ce que tu me caches Uméïra ? Oui je suis prêt, dis-moi !

   — Chut, sois patient.

Je trépigne d'impatience, manquant même d'entremêler mes pieds aux siens pendant que je l'escorte jusqu'à mes quartiers. Mais je fais mine d'être sereine, pour ne pas vendre la mèche avec maladresse. Je le fais marcher jusqu'au centre de ma chambre avant de libérer ses yeux. Il voit tout le dispositif et se retourne vers moi, surpris.

   — Tout...ça ? C'est à quelle occasion ?

   — Pour nous. J'avais envie qu'on se retrouve un peu tous les deux.

D'une voix mielleuse et avec des gestes délicats, je le mène jusqu'à nos places aménagées et le met le plus à l'aise possible. Il me regarde avec un regard malicieux en buvant le vin que je lui ai fait apporter.

   — J'ai l'impression qu'il y a quelque chose d'important que tu dois me dire, c'est ça ?

Pour toute réponse, je lui souris, et prend sa main que je pose sur mon ventre.

   — Ça y est. Je suis enceinte Marek. De toi.

Il marque un long moment de pause comme pour assimiler mes paroles.

   — Enceinte ? De moi ?

   — Oui...

Je ne finis même pas ma phrase qu'il me décolle du sol, tout sourire.

   — Mais c'est merveilleux Uméïra ! C'est la meilleure nouvelle de ma vie !

   — Attention Marek...le bébé.

Revenu sur terre, il me repose précautionneusement au sol, et se baisse au niveau de mon ventre, l'air admiratif.

   — Toi, tu seras mon trophée, dit-il en déposant un baiser délicat sur mon ventre. J'ai tellement attendu ce moment. Enfin mon vœu le plus cher se réalisera.

Il caresse mon ventre, se redresse et m'enlace. C'est si bon d'être là, au creux de ses bras, des bras de mon cher mari. Nous serons enfin une famille, heureuse et épanouie. Il m'embrasse et me fixe droit dans les yeux. Des étoiles brillent dans ses yeux, dans lesquels je lis une étrange lueur. Ça doit être l'émotion qui me chamboule. Il pose sa coupe sur la table après le repas prit à peine, et me tend la main, prenant la direction de mon lit.

   — Tu viens ? Il faut en profiter avant que mon héritier ne me vole la vedette.

Le message est clair, et délicieux.

   — Et puis, ajoute--t-il en baissant les yeux, je dois te faire oublier la nuit que tu as passé avec...l'autre.

   — Oui, bien sûr Marek.

Je marche dans ses pas, trépignant d'excitation. Nos vêtements, assez vite abandonnés. Cette nuit sera belle, je le sens. Dans les bras de l'homme qui a su voler mon cœur dès le premier soir, et dont je porte l'enfant, je ne peux qu'atteindre le 7ième ciel, là, les yeux fermés, pensant à Ad...non, à Marek. Savourer le plaisir que me procure l'instant présent, me laisser emporter par ce bonheur si puissant, cet orgasme aussi violent...

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