Chapitre 25 : Un enfant ou la mort
— Qu'est-ce que vous me voulez belle-maman ? Répondis-je sans détour.
Ellen lâche un petit rire moqueur et se met à faire lentement le tour de ma baignoire, les deux mains dans le dos. Gênée, je me couvre la poitrine avec les mains et m'enfonce un peu plus dans le bain.
— Nous sommes entre femmes, pourquoi vous vous cachez ? me reproche-t-elle.
Elle refait le tour de la baignoire et s'arrête derrière moi.
— Vous êtes une belle femme Uméïra, et c'est dommage que tout le monde vous voit comme une femme stérile alors que le problème pourrait bien être de mon fils Marek, n'est-ce pas ?
Je vois nettement où elle veut en venir. Ellen n'est pas du genre à écouter aux portes. C'est donc de Marek qu'elle tient cette information. Quelle déception de me rendre compte qu'il ne s'est gêné de déballer notre vie intime à sa mère.
— Je préfère endurer ces moqueries plutôt que d'accepter sa proposition, dis-je avec courage.
— Savez-vous la joie qu'éprouve une femme qui va devenir mère ?
— Je le saurai un jour.
— Vous être très positive Uméïra. Mais ce n'est pas tout qu'on peut contrôler dans sa vie, et ce serait stupide de rater une occasion pareille, renchérit-elle.
— Ce n'est pas une occasion, c'est un supplice.
— Disons plutôt un mal pour un bien. De toute façon, tu n'as pas le choix. Comment peux-tu refuser cette solution miracle voyons ! fait-elle avec suffisance.
— Si belle-maman. Vous êtes une femme, vous pouvez me comprendre.
— Non, je ne suis pas stérile moi, nous ne sommes pas du tout similaires. Jusque-là, il me semble que tu n'as pas compris que tu n'avais pas ton mot à dire en fait. Tu dois accepter de le faire.
— Et pourquoi ?
Juste après avoir parlé, je la sens dans mon dos se rapprocher de mon oreille, les deux mains sur mes épaules, l'une d'entre elle tenant un couteau. Mon cœur rate un battement à sa vue si près de mon oeil droit, et je n'arrive plus à respirer correctement.
— Qu'est-ce...que vous faites belle-maman ?
— Écoute-moi très bien, insolente : J'en ai assez de ton petit jeu de femme inutile, égoïste et rebelle. Je te laisse le choix : soit tu acceptes de te laisser faire et tu passes une nuit avec celui que ton mari même aura choisi...
Elle presse un peu plus mon épaule et rapproche le couteau de mon cou.
— Soit... ? avançé-je prudemment.
— Soit je me chargerai personnellement de toi, et te viderai de ton sang comme on vide une volaille. Tu m'as comprise où tu as besoin que je me répète ?
— J'ai compris, j'ac...cepterai.
— Bien, on peut s'entendre maintenant, s'exclame-t-elle en me lâchant les épaules. Mais pas un mot de tout cela à Marek, et pour qu'il ne se doute de rien, accepte dans...un mois ?
J'acquiesce, effrayée par Ellen, qui s'est éloignée mais qui tient toujours fermement le couteau.
— Tant que tu feras exactement ce que je te demande de faire, je ne te ferai aucun mal, sois en sûre, me jette-elle au visage. Bonne nuit Uméïra, et ne m'oblige pas à revenir parce que la prochaine fois, j'agirai.
Elle esquisse un sourire machiavélique, et disparait de ma salle de bain. Traumatisée, je sors immédiatement de l'eau et m'assied sur le lit sans prendre la peine de m'essuyer. Je n'ai plus le choix maintenant.
Elle vient de me dire clairement que si j'ose encore m'opposer, elle me tuera. Je suis dans une impasse, perdue.
Dégoutée, je me regarde dans la glace, complètement nue, et commence à pleurer. Dans un peu plus d'un mois, je ferai ce que je n'aurais jamais pu imaginer : Coucher avec...un inconnu ? Sans mariage ? Anéantie, je me couvre complètement, apeurée que quelqu'un d'autre que mon mari me touche, me regarde même, alors que c'est mon seul passeport pour rester en vie. Et vous savez le pire ? Je crois Ellen capable de me faire regretter mon prochain refus, et ça me glace le sang.
*
Ellipse 1 mois et demi...
Le délai que m'a fixé Ellen est déjà arrivé. Le temps passe si vite, et je ne suis toujours pas prête à ve qui m'attends. Je ne serai jamais prête de toute façon. Ces derniers temps, je me couche, mais le sommeil ne vient pas. J'ai peur. Et c'est plutôt normal, elle m'a quand même menacé de mort. Fini les farces de la méchante belle-mère, c'est ma vie qui est maintenant en jeu. J'ai envisagé de m'enfuir, mais Ellen s'est arrangée pour renforcer la sécurité autour du palais. Et si je m'entête que je rate mon évasion, c'est la peine capitale.
En gros, je dois accepter.
De toute façon, je suis la seule à considérer cela comme une trahison, vu que c'est mon propre mari qui m'y encourage. Le temps se fait de plus en plus court, et Ellen ne loupe pas l'occasion de me rappeler par des regards significatifs que c'est l'heure.
Je prends alors mon courage à deux mains et vais ce soir-là, trouver Marek dans ses appartements. Je n'en ai normalement pas le droit, mais si je ne profite pas de l'élan de courage qui m'a envahi ce soir, je risque de toute façon de mourir un de ces quatre.
— Marek ?
Je m'approche tout doucement dans la chambre du roi comme si je craignais de rayer le sol avec le petit talons de mes sandales.
— Uméïra ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Pour avoir dérogé à la règle, je m'excuse en me prosternant immédiatement à ses pieds pour qu'il puisse m'accorder une visite aussi soudaine.
— Il fallait que je te parle, c'est urgent.
— Ne t'inquiète pas, tu as ma permission, relève-toi.
Il m'aide à me lever, et je me tiens droite comme un piquet devant lui.
— Alors, qu'est-ce que tu veux me dire ? Tu as l'air crispée.
C'est le moment. Un peu agacée qu'il fasse semblant de ne rien comprendre. Mais ça va.
— Je...j'accepte ta proposition.
Ses yeux se mettent à briller, et un sourire arbore ses lèvres fines.
— C'est vrai ? Tu es d'accord ?
— Oui, je suis d'accord.
Il se jette sur moi et m'entoure de ses bras, au sein desquelles je me perd, sans pour autant partager son enthousiasme.
— Mais qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
Ta mère me tuera si jamais j'ai l'audace de refuser. Voici ma principale motivation.
— Je me suis rendue compte que c'est la meilleure chose à faire pour le bonheur de tout le monde, et je n'ai pas le droit de te désobéir Marek, mentis-je.
J'ai le regard fuyant. Je n'arrive pas à croire que je viens d'accepter une horreur pareille. Est-ce que j'arriverai à me regarder dans un miroir après l'avoir fait ? J'en doute.
Sans même me laisser le temps de penser, il m'embrasse et me fait un énorme câlin qui me décolle du sol, tellement il est fout de joie.
— Tu es vraiment la meilleure femme du monde Uméïra, merci...
Meurtrie, je baisse la tête, les yeux larmoyants. Je suis mitigée entre le soulagement de faire plaisir à mon mari, et le dégout d'avoir accepté de bafouer ma dignité pour son sourire.
— Comment et quand ça va se passer ?
— J'ai déjà tout prévu. Ce sera dans ta chambre, demain. Tu n'as rien à faire d'autre, à part l'y attendre à 9h du soir.
— Et...c'est ?
— Arthus, un membre haut gradé de la garde royale. Il a déjà une femme et des enfants, donc il est très certainement fertile.
— Ok...
C'est dégoûtant. Cet homme accepte de me faire un enfant à moi, sa reine, alors qu'il a une femme. J'opine de la tête, mais mes yeux me brûlent. Il me serre contre lui, et me murmure :
— Je sais que c'est difficile, mais d'ici après-demain, tout appartiendra au passé, et tu seras mère. On sera parents Uméïra, et tu seras un jour reine-mère toi aussi, penses-y, tu verras que tu auras plus de courage.
Je n'ai plus les mots, et je me contente de mouiller son torse avec mes larmes. Il a raison, d'ici demain nuit, tout sera fini...
*
En me dirigent vers ma chambre ce soir-là, j'ai l'impression que tous les regards m'accusent, et je sens un poids sur mes épaules. Je n'arrive pas à croire que je vais le faire. En route, je croise Adrian, qui me salue avec son sourire habituel, que je ne lui rends même pas.
— Tout va bien votre majesté ?
— Oui, mais laissez-moi seule s'il vous plait.
Sans même lui accorder un regard qui pourrait trahir la rougeur de mes yeux, je poursuis mon chemin, glaciale.
Dans ma chambre, tous mes mouvements me semblent ralentis et lourds. Mais je réussis à enfiler la petite robe que ma donnée Ellen rien que pour ce soir, retire ma couronne et me rafraichi. Je prépare mon bain, histoire de pouvoir me laver de nombreuses fois après l'acte, puis je m'assois sur le lit en silence.
À exactement 9h du soir, un homme entre dans la pièce et la referme immédiatement après lui. J'ai l'esprit ailleurs, le regard dans le vide. Ce n'est ni plus ni moins que de la prostitution, j'ai mal.
— C'est vous Arthus ?
— Oui, c'est moi. Vous êtes au moins au courant votre majesté ?
— Oui, faites ce que vous avez à faire, vous en avez le droit.
En disant cela, mon cœur se serre davantage. Il ne dit plus rien et se déshabille complètement, n'ayant plus rien sur lui, et arbore fièrement son sexe en me déshabillant du regard. Il vient m'enlacer par le dos, m'aide à retirer ma robe pour qu'il ne me reste plus que mon soutien-gorge, les premiers baisers dans le cou se faisant ressentir. Très vite, il libère mes seins durcis de stress et explore avidement chaque parcelle de ma peau.
J'ai la nausée, le vertige, je tremble à chacune de ses caresses, je ferme les yeux de déplaisir. Le temps me parait si long, que je n'ai qu'une prière : Que tout se termine, je n'en peux déjà plus...
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