Chapitre 13 : Premiers mystères

Quelques mois plus tard...

Plateau de thé fumant en main, j'approche à pas feutrés vers la chambre de mon beau-père. Son état n'a pas vraiment empiré, mais il ne s'est pas amélioré non plus. Pour preuve, il ne sort presque plus de ses quartiers, mais reste constamment allongé. Ellen passe ses journées à s'occuper de lui, mais aussi pour qu'il se sente suffisamment bien pour la passation des obligations royales, dont Marek doit s'occuper maintenant qu'il est roi. Arrivée en face de la porte, le garde qui s'y trouve signale mon arrivée à ceux qui sont à l'intérieur, et finit par m'ouvrir la porte.

   — Beau-papa ?

A ma vue, il sourit, le visage rendu effroyablement pâle par la maladie.

   — Uméïra, c'est un plaisir que tu viennes me voir aussi souvent.

Ellen qui est juste à sa droite, achève à peine de lui donner ses médicaments. Elle me sourit en l'aidant à se relever.

   — Voilà du thé à l'Aïka. C'est très bon, et il vous fera le plus grand bien beau-papa.

   — Tu as l'air de bien t'y connaitre en plantes Uméïra, fait remarquer Ellen.

   — Pas vraiment, belle-maman. C'est mamie Rhoda qui m'en parlait quelque fois. Et vous ?

   — Non, je ne m'y connais pas en ces choses. A part quelques connaissances de bases bien entendu.

   — Comment ça va beau-papa ?

   — Comme dans le meilleur des mondes. Tu sais le secret Uméïra ? C'est de rester jeune dans la tête.

Je ris face à son air très assuré qui ne ressemble pas du tout à son état actuel. C'est un homme vachement marrant, croyez-moi. Un peu comme mamie Rhoda, pensé-je.

   — Tu ferais mieux de te reposer au lieu de vouloir jouer au super héros, fulmine Ellen.

Elle le fait se recoucher et se lève du divan.

   — Je reviendrai, je dois te parler de quelque chose d'important. J'accompagne Uméïra jusqu'au bout du couloir.

Elle lui adresse un regard significatif, qui lui fait froncer les sourcils.

   — Effectivement, on doit parler, confirme-t-il, avec ce que je crois être une once de colère dans les yeux.

Un peu perdue au milieu de tous ces secrets, je décide de m'éclipser, comme me l'a sourdement conseillé Ellen.

   — Je dois m'en aller beau-papa. Portez-vous bien.

   — Que la paix soit avec toi ma petite Uméïra.

   — Vous aussi mon seigneur.

Ellen me devance sur le pas de la porte, et prend soin de la refermer derrière elle avant de cheminer à mes côtés.

   — Tu dois te sentir seule en ce moment Uméïra. Marek est extrêmement occupé.

   — Oui, mais c'est le roi, c'est normal.

Je le dis avec un petit pincement au cœur. Ça fait presqu'une semaine qu'on n'a même pas pu se retrouver seuls tous les deux. Les moments où on se voit vraiment c'est lors du dîner. Il me manque vraiment, et j'espère qu'il compte passer me voir dans ma chambre ce soir.

   — Tu devras t'y habituer malheureusement, c'est la vie d'une reine. Mais tu verras qu'avec le temps, tu vas l'accepter plus facilement.

J'hoche la tête pour laisser ses propos me convaincre, mais c'est assez difficile.

   — Je peux te demander un service ?

   — Oui bien sûr, lui dis-je.

   — Tu pourrais t'occuper de ton beau-père de temps en temps ? Comme ça, tu ne te sentiras pas trop seule.

   — Mais oui, bien-sûr belle-maman. Ça me ferait énormément plaisir même, je répond avec enthousiasme.

   — Tant mieux alors, j'ai entièrement confiance en toi. Venez que je vous montre ce dont il a besoin.

Je la suis, sage comme une image, dans la cuisine, où elle fait sortir toute une artillerie de mixture, de poudre et de feuilles. Elle me donne quelques conseils pour la préparation, ce que je suis avec la plus grande attention. Il s'agit quand même de la santé de mon beau-père, pas celle de Maya. Puis elle remet tout en place quand j'aperçois au fin fond du placard un petit vase en terre.

   — Qu'est-ce que c'est belle-maman ?

Elle fronce légèrement les sourcils en remarquant ce que lui indique mon index et le prend.

   — Une poudre. Elle est excellente pour parfumer les repas. Mais vous n'aurez pas besoin de l'utiliser. Tout ce qui vous sera utile, je vous l'ai déjà montré.

Elle fabrique un demi-sourire et tourne les talons, le vase en main. J'ai toujours trouvé ma belle-mère un peu étrange, mais au moins, j'ai de bonnes relations avec elle, c'est l'essentiel. Son mari en revanche est très sympathique, et je suis contente de l'aider pendant qu'il est malade.

Souriante jusqu'aux oreilles, je viens dès le soir lui apporter son plat, plateau en main. Une spécialité d'Heldor faite par mes soins. J'espère qu'il aime les carottes parce que j'en ai mis des quantités. En m'approchant, j'entends des voix à l'intérieur. Ce doit être Ellen. Ma curiosité piquée au vif, je colle mon oreille à la porte.

   — Ellen, je t'interdis de faire ça.

   — On s'était entendu Michaël, et je t'ai dit que je ne changerais pas d'avis.

   — Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis enfin !

   — Si, je sais très bien ce que je dis.

   — Dans ce cas ne compte plus sur moi.

   — Michaël, tu ne peux pas faire ça. On s'était mis d'accord. Il n'y a pas de retour en arrière possible.

   — Oui mais déjà que je n'étais pas d'accord et que tu m'as harcelé nuit et jour pour que j'accepte, sache que ma décision est prise.

   — Mais je...bien. Fait comme bon te semble, concède-t-elle.

Ils avaient arrêté de parler, et un silence inquiétant battait son plein. Plus rien. Bizarre...De quoi pouvaient-ils bien parler pour qu'il y ait autant de tensions entre eux ?

   — Hem hem...Avez-vous besoin de quelque chose votre altesse ?

Je pivote légèrement la tête, et voit les chaussures de service d'un des gardes du palais arrêté singulièrement sur ma gauche. Levant à peine, je me fais fusiller par son regard inquisiteur.

Et merde. Je me suis fait griller.






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