Chapitre 3
Hey, bonjour bonjour ! :D
Tout d'abord je tiens à informer tout le monde que ce livre est celui qui me donne sans doute le plus de fil à retordre depuis que j'ai commencé l'écriture ! Je ne suis pas sûre de mes mots, mes idées ne prennent pas forme comme je le souhaite, mes personnages ont du mal à exprimer leurs émotions et j'ai peur de votre réaction à vrai dire >.< ! C'est sans aucuns doutes la première fois que je ''beug'' autant ! C'est pour cela que je voulais écrire un mot pour vous communiquer mon doute sur ce chapitre... Pour moi il est un peu... spécial on va dire ^^' Pensez-vous que son contenu est correct ? Et qu'en est-il sur la vraisemblance ? Tenez-moi au courant par commentaire, je vous attends ! ♥
Bisous ! ♥
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Je me tourne dans la direction du bruit pour voir un énorme camion arriver dans notre direction sans ralentir. Je réagis presque immédiatement en me relevant ce que fait aussi le garçon dans le même instant.
-Viens !
Il se saisit de ma main et m'entraîne à sa suite dans le dédale d'immeubles en ruines, quittant ainsi la route. J'entends une voix derrière moi qui nous hurle de revenir mais je suis bien trop occupée de suivre le garçon pour lui répondre quoi que ce soit. Nous courons longtemps et finissons par nous perdre. Je le sens bien car il s'arrête, me lâchant la main et observant attentivement autour de lui tout en tournant sur lui-même. Je n'ai pas fini de reprendre mon souffle que je le réprimande :
-Eh bien ! Merci de nous avoir perdu Monsieur le génie !
Il ne relève pas mon sarcasme et se contente de shooter dans une pierre, furieux. Je décide de l'ignorer à mon tour et pars dans ma propre direction en ignorant ses cris qui insistent pour que je reste. Je cours je ne sais où dans ce vrai labyrinthe d'immeuble et j'en oublie presque où je me trouve, c'est à dire dans le Logical Game. Les créateurs ont forcément dissimuler des indices pour nous guider dans notre tâche mais j'ai beau scruter les alentours, lever ou baisser les yeux, je ne vois rien. Rien qui puisse m'indiquer une quelconque sortie à ces rues envahies par les débris. Alors, pour la première fois depuis le début du jeu j'arrête de réfléchir et je me laisse tomber sur le goudron qui m'accueille durement. Je replie mes jambes, me mettant en position de tailleur et je ferme les yeux pour me concentrer sur l'endroit, sur le lieu et elle prend le contrôle.
-Charline-
Quand j'ouvre les yeux je suis dans son corps. Elle s'est assise sur la chaussée. Je tends ses bras en avant lentement avant de remuer ses mains que je n'avais pas senti depuis tellement de temps. Deux ans. Voilà deux ans qu'elle ne m'avait pas appelée. Elle s'était passée de mon aide durant tout ce temps mais désormais elle ne pouvait tout simplement plus : ma logique était supérieure. Phoebe, cette petite gamine écervelée, avait bien tenté de dépasser mon pouvoir mais jamais elle n'avait réussi. De plus, elle me devait tout, absolument tout. Sans moi elle ne serait rien et sans mon influence elle n'aurait jamais réussi toutes les épreuves. Cependant cette fille m'avait tout de même mise de côté durant deux ans. Deux ans ! C'était incroyablement long mais elle s'en fichait parce que tout ce qui comptait c'était elle durant tout se temps. Elle ne voulait pas de moi parce qu'elle savait que si elle communiquait elle ne voudrait plus mourir. Et bien, maintenant chère Phoebe, il est bien trop tard pour revenir en arrière. Tu m'as accordé la place de chef dans ton corps, soit...
-Sauf que tu peux toujours rêver pour que je t'aide ! Je hurle dans son corps.
Mon cri résonne entre les bâtiments et je me rends compte de la situation : tu es perdue et tu ne perçois aucun signes logique, Phoebe ? Pauvre chose !... Néanmoins je ne peux pas te laisser là car cela équivaut à ma mort également alors, d'accord, je t'aide. Je relève son corps endolori et remarque la soif qui la tenaille. Depuis quand n'as-tu pas réellement mangé Phoebe ? Quel calvaire as-tu enduré pendant deux ans pour ne pas m'y mêler ? Je sais bien une partie des réponses mais maintenant que tu as trouvé le moyen de me bloquer tes pensées je ne sais plus tout ce que tu ressens.
Un flash apparaît dans mon cerveau et je ressens un horrible mal de tête. Il se fait de plus en plus fort et je hurle en me tenant le crâne entre deux mains tandis que mes oreilles se bouchent et que ma vision se trouble. C'est elle. Elle essaie de reprendre le contrôle.
-...Ph...Phoebe... Je murmure.
La douleur qui ne cesse d'augmenter me fait jurer de plus bel tandis qu'elle se bat de toutes ses forces pour récupérer le contrôle sur son corps.
-...Tu...Tu as besoin... De moi... Je souffle.
Puis après être tombé au sol, recroquevillé sur moi-même, j'abandonne.
J'ouvre les yeux brutalement. Elle est revenue. Il suffit d'un instant que je ne me serve pas de ma logique ou que je doute de mes capacités pour qu'elle apparaisse. Charline.
-Flash-back-
-Assied-toi là Phoebe je vais te présenter ta nouvelle amie.
M'indique le docteur au sourire bienveillant.
Je sens cependant qu'il se trame quelque chose de louche derrière tout ça et la petite fille de cinq ans que je suis se cache derrière son grand-frère qui lui même est passé derrière ma mère. Toutefois j'obéis tout de même au médecin sous l'œil insistant de ma mère qui est emmenée en dehors de la pièce avec Arthur. J'ai peur là, au centre, toute seule. Néanmoins je ne dis rien car je ne souhaite pas attirer les foudres des adultes qui me regardent. ''Tu es une petite fille spéciale'' me disait souvent les adultes de l'hôpital. ''Tu vois des choses que personne ne voit'' insistaient-ils. Ces derniers arrivent dans la salle avec une petite fille du même âge que moi qui possède des cheveux blancs et des yeux rouges. Elle a la peau très pâle et je me souviens avoir vu ça chez les personnes albinos. J'en déduis donc que c'en est une et ayant peur des autres, je prends la décision de l'attendre derrière ma chaise. La petite qui arrive près de moi ne semble pas déstabilisée par mon geste et s'assoit sur la chaise en face de la mienne, calmement. Après avoir été raisonnée par le médecin je finis par prendre place sur le siège non sans dévisager la fillette de haut en bas sous des yeux vides de vie.
-Voici Charline, Phoebe.
Je hoche la tête comme pour confirmer que je la vois bien.
-C'est une petite fille très intelligente elle-aussi mais qui est très fragile c'est pourquoi elle va venir habiter dans ton corps, tu veux bien ?
Je secoue la tête de droite à gauche pour montrer mon désaccord alors que la fille en face de moi arbore une expression triste qui ne fait que me faire culpabiliser. Mais ce n'est pas moi qui décide des actions et le docteur nous laisse toutes les deux en nous indiquant de faire connaissance avant l'opération qui serait dans une semaine. Je ne veux pas lui parler. Cependant les longues heures vides dans la salle sans verre ni ouvertures autre que la porte m'oppressent et me décide à lui parler :
-T'as quel âge ?
-Comme ça! Répond-elle aussitôt en me montrant cinq doigts. Pourquoi tu veux pas de moi ?
Demande-t-elle ensuite.
-Mon corps je le partage pas ! Je réplique.
-Mais... Les médecins disent que je suis malade et que si tu m'acceptes pas... je... je...
Elle s'effondre en larme et je la prends dans mes bras instinctivement. Même si je suis encore petite, je sais ce que ça veut dire. Charline va mourir. Mon petit cœur se pince et tandis que je la relâche elle m'avoue de sa petite voix :
-J'ai des yeux bizarres.
Je ne comprends pas le sens de son affirmation et elle le vois car elle rectifie :
-Je peux voir à travers...
-A travers quoi ? Je l'incite.
-A travers l'âme.
Elle termine.
-Fin du Flash-back-
Non. Charline n'est pas comme les autres et quand ils ont implanté son intelligence en moi, pas pour la préserver elle mais bien pour préserver ses connaissances, ils ignoraient qu'un bout de la petite était resté. Elle avait ainsi grandi avec moi, dans mon corps dont je lui laissais le contrôle à quelques occasions. Je pouvais lui reprendre car au commencement elle se laissait faire et m'apportait des connaissance de logique m'aidant à développer mon don. Elle pouvait également lire toutes mes émotions et mon flot de pensée grâce à son âme que j'appelais ''spéciale''. Seulement elle a découvert que le but des médecins n'étaient pas qu'elle vive dans un autre corps mais bien que j'obtienne son intelligence. Dès lors elle a développé des sentiments plus noirs que l'ombre envers l'organisation et moi. Car oui, c'était bien le Logical Game qui était derrière tout ça. Elle ne me laissait plus récupérer le contrôle de mon corps et c'était ça qui avait en grande partie convaincu ma mère de s'en remettre de nouveau à l'association du Logical Game. Je subissais ses crises où elle faisait n'importe quoi me faisant passer pour folle, puis la mort de ma sœur a déclenché le déclic tant attendu pour m'opposer à elle et je l'ai sortie de mon esprit. Cependant, maintenant que je ne pense plus à ce jeu ni à reprendre une réelle vengeance sur ses dirigeants, elle reprend le dessus.
Il faut que je sois prudente.
A commencer par résoudre cette énigme seule, sans elle, en me forçant à réfléchir par moi-même sans lui faire indirectement appel comme je l'avais exécuté quelques minutes auparavant. Cependant je n'ai pas le temps de me plonger dans une réflexion qu'il apparaît au bout de la rue et dès qu'il me voit, il court dans ma direction sans se soucier le moins du monde de sa jambe blessé. Il arrive enfin à bout de souffle et émet un grognement quand il appuie sans le vouloir sur la plaie.
-Enfin je te retrouve !
Il se redresse et attrape ma main. Je ne peux m'empêcher de rougir légèrement mais heureusement pour moi il a déjà le regard fixé au loin sur les différentes routes possible. Un garçon ? Phoebe, petite cachottière, tu me l'avais caché ? Charline. Ses forces augmentent de plus en plus et je sais que désormais elle me donnera du fil à retordre. Seulement je reporte mon attention sur lui, qui déclare :
-On y arrivera certainement mieux ensemble.
Énigmatique et super mignon ! Ne voudrais-tu pas me laisser le contrôle, petite Phoebe ? Je rêve de pouvoir lui répondre que ce ne sera plus jamais le cas mais mes paroles serait fausses et je passerais pour une imbécile à parler à voix haute sans raisons. Réussissant à rassembler des forces pour la repousser, je ne sens désormais plus sa présence et je me concentre sur le garçon qui scrute tout les immeubles jusqu'à l'illumination de sont visage. Je redoute ses paroles, car je crois avoir saisi moi aussi la solution de ces tournants de gratte-ciel mais j'ai terriblement peur qu'il ne le dise. Il pivote tout de même vers moi avec un sourire sur les lèvres :
-On fait de l'escalade ?
Ce que je redoute le plus est là : j'ai le vertige.
-Ne regarde pas en bas !
-Facile à dire ! C'est pas toi qui a peur ! Je hurle dans le vent tandis que ce dernier prend un plaisir à coiffer mes cheveux de manière totalement désordonné pour finalement me les rabattre au visage.
J'aurais tout fait dans ce jeu ! Tout ! J'aurais affronté la mort de ma sœur, fait des maths, puis vécu des enfermements, j'aurais couru, j'aurais affronté des êtres inhumains ne passant même pas au stade animal, j'aurais pleuré tout mon corps et lutté de tout mon être pour des épreuves de logique mais jamais , jamais je n'aurais imaginé gravir un immeuble pour satisfaire les administrateurs ! Pourtant mon esprit avait vu juste dès le départ ; tous les objets étaient pointés vers le haut signifiant qu'il faille se rendre en hauteur mais là ! Oui vraiment là ! Ils abusent.
-Regarde pas !
-Tu me dis encore ça et je COUPE LA CORDE ! Je m'énerve en appuyant bien sur les trois derniers mots.
Le garçon m'avait juré que dans sa vie antérieure il était fan d'escalade et qu'il pouvait sans peine nous mener jusqu'en haut. Et bien rappelez moi de ne jamais, jamais, refaire confiance à ce mec ! Voilà trente minutes que nous grimpons sur le building. Bien sur nous avons essayer une méthode plus simple comme tout simplement entrer dedans et tenter de prendre l'ascenseur mais les dirigeants du jeu sont malins : ils les ont tous détruits. Alors manière forte ; escalade direct sans équipements et seulement avec une corde piquée dans le bâtiment d'à côté. Je ne sais même pas à quoi celle-ci nous sert si ce n'est pour entraîner l'autre dans sa chute si l'on tombe. Le vent rugit de plus bel et alors que je m'attends à vaciller ou à tomber j'entends la voix du garçon qui m'a maintenant dépassé et se trouve bien plus haut :
-Je suis presque au sommet mais j'ai besoin de plus de corde, il faut que tu te rapproche !
Je rassemble mes forces et sans regarder une seule fois le sol, je pars à la recherche de prises avec mon pied qui arrive immédiatement et tandis que je me hisse, j'en saisis une autre pour ma main avant de me coller à la paroi, prise de frissons. Puis j'entends de nouveau le garçon qui me crie :
-Je suis arrivé ! Ne lâche rien je t'aide à monter !
Je ne m'attends pas à grand chose jusqu'à ce que je me sente soulevée par le haut. Oh putain ! Il a des muscles ! Je l'aide en gravissant à l'aide du plus grand nombre de prise que je trouve mais ça n'empêche pas qu'il fasse le plus gros du travail et en cinq minutes je suis en haut. Mon premier geste est de m'éloigner loin du bord et de regarder à l'horizon. Une étendue immense de gratte-ciel se profile de tous les côtés et j'en déduis donc que nous sommes loin de quitter la ville. Puis je remarque une flèche dans le sol qui indique une direction avec l'inscription : ''Fin du jeu''.
-Oua...
Le garçon traduit ce que je ressens ; comment pouvaient-ils savoir que nous serions sur ce même toit à cet instant du jeu ? L'organisation ne cesse de me surprendre et alors que je pense avoir fini, je sens qu'on tire sur la corde qui me relie à lui et j'observe donc l'autre bout de cette dernière. Le garçon se tient debout sur le bord du bâtiment et semble fixer quelque chose en contrebas. Je me positionne près de lui en calant mes pieds pour ne pas tomber et je regarde en bas ; un ULM pendulaire, rien que ça ! Avec deux places... oh non, non, non, non, non, non, non... Le garçon, sans réfléchir, saute sur la plate-forme deux mètres plus bas m'entraînant avec lui dans sa chute grâce au bout de corde attaché à son pied et alors que je m'attends à un sanglant atterrissage, il me rattrape dans ses bras. Je me dégage presque immédiatement en le remerciant rapidement et je remarque qu'il rougit légèrement. Cela n'annonce rien de bon pour nous deux ! Je mets mes ressentis de côté tandis qu'il contourne l'appareil. Il l'observe longuement puis s'installe à l'intérieur à la position du pilote et je le rejoins pressement. J'enjambe la structure et m'assois dans l'engin inconfortable en veillant bien à glisser la corde entière dedans. Je n'arrive pas à croire que je vais faire ça...
Et je ne le fais pas parce que je me réveille en sursaut.
Voilà, commence Charline. C'est tout ce qu'il va se passer si tu refuses mon aide. Depuis combien de temps exactement suis-je plongée dans ce sommeil ? Tu n'es pas divine Phoebe. Tu sais très bien que tu ne peux pas me contrôler et toute cette mascarade a commencé quand tu as essayé de me repousser, de refuser mon contrôle sur ton corps alors que je voulais juste t'aider. Persuadée d'un mensonge je me lève brusquement et je regarde autour de moi, affolée ; je suis en bas, sur le goudron autour des immeubles et le garçon ne m'a pas encore trouvée. Je savais que Charline pouvait lire l'avenir elle aussi mais j'ignorais à quel point elle pouvait me faire ressentir ce qu'elle voulait ! Tu t'en rends enfin compte Phoebe ? Si tu crois sérieusement que j'avais disparu tu es tombée bien bas ! Certes je me suis éloignée de toi face à ton deuil mais j'étais toujours là prête à prendre notre vengeance.
-Ce n'est pas ma vengeance Charline ! C'est la tienne.
Je me sens bête à parler comme cela au vide même si je sais pertinemment qu'en réalité je m'adresse à elle. C'est ce que tu dis mais combien de fois as-tu pleuré pour Kimmy ? Ne l'aimais-tu pas ? Ne sais-tu pas que je l'ai aimé à travers toi moi aussi et à quel point cela m'a touché de la voir s'effondrer sous nos yeux ?
-C'est mon corps, Charline, pas le tien.
Quel égoïsme ! Après tout ce que j'ai fait, c'est comme ça que tu me vois ? Comme rien d'autre qu'une âme sans cœur ?! Je suis comme une sœur pour toi et j'ai vécu moi aussi madame alors je pense que celle qui mérite le plus ce corps c'est moi ! Comme pour accompagner la parole au geste, elle me force à faire un pas tandis que je ne maîtrise plus rien et tente de l'arrêter. Certes, là je ne vois pas à travers tes yeux mais je peux quand même te faire bouger tel un vulgaire pantin !
-Arrête !
Elle diminue sa force de contrôle et je reprends mon souffle, exténuée de lutter contre elle. Puis à mon grand étonnement, elle fait disparaître son emprise et me laisse libre de mes mouvements. Je ne prends pas la peine de la remercier, sachant qu'elle n'hésitera pas à s'emparer de nouveau de moi quand elle en aura envie. Laisse-moi t'aider pour cette fois Phoebe. Crois-moi, tu ne veux pas affronter ce que je t'ai montré. Ces paroles sonnent comme un ultimatum et comme pour confirmer, je vois le garçon débarquer dans ma rue. Tout se passe exactement comme elle me l'a montré. Il court vers moi sans se préoccuper de sa jambe et s'arrête, exténué en relâchant un cri au contact de sa main sur sa cuisse. J'en reste tétanisée. Même si le don de prévoir l'avenir grâce à ma logique est aussi le mien au départ, jamais je n'aurais pu le faire aussi précisément. Ce qui prouve également que Charline possède une logique bien plus développée que la mienne et que c'est aussi pour ça qu'ils ont choisis de transférer son intelligence dans une participante au jeu. Je repasse le souvenir en boucle.
-Enfin je te trouve !
Il se redresse. Je revois la façade et le vide. Non. Pas deux fois.
-OK.
-Quoi ? Demande-t-il, perplexe.
Crois-moi, tu as bien fait. Et elle s'empare de moi.
-Charline-
Je ne reste que quelques instants dans sa peau. Suffisamment pour que ses yeux prennent la teinte des miens et pas assez longtemps pour que ce garçon le remarque. D'ailleurs ce personnage est étrange. Il ne me dit rien qui vaille et je ferais mieux d'en informer Phoebe après l'avoir aidé. Je lui prête mes yeux pour une demi-heure, ça devrait lui suffire.
Je reprends peu à peu mes esprits et j'entends une voix à côté de moi.
-Ça va ?
Je reconnais le garçon.
-Tu t'es évanouie.
Puis je me souviens de tout : Charline !
-Flash-back-
-Tu reviendras souvent me voir ?
Je hoche rapidement la tête avant de serrer contre moi ma nouvelle amie avec qui j'ai discuté toute la journée. Ce serait pareil les autres jours, je suppose. Puis il y aura l'opération. Je sens mon cœur se serrer à l'idée qu'elle habite en moi ; je ne m'y suis pas encore fait. Certes je suis amie avec Charline mais je ne souhaite pas partager un corps avec elle et la petite de cinq ans que je suis le sais très bien. Je quitte la pièce sous le regard triste de Charline qui m'offre un dernier signe de la main avant de disparaître derrière le docteur. Un garde me reconduit jusqu'à ma mère et mon frère, venus me récupérer et durant tout le trajet jusqu'à la maison je ne dis rien.
Le lendemain je reviens la voir et nous jouons ensemble. Ainsi de suite, les autres jours s'écoulent et je ne peux plus envisager de ne pas sauver Charline, même si je redoute sa présence dans mon corps. Le jour de l'opération arrive et quand on m'installe dans la pièce où nous avons l'habitude de discuter je ne la vois pas. Pourtant d'habitude elle est toujours là à m'attendre, la joie de me voir remplissant ses yeux. Mais pas aujourd'hui. On m'installe dans un siège étrange et des attaches en fer se referment sur mes poignets. Dès cette instant je prends peur. Je tire dessus cependant je n'arrive pas à les défaire alors je crie puis on me frappe à la joue et je me tais, les yeux baissés. Je les relève pour voir le casque complexe au dessus de moi, relié à un autre siège à côté. Le même. Mais je n'avais pas vu. Charline entre alors dans la pièce mais les paupières close ; elle est dans les bras du docteur, endormie. Il l'installe sur le siège à mes côtés et l'attache elle aussi. Je fixe son petit corps endormi et je murmure son nom de nombreuses fois avant qu'elle ne se réveille. Elle se redresse et ne comprenant pas, prise par la panique, elle hurle elle aussi avant de recevoir une claque violente qui la replonge dans un sommeil profond. J'ai très peur. Les scientifiques accourent sur les côtés et un tient un rasoir électrique. Alors que je crie, on me rase la tête sans précaution ce qui me donne une raison de plus pour hurler mais personne n'y prend garde et tous vaguent à leurs occupations. Le ''coiffeur'' agacé me frappe de plus bel. Je me tais car j'ai mal et je sanglote en silence tandis que le casque est posé sur ma tête. On fait de même à Charline qui perd tout ses beaux cheveux blancs. Je les vois s'éparpiller au sol. Puis tous le monde quitte la pièce et l'opération commence lorsque le dernier homme appuie sur le bouton rouge à l'entrée. C'est Charline qui subit en première. Je vois son casque s'allumer et un moteur aux lumières bleues qui tourne. Puis j'entends ses cris. Déchirant. Elle s'est réveillée en sursaut et ses cris sont à fendre l'âme.
-PHOEBE ! PHOEEEEBE !
Elle hurle me regardant tantôt et fermant les yeux après, éprise de douleurs les plus insurmontables.
Puis plus rien. La machine fonctionne toujours mais son corps est relâché et sa tête tombe sur ses épaules. Elle est morte.
Et alors que je m'attends à ce que des hommes entrent en hurlant dans la pièce pour la secourir, rien ne se passe d'autre que le fonctionnement de la machine ; je suis tétanisée sur cette dernière. Une forme blanche s'élève dans le tuyau du casque de Charline pour s'approcher du mien et je commence à hurler. Je ne veux pas que cette forme vienne vers moi ! Je ne veux pas ! Cependant je ne peux rien faire et quand elle pénètre dans mon casque, tout mon corps explose. Je hurle. Puis je ne ressens plus rien.
-Fin du Flash-back-
Il m'aide à me remettre sur pied. Je le remercie en grimaçant à cause de la douleur provoquée par mon flanc. Je relève la tête pour le regarder et je reste figée ; les yeux de Charline. Voilà tellement longtemps que je n'ai plus vu avec que voir les envers, les solutions et l'avenir si facilement me perturbe. Je cligne des yeux plusieurs fois alors que le garçon a déjà entrepris de trouver la solution de l'énigme. Cependant moi je vois autrement et je sais exactement où aller comme si des flèches que seul moi pouvait voir étaient gravées au sol.
-On fait de l'escalade ?
Demande-t-il tout sourire.
-Non. Je réponds d'un ton sec et il me fixe d'un œil perturbé.
Évidemment ! Lui ne sait pas que je possède ce genre de pouvoir. Ne t'approprie pas tout le travail, la mioche ! Proteste mon amie d'esprit. Il s'approche de moi et se poste en face. Il semble avoir l'air inquiet et je ne peux pas lui expliquer la situation. Bien que j'essaie de l'éviter, mes yeux voient son âme. Elle est pure, fraîche mais la tâche noir qui s'étend au centre ne me dit rien qui vaille. Il faut que je me méfie de lui. Il réduit la distance de nous d'un ou deux mètre et pose sa main sur mon bras, me faisant frissonner.
-T'as le vertige ?
J'essaie de prendre l'air le plus doux possible et lui offre un sourire.
-Non, mais je sais exactement où l'on doit aller. Tu me suis ?
Il est déstabilisé mais sans un mot de plus, tandis que je m'éloigne dans la bonne direction, il me suit. Il reste loin derrière moi et je sais que c'est également pour s'abriter de quelconque liens mais tout de même ! Je l'attend quelque fois aux croisements puis trace une fois de plus ma route et quand nous débouchons sur celle de la course je ne sens pas la prochaine action du garçon qui me saute littéralement dessus pour me plaquer au sol et j'entends une déflagration presque une secondes après. Je me mets à couvert en me déplaçant en rampant derrière un reste de mur et il me rejoint peu après. J'observe à travers les débris ce qu'il se passe et je vois un adolescent et deux filles nous tirez dessus. Je dois les arrêter ! Alors que je m'apprête à me lever, sa main me retient et je croise son regard. Ses yeux. Ils sont rouges.
QG - Logical Game, 18h03, Samedi 25 Mars 2017.
Kate Allow est face aux écrans de surveillance et observe les scènes se déroulant sous l'œil attentif de son sous-fifre, Silla Williams, tourmenté par l'attitude colérique de la coprésidente de l'association. Depuis que la fille s'est assise sur ce bitume elle n'a cessé de la quitter des yeux et son expression intriguée change du tout au tout quand elle voit que l'enfant décide de ne pas escalader ce gratte-ciel où ils ont pourtant prévu l'équipement nécessaire pour les mener à un autre endroit du jeu spécialement créer pour les rapprocher. Son plan tombe ainsi à l'eau et sa moue énervée le démontre bien. Phoebe a vraiment des aptitudes hors du commun et son parcours dans le dédale d'immeubles qu'elle effectue sans douter une seconde le démontre bien. Agacée, elle se mord la lèvre inférieure sous l'œil maintenant amusé de Silla qui la taquine :
-Tu ne peux pas tout contrôler Kate. Cette fille est bien plus intelligente que nous.
-C'est Présidente Allow pour toi ! Clame la concernée toujours sur les nerfs.
Elle ne se doutais pas que la fille cachait des aptitudes si exceptionnelles mais désormais elle doit agir en conséquences.
-Appelle Marina et dit lui qu'on réorganise le jeu.
Silla, exaspéré, décroche le téléphone pour composer le numéro quand Kate l'interrompt :
-Qu'est-ce que c'est que ça ?!
Elle pointe du doigt l'écran où se déroule la fusillade. Les deux adolescents manquent de peu d'être touchés mais heureusement ils évitent. Kate commence à paniquer quand une voix lui répond :
-Cela fait parti du jeu, Kate. Tu es une très mauvaise coprésidente pour ne pas t'en souvenir.
Elle se retourne, furieuse pour croiser le regard du grand patron et elle se fond immédiatement en excuses que ce dernier interrompt d'un geste.
-Peu importe les imprévus Mademoiselle Allow, l'épreuve doit être dure. Et elle le sera.
Kate avale bruyamment sa salive et s'empare du téléphone :
-Davis ! S'exclame-t-elle dans l'appareil. Qu'as-tu prévu pour ce genre de réaction ? Dit-elle en sachant très bien qu'il a à ses côtés un poste de vidéo surveillance.
-Du calme Kate, ce n'est que le commencement. Ne me crois pas seulement capable de si petites épreuves, le jeu viens à peine de débuter.
Elle se mord la lèvre. Ainsi il a tout prévu ?
-De plus, je te prierais de juste devenir spectatrice pour une fois...
Kate ravale sa fierté et le laisse finir, rassurée tout de même.
-...Les épreuves vont vraiment se corser.
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