Happy new year from Chaos
— Les gars, l'heure est grave.
— Hum, je suis là, moi aussi.
— Ah, pardon Lénaëlle, c'est l'habitude.
— Les garilles, l'heure est grave.
— Les "garilles" ? C'est quoi ?
— La contraction entre "gars" et "filles", comme ça, c'est inclusif.
— Letho, je ne dis pas ça souvent, mais là, c'est nul à chier.
— Oui, bon, t'as raison Len. Les gars•[prononcé dot]filles, l'heure est... Ouais, ce n'est pas mieux en fait. Les... tout le monde, vous me faites chier, l'heure est grave.
— Tu nous as levé de bonne heure pour nous dire qu'on te fait chier ? Sympa...
— Non, Lou. Et puis, il est 13 heures passées, je te signale. Je vous ai rassemblés pour vous dire que l'heure est grave.
— Je crois qu'on a compris, tu veux pas accoucher maintenant ?
— Oui, désolé Sun, je n'ai pris qu'un café ce matin et...
— Les faits, Letho. Dis-nous ce qui te tracasse.
— D'accord, d'accord Sina. Vous n'avez rien remarqué ?
Un long silence règne au-dessus de leurs têtes et un soupir s'échappe de la gorge de Letho.
— Sérieux, les ga... tout le monde ? Personne n'a remarqué que Lysiah nous a abandonnés ? Ça fait des semaines qu'elle n'a rien écrit sur nous.
— C'est faux, elle a ouvert Word il y a deux jours.
— Oui, et elle n'a pas fini le discours enflammé que j'étais en train de déclamer sur les ondes pour répondre à ces connards de...
— Letho, tu t'embrases là...
— Oui, oui, désolé. Mais vraiment, vous n'aviez pas remarqué ?
— Si, mais je ne préfère pas parler des choses qui fâchent, répond Sina en croisant les bras.
— Pourtant c'est ça qui nous fait grandir dans la vie, rétorque Sun. Et me tirer la langue ne te fera pas paraître plus grand.
— De toute façon, il restera un nain toute sa vie.
— Lou, je t'ai pas sonné. Arrête de me faire chier.
— Quoi, on t'a pas dit que mon rôle c'était de casser les noises de tout le monde ?
— J'aurais deux mots à dire à la scénariste à ce sujet. Car même si je suis plus petit que toi, mon poing est tout à fait capable de trouver ta tronche avec une efficacité redoutable.
— On a dit qu'on ne touchait pas au visage, intervient Len en s'interposant entre les deux "amis".
— Et vous vous demandez pourquoi Lysiah vous a abandonnés ?
Tous les regards se braquent sur Lénaëlle, partagé entre suspicion et interrogation.
— Tu sais quelque chose qu'on ne sait pas ? lui demande Letho en plissant les yeux.
— Non, mais vous êtes ingérables. Ça part dans tous les sens, alors ce n'est pas étonnant qu'elle ne sache plus où donner de la tête. Et puis, la charge mentale, vous savez ce que c'est.
— Oui, mais tu peux peut-être réexpliquer pour Lou.
— Toi, si je t'attra...
— C'est quand tu as mille choses à gérer en même temps, toutes aussi importantes les unes que les autres, que tu as parfois l'impression de porter un poids qui devient de plus en plus lourd et qui menace de se transformer en une montagne insoulevable.
Lou s'arrête de courir après Len, l'air soudain concerné.
— Donc tu veux dire que lorsque je me retrouve cloué dans mon lit, car je ne sais pas si je dois d'abord mettre du piment dans le dentifrice de Len, du poivre et du sel dans le café de Letho, débrancher les fils du matos de Sun, glisser du poil à gratter dans les vêtements de Sina , m'assurer de ne pas dépasser les 75 kg, mémoriser les 10 000 chorégraphies à notre actif, m'entraîner au moins une à deux heures par jour pour perfectionner ma voix, maintenir une forme athlétique, manger cinq fruits et légumes par jour, m'entraîner pour écrire des paroles, supporter les blagues pas drôles de Len, ne pas tenir compte des articles haineux qui pullulent tous les jours, s'assurer que les dons que nous faisons aux associations sont utilisées à bon escient, ranger ma chambre, rester sur le qui-vive tous les jours de peur de se faire poignarder...
Lou s'arrête, essoufflé.
— Tu veux dire que tout ça, c'est ce qu'on appelle la charge mentale ?
Tout le monde le regarde, sidéré.
— O-oui, bafouille Letho. En effet, ça y ressemble fortement.
— Attend, une minute, c'était toi le piment dans le dentifrice ?! s'exclame Len.
Lou esquisse un sourire crispé avant de détaler.
— Reviens ici, morveux !
— Asseyez-vous et arrêtez vos enfantillages.
— Oui, maman.
Sun lève les yeux aux ciel.
— Cette discussion part en couille.
— Sina, ton langage !
— Mais quoi, on est entre mecs, non ?
— Non.
— Ah. Lénaëlle. Je t'avais oubliée. Désolé.
— Ce n'est pas grave. J'ai l'habitude qu'on m'oublie.
— Désolé, je ferai attention pour préserver tes chastes oreilles la prochaine fois.
— Vous croyez qu'il est arrivé comment Morgan ? réplique Lénaëlle, agacée.
Long silence. Trop long.
— En fait, vous savez quoi ? Vous pouvez m'oublier, là tout de suite, ça vaut mieux. Letho, tu peux reprendre ton speech.
— Yes, thank you. Je disais donc que l'heure est grave et qu'il est temps de rappeler certaines à Lysiah. You know what I mean?
— Pourquoi tu parles en anglais d'un coup ?
— Parce que c'est cool. Tout le monde parle anglais aujourd'hui, nous devons suivre les tendances. Et puis, me cherche pas les noises Len.
— OK... So let's talk about what... you want to talk about... right?
— Qu'est-ce que tu aimerais lui rappeler ? s'enquiert Lou.
— Que tout va bien et que tout ira bien. Qu'on sait qu'elle nous aime et que si on est un peu bruyant dans sa tête, c'est ok de prendre le temps de faire le tri et d'avancer à son rythme. Et que si parfois, elle a l'impression de devoir toujours être là pour les autres sans que les autres le soit pour elle, ce n'est pas vrai. Ce n'est qu'une impression. Qu'elle a accompli beaucoup de choses, qu'elle peut être fière d'elle et que nous, nous sommes fiers d'elle. Après tout, sans elle, nous n'existerions pas et ne serions pas là à nous chamailler et nous aimer.
— Lou, pourquoi tu pleures ?
— Je ne pleure pas, j'ai une poussière dans l'œil.
— Oui, oui, c'est ça.
— Les vrais hommes ça ne pleurent pas.
— C'est quoi ces conneries ?
Long silence.
— C'est moi où Lénaëlle vient de jurer ?
— On peut mettre une croix rouge dans le calendrier ?
— Sina, Len... vous pouvez pas arrêter ? En tout cas, c'est beau ce que tu dis, Letho.
— Merci Sun, heureusement qu'il y en a un qui sait garder son sérieux ici.
— Est-ce qu'on peut conclure avec le fait qu'on peut lui souhaiter le meilleur pour 2024 : pour sa famille, ses proches, elle, et puis nous aussi. Si on pouvait voir la fin de la première partie ce serait chouette. Parce que bon, commencer la partie 2 en écrivant des bouts par-ci par-là, avant même de finir la partie 1, qui fait ça, hein ?
— Lysiah.
— Lou, ma question était rhétorique.
— Il faut que tu lui expliques ce que veut dire "rhétorique".
— Sina, tu veux mon poing dans ta gueule de nain ?
— Non. Je ne suis pas un nain.
— Ma question était rhétorique.
— Moi aussi je t'aime.
— Moi aussi je vous aime.
Tout les regards se braquent sur Lénaëlle, surpris. Elle baisse les yeux et se triture les doigts.
— Merci de m'avoir accueilli à bras ouverts.
— Nous sommes une famille.
— Always.
— Aish, ça y est, il remet ça.
— Et toi, pourquoi tu te mets à jurer comme les coréens ?
— Bon, et bien sur ce... bonne de la part des membres de Chaos.
— Et de Lénaëlle.
— Merci de ne pas m'oublier, Lou.
— Never.
— Aish.
Bonne année 2024 à tous et à toutes (et promis, je vais essayer d'être plus active que ces derniers mois) 💜
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